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Anna Puig Rosado

Le Temple, rue du Bout du Monde : une adresse inattendue à Venterol, beau village enroulé autour de son clocher remarquable, en Drôme provençale. Juste en face de la mairie, j’ai eu l’œil attiré par l’ancien temple protestant, une construction néo-classique récemment transformée en galerie, où une bannière annonçait l’exposition d’Anna Puig Rosado, du 17 au 27 septembre : « Désorienté », une sélection de photographies prises en 2014. 

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L’affiche reprend un superbe grand format qui accroche l’œil dès l’entrée : sur un rivage d’Iran, une pierre dressée entre deux bois obliques plantés dans le sable ; au loin, à l’horizon, un cargo noir. (La photographie flotte au milieu de l’espace, accrochée à une coursive qui a été installée à hauteur de la tribune existante, sous une ancienne inscription religieuse.)

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© 2015 Anna Puig Rosado (Iran)

Cette « grande voyageuse de lieux atypiques » (comme indiqué sur son site) vit à La Roche Saint Secret, non loin de Venterol, quand elle revient de pays lointains : Tunisie, Yemen, Soudan, Iran, Pakistan, Syrie, Inde, Turquie... Son texte de présentation commence ainsi : « J’aime quand le voyage rude m’éloigne de ces paysages idéaux faits de sable et de cocotiers assassins. » 

La figure humaine est souvent discrète : une silhouette vue de dos, deux femmes en tchador près de la mer, ou, image troublante, un homme en équilibre sur une barrière, se retenant d’une main à un piquet – la photo est traversée par la lumière d’une fenêtre, la transparence donne à cette silhouette une allure encore plus précaire (ci-dessous). 

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© 2015 Anna Puig Rosado (Azerbaïdjan)

Dans ces vues apparemment banales du quotidien, où le flou s’invite parfois, loin du cadrage léché, de la netteté à tout prix ou de l’effet spectaculaire, on sent un regard qui s’échappe vers la mer, le ciel, qui s’arrête au jeu des couleurs, à un graffiti sur un mur, en quête de paix, d’espace, de silence. On dirait des instants pour reprendre son souffle.

 

Les photographies sont exposées sans légende ; on peut les lire sur une bannière près de l’entrée. Chaque photographie y est reprise, mais seulement par un détail, invitation à mieux regarder, à ne pas passer trop vite là-devant, à s’attarder. Par exemple, sur cette vue d’Istanbul – « Où finit la ville ? » – que le flou d’une cloison sépare en deux, comme les pages d’un livre ouvert. Ou sur ce vol d’oiseaux dans l’azur au-dessus d’un enchevêtrement de ferrailles. 

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© 2015 Anna Puig Rosado (Istanbul)

A l’étage, de petits formats voisinent avec des formats moyens. Un portrait encadré de Bachar El Assad est le seul objet laissé sur une étagère dans une maison en ruine. Des bords de mer, des murs. En pleine « crise des migrants », ces images issues de pays en souffrance prennent encore plus de force. « Anna Puig Rosado est certes une photographe reporter qui depuis 20 ans sillonne le monde, du Yémen à la Sibérie orientale ; mais c’est avant tout un regard qui se pose tendrement sur les choses observées et dont elle sait extraire l’humain. » (Alexandre Abellan)

 

Si vous voulez, vous pouvez découvrir le travail d’Anna Puig Rosado sur son site : « Désorienté » fait partie de ses séries personnelles, qu’elle distingue des commandes. Elle participera en novembre prochain à Montélimar au « Festival Présence(s) Photographie Édition 2015 #2 » organisé par une association de photographes « néo-humanistes », qui promeut « une photographie au cœur de laquelle l’homme est replacé, avec poésie et humour, sans passéisme, ni nostalgie, une photographie réaliste de l’homme dans son environnement quotidien, une photographie consciente du monde et des injustices, des combats pour la liberté, de la force de l’amour et des solidarités… »

 

Si vous passez non loin de Venterol, je vous recommande la visite de ce village perché dans le pays de Nyons. Le Temple, rue du Bout du monde, se veut « un espace culturel ouvert aux différentes formes d’expression artistiques et patrimoniales et un lieu d’échange et de rencontre ». D’autres expositions sont prévues en cet automne 2015.

Commentaires

  • Je suis de plus en plus effrayée par la tournure que prennent les événements sur notre planète...

  • Merci Tania pour cette magnifique fenêtre ouverte sur l’insolite et le réel déguisé en surprise des yeux. … Merci de nous avoir ramené ces quelques perles de trouvailles paisibles. … D’autre part je partage l’effroi d’Adrienne quant à la tournure que prennent les événements sur notre planète, avec l’espoir d’un sursaut de nos civilisations pour organiser leur sauvetage. …

  • J'aime beaucoup les photos que tu nous montres, je vais aller visiter son site ; c'est sûr qu'elles prennent un sens d'autant plus fort dans les temps que nous connaissons.

  • @ Adrienne : Nous le sommes tous, devant la guerre et tant de violences.

    @ Doulidelle : Des fenêtres sur le monde, oui, c'est ainsi que j'ai reçu ces impressions photographiques, comme habitées par notre fragilité humaine.

    @ Aifelle : Bonne visite sur le site de cette photographe qui évite les clichés de l'exotisme.

  • Après la lecture de ton article j'ai visité son site et je suis frappée par le contraste entre la douceur des couleurs pastels, les personnages à peine esquissés, et la violence des sujets. Le message n'en est que plus efficace...
    Son nom, Puig, est catalan. J'imagine qu'elle n'expose pas en Espagne car je n'ai trouvé aucun site espagnol en tapant son nom sur G.
    Bon dimanche et merci Tania.

  • Je ne connais pas les origines d'Anna Puig Rosado, bien sûr j'ai pensé au nom de ton village en découvrant son nom. C'est très juste, ce contraste que tu fais remarquer, j'y ai aussi été sensible. Bon dimanche, dame Colo.

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