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récit - Page 51

  • Plaisir des météores

    Ce n’est pas la Tinker Creek d’Annie Dillard, c’est un beau domaine près d’Anvers, au nom mythique pour les amoureux des lettres belges : Missembourg. (Dans un bol à thé, j'en conserve deux noisettes, cueillies là par une amie très chère.) Marie Gevers (1883-1975) y est née, y a vécu toute sa vie, y a écrit entre autres Vie et mort d’un étang, Madame Orpha, Paix sur les champs, La Comtesse des digues, et ce Livre des douze mois que je viens de relire : Plaisir des Météores (1938), dédié « aux habitants des contrées soumises au Gulf-Stream ».

    Marie Gevers n’est jamais allée à l’école. Elle apprend le français avec sa mère dans Les aventures de Télémaque (Fénelon) et le calcul avec un instituteur, à domicile. Beaucoup d’enfants de la bourgeoisie flamande étaient alors élevés exclusivement en français. Son fils Paul Willems sera lui aussi écrivain. Son neveu Frédéric Gevers, pianiste.

    Plaisir des Météores est tout entier tourné vers le climat. « Les météores ? On a pris l’habitude de ne nommer météores que les astres errants, les étoiles filantes ou la foudre. Or, tous les phénomènes qui se passent dans l’atmosphère répondent à ce beau nom. La grêle, le brouillard et les pétales de la rose des vents sont des météores, ainsi que le givre, le grésil et le dégel, l’arc-en-ciel et le halo lunaire, et aussi, les silencieux éclairs de chaleur où se libère l’angoisse des nuits de juillet ; météores enfin le rougeoiement des couchants et les lueurs vertes de l’aube. »

    « Janvier et la glace » ouvre l’année, avec ses nuits de gel où « le ciel et la terre n’appartiennent qu’aux astres ». Marie Gevers aime épier la gelée, la surprendre au moment où elle épouse les bords des mares et « sertit jusqu’à chaque tige des roseaux morts, et jusqu’au plus infime brin de la plus légère des touffes d’herbes ! » Le froid ravive les souvenirs d’enfance, à guetter le moment où la glace sera assez solide pour porter les patineurs. Après le dégel, il est rare que le mois de février « ne nous fasse don de sept jours de printemps », et la voilà qui les guette et les raconte, pour vérifier ce vieux dicton.

    Un vent d’est rappelle la fameuse fièvre – 41 ° – d’un voisin : femme affolée, curé, médecin… qui comprend que le thermomètre a pris la température de la cheminée ! Bien sûr, Marie Gevers écrit ici avant tout le livre des saisons : « Les matins nous offrent des météores changeants et l’heure de l’équinoxe varie de l’aube à la nuit, mais on parvient toujours à découvrir le moment mystérieux où naît le printemps. » Pâquerettes, vols d’alouettes, boue, feuillaison, almanachs champêtres… Avril autour des étangs, du ruisseau porteur de messages : « Le soir, il envoie dans les prés et enroule aux arbres des rubans de brume dont seuls les peupliers émergent. »

    « La maison, le jardin étaient mon univers, mon paradis. On ne disait même pas : notre maison, notre jardin. L’absolu ne demande pas à être affirmé. » Sa mère lui montre des bergeronnettes qui construisent leur nid dans la boîte aux lettres, y appose un écriteau pour prévenir le facteur de n’y rien glisser. « Jamais le mois de mai ne parvient à épuiser toutes les beautés dont il dispose. » Arcs-en-ciel, « nuits lunaires, éclairées de rossignols », rosée… Mais les saints de glace sont les « maîtres de l’anti-mai », et le manque d’eau.

    Variations de la lumière, anecdotes, saveurs, Marie Gevers déroule en ce journal météorologique mille observations du ciel, des éléments, de la flore et de la faune dans le grand jardin de Missembourg. Les hommes y passent, à l’arrière-plan. Collectionneuse de mots pour dire tout ce qui la touche, elle s’attarde sur « azur », énumère les surnoms des plantes, cherche le « bel origan » dans un dictionnaire de botanique, prête un caractère aux arbres. Tantôt conteuse, tantôt poète, mémorialiste de Missembourg, Marie Gevers écrit Plaisir des météores en amoureuse de la vie sous toutes ses formes, traverse pour nous l’automne, retrouve les jours et les nuits de neige. Mais n’avançons pas trop vite, accueillons les plaisirs du jour…

    « Quand vous verrez le matin s’avancer en faisant la roue, quand midi s’arrondira, bleu et vert, dansant dans la chaleur, quand l’étang se couvrira de nénuphars, pour se garantir du soleil trop altéré de l’après-midi, pensez que mai vous a donné tout ce qu’il pouvait, à travers les obstacles entassés par l’anti-mai. Ce que ce mois n’a pu vous livrer, reste en stock, dans ce lieu d’azur où nous avons pénétré, et qui est peut-être bien le lieu des souvenirs laissés dans le cœur des hommes par tous les mois de mai de leur enfance.
    Les matins bleu-paon appartiennent à juin. »

  • Trinité-Saint-Serge

    « Avant de rejoindre Paris pour s’occuper des derniers préparatifs de sa saison, Diaghilev eut un autre geste inattendu : il alla prier au monastère de la Trinité-Saint-Serge près de Moscou. Il partit aux aurores, emportant pour déjeuner quelques œufs cuits, du pain noir et du sel. En ce dimanche de printemps, il traversa les remparts de l’enceinte aux treize églises par la Porte sainte. Les coupoles bleues parsemées d’étoiles de la cathédrale de l’Assomption brillaient sous le soleil, tout comme les dômes dorés des cathédrales de la Dormition et de l’Archange. Il choisit d’entrer se recueillir à La Trinité, la plus ancienne et la plus austère de ces églises.

    Diaghilev n’était pas pratiquant, mais il demeurait très sensible à la beauté des rites. La messe orthodoxe, à ses yeux, était un acte de foi collectif qui révélait l’âme de la nation. »

     

    Fédorovski, Le roman de l’âme slave

     

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  • L'âme slave

    Vladimir Fédorovski, ancien diplomate, publie quasi un livre par an sur son pays d’origine depuis les années nonante, avec succès. Le roman de l’âme slave (2009) propose « une promenade historique et amoureuse, éclairée par deux guides étonnants » : Diaghilev, avec ses fameux Ballets russes, et Lénine, leader des bolcheviques. Une association due à la naissance à deux ans d’intervalle, en 1870 et 1872, du fondateur de l’Etat soviétique  et du « tsar des artistes du XXe siècle ». Issus du même milieu, les deux « révolutionnaires », chacun dans leur domaine, ne se sont jamais rencontrés mais ont habité les mêmes villes, en particulier Paris et Saint-Pétersbourg, où Fédorovski commence son récit.

     

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    L’auteur dépeint le Saint-Pétersbourg romantique et festif du règne d’Alexandre II. Le tsar a fait jaser d’abord en épousant une « petite princesse de Hesse » (fruit des amours adultères de sa mère), devenue la grande-duchesse Maria Alexandrovna, puis plus tard, en prenant pour maîtresse Catherine Dolgorouki, une élève remarquée à l’Institut Smolny (pensionnat des jeunes filles nobles) qu’il finit par installer au Palais d’Hiver et avec qui il se remariera une fois veuf. Malgré l’abolition du servage en 1861 et les réformes d’Alexandre II, les attentats terroristes se multiplient. A la huitième tentative contre l’empereur « libérateur », celui-ci est tué en 1881.

     

    Cette « catastrophe nationale » fait prendre conscience à la société russe de sa fragilité. Ce sont les prémices de la terreur politique « de masse » que conduira un jour Vladimir Oulianov – dit  « Lénine » en souvenir de son assignation à résidence pour propagande révolutionnaire en Sibérie, sur les bords de la Léna – son frère aîné a été pendu après un attentat manqué contre Alexandre III en 1887.  La fiancée de Lénine, Nadejda, rêvait d’un « mariage libre à la Tchernychevski ». Celui-ci, pour compenser le statut inférieur de la femme dans la société, proposait de lui donner une place supérieure dans la vie privée, la liberté absolue de ses sentiments et de sa conduite, la compagnie d’un mari soumis, fidèle et dévoué. Libéré en 1900, Lénine entame alors un périple international qui durera dix-sept ans.

     

    Mais c’est le destin flamboyant de Serge Diaghilev qui forme l’axe principal du Roman de l’âme slave. Fils d’un général, il apprend le français avec une gouvernante dijonnaise tandis que sa « niania » lui inculque le culte des icônes. Le jeune homme est envoyé à Saint-Pétersbourg pour y étudier le droit, bien que la musique le passionne davantage. En 1890, la ville déploie toute l’élégance d’une capitale occidentale, on y parle le français, on y organise des fêtes somptueuses. Le 9 mars, pour fêter le retour des alouettes, on confectionne « de petits pains torsadés en forme d’oiseau, avec des raisins secs à la place des yeux ». 

     

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    Diaghilev par Valentin Serov

      

    Grand admirateur de Tchaïkovski, Diaghilev fréquente l’opéra, le ballet, se lie avec des amis au sein d’une « société secrète » où l’on tient des conférences sur la peinture et la musique. « Le beau Serge » est tenu un peu à distance comme un parent de province. Mais lorsqu’il se met à étudier sérieusement l’histoire de l’art et s’imprègne, en voyage avec son cousin Dimitri, de tout ce qu’il voit à Paris, Berlin ou Venise – toute sa vie se partage entre la Russie et l’étranger – , il parvient rapidement à s’assurer un mode de vie luxueux, tout en affichant ouvertement son homosexualité.

     

    Se disant lui-même « un grand charlatan », charmeur, impertinent, il estime à vingt-trois ans qu’il est fait pour être un mécène : « J’ai tout, sauf l’argent, mais ça viendra. » Fin 1898, il lance une revue, Le monde de l’art, la fait financer par de riches protecteurs. Artiste et homme d’affaires, il organise des expositions, se fait si bien remarquer qu’on l’engage au poste de directeur adjoint des Théâtres impériaux. Envoyé à Moscou, il prend ses habitudes au Théâtre Bolchoï. A Saint-Pétersbourg, il est convié aux bals de la cour. Diaghilev se souviendra des spectaculaires apparitions du tsar Nicolas II lorsqu’il dirigera les Ballets russes.

     

    Soupçonné de vouloir aller « trop vite et trop loin » dans l’innovation artistique, Diaghilev est limogé. Il se rend alors à Paris, parvient à y intéresser des membres de la haute société à ses projets : expositions de peinture, concerts avec Chaliapine, Boris Godounov à l’Opéra de Paris. Il convainc Gabriel Astruc de faire venir à Paris les meilleurs danseurs russes, Nijinski et la Pavlova, que dirigera Fokine, maître de ballet novateur.

     

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    Fédorovski est un conteur passionné de l’histoire des Ballets russes et des passions de Diaghilev pour ses danseurs étoiles. Nijinski est le premier à recevoir  de son mentor une « éducation stoïcienne » : une initiation complète à tous les arts, musique, peinture, arts visuels, arts de la scène. La création de Petrouchka sur la musique de Stravinski en 1911, d’après Le Gaulois, « C’était toute l’âme slave, la Russie avec ses danses, avec sa musique, tantôt primitive, tantôt d’un raffinement morbide, qui nous pénétrait aussi profondément que l’œuvre de ses grands romanciers… » Quand Nijinki s’enfuira, ce sera le tour de Massine, un jeune figurant repéré à Moscou. Et bien plus tard, celui de Serge Lifar.

     

    Après la Révolution d’Octobre 1917, Lénine transfère la capitale russe à Moscou, installe rue Arbat, non loin du Kremlin, la « camarade » Inès Armand, mariée elle aussi, dont il est tombé sous le charme lors de son séjour à Paris. Plus qu’à la politique,  Fédorovski s’attarde sur le mode de vie et la sphère privée. Inès Armand, « porte-drapeau du féminisme en Russie soviétique »,  connaîtra malgré les attentions de son protecteur la dépression, l’éloignement, la maladie.

     

    Tchaïkovski, Tolstoï, Tchekhov, les Russes blancs à Paris ou à Nice, Diaghilev et Cocteau, Picasso et la danseuse Olga Khokhlova, les créateurs de mode comme Poiret ou Chanel… Fédorovski convoque tous les grands noms des arts de cette époque. Après l’évocation de la mort du « tsar des artistes » à Venise, son épilogue centré sur Soljenitsyne surprend, tant sa personnalité et son œuvre sont aux antipodes.

     

    Pour mieux comprendre « l’âme slave », les grands écrivains russes restent selon moi irremplaçables. Sous un titre assez bateau, Fédorovski, qui a signé par ailleurs Le Roman de Saint-Pétersbourg, Le Roman du Kremlin, Le Roman de la Russie insolite, Le Roman de l’Orient-Express, et plus récemment, Le Roman de Tolstoï, se révèle dans ce récit documentaire un infatigable conteur mêlant biographie et lyrisme, histoire et romance. Bien informé, à l’instar d’un Troyat, ce vulgarisateur rend ainsi hommage à la culture russe et à son rôle en Europe, où son prestige reste immense.

  • Pourquoi lisons-nous

    « Pourquoi lisons-nous, sinon dans l’espoir d’une beauté mise à nu, d’une vie plus dense et d’un coup de sonde dans son mystère le plus profond ? L’écrivain peut-il isoler et rendre plus vivace tout ce qui dans l’expérience engage le plus profondément notre intelligence et notre cœur ? L’écrivain peut-il renouveler notre espoir de formes littéraires ? Pourquoi lisons-nous, sinon dans l’espoir que l’écrivain rendra nos journées plus vastes et plus intenses, qu’il nous illuminera, nous inspirera sagesse et courage, nous offrira la possibilité d’une plénitude de sens, et qu’il présentera à nos esprits les mystères les plus profonds, pour nous faire sentir de nouveau leur majesté et leur pouvoir ? »

     

    Annie Dillard, En vivant, en écrivant 

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    Willy Van Riet (1882-1927) Aux pays des rêves

  • Une vie d'écriture

    L’amour des Maytree m’a donné envie de pénétrer davantage dans l’œuvre d’Annie Dillard, romancière, poète, essayiste (née en 1945 à Pittsburgh, Pennsylvanie). En vivant, en écrivant (The Writing Life, 1989, traduit de l’américain par Brice Matthieussent ) introduit en une centaine de pages au cœur d’une vie vouée à l’écriture. « Non-fiction narrative », précise l’écrivaine sur son site, son genre de prédilection.

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    Annie Dillard © life.com

    « En écrivant, tu déploies une ligne de mots. Cette ligne de mots est un pic de mineur, un ciseau de sculpteur, une sonde de chirurgien. Tu manies ton outil et il fraie un chemin que tu suis. » Ainsi débute le premier chapitre, où Dillard décrit l’écrivain au travail, toujours à l’aide d’images concrètes, comme il sied à cette activité manuelle. Une journée d’écriture, c’est physique : monter à l’étage, entrer dans un bureau, ouvrir les fenêtres, se servir de café, et puis lancer l’engrenage.

    Ecrire un livre prend entre deux et dix ans, en général, sauf à considérer les cas hors norme. Le temps d’écrire, le temps de peaufiner une œuvre. Difficile à comprendre pour qui préfère la vie au mot écrit, les sensations que procure la télévision ou le cinéma. « Pourquoi préférerait-on un livre plutôt que de regarder des géants évoluer sur un écran ? Parce qu’un livre est parfois de la littérature. C’est une chose subtile – une pauvre chose, mais qui nous appartient. »

    Annie Dillard raconte ses bureaux : à Cape Cod, une cabane en pin de trois mètres sur trois et demi, sans vue – « Il faut éviter les lieux de travail séduisants. On a besoin d’une pièce sans vue, pour que l’imagination puisse s’allier au souvenir dans l’obscurité. » Elle se souvient du cabinet de lecture individuel dont elle disposait dans la bibliothèque de l’Université de Hollins, en Virginie, pour écrire la seconde moitié de son fameux Pèlerinage à Tinker Creek. L’auteur s’intéresse aussi à l’emploi du temps « qui protège du chaos et du caprice », « filet pour attraper les jours. »

    Annie Dillard a écrit tout un temps « sur une île lointaine » du détroit de Haro, « à quelques encâblures des îles canadiennes », où elle a appris à couper du bois elle-même pour se réchauffer (difficilement). En vivant, en écrivant décrit les aspects concrets de la vie d’écrivain abondent dans . « Si tu aimes la métaphysique, passe ton chemin », lance-t-elle au lecteur. Problèmes de bouilloire, observation d’une phalène, dosage du café, apprivoisement d’une machine à écrire, cela importe aussi pour que la « vision » devienne phrase, page, œuvre.

    Parmi les écrivains cités à propos de l’écriture, il y a Thoreau : « Poursuis, reste avec, encercle encore et toujours ta vie… Connais ton os personnel : ronge-le, enfouis-le, déterre-le et ronge-le encore. » Un étudiant aborde un jour un écrivain connu : « Pensez-vous que je sois un écrivain ? » – « Eh bien, répondit l’écrivain, je ne sais pas… Aimez-vous les phrases ? » Le poète aime la poésie, le romancier le roman, et non « le rôle du poète, sa propre image en chapeau » ! Comme le peintre, l’écrivain aime toute la palette des matériaux qu’il utilise. Gauguin, Tolstoï « apprirent leur champ, puis ils l’aimèrent. »

    Pourquoi écrire, pourquoi lire ? Annie Dillard explique sans prétention ce à quoi elle consacre sa vie. Pas de théorie, du vécu, du concret, beaucoup de simplicité, de puissantes métaphores, un point de vue original loin des sentiers battus. Et pour ceux que le dessin d’une ligne de mots ne passionne pas a priori, il reste un dernier chapitre époustouflant, largement inspiré par Dave Rahm, pilote acrobatique – « L’air était un fluide, et Rahm une anguille ». Annie Dillard l’a admiré lors d’une fête aérienne en 1975, puis elle a pu voler et frôler des montagnes avec lui. Ses arabesques dans le ciel ont à voir avec l’expérience de la beauté, de la création, de l’art : « Admire ce monde qui jamais ne te boude -  comme tu admirerais un adversaire, sans le quitter des yeux ni t’éloigner de lui. »