« Pendant un long moment, je restai assis entre les deux tombes et je pleurai. Quand mes larmes se furent taries, je sentis le calme prendre possession de moi. Je sentis le cercle de famille se refermer enfin. Je compris que ce que j’étais, ce qui m’importait, n’était plus une simple question d’intellect ou de devoir moral, n’était plus une construction verbale. Je vis que ma vie en Amérique – la vie chez les Noirs, la vie chez les Blancs, le sentiment d’abandon que j’avais ressenti quand j’étais enfant, la frustration et l’espoir dont j’avais été témoin à Chicago –, tout cela était relié à ce petit morceau de terre, au-delà de l’océan, mais par une chose plus importante que le hasard qui m’avait donné mon nom ou la couleur de ma peau. La douleur que je ressentais était celle de mon père. Mes questions étaient celles de mes frères. Leur lutte, mon droit acquis à la naissance. »
Barack Obama, Les rêves de mon père
Commentaires
La douleur est universelle, mais lorsqu'on a été écartelé entre couleurs et idées comme il l'a été, elle devient emblématique... Mais il faudrait que je lise le livre... (encore un!)
La douleur est universelle et unique. Blanc, Black, Beur, on s'en fout: devant et dans la douleur, on est tous égaux, du petit Hawaiien à l'Air Force number 1, en passant par les civils en Afghanistan ou Monsieur Dupont devant la tombe de son enfant; ou encore face à l'injustice mis en place par les systèmes qui dépassent, parfois, l'entendement.
@ Delphine : Douleur "universelle et unique", comme l'écrit Damien. Qu'ajouter qui ne sonne pas faux après ton dernier billet sur la souffrance des enfants malades.
@ Damien : Tous égaux - en droit - mais que d'injustices à combattre, en effet.
Nous nous questionnons tous à propos de nos origines et des souffrances de nos parents et parfois nous sommes aussi très seul.e.s. Quelque fois c'est plus simple quand la couleur de la peau dit les choses. La plupart du temps, ni le corps ni la peau ne nous donne le moindre fil rouge à suivre pour nous comprendre.
Finalement la couleur d'Obama c'est peut-être sa force.
Ce que je trouve bien, c'est que lors des prochaines élections présidentielles américaines de 2012, on ne va plus titrer sur la victoire/défaite d'un candidat noir à la Maison Blanche, car c'est désormais un fait acquis depuis 2008 qui appartient à l'Histoire. Il y a encore malheureusement des tabous sur le racisme à faire évoluer dans la vie quotidienne des Américains, mais Martin Luther King et Barack Obama ont vraiment marqué l'histoire de leur pays et de leur communauté à ce sujet.
@ Euterpe : Pour Obama, rien n'est moins simple que la couleur de la peau et qu'être noir en Amérique. Chacun se bat avec ses questions, c'est vrai.
@ Un petit Belge : Oui, Vincent, réjouissons-nous de ce "fait acquis".