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peinture - Page 90

  • L'art et l'argent

    Je ne sais plus quel blog a éveillé ma curiosité pour Le dernier des Weynfeldt (2008), un roman plus récent de Martin Suter. Entouré d’une « précieuse collection d’art suisse du XIXe et de la première moitié du XXe siècle », Adrian Weynfeldt y est un homme seul et habitué à l’être, expert en art et aussi dans l’art de rythmer le temps à l’aide de rituels qui, selon les jours, lui semblent immobiliser le cours de la vie ou au contraire l’accélérer.

     

    Vallotton, Femme nue de dos, accroupie devant une salamandre (1900).jpg

    http://pagesperso-orange.fr/arnauld.divry/CHABOCHEpeinture.htm
    (La Salamandre dans la littérature et la peinture, par Arnauld Divry)

     

    Il devrait dire « Ne fais pas cela » à la jeune femme rousse prête à sauter du balcon de son appartement (cinq cents mètres carrés au-dessus de quatre étages loués par une banque), mais il est aussi incapable de le dire à Lorena dont il a fait la connaissance la veille dans un bar où elle buvait excessivement qu’à sa compagne, la suicidaire Daphné, perdue trente ans plus tôt, à qui elle le fait penser. Aucun mot ne sort de sa bouche, mais il se met à pleurer – et Lorena renonce au grand saut, malgré « sa vie de merde ».

     

    Weynfeldt travaille pour Murphy’s, dont la future vente de « Swiss art » ne comporte guère de lots intéressants, à part un paysage de Hodler. Un coup de fil de Klaus Baier, un spéculateur dont il évalue régulièrement la collection, sa « réserve intouchable », va peut-être changer la donne : il envisage de vendre son meilleur tableau, « Nu devant une salamandre » de Vallotton, hérité de son père. Depuis des années, à chaque crise financière, il vend des œuvres en secret et les remplace par des copies.
    A septante-huit ans, Baier a cette fois besoin d’une belle somme pour assurer ses vieux jours. Il en veut au moins un million de francs suisses.

     

    Tandis que, comme tous les jeudis, Adrian, qui n’a pas d’amis de son âge, partage
    son déjeuner à la Trattoria Agustoni avec son cercle d’amis plus jeunes qui usent et abusent de sa fortune – et pas seulement à table (un cinéaste, une sculptrice sur fer, un architecte, une juriste, une libraire, un designer de sites internet, un peintre, « magnifique artisan - mais pas un artiste, hélas »), Lorena se rappelle à lui : elle téléphone d’un magasin de haute couture où elle a été prise, après un manège d’un culot formidable, avec une robe de soie noire coûteuse dans son sac à main. Sans perdre son sang-froid, elle a donné le numéro d’Adrian repris sur la carte de visite qu’il lui avait donnée, a obtenu à son bureau qu’on lui donne celui du restaurant, a appelé « Chéri » à son secours avec un naturel parfait. « Un peu d’action s’était donc tout de même immiscé dans l’ennui de cette heure du déjeuner. » Grand seigneur, Weynfeldt se fait montrer d’autres robes que Lorena avait fait mettre de côté « pour les montrer à un ami » et paye sans sourciller une somme énorme avant de sortir avec elle, les bras chargés de sacs.

     

    Pour Lorena, les hommes à chevalière comme lui sont des fils à papa, « généreux quand ils te lèvent, radins quand ils veulent se débarrasser de toi ». Pedroni, un vendeur qui a observé toute la scène au magasin, y voit d’intéressantes perspectives. Pour Adrian, cette intrépide jeune femme d’une trentaines d’années réveille ses trop semblables journées. Même à Saint-Moritz, où il rejoint ses amis plus âgés aux courses du White Turf, comme chaque année, c’est à elle qu’il pense, à cette Lorena dont il ne connaît ni le nom ni l’adresse.

     

    Deux cercles d’amis, un métier passionnant, un appartement de rêve, cela n’empêche pas Weynfeldt d’éprouver en rentrant chez lui un sentiment parfois désagréable. Le soir, il examine à la loupe le Vallotton ramené chez lui, dont il n’a encore soufflé mot chez Murphy’s. Le point habituel que le peintre posait derrière sa signature y est bien, mais pas dans l’original – c’est un faux, une superbe copie. Baier, convoqué, lui apporte le vrai, dont il a beaucoup de mal à se séparer, et cherche à convaincre l’expert de vendre la copie, que personne ne contestera, pour un million et demi, le surplus éventuel serait pour Weynfeldt.

     

    La situation est bien en place : deux Vallotton, un vrai et un faux, une femme surprenante et vénale, un sexagénaire richissime prêt à tout pour se sentir un peu plus jeune dans ses costumes demi-saison sur mesure. Il y a quelque chose du « bon faiseur » chez Martin Suter, qui réunit dans Le dernier des Weynfeldt tous les ingrédients du romanesque, excelle à les relier et à tenir ses lecteurs en haleine – comment va se dérouler la fameuse vente ? entre Weynfeldt et Pedroni, avec qui Lorena va-t-elle finalement s’associer ?

     

    L’auteur de Small World m’avait touchée, ici Suter l’ancien publicitaire aligne un peu trop d’images sur papier glacé, un peu trop de marques de luxe, un peu trop de situations « vendeuses ». Weynfeldt n’est pas Swann, même s’il aime imaginer en peinture ce qu’il a sous les yeux, même s’il se tourne vers une femme qui n’est pas son genre. Reste une intéressante évocation des peintres suisses, du mobilier moderne et du marché de l’art. « Qui paie ? » est finalement la question la plus souvent posée
    dans ce « polar sociologique » dont les débuts prometteurs cèdent la place aux péripéties de l’intrigue, originale, certes, et bien menée, mais aux dépens de ce qui fait le mystère des êtres.

     

  • Peindre la forêt

    Rendez-vous amoureux, promenades, jeux, pique-niques, bien des Bruxellois peuvent les associer avec le « Jardin de Bruxelles », son poumon principal, sa cathédrale de hêtres : la forêt de Soignes. Le musée d’Ixelles propose jusqu’au 10 janvier une exposition pour les amoureux de peinture et de nature, « Les peintres de la forêt de Soignes » de 1850 à 1950. Pour fêter le centenaire de leur association, les Amis de la Forêt de Soignes (aujourd’hui en péril) proposent aussi aux Halles Saint-Géry une exposition sur ce « patrimoine unique porteur d’avenir ». Comme la forêt de Fontainebleau a inspiré les peintres de Barbizon, cette magnifique forêt a attiré les pleinairistes. Leurs paysages sont regroupés autour de quatre artères qui la traversent : l’avenue de Tervueren avec l’école artistique du même nom, la chaussée de Wavre et le pittoresque Rouge-Cloître, la chaussée de la Hulpe et Boitsfort, les chaussées de Waterloo et d’Alsemberg à Uccle et Linkebeek. 

    Affiche de l'expo.JPG


    Si Avril à Tervueren de Lucien Frank offre une lumière printanière, les toiles du dix-neuvième siècle sont généralement plus sombres, comme Les cueilleurs de baies aux étangs de Robiano à Tervueren ou les élégantes d’Emile Jacques (Repos au parc
    de Tervueren
    ). Un grand triptyque mélancolique de François Halkett, Dans la sapinière, montre deux femmes installées sur des chaises sous les arbres : l’une d’elles paraît souffrante, on lui ajuste un châle sur l’épaule.
    Plus gaie, une étonnante Fête de nuit de Degouve de Nuncques, où des lampions japonais et des guirlandes électriques se reflètent dans un étang bordé de saules pleureurs au vert phosphorescent.
     

    Halkett François, Dans la sapinière.JPG

     

    Contraste de lumière – cette belle lumière de la forêt de Soignes attirait Rodin pendant son séjour en Belgique – mais aussi de matière picturale entre La mare aux grenouilles d’un Delvaux encore réaliste et Au jardin de Jan Brusselmans qui fragmente la touche. Bastien, « le peintre du Rouge-Cloître » (un ancien prieuré à l’orée de la forêt de Soignes devenu centre d’art), y a peint sa maison sous la pluie ;
    sa matière rend bien l’atmosphère des lieux, comme dans La bergerie de Troisfontaines où les nuages se parent de couleurs orangées. Chaque peintre a son regard. Oleffe donne plus d’importance aux personnages qu’au décor (En août). Degreef, lui, s’immerge complètement dans le Sous-bois de Blankedelle ou peint une Paysagiste à son chevalet. Léon Houyoux peint à la manière impressionniste (La Woluwe à Val-Duchesse). Paul-Jean Martel, découvert ici, choisit des tons si clairs qu’il faut deviner les formes, par exemple, dans sa Terrasse au Rouge-Cloître.
     

    Degreef, La paysagiste.JPG

     

    Toutes les saisons attirent les peintres. Pour son Braconnier, Isidore Verheyden rend des tons d’automne, sous un ciel cuivré en écho aux feuilles mortes qui jonchent le sous-bois. Anne-Pierre de Kat, dans Le ravin, le tableau le plus rythmé de cette exposition, que j'ai eu plaisir à détailler, représente des patineurs sur un étang gelé, on y aperçoit aussi des cavaliers. Une petite toile de Vogels montre le peintre Pantazis peignant dans la neige, sa silhouette noire tranchant sur le blanc. Du côté de La Hulpe vivait un couple d’artistes réputés, Rodolphe et Juliette Wytsman. De celle-ci, j’ai aimé un paysage printanier tout en fleurs jaunes et ombres bleues (Verger à Linkebeek). Médard Verburgh rend à l’été tout son éclat dans Les toits rouges à Boitsfort, réjouissants, mais il ne peut cependant rivaliser avec Rik Wouters, le fauve brabançon, et sa grande Fenêtre ouverte sur Boitsfort. 

    VOGELS Guillaume, Pantazis peignant dans la neige, c. 1881.JPG

     

    Dernière salle, consacrée à Uccle et Linkebeek, avec une lumineuse Grande ferme rose d’Adrien-Jean Le Mayeur, près de laquelle on a accroché un Intérieur de Louis Thévenet. De jolies vues de Linkebeek sont signées Roidot ou Charles Dehoy Le Langeveld de Jos Albert, en comparaison, est presque abstrait, fermement structuré par un tronc d’arbre à l’avant-plan. La plupart de ces noms parlent aux amateurs de peinture belge et aux habitués des salles de ventes bruxelloises, les œuvres présentées ici viennent de musées mais aussi de collections particulières.

    Degouve de Nuncques, Etang de Boitsfort.JPG

     

    Samedi matin, il n’y avait pas encore grand-monde à cette exposition qui n'ouvre ses portes qu'à onze heures trente, c’était très agréable pour y déambuler à l’aise. J’y ai flâné trop longtemps pour pouvoir regarder attentivement l’exposition principale du musée d’Ixelles en ce moment : les photos de la collection du diamantaire et bijoutier anversois Sylvio Perlstein sous le titre « La photographie n’est pas l’art », plus de deux cents tirages de 1920 à nos jours. C’est Man Ray qui affirmait cela avec humour. Il est présent avec bien d’autres noms célèbres dans ce parcours à travers l’histoire de la photographie au vingtième siècle.

      

    Mais j’avais encore l’odeur des feuilles et de l’humus dans les narines, l’œil imprégné des feuillages et des écorces, des eaux dormantes sous la lune (Abatucci) ou des lumières d’un soir bleuté de Degouve de Nuncques, magique.

     

     
  • Trop de choses

    « Le guide n’était pas un homme très loquace. Il s’efforçait, en toutes circonstances, d’être franc et exact, mais trop de choses, surtout dès qu’il s’agissait d’êtres humains et encore plus quand il était question d’hommes
    et de femmes, étaient d’une telle complexité qu’on ne pouvait en parler avec franchise ou exactitude. »

    Russell Banks, La Réserve

    Henin Frans, couple enlacé.jpg
  • Dans les Adirondacks

    La région des Adirondacks, ses lacs, son parc naturel, voilà le cadre de La Réserve, un roman de Russell Banks (2007). J’ai découvert cet écrivain américain avec l’inoubliable American Darling, dont l’héroïne, Hannah, quitte cette même région à cinquante-neuf ans, vers 1970, pour se rendre au Liberia, où elle est prise dans le tourbillon de l’histoire africaine et dans les tremblements de ses abîmes personnels, un récit passionnant et bouleversant. 

    Ampersand_Adirondacks_NJ_USA, photo de Jarek Tuszynski (Wikimedia commons).jpg
     

     

    Eté 1936. La rencontre entre le peintre Jordan Groves, qui se déplace le plus volontiers en hydravion, et la sulfureuse Vanessa Cole, fille adoptive des riches propriétaires d’une « campagne » au bord d’un lac de la Tamarack Wilderness Reserve (seize mille hectares dont l’accès est réservé à une élite et aux employés), semble plus convenue au premier abord. Le Dr Cole a invité le peintre à donner son avis sur quelques paysages de Heldon, le peintre le plus renommé de la région après lui. Grâce à sa femme, Alicia, qui lui a montré des photos de l’ex-comtesse Von Heidenstamm dans des magazines de luxe, Jordan, la quarantaine, reconnaît Vanessa – « Quel bel animal, se dit-il. Mais une femme à regarder, c’est tout. Pas à toucher. Tout au plus à peindre, peut-être. En tout cas une femme dont il faut se méfier. »

     

    Ces « ploutocrates » ne sont pas du tout son genre, des « républicains de la « classe de loisir ». Des héritiers sans réelle culture et, à part le médecin, sans compétences utiles. » De son côté, après avoir observé la manière silencieuse avec laquelle le peintre regarde les tableaux de son père, Vanessa Cole n’hésite pas à lui chuchoter au passage : « Je ne serai pas contente tant que vous ne m’aurez pas emmenée faire un tour dans votre avion. » Et lorsqu’il prend congé, en effet,  la belle aux longs cheveux roux l’attend sur la plage, en jupe blanche et veste de lin. En vol, il lui explique les règles de base du pilotage, lui laisse un instant les commandes, puis pose son appareil près du rivage d’un étang. Au grand dépit de sa passagère, il la laisse là, seule, au clair de lune, furieuse qu’il ne la suive pas.

     

    Le lendemain, dans sa maison non loin de la rivière Tamarack, qu’il a fait construire sur ses propres plans et en mettant la main à la pâte, le peintre songe dans son atelier
    à la soirée de la veille, à son travail, à sa famille, Alicia et les garçons. Il leur a donné des noms d’animaux qu’il admire, Bear et Wolf. Alicia, de dix ans plus jeune que lui – elle a été son élève au cours de gravure – s’est habituée à ses longs voyages solitaires en Alaska, au Groenland, à Cuba ou ailleurs, mais non aux flirts épisodiques de son mari. Lui ne voit pas en quoi il serait coupable, n’étant jamais tombé amoureux d’une autre femme. Quand il l’interroge sur ses projets pour la journée et qu’elle répond avoir envie de marcher, de travailler au jardin, et de réfléchir parce qu’elle a « besoin de pensées nouvelles », Jordan pressent que quelque chose va leur tomber dessus, qui se rapproche, en silence.

     

    C’est pourtant ce que le peintre appelle « une parfaite journée des Adirondacks, parlant ainsi non pas de température ou de saison, mais bien de lumière éclatante ». Au village où il se rend avec ses fils et ses chiens pour prendre livraison de fournitures, Jordan apprend la mort du Dr Cole, victime d’une crise cardiaque pendant la nuit. En passant devant l’entrée du club Tamarack, il aperçoit Vanessa et
    sa mère non loin du directeur sur la véranda du club-house et pour la première fois, range sa voiture dans l’allée de ce club dont il n’a jamais souhaité faire partie. Vanessa répond sèchement à ses condoléances – elle a déjà scandalisé tout le monde en racontant comment il l’a abandonnée dans l’obscurité la veille au soir – puis, à l’écart, le provoque : « Vous vouliez faire l’amour avec moi. Mais vous n’avez pas pu. »

    Vanessa joue dans ce roman le rôle de la femme fatale. Malgré eux, Jordan et Alicia vont être attirés dans un piège où il n’est pas question que de sexe ou d’amour. La séductrice mène aussi un jeu étrange et dangereux à Rangeview, la maison de campagne, dans une tragédie familiale où elle implique Hubert St. Germain, le précieux et dévoué guide de la Réserve qui s’est toujours occupé de leur propriété. L’intrigue rocambolesque m’a pourtant moins intéressée que la belle description de cette région sauvage des Adirondacks à travers le savoir du guide et le regard du peintre.

    L’univers de Jordan Groves, ses liens avec d’autres artistes, son engagement social – le récit est entrecoupé de brèves incursions dans la guerre civile espagnole à laquelle il prendra part en 1937 – son amour de la terre, ses problèmes de conscience, tout cela m’a paru plus authentique que les aléas de l’histoire. Celle-ci, pleine de rebondissements parfois peu vraisemblables, tient en haleine jusqu’au bout des quelque quatre cents pages de La Réserve, une œuvre en deçà, à mon avis, d’American Darling.

  • La plage d'Ostende

    Florilège d’automne /Incipit

     

     

    Dès que je le vis, je sus que Léopold Wiesbeck m’appartiendrait. J’avais onze ans, il en avait vingt-cinq. Ma mère dit :

    - Voici ma fille Emilienne.

    Il me fit un sourire distrait. Je pense qu’il n’avait aperçu qu’une brume indistincte, car ma mère captait le regard.

     

    Dubois Raphaël Jeune femme à la fleur.jpg

     

    Elle était, et fut jusqu’à sa mort, une femme couverte d’ornements : colliers et bracelets, écharpes, chignon architecturé, elle manipulait toujours quelque chose, une cigarette, son sac, une boucle d’oreille, les cheveux de sa fille. Elle avait manqué de peu l’éventail qui passa de mode pendant son adolescence, les ombrelles et le face-à-main, mais elle eut les étoles qui glissent le long des épaules, les plis de la jupe qu’il faut sans cesse disposer avec grâce, les manches à réenrouler, une perpétuelle turbulence de tissus qui flottaient autour d’elle. Tout cela scintillait, étincelait, vibrait, cliquetait, elle était au centre d’un frémissement et je disparaissais parmi les mouvements des mains, les hochements de tête et l’abondance de sa parole. Elle avait une belle voix ronde, aimait à parler et, comme il lui venait peu d’idées, elle se répétait :

    - C’est ma fille.

    - Certainement, dit Léopold.

    Ainsi, la première chose qu’il sut à mon sujet fut que j’étais, certainement, la fille de la belle Anita.

    Moi, j’étais foudroyée.

     

     

    Jacqueline Harpman, La Plage d’Ostende, Stock/Livre de Poche, 1993.