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naples - Page 3

  • Lenù et Lila, suite

    Aux lecteurs de L’amie prodigieuse qui n’auraient pas encore découvert la suite, disons d’emblée que Le nouveau nom d’Elena Ferrante (sous-titré Jeunesse, traduit de l’italien par Elsa Damien) tient ses promesses. On y retrouve le quartier populaire de Naples autour de Lenù et Lila – leur amitié mise à l’épreuve par le mariage de Lila Cerullo, la fille du cordonnier, avec Stefano Carraci, l’épicier, alors que Lenù (Elena Greco, la fille du portier de mairie et la narratrice) poursuit ses études.

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    Quand au printemps 1966, Lenù lit les cahiers personnels de Lila, qui les lui a confiés par crainte que son mari ne les trouve, elle y retrouve toute la séduction de son amie d’enfance. Lila a souffert de voir Lenù entrer sans elle dans le secondaire, puis s’est lancée avec enthousiasme dans la création de nouvelles chaussures Cerullo en compagnie de son frère Rino. A son mariage, malgré le choc de découvrir la première paire qu’elle a réalisée, achetée par Stefano, aux pieds de l’arrogant Marcello Solara, « Mme Carraci », à seize ans, semble se soumettre à son nouveau statut.

    Doit-elle l’imiter, accepter les codes de son quartier, réprimer ses prétentions ? Tout en s’interrogeant, Lenù sort avec Antonio, le mécanicien, très jaloux de Nino Sarratore, fils aîné d’un journaliste et excellent élève, que Lenù admire. Mais elle comprend bientôt, après son retour du voyage de noces, qu’elle a peut-être tort d’envier Lila et ses nouvelles toilettes : son mari la frappe. Alors Lenù se remet sérieusement à étudier, après une période de flottement, et accepte l’invitation de Lila de se réfugier dans une pièce de son appartement pour travailler au calme.

    « Au lycée, personne ne s’exprimait comme Nino, sans crainte des professeurs ni du proviseur. Non seulement il était le meilleur dans toutes les matières, mais il savait des choses qu’on n’enseignait pas et qu’aucun autre élève, même excellent, ne connaissait. Et il avait du caractère. Et il était beau. » Quand il s’adresse à elle, Lenù est comblée, mais une jeune fille « nette et soignée » l’attend après les cours, avec qui elle ne pourrait rivaliser.

    Lila prend sa revanche contre Stefano de toutes les manières possibles, dépense sans compter, se fait remarquer partout. Elle le prend de court lorsqu’elle accepte qu’une grande photo d’elle en robe de mariée décore la vitrine du nouveau magasin de chaussures très chic que vont ouvrir les frères Solara, avec qui il s’est associé, sur la Piazza dei Martiri. Stefano confie un jour à Lenù comment sa femme lui fait la guerre et déclenche la violence en lui, depuis leur nuit de noces. Il voudrait qu’elle la raisonne, pour qu’elle se comporte en épouse plutôt qu’en ennemie.

    Le nouveau nom conte tous les rebondissements de la vie de ce couple explosif et des autres qui se forment : la sœur de Stefano se fiance à Rino, le frère de Lila. L’amie « prodigieuse » a deviné depuis longtemps que Lenù est attirée en secret par Nino. Enceinte, elle déborde d’énergie, s’épuise en s’occupant de la nouvelle épicerie ouverte par Stefano, puis du chantier de la Piazza dei Martiri, passant d’un magasin à l’autre, puisant dans le tiroir-caisse, distribuant de l’argent à ses amis, jouant les stars.

    Le jour de l’inauguration du magasin des Solara, Lila fait une fausse couche. Les chaussures Cerullo ont beaucoup de succès, bientôt on commence à les imiter. Sollicitée pour en créer de nouvelles, Lila refuse, ça ne l’intéresse plus, elle laisse son frère se débrouiller. Mais les Solara savent qu’elle a de bonnes idées et veulent lui confier le magasin.

    Pour Lenù, le grand événement, c’est l’invitation de son professeur de lycée à une fête chez elle – « Pour moi, c’était comme me présenter à la cour, faire la révérence à la reine et danser avec les princes. » Elle n’a pas de belle robe, a peur de se ridiculiser. Quand Lila veut l’accompagner, elle craint qu’elle se fasse remarquer, parle en dialecte, mais elle n’ose refuser. Les enfants de Mme Galiani l’accueillent si gentiment que Lenù se sent tout de suite à l’aise.

    « Tout à coup, je me rendis compte que mon état de suspension qui avait commencé le jour du mariage de Lila était fini. Je savais me comporter avec ces gens-là, et je me sentais mieux avec eux qu’avec mes amis du quartier. » C’est une soirée très heureuse même si Nadia, la fille de son professeur, est la belle petite amie de Nino, également présent. Lenù est enchantée de discuter avec ces jeunes gens cultivés qui évoquent l’actualité politique et leurs lectures. Lila, restée en marge, s’est ennuyée. Dans la voiture de Stefano venu les chercher, elle éclate en moqueries contre « ces gens-là », contre Nino le beau parleur, contre Lenù et sa façon prétentieuse de parler avec eux. Il s’ensuivra une première rupture et une longue séparation.

    Nino aime discuter avec Lenù, lui prête une revue où elle découvre un article de lui, se renseigne sur ses projets de vacances et lui suggère, si elle le peut, d’aller à Forio, sur l’île d’Ischia, où il séjournera dans la maison d’un ami. En principe, ce ne sera pas possible, à cause de son travail, mais quand il est question de se rendre à la mer sur les conseils du médecin pour Lila, qui n’arrive plus à être enceinte, et que celle-ci lui propose de l’engager pour lui tenir compagnie, elle accepte – pour revoir Nino. Lenù ne peut résister à Lila. Malgré tout ce qui est déjà arrivé, elle ne soupçonne pas, dans son enthousiasme, tout ce dont son amie est capable, avec elle ou à ses dépens.

    Cette amitié aux péripéties feuilletonnesques ne nous tiendrait pas si fort en haleine si elle ne se mêlait aux autres composantes de cette saga (Le nouveau nom est le deuxième de quatre tomes) : une observation précise des milieux, des familles et des modes de vie, le questionnement perpétuel sur la situation sociale, le rôle des études, les choix à faire pour ces jeunes adultes. Lenù ne peut nier ni son appartenance à ce quartier de Naples ni son désir d’en sortir par le haut. Y arrivera-t-elle ? Avec ou sans l’imprévisible Lila ?

  • Perdre une part

    ferrante,elena,l'amie prodigieuse,roman,littérature italienne,saga,naples,années 50,société,études,enfance,adolescence,apprentissage,culture« Nous arrivâmes au parc, repartîmes en sens inverse et puis refîmes le chemin jusqu’au jardin. Il était tôt, il n’y avait pas encore le brouhaha du dimanche ni les vendeurs de noisettes, amandes grillées et lupins. Avec prudence, Lila m’interrogea à nouveau sur le lycée. Je lui dis le peu que je savais mais en l’exagérant le plus possible. Je voulais qu’elle soit intriguée, qu’elle désire participer au moins un peu, de l’extérieur, à ma nouvelle aventure et qu’elle sente qu’elle perdait quelque chose de moi, comme moi je craignais toujours de perdre une part – et une grande part – d’elle. Je marchais du côté de la rue et elle à l’intérieur. Je parlais et elle écoutait avec une grande attention.

    Puis la Millecento des Solara s’approcha de nous. Michele au volant et Marcello à ses côtés. Ce dernier commença à nous lancer des plaisanteries. »

    Elena Ferrante, L’amie prodigieuse

  • Amies d'enfance

    Elena Ferrante raconte dans L’amie prodigieuse (L’amica geniale, traduit de l’italien par Elsa Damien) l’amitié de deux fillettes, Elena et Lila, dans un quartier populaire de Naples, à la fin des annés cinquante, et son récit est si captivant que je compte bien lire la suite de cette saga à succès. « Prologue / Enfance / Adolescence » sont les trois parties du premier tome.

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    L’épigraphe tirée du Faust de Goethe cite « l’esprit de ruse et de malice », une formule qui convient à l’étonnante Lila – c’est elle, l’amie géniale, « prodigieuse », à la fois fabuleuse et monstrueuse, dont Elena Greco a décidé de rédiger l’histoire quand son fils, Rino Cerullo, lui annonce sa disparition depuis deux semaines, à plus de soixante ans.

    Retour en arrière. Le père de Lila est cordonnier, celui d’Elena est portier à la mairie. Autour d’eux gravitent d’autres familles annoncées au début dans un index des personnages : celles de Don Achille, du menuisier, de « la veuve folle », du « cheminot-poète », du vendeur de fruits et légumes, du bar-pâtisserie Solara, du pâtissier, sans oublier le fils du pharmacien et les enseignants.

    Deux fillettes bravant l’interdit, montant l’escalier qui conduit jusqu’à l’appartement de Don Achille, « l’ogre des contes », voilà comment Elena et Lila sont devenues amies, la première répondant sans rien dire aux défis que lui lance la seconde. « A la quatrième volée de marches, Lila eut un comportement inattendu. Elle s’arrêta pour m’attendre et, quand je la rejoignis, me donna la main. Ce geste changea tout entre nous, et pour toujours. »

    Depuis la première année de primaire, Lila impressionne les autres par sa méchanceté et par son audace. Quand des garçons lui jettent des pierres, elle riposte – une enfance « pleine de violence ». « Bien sûr, j’aurais aimé avoir les manières courtoises que prêchaient la maîtresse et le curé, mais je sentais qu’elles n’étaient pas adaptées à notre quartier, même pour les filles. »

    Mme Oliviero, l’institutrice, qui aurait pu en vouloir à Lila de ses mauvais tours, la donne au contraire en exemple, consciente de son intelligence : elle sait déjà lire, elle a appris toute seule dans l’abécédaire de son frère. Très vite, les rôles seront distribués à l’école primaire : Lila, première ; Elena, deuxième. Mais si Mme Oliviero réussira ensuite à persuader les parents d’Elena de lui faire prendre des leçons particulières pour être admise au collège, il n’en va pas de même chez le cordonnier. Celui-ci ne voit aucun intérêt à ce que Lila continue des études, son grand frère l’aide déjà à la cordonnerie – et elle est une fille.

    A l’adolescence, alors qu’Elena s’arrondit, Lila reste petite et maigre, « légère et délicate ». Incapable de s’intéresser aux cours de sténodactylo, une concession de son père à sa mère, elle a décidé de ne faire que ce qui lui plaît, elle aide sa mère à la maison, son père au magasin. C’est là que naît son rêve de fabriquer des chaussures originales, faites main, avec son frère Rino, en secret de leur père irascible.

    Les garçons s’intéressent de plus en plus aux deux filles et les manèges d’approche, les refus, les questions, elles se les racontent l’une à l’autre, mais sans dire tout. « Pendant ces années de collège, beaucoup de choses changèrent autour de nous mais petit à petit, de sorte qu’on ne les perçut pas vraiment comme des changements. » Le bar Solara devient aussi pâtisserie et prospère, les deux fils s’achètent une Fiat et paradent dans les rues.

    Elena peine en latin, jusqu’à ce que Lila lui donne des conseils pour la traduction – sans le dire, elle apprend le latin de son côté et prend des livres à la bibliothèque, un pour chaque membre de sa famille pour pouvoir en emprunter plusieurs. Quand les cours reprennent, Elena devient la première de la classe, stimulée par Lila et travaillant davantage pour elle, pour rester à la hauteur, que pour le collège.

    « Ce qui devait changer, selon elle, c’était toujours la même chose : de pauvres nous devions devenir riches, et alors que nous n’avions rien nous devions arriver à tout avoir. » Lila rêve de créer une usine de « chaussures Cerullo » et d’écrire un roman avec Elena. Les succès de celle-ci, devenue « meilleure élève du collège », ne comptent pas tellement dans leur quartier où « tout ce qui comptait, c’étaient les amours et les petits amis ». Mais Mme Oliviero veille au grain : après, il faudra que sa protégée aille au lycée, poursuive des études : « Cette jeune fille nous donnera d’immenses satisfactions ! »

    Elena découvre que quand un garçon s’intéresse à elle, c’est ou pour sa poitrine toute neuve, ou pour approcher en réalité l’inaccessible Lila dont elle est la plus proche. Le monde au-delà des frontières du quartier va commencer à exister pour la jeune lycéenne, son père l’a emmenée en ville pour lui donner des repères – une belle journée, la seule qu’ils aient passée ensemble tous les deux, comme s’il voulait lui transmettre « tout ce qu’il avait appris d’utile au cours de son existence ». Difficile de partager cette nouvelle expérience avec Lila qui, d’un côté, ne s’intéresse qu’aux endroits qui lui sont accessibles et d’un autre, la surprend avec ses connaissances en grec, qu’elle a commencé à étudier avant elle.

    Séduisante mais dangereuse, intelligente mais manipulatrice, telle est Lila aux yeux d’Elena, et encore plus depuis que son corps s’est métamorphosé : la belle Lila attire tous les regards et Rino, son grand frère, la défend contre ceux qui lui manquent de respect. L’histoire de leurs amours adolescentes sera fertile en questions, discussions et conflits. Elena aura bien du mal à comprendre ce que Lila cherche auprès de ses amoureux, et aussi ce qu’elle-même attend des garçons qui l’approchent, qu’elle accepte de fréquenter, alors qu’elle en a un autre en tête. Mais elle est consciente d’accéder peu à peu, par les études, à un autre monde que « la plèbe » dont elle est issue.

    Elena Ferrante, qui donne son prénom à la narratrice, est un pseudonyme au secret bien gardé. Ses consonances me rappellent la romancière Elsa Morante (Mensonge et sortilège, L’île d’Arturo, La Storia…) dont l’œuvre navigue, dans mes souvenirs, en eaux plus profondes. Mais L’amie prodigieuse est un formidable tableau d’un quartier napolitain au milieu du XXe siècle, plein de ces détails concrets qui font la vie. L’argent et la réputation jouent un grand rôle dans ce roman d’apprentissage où Lila joue pour Elena à la fois la bonne et la mauvaise fée. Que vont-elles devenir ? On a envie de le savoir. Le lycée les éloigne l’une de l’autre, mais leur amitié-rivalité n’en est pas finie pour autant : qui aimera, qui se mariera la première, qui sera la plus heureuse ?

    Mise à jour 24/3/2019

  • Se divertir

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    « Il se sentait tantôt exilé, tantôt chez lui. Tout était si tranquille, ici. Naples continuait d’être belle comme une image. La principale activité des riches est de se divertir. De tous, le plus extravagant était le Roi, le plus éclectique le Cavaliere. »

     

    Susan Sontag, L’amant du volcan

  • L'amant du volcan

    Dans son prologue à L’amant du volcan (1992, traduit de l’anglais par Sophie Bastide-Foltz), Susan Sontag campe le sujet en trois temps : un marché aux puces à Manhattan, en 1992 – « Pourquoi entrer ? As-tu tellement de temps à perdre ? Tu vas regarder. T’égarer. Tu vas oublier l’heure. » ; une vente aux enchères à Londres, en 1772, où une « Vénus désarmant Cupidon » ne trouve pas preneur ; une éruption du Vésuve, spectacle sans pareil. 

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    Il Cavaliere, comme on nomme l’ambassadeur anglais à Naples, quitte l’Angleterre après un congé qui a « rendu à son visage osseux une couleur laiteuse de bon aloi ». Il y laisse sa Vénus invendue – heureusement le British Museum a acheté tous ses vases étrusques et bien d’autres choses. Des malles, des caisses, des coffres sont déjà partis sur un cargo ; sa femme Catherine, « ses gens » et lui embarquent sur un trois-mâts jusqu’à Boulogne avant de regagner Naples « par voie de terre ».

     

    Marié depuis seize ans à la « fille unique d’un riche hobereau », sans enfant, le Cavaliere a pu grâce à sa fortune asseoir sa carrière et nourrir sa passion de collectionneur, de tableaux surtout, dans un confort permanent. Diplomate hyperactif, il s’intéresse à tout et cultive une autre passion : fou du Vésuve, il y grimpe souvent, en ramène des morceaux de lave et lit tout ce qu’il peut sur le volcan.

     

    Ami du jeune roi de Naples, qui l’oblige à lui tenir compagnie même à la chaise percée, il a appris à connaître ce « royaume de l’outrance, de l’excès, des débordements ». Catherine, qui souffre d’asthme, se tient autant que possible loin de la cour, c’est une musicienne remarquable au clavecin et une épouse irréprochable.

     

    Quand arrive un lointain cousin du Cavaliere, l’entente est immédiate entre Catherine et le jeune homosexuel, sensible comme elle à la musique. Mais l’hiver venu, il repart. Le Cavaliere, déjà attristé par la mort de son singe Jack, perd alors son épouse de 44 ans, qui s’est endormie dans son fauteuil favori face aux myrtes. En deuil, il découvre l’indifférence à tout, la mélancolie.

     

    Quatre ans plus tard, Charles, son neveu, qui administre les terres de Catherine au pays de Galles, lui envoie sa belle maîtresse de 21 ans, qui aime tant « admirer ». Le Cavaliere, de 36 ans plus âgé, résiste d’abord à « Mme Hart », puis prend goût à la regarder, à l’instruire, à lui montrer ce qui l’intéresse – c’est-à-dire tout : elle le questionne, l’écoute, s’enthousiasme inlassablement. Par lettres, elle a imploré Charles de la rapatrier, mais lui la pousse dans les bras de son oncle et elle en prend son parti. Une belle voix de chanteuse et l’art de poser sont d’autres de ses atouts – jadis modèle d’un peintre, elle incarne à présent, pour le Cavaliere d’abord, puis en public, les grandes figures féminines de l’antiquité.

     

    En plus des progrès de ce couple surprenant – la maîtresse de Charles a un passé douteux, des manières « vulgaires », mais le Cavaliere va l’épouser –, Susan Sontag raconte des visites prestigieuses (Goethe, Elisabeth Vigée-Lebrun…), l’observation du volcan, la vie de cour, et les échos à Naples de la Révolution française puis de la Terreur, à laquelle répond l’éruption du Vésuve en 1794.

     

    Arrive alors « le héros le plus valeureux que l’Angleterre ait jamais produit »,  un capitaine de 35 ans venu apporter au Cavaliere des dépêches urgentes, après que la France a déclaré la guerre à l’Angleterre. L’épouse du Cavaliere l’aide à obtenir du Roi le renfort de troupes napolitaines. Cinq ans de combats valeureux, un bras perdu, un rang d’amiral gagné, et puis « le héros fondit sur leurs vies ».

     

    Ils se sont écrit entre-temps, tous les trois – l’épouse du Cavaliere « aimait admirer et voilà quelqu’un qui valait vraiment la peine d’être admiré. » Quand l’amiral revient à Naples, il est la coqueluche du roi et de la reine, du Cavaliere et de sa femme. A l’approche des républicains français, il embarque tout ce beau monde en fuite sur les navires anglais. Le Cavaliere loue alors un palais à Palerme et l’y accueille à bras ouverts.

     

    L’ambassadeur devine que « le héros » s’est entiché de son épouse, quoique la sienne l’attende au pays. Mais il apprécie leur discrétion et songe à ses collections perdues dans un naufrage. L’amant du volcan conte ces amours diverses et une époque tumultueuse. Au récit se greffent d’intéressants apartés sur le bonheur, la passion de collectionner, l’art, la musique, la lecture, la beauté… 

     

    En observant le passé d’un œil contemporain, Sontag offre un point de vue singulier et un ton piquant à ce long roman. Eleonora de Fonseca Pimentel, poète napolitaine, « pure flamme » dans la Révolution, attendant d’être exécutée, y ajoute un contrepoint qui surprend, la mise en perspective finale.