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enfance - Page 16

  • Amies d'enfance

    Elena Ferrante raconte dans L’amie prodigieuse (L’amica geniale, traduit de l’italien par Elsa Damien) l’amitié de deux fillettes, Elena et Lila, dans un quartier populaire de Naples, à la fin des annés cinquante, et son récit est si captivant que je compte bien lire la suite de cette saga à succès. « Prologue / Enfance / Adolescence » sont les trois parties du premier tome.

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    L’épigraphe tirée du Faust de Goethe cite « l’esprit de ruse et de malice », une formule qui convient à l’étonnante Lila – c’est elle, l’amie géniale, « prodigieuse », à la fois fabuleuse et monstrueuse, dont Elena Greco a décidé de rédiger l’histoire quand son fils, Rino Cerullo, lui annonce sa disparition depuis deux semaines, à plus de soixante ans.

    Retour en arrière. Le père de Lila est cordonnier, celui d’Elena est portier à la mairie. Autour d’eux gravitent d’autres familles annoncées au début dans un index des personnages : celles de Don Achille, du menuisier, de « la veuve folle », du « cheminot-poète », du vendeur de fruits et légumes, du bar-pâtisserie Solara, du pâtissier, sans oublier le fils du pharmacien et les enseignants.

    Deux fillettes bravant l’interdit, montant l’escalier qui conduit jusqu’à l’appartement de Don Achille, « l’ogre des contes », voilà comment Elena et Lila sont devenues amies, la première répondant sans rien dire aux défis que lui lance la seconde. « A la quatrième volée de marches, Lila eut un comportement inattendu. Elle s’arrêta pour m’attendre et, quand je la rejoignis, me donna la main. Ce geste changea tout entre nous, et pour toujours. »

    Depuis la première année de primaire, Lila impressionne les autres par sa méchanceté et par son audace. Quand des garçons lui jettent des pierres, elle riposte – une enfance « pleine de violence ». « Bien sûr, j’aurais aimé avoir les manières courtoises que prêchaient la maîtresse et le curé, mais je sentais qu’elles n’étaient pas adaptées à notre quartier, même pour les filles. »

    Mme Oliviero, l’institutrice, qui aurait pu en vouloir à Lila de ses mauvais tours, la donne au contraire en exemple, consciente de son intelligence : elle sait déjà lire, elle a appris toute seule dans l’abécédaire de son frère. Très vite, les rôles seront distribués à l’école primaire : Lila, première ; Elena, deuxième. Mais si Mme Oliviero réussira ensuite à persuader les parents d’Elena de lui faire prendre des leçons particulières pour être admise au collège, il n’en va pas de même chez le cordonnier. Celui-ci ne voit aucun intérêt à ce que Lila continue des études, son grand frère l’aide déjà à la cordonnerie – et elle est une fille.

    A l’adolescence, alors qu’Elena s’arrondit, Lila reste petite et maigre, « légère et délicate ». Incapable de s’intéresser aux cours de sténodactylo, une concession de son père à sa mère, elle a décidé de ne faire que ce qui lui plaît, elle aide sa mère à la maison, son père au magasin. C’est là que naît son rêve de fabriquer des chaussures originales, faites main, avec son frère Rino, en secret de leur père irascible.

    Les garçons s’intéressent de plus en plus aux deux filles et les manèges d’approche, les refus, les questions, elles se les racontent l’une à l’autre, mais sans dire tout. « Pendant ces années de collège, beaucoup de choses changèrent autour de nous mais petit à petit, de sorte qu’on ne les perçut pas vraiment comme des changements. » Le bar Solara devient aussi pâtisserie et prospère, les deux fils s’achètent une Fiat et paradent dans les rues.

    Elena peine en latin, jusqu’à ce que Lila lui donne des conseils pour la traduction – sans le dire, elle apprend le latin de son côté et prend des livres à la bibliothèque, un pour chaque membre de sa famille pour pouvoir en emprunter plusieurs. Quand les cours reprennent, Elena devient la première de la classe, stimulée par Lila et travaillant davantage pour elle, pour rester à la hauteur, que pour le collège.

    « Ce qui devait changer, selon elle, c’était toujours la même chose : de pauvres nous devions devenir riches, et alors que nous n’avions rien nous devions arriver à tout avoir. » Lila rêve de créer une usine de « chaussures Cerullo » et d’écrire un roman avec Elena. Les succès de celle-ci, devenue « meilleure élève du collège », ne comptent pas tellement dans leur quartier où « tout ce qui comptait, c’étaient les amours et les petits amis ». Mais Mme Oliviero veille au grain : après, il faudra que sa protégée aille au lycée, poursuive des études : « Cette jeune fille nous donnera d’immenses satisfactions ! »

    Elena découvre que quand un garçon s’intéresse à elle, c’est ou pour sa poitrine toute neuve, ou pour approcher en réalité l’inaccessible Lila dont elle est la plus proche. Le monde au-delà des frontières du quartier va commencer à exister pour la jeune lycéenne, son père l’a emmenée en ville pour lui donner des repères – une belle journée, la seule qu’ils aient passée ensemble tous les deux, comme s’il voulait lui transmettre « tout ce qu’il avait appris d’utile au cours de son existence ». Difficile de partager cette nouvelle expérience avec Lila qui, d’un côté, ne s’intéresse qu’aux endroits qui lui sont accessibles et d’un autre, la surprend avec ses connaissances en grec, qu’elle a commencé à étudier avant elle.

    Séduisante mais dangereuse, intelligente mais manipulatrice, telle est Lila aux yeux d’Elena, et encore plus depuis que son corps s’est métamorphosé : la belle Lila attire tous les regards et Rino, son grand frère, la défend contre ceux qui lui manquent de respect. L’histoire de leurs amours adolescentes sera fertile en questions, discussions et conflits. Elena aura bien du mal à comprendre ce que Lila cherche auprès de ses amoureux, et aussi ce qu’elle-même attend des garçons qui l’approchent, qu’elle accepte de fréquenter, alors qu’elle en a un autre en tête. Mais elle est consciente d’accéder peu à peu, par les études, à un autre monde que « la plèbe » dont elle est issue.

    Elena Ferrante, qui donne son prénom à la narratrice, est un pseudonyme au secret bien gardé. Ses consonances me rappellent la romancière Elsa Morante (Mensonge et sortilège, L’île d’Arturo, La Storia…) dont l’œuvre navigue, dans mes souvenirs, en eaux plus profondes. Mais L’amie prodigieuse est un formidable tableau d’un quartier napolitain au milieu du XXe siècle, plein de ces détails concrets qui font la vie. L’argent et la réputation jouent un grand rôle dans ce roman d’apprentissage où Lila joue pour Elena à la fois la bonne et la mauvaise fée. Que vont-elles devenir ? On a envie de le savoir. Le lycée les éloigne l’une de l’autre, mais leur amitié-rivalité n’en est pas finie pour autant : qui aimera, qui se mariera la première, qui sera la plus heureuse ?

    Mise à jour 24/3/2019

  • Bauchau et l'enfant

    Récit autobiographique, L’Enfant rieur paraît en 2011, lorsque Henry Bauchau (1913-2012), dans le « très grand âge », a senti venir le temps de « ré-imaginer à partir des souvenirs ». A lire donc « comme le roman des commencements d’une vie, dans une société désormais lointaine : un monde plus paysan qu’urbain, fait de grandes maisonnées, de vastes parentèles, de fermes et de terres et de chevaux – mais aussi de règles strictes, de droits et devoirs inégalement partagés entre les sexes, de profond respect pour les lois, les hiérarchies… et de tentatives de révolte. » (quatrième de couverture) 

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    Henry Bauchau (BibliObs, 2011) Photo Jean-Luc Bertini-Pasco

    A Blémont, en 1916, l’enfant joue. Des Allemands ont réquisitionné l’ancienne écurie pour leurs chevaux. Absorbé, l’enfant n’a pas entendu s’approcher l’homme en bottes brillantes et long manteau qui lui rend son sourire puis le prend joyeusement dans ses bras : « Ach ! mein Kind. » C’est la langue de l’ennemi, un rideau retombe à une fenêtre, l’enfant prend peur. Il se met à pleurer, hurle, passe en un instant du bonheur à la terreur : « Au lieu de continuer à rire, il a été forcé dès sa petite enfance de vivre la haine. Il ne voulait pas ça. » 

    « dans l’élégance, la propreté douteuse et les conflits sociaux de la Belle Epoque », Bauchau sait que c’est dans la guerre qu’il a commencé à vivre. Lors de l’incendie de Louvain en août 1914, sa famille s’est enfuie dans une fumée suffocante, constamment inquiète pour le bébé au visage noirci, comme il l’a entendu raconter par sa grand-mère à sa mère, alors ailleurs, qui se demande pourquoi cet enfant né si joyeux a changé de caractère et boude souvent, contrairement à Olivier, son frère aîné.

     

    Leur père, ingénieur et « très habile de ses mains », collectionnait les insectes et les papillons. Pour l’enfant, c’était « l’homme le plus fort du monde », mais il a vu l’air parfois sceptique de sa mère et surtout observé que son grand-père, brillant avocat et homme politique, et son oncle André « qui parlait toujours si haut » se jugeaient très supérieurs à lui, et il en avait du chagrin.

     

    A Blémont, ils sont bientôt de trop et ils déménagent à contrecœur aux Genêts, chez le grand-père Eugène, où se trouvent déjà l’oncle André et leurs cousins. « La vie aux Genêts pour Olivier, Poupée (sa petite sœur) et moi, a été une lutte souterraine. » Penché sur de vieilles photos, l’écrivain reconstitue un parcours, des atmosphères, des rivalités. « Les cousins n’avaient pas de papa à histoires », ces contes du soir qui ont ouvert à Henry Bauchau le monde imaginaire. Les commentaires blessants sur son père le font souffrir.

     

    Chassée des Genêts par les Allemands, la famille s’installe à Bruxelles, « dans ce qui nous paraissait un appartement minuscule ». La guerre finie, c’est la découverte des « boys » américains, « jeunes, riants »,  du cinéma, de la féminité grâce à la belle et jeune épouse de l’oncle Matthieu, « très moderne, beaucoup plus que maman et tante Marie ». Vivre à Saint-Josse est ressenti comme un désastre par l’enfant nostalgique de la « grande maison » et qui a un peu honte de leur train de vie plus pauvre que dans le reste de la famille.

     

    Il se fait tout de même un ami à l’école où il éprouve « une terreur profonde » : Louis, qui a perdu sa mère et dont le père s’absente souvent. Mais Louis ne revient pas l’année suivante. Après des années de « travail insuffisant » sur son bulletin, l’enfant est encouragé par deux instituteurs plus attentifs et se sent plus à l’aise. Son père leur achète de vieux livres d’occasion, des romans d’aventures. « C’est la lecture qui m’a permis de vivre pendant ces années obscures et d’en supporter l’ennui. »

     

    Même s’il raconte à la première personne, Bauchau se décrit souvent à la troisième : il se nomme soit « l’enfant rieur », soit « mon personnage », lui tel qu’il se montre et non « l’être profond ». Un jour, sa tante Marie observe qu’il a l’air de marcher « sur des œufs » et un médecin diagnostique une faiblesse des cartilages du talon. S’ensuivront des traitements contraignants, l’école manquée, un séjour dans les Alpes suisses à Clos-Riant auprès d’autres enfants qui ont besoin de soins.

     

    A nouveau « exclu des vacances de la famille », le voici en pension à Middelkerke, chez un médecin, homme bon et esprit libéral, chez qui il découvre « une autre façon de vivre, plus libre, plus intellectuelle, et des opinions qui paraissent scandaleuses chez nous comme le remariage des veuves, les divorces, les amours avant mariage. » Un étudiant rencontré là lui conseille la lecture des classiques, une libraire le guide vers « Les cent chefs-d’œuvre qu’il faut lire », une collection bon marché. Un monde s’ouvre et aussi son cœur, pour une monitrice au regard doux : « L’enfant rieur se heurte au mur des amours enfantines ».

     

    Etudes – du Petit Saint-Josse au collège Saint-Louis –, montée d’Hitler et présages d’une nouvelle guerre, découvertes littéraires, voyages, université…  Bauchau étudie le droit et se lie d’amitié avec Raymond qui a fondé un journal fait par les jeunes et pour eux, L’Esprit nouveau, qui prône une révolution chrétienne et sociale. Un jour, Raymond lui dit qu’il devrait écrire : « Mon personnage, qui commence peu à peu à se former, n’ose pas répondre que c’est bien mon désir profond. »

     

    A travers le récit de sa vie de 1913 à 1940, Henry Bauchau décrit un homme en devenir et une époque. Quelques années plus tard, il entamera une psychanalyse avec Blanche Reverchon (à qui il a consacré un autre récit) et c’est en 1958, à plus de quarante ans, qu’il commencera sa carrière de poète et de romancier. Il décrit ici ses amitiés, ses amours, et après les années de formation, en famille et en dehors d’elle, à nouveau la guerre, le temps des choix. L’Enfant rieur raconte sans complaisance : l’auteur ne masque en rien les doutes, les erreurs, les faiblesses, et cela donne un récit d’exploration du passé très personnel, à la recherche de l’enfant qui vit encore en lui.

  • Connivence

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    « (…) ce plaisir ne s’est jamais tari : je lis peu, mais je relis sans cesse, Flaubert et Jules Verne, Roussel et Kafka, Leiris et Queneau ; je relis les livres que j’aime et j’aime les livres que je relis, et chaque fois avec la même jouissance, que je relise vingt pages, trois chapitres, ou le livre entier : celle d’une complicité, d’une connivence, ou plus encore, au-delà, celle d’une parenté enfin retrouvée. »

    Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance

  • W ou l'enfance de P

    Première incursion dans les textes autobiographiques de Georges Perec (1936-1982 ) avec W ou le souvenir d’enfance (1975). C’est un double « je » qui raconte, en alternance, le récit d’un voyage à W, en italiques, et l’exploration d’une enfance méconnue – « Je n’ai pas de souvenirs d’enfance. » Pour quelles raisons ? La perte de son père à quatre ans, de sa mère à six, la guerre passée « dans diverses pensions de Villard-de-Lans » – « une autre histoire, la Grande, l’Histoire avec sa grande hache, avait déjà répondu à ma place : la guerre, les camps. » 

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    Perec au chat (1978) par Anne de Brunhoff
    (une enquête et une tentative d'épuisement)

    « W », c’est une histoire inventée, racontée et dessinée à treize ans ; quand Perec s’en est souvenu, seul le titre émergeait, et le sujet : « la vie d’une société exclusivement préoccupée de sport, sur un îlot de la Terre de Feu ». Grâce à quelques dessins retrouvés, il réinvente « W », publié en feuilleton dans La Quinzaine littéraire en 1969-1970. Quatre ans après, « W ne ressemble pas plus à (son) fantasme olympique que ce fantasme olympique ne ressemblait à (son) enfance. »

    Ses souvenirs personnels, Perec les examine avec précaution, soucieux d’être exact, tant il y reste d’incertitudes et aussi par méfiance envers les méandres imaginaires de la mémoire. Racontant ce dont il se souvient, il met un numéro à certains mots et renvoie à des explications, des nuances, des commentaires, en fin de chapitre.

    Le héros de « W » s’appelle Gaspard Winckler (nom qui reviendra dans La Vie mode d'emploi) mais bientôt le trouble est jeté sur son identité, quand un homme lui donne rendez-vous dans un bar d’hôtel pour lui poser une question inattendue : « Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il était advenu de l’individu qui vous a donné votre nom ? »

    Sur ses parents, d’origine polonaise, Perec a écrit deux textes à quinze ans, repris tels quels : le premier à partir d’une photo de son père, simple soldat en permission à Paris, et le second sur sa mère, Cyrla Schulevitz, devenue veuve de guerre. En 1942, à la gare de Lyon, elle lui achète un illustré (Charlot) : « J’allais à Villard-de-Lans, avec la Croix-Rouge. » Son père, Icek Judko Peretz (qu’un employé transforme en Perec) est mort en 40 ; sa mère, prise dans une rafle, est internée à Drancy puis déportée à Auschwitz au début de l’année 1943.

    La rue Vilin, « aujourd’hui aux trois quarts détruite », où il vivait avec ses parents, Perec y est retourné tous les ans à partir de 1969, pour un livre sur « douze lieux parisiens » auxquels il se sentait « particulièrement attaché ». Le départ en zone libre avec la Croix-Rouge, à six ans, il s’y voit « le bras en écharpe » – « il fallait faire comme si j’étais blessé ». Mais sa tante est formelle : il n’avait pas le bras en écharpe, c’est en tant que « fils de tué », « orphelin de guerre » qu’il a été convoyé vers Grenoble, en zone libre. Perec interroge ce fantasme : « Pour être, besoin d’étai. »

    Sur l’île de W, « le Sport est roi », sport et vie se confondent sous la devise omniprésente : « Fortius Altius Citius ». Les compétitions font rivaliser les champions des différentes agglomérations : Olympiades, Spartakiades et Atlantiades. L’organisation des épreuves, les règles établies pour absolument tous les aspects de la vie des habitants de l’île, seront décrites avec de plus en plus de détails, jusqu’au cauchemar totalitaire.

    C’est parce que son cousin Henri, ou plus précisément « le fils de la sœur du mari de la sœur de mon père », avait de l’asthme que la famille adoptive de Perec a choisi de se réfugier à Villard-de-Lans. Home d’enfants, collège, éducation chrétienne, moissons, ski, promenades, Georges Perec décrit les images conservées de son enfance de guerre. Quasi aucun souvenir de la Libération, mais bien, à la même époque, les impressions de ses premières lectures.

    « J’écris : j’écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j’ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leurs corps ; j’écris parce qu’ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l’écriture : leur souvenir est mort à l’écriture ; l’écriture est le souvenir de leur mort et l’affirmation de ma vie. »

    W ou le souvenir d’enfance est traversé par le manque, le deuil, sans pathos. Le souci de rendre simplement, mais avec justesse, ce qui reste en lui de ces années-là va au-delà, chez ce fou du langage, de l’art d’écrire et de décrire. L’émotion passe dans les blancs, entre les mots, entre les lignes.

  • Vêtement usé

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    « Je pensais aussi à l’oncle. Je ne le plaignais pas d’être mort. Tante Mimie et mon père m’avaient désappris la crainte de mourir si l’on est âgé :
    – Un vêtement usé qu’on laisse… Et puis, pourvu qu’on ait vécu de son mieux, qu’est-ce que cela fait ? »
     

    Marie Gevers, Vie et mort d’un étang