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enfance - Page 11

  • Le Clézio se raconte

    « Je n’en ferai pas le récit chronologique. Les souvenirs sont ennuyeux, et les enfants ne connaissent pas la chronologie. Les jours pour eux s’ajoutent aux jours, non pas pour construire une histoire mais pour s’agrandir, occuper l’espace, se multiplier, se fracturer, résonner. » Ces mots au début de Chanson bretonne, de J.M.G. Le Clézio (suivi de L’enfant et la guerre, sous-titré Deux contes), donnent bien le ton de ces récits qui refluent vers la source de l’enfance. Il raconte, il se raconte.

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    L’écrivain dit avoir grandi avec l’idée qu’ils étaient des Bretons – « et qu’aussi loin que nous puissions remonter nous étions reliés par ce fil invisible et solide à ce pays ». Après avoir évoqué son père dans L’Africain, sa mère dans Ritournelle de la faim, c’est sur sa propre expérience qu’il revient ici. D’abord en retournant à Sainte-Marine, le village breton où ils se rendaient en famille chaque été, quand il était enfant (ils habitaient Nice).

    Le pont de Cornouaille, en plus d’avoir fait disparaître le bac qui emmenait en dix minutes de l’autre côté de la rivière, à Benodet, a « rapetissé le paysage ». Dans le village de son enfance, une « longue rue de terre graveleuse » conduisait à la pointe et aux maisons bretonnes, la plupart « si pauvres et si anciennes », et aux villas des « Parisiens » avec leurs grands parcs, « arrogantes et prétentieuses ». Un seul commerce à l’époque, où on vendait de tout. Une seule source d’eau potable, la pompe communale, à bras – on y envoyait les enfants chercher de l’eau, deux fois par jour.

    Les enfants du village se moquaient de son frère et lui, qui venaient d’ailleurs, « mais somme toute plutôt moins moqués que nous ne l’étions dans le Sud, peut-être parce que malgré tout nous leur ressemblions, et que nous étions capables de rétorquer quelques mots dans leur langue. » Beaucoup de mots bretons émaillent le texte de Le Clézio, qui n’en revient pas de la dizaine d’années qui ont suffi pour que « la musique de la langue bretonne » cesse de résonner.

    La fermière chez qui ils allaient chercher le lait – « Elle parlait cette langue chantante du pays bigouden » –, les chemins creux entre champs et bosquets, la fête de la mi-août au château du Cosquer (dont la photo figure au début du récit), la moisson, les nuits d’été… Le Clézio ouvre en quelques pages des fenêtres sur son enfance en Bretagne, comparant les choses d’alors et celles d’à présent, remontant le temps « non comme une confession ou un album de souvenirs, mais comme une chanson bretonne, un peu entêtée et monotone […]. »

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    L’enfant et la guerre remonte à une autre source et dans un autre village, Roquebillière (Alpes-Maritimes). (Il vient d’être dévasté par la tempête Alex. Pour moi qui n’y suis jamais allée, ce nom restera lié à cette petite maison emportée par la crue sauvage de la Vésubie, où un couple de vieilles personnes a péri.) Au début du second récit de Le Clézio, on voit cette photo ancienne du clocher de l’église des Templiers et des baraquements des sinistrés (de 1926 ?).

    Né à Nice le 13 avril 1940, l’écrivain qui a vécu ses cinq premières années dans la guerre n’en a que « des sentiments, des sensations, ce flux mouvant qui porte un enfant entre le jour de sa naissance et le tout début de la mémoire consciente, à l’âge de cinq ou six ans. » Tout ce qui arrivait lui paraissait « normal », l’interdiction de sortir, de regarder par la fenêtre, le fait de rester « à l’abri ».

    Il se souvient de l’explosion d’une bombe dans le jardin de l’immeuble où vivait sa grand-mère à Nice, alors qu’il était dans la salle de bains de l’appartement au sixième étage, et d’avoir poussé un cri « strident ». Toutes les vitres du quartier avaient été soufflées, la bombe pesait 277 kilos – à présent, note-t-il, les bombardements lâchent sur les civils des bombes de 2000 kilos. Ses grands-parents avaient quitté Paris où ils avaient tout perdu juste avant la guerre pour s’installer au soleil, près de la mer, dans une ville où les loyers étaient restés bas.

    Dans la zone dite « libre », eux qui ne sont ni juifs, ni riches, ont le tort d’être citoyens britanniques – « la nation que les Allemands détestent le plus ». Aussi vont-ils se réfugier à Roquebillière dont les habitants, comme ceux de Saint-Martin, se montrent généreux envers les fugitifs, quels qu’ils soient. Le Clézio a grandi là au milieu des femmes, « soumises à la guerre comme elles pouvaient l’être, à cette époque, à l’autorité absolue des hommes ».

    En haut du village, ses grands-parents, sa mère, son frère et lui occupaient un petit appartement au premier étage d’une maison, au-dessus d’une remise. Une photo de l’été 1943 rappelle la moisson à l’ancienne, les gerbes de blé prises à pleines mains et données au paysan « qui les lie en faisceaux et les place debout dans le champ », des gestes « hors du temps ». Il vivait là sans le savoir « les derniers instants de la civilisation agricole » d’avant les machines.

    La faim, Le Clézio l’a vécue « de l’intérieur », ce n’est que d’elle qu’il se souvient : « un vide, au centre de mon corps, tout le temps, à chaque instant, un vide que rien ne peut combler, que rien ne peut rassasier ». « Etre né dans une guerre, c’est être témoin malgré soi, un témoin inconscient, à la fois proche et lointain, non pas indifférent mais différent, comme pourrait l’être un oiseau, ou un arbre. On était là, on a vécu cela, mais ça n’a pris de sens que par ce qu’on a appris par les autres, plus tard (trop tard ?). »

  • La mère et le fils

    « Il avait été le roi de la vie, couronné de dons éclatants, de désirs, de force, de joie, et c’était de tout cela qu’il venait lui demander pardon à elle, qui avait été l’esclave soumise des jours et de la vie, qui ne savait rien, n’avait rien désiré ni osé désirer et qui pourtant avait gardé intacte une vérité qu’il avait perdue et qui seule justifiait qu’on vive. » (Annexes, Feuillet V)

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    La mère de Camus (source)

    « Je veux écrire ici l’histoire d’un couple lié par un même sang et toutes les différences. Elle semblable à ce que la terre porte de meilleur, et lui tranquillement monstrueux. Lui jeté dans toutes les folies de notre histoire ; elle traversant la même histoire comme si elle était celle de tous les temps. Elle silencieuse la plupart du temps et disposant à peine de quelques mots pour s’exprimer ; lui parlant sans cesse et incapable de trouver à travers des milliers de mots ce qu’elle pouvait dire à travers un seul de ses silences… La mère et le fils. » (Annexes, Le premier homme (Notes et plans))

    Albert Camus, Le premier homme

  • Le premier homme

    Quand Le premier homme a été publié en 1994, à partir du manuscrit trouvé dans la sacoche de Camus à sa mort en 1960, je l’ai lu avec une grande curiosité. J’en gardais le souvenir de sa recherche du père, du bel hommage à son instituteur d’Alger. A la relecture, j’ai mieux perçu à quel point ce récit est un cri d’amour à sa mère. Aux passages déjà cochés, j’en ai ajouté d’autres, comme ceci dans les annexes qui donne parfaitement le ton : « En somme, je vais parler de ceux que j’aimais. Et de cela seulement. Joie profonde. »

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    Sa mère qui entendait mal, Catherine Hélène Sintès (famille originaire de Minorque), ne savait ni lire ni écrire. C’est à elle que s’adresse la dédicace : « A toi qui ne pourras jamais lire ce livre ». La première partie (Recherche du père) démarre en Algérie dans la carriole à deux chevaux conduite par un Arabe qui amène ses parents – un homme d’une trentaine d’années, une femme pauvrement habillée, presque au terme de la grossesse – et son frère de quatre ans alors, par une nuit de l’automne 1913, à une « petite maison blanchie à la chaux ». Là, elle accouche d’un garçon : Jacques. Les personnages du Premier homme ne portent généralement pas leur vrai nom ; bien qu’autobiographique, le récit des origines d’Albert Camus raconte celles de Jacques Cormery. Sa mère s’y appelle d’abord Lucie, puis Catherine ; son père, Henri.

    Au chapitre de la naissance succède sans transition Saint-Brieuc : à quarante ans, Jacques y cherche la tombe de son père, « blessé mortellement à la bataille de la Marne, mort à Saint-Brieuc le 11 octobre 1914 ». Il ne l’a pas connu et ne peut pas « s’inventer une piété qu’il n’avait pas », mais il a promis à sa mère, restée en Algérie bien que lui vive en France, d’aller sur cette tombe. Comme « son vieux maître » s’est retiré à Saint-Brieuc, il a décidé, avant de le rencontrer, de « rendre visite à ce mort inconnu ». L’émotion surgit d’un calcul : « 1885-1914 », vingt-neuf ans ! « L’homme enterré sous cette dalle, et qui avait été son père, était plus jeune que lui. »

    Le premier homme est annoté en bas de page : variantes, ajouts en marge, notes de l’éditeur. Le court chapitre 3 (visite à Victor Malan à Saint-Brieuc, « Chapitre à écrire et à supprimer » en marge) fait place aux Jeux de l’enfant où nous découvrons Jacques « dans la chaleur de juillet », obligé de faire la sieste par sa grand-mère dans le petit trois pièces d’un faubourg d’Alger où elle vit avec eux. C’est le retour « à l’enfance dont il n’avait jamais guéri, à ce secret de lumière, de pauvreté chaleureuse qui l’avait aidé à vivre et à tout vaincre. » Parfois il échappe à la sieste et rejoint ses camarades de jeu au jardin d’essai – ce beau parc d’Alger découvert il y a quelques années à une exposition du peintre Gérard Edsme.

    A son retour près de sa mère, 72 ans, ils s’embrassent, se regardent – « des années de travail épuisant avaient respecté en elle la jeune femme que Cormery enfant admirait de tous ses yeux ». Il l’interroge sur son père : « Il me ressemblait ? – Oui, c’était toi, craché. Il avait les yeux clairs. Et le front, comme toi. » Il voudrait la faire venir en France, elle ne veut pas, se sent trop vieille pour affronter le froid.

    On découvre comment la famille de Camus vivait, chichement mais dans la dignité, l’oncle sourd, mais « fin et rusé », qui lit le journal tous les jours, qui emmène Jacques nager et chasser. Camus raconte l’école où son ami Pierre et lui obtenaient les premières places, il fait le beau portrait de « Monsieur Bernard » (M. Germain, son instituteur) qui leur donnait des joies « qu’ils ne trouvaient pas chez eux, où la pauvreté et l’ignorance rendaient la vie plus dure, plus morne » – « on les jugeait dignes de découvrir le monde. »

    Outre la lecture, dont il leur donne le goût, il lui doit « le seul geste paternel, à la fois réfléchi et décisif, qui fût intervenu sans sa vie d’enfance ». L’instituteur voulait leur faire passer le concours pour obtenir la bourse des lycées et collèges, mais sa grand-mère s’y opposait, exigeant qu’il travaille pour les aider. Le maître est venu chez eux pour la convaincre, offrant son aide gratuite pour l’aider à réussir. Camus lui porte une reconnaissance éperdue.

    La deuxième partie, Le fils ou le premier homme, relate les années au lycée, la prise de conscience des différences sociales, la vie des rues par où il passe, à pied ou en tramway, les angoisses aussi. Quelles belles pages sur le départ des hirondelles, sur les parcs d’Alger, les arbres, l’ivresse qu’il ressent dans cette « jungle parfumée » ! Durant les vacances d’été, le garçon travaille, il s’y est engagé auprès de sa grand-mère. Une fois sa première paie déposée sur la table, elle ne le battra plus. « Oui, il était un homme, il payait un peu de ce qu’il devait, et l’idée d’avoir diminué un peu la misère de cette maison l’emplissait de cette fierté presque méchante qui vient aux hommes lorsqu’ils commencent à se sentir libres et soumis à rien. »

  • Déception

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    Elena Ferrante, L’enfant perdue (L’amie prodigieuse, IV)

  • L'enfant perdue

    Quatrième et dernier tome de L’amie prodigieuse après le premier tome éponyme, Le nouveau nom et Celle qui fuit et celle qui reste, L’enfant perdue d’Elena Ferrante mène à son terme l’histoire de Lenù (Elena) et Lila, les deux amies d’enfance napolitaines : maturité, vieillesse, épilogue.

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    A Montpellier où elle s’est échappée avec Nino Sarratore (son amour de jeunesse, à présent son amant) qui y donne des cours, Elena Greco, trente-deux ans, comprend qu’être épouse et mère ne lui suffit pas. Furieux, Pietro Aireto (son mari) a confié Dede et Elsa, leurs filles, à sa mère. Ils ne veulent plus la voir. Alors Elena profite de son séjour en France pour aller à Nanterre où une petite maison d’édition va publier un de ses textes. Un couple d’amis français de Nino les héberge à Paris, Elena y est bientôt fatiguée des conversations incessantes et de la familiarité de Nino avec la Française. De toute manière, ils tombent d’accord sur le fait qu’ils doivent d’abord affronter chacun leur conjoint avant de commencer à vivre ensemble.

    A Florence, Pietro s’absente pour le travail lorsqu’elle rentre, mais les filles d’Elena lui font bon accueil. Sa belle-mère essaie en vain de la convaincre de rester avec son mari, Elena rassemble ses affaires pour aller rejoindre Nino. Il lui a pris une chambre dans un petit hôtel à Naples, lui habite chez un collègue d’université près du Duomo. Avertie de son arrivée, Lila a déjà contacté Nino : elle veut les revoir, ce qui ne manque pas d’agacer Elena – Nino et Lila se sont aimés il y a longtemps – et son sentiment se confirme : très vite, Lila s’immisce entre eux. Elle insiste pour qu’Elena revienne vivre à Naples, lui fait rencontrer Antonio (le petit ami de son adolescence), qui la met en garde contre Nino : « S’il te fait mal à toi aussi, dis-le-moi. »

    La mère d’Elena se déplace à Florence pour encourager une réconciliation, mais Elena est bien décidée à demander le divorce et la garde de ses filles. Après les avoir laissées un certain temps chez leur père, du fait qu’elle se déplace souvent pour ses conférences et pour rejoindre Nino ici ou là, elle décide de s’installer à Naples où celui-ci enseigne à l’université et d’y emmener les filles, d’autant plus qu’à Florence, Pietro s’est lié avec une étudiante.

    Lila s’en mêle à nouveau et raconte à son amie d’enfance qu’elle a fait suivre Nino : contrairement à ce qu’il raconte à Elena, il n’a pas quitté sa femme et son fils et a obtenu la direction d’un important institut de recherche grâce à son beau-père. Acculé, Nino minimise les faits, reconnaît avoir menti et explique à Elena pourquoi il n’a pu faire autrement. Ecœurée, celle-ci se réfugie avec ses filles chez sa belle-sœur Mariarosa à Gênes.

    Il est difficile de comprendre pourquoi Elena, même après avoir appris que la femme de Nino est à nouveau enceinte, accepte de vivre avec lui dans le grand appartement qu’il leur a loué à Naples, sinon pour échapper à son ancien quartier : « Depuis la Via Tasso, le quartier de mon enfance ne paraissait qu’un lointain tas de pierres blanchâtres, des détritus urbains au pied du Vésuve que rien ne distinguait. Et je voulais qu’il continue à en être ainsi : j’étais quelqu’un d’autre maintenant, et j’étais décidée à tout faire pour ne plus être aspirée par mon quartier. » Sera-ce possible avec Lila ?

    Celle-ci, qui a lancé sa propre entreprise d’informatique, gagne très vite la sympathie des filles d’Elena. Quand Nino et elle ont l’occasion d’aller ensemble aux Etats-Unis, chacun pour son travail, c’est Lila qui va les garder et leur donner l’image de la mère idéale, même si les filles découvrent ainsi que Lila dort avec Enzo sans qu’ils soient mariés et qu’Enzo n’est pas le père de Rino, le fils de Lila, dont Dede tombe amoureuse. Puis les deux femmes se retrouvent enceintes toutes les deux : Elena, épanouie par la grossesse, est heureuse d’attendre un enfant de Nino, au contraire de Lila, malade et inquiète.

    La troisième fille d’Elena s’appellera Imma (Immacolata, le prénom de sa mère) et celle de Lila, Tina (comme la poupée d’Elena tout au début de L’amie prodigieuse, quand les deux fillettes jouaient à la cave). L’une est blonde, l’autre brune. Tina sera une enfant précoce, au point qu’Elena aura des craintes à propos du développement de sa propre fille. Tremblement de terre, règlements de compte, affaires de famille, problèmes du quartier, tout le fonds napolitain de la saga d’Elena Ferrante reste bien présent dans l’histoire de cette amitié tumultueuse.

    Elena doute constamment de sa réussite littéraire ; son travail d’écrivain et sa responsabilité de mère sont souvent en conflit et en pratique, c’est Lila, toujours Lila, qui lui permet de s’en sortir. Nino, le beau parleur, l’ambitieux, finira par confirmer sa mauvaise réputation et Elena, faute de moyens, devra tout de même retourner vivre dans son quartier. Le dernier volume de L’amie prodigieuse est, comme les précédents, riche en péripéties. La plus dramatique, annoncée en titre, est la disparition d’une fillette, qui va bouleverser la vie des deux femmes.

    Curieuse de lire où Elena Ferrante conduirait ses héroïnes, j’ai pourtant été déçue par L’enfant perdue. Souvent prévisible voire peu vraisemblable, le récit est de plus en plus narratif et convenu, au détriment de l’analyse psychologique. Est-ce l’intention de la romancière de montrer les entraves de la vie de couple et de la maternité ? les embarras matériels au quotidien ? la déception amoureuse ? le doute permanent quant à sa valeur propre ? Est-ce de l’amitié entre Elena et Lila ou une rivalité obsessionnelle ? Est-ce dans la création littéraire qu’Elena trouve son bonheur ou dans les avantages qu’elle en tire ?

    « Lila a raison, on n’écrit pas pour écrire, on écrit pour faire mal à ceux qui veulent faire mal. » Cette phrase reflète la violence que le roman décrit de bout en bout. Avec ce quatrième tome mélodramatique, dont je retiendrai l’un ou l’autre épisode marquant, comme le tremblement de terre en 1980 et les moments de « délimitation » de Lila, L’amie prodigieuse se termine sur une impression de désenchantement. Qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à me contredire si vous estimez, comme on peut le lire en quatrième de couverture, que cette saga « se conclut en apothéose ».