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Premier chagrin

Sarraute Nathalie-enfance-gallimard-1983-edition-originale-velin-d-arches-grand-papier-broche-non-coupe.jpg« Vous raconterez votre premier chagrin. » ‘Mon premier chagrin’ sera le titre de votre prochain devoir de français. » […]

– Tu n’as pas commencé par essayer, en scrutant parmi tes souvenirs…
– De retrouver un de mes chagrins ? Mais non, voyons, à quoi penses-tu ? Un vrai chagrin à moi ? vécu par moi pour de bon… et d’ailleurs, qu’est-ce que je pouvais appeler de ce nom ? Et quel avait été le premier ? Je n’avais aucune envie de me le demander… ce qu’il me fallait, c’était un chagrin qui serait hors de ma propre vie, que je pourrais considérer en m’en tenant à bonne distance… cela me donnerait une sensation que je ne pouvais pas nommer, mais je la ressens maintenant telle que je l’éprouvais… un sentiment… »

Nathalie Sarraute, Enfance

Commentaires

  • Elle a raison; pour considérer vraiment quelque chose, il faut du recul. et donc, que ce soit hors soi....
    Bon week-end, ici très chaud (plein sud!)

  • Le tout est d'arriver à prendre du recul, parfois seul le temps y aide. Bon week-end, Anne. Un peu de fraîcheur ici ce matin, une fine pluie éphémère - la chaleur est annoncée pour le début de la semaine.

  • Un tel devoir m'aurait mise très mal à l'aise ... je n'aurais pas eu envie de dévoiler quoi que ce soit de mes chagrins.

  • C'est bien le problème. Adrienne a plusieurs fois soulevé cette question de la vérité ou de l'invention que tous les enfants ne maîtrisent pas avec la même facilité que Nathalie Sarraute.
    P.-S. Je viens de mettre son billet en lien : https://adrienne414873722.wordpress.com/2021/05/25/u-comme-ultimes/#comments

  • Et quelle finesse dans l'approche des souvenirs intimes.

  • Moi aussi j'aurais bien du mal à me souvenir, d’abord, puis ensuite à en parler de mes, avec le temps on le voit, "petits chagrins" d’avant 11ans.

  • On dit que le grand âge "réveille" des souvenirs anciens... Un "premier" chagrin, c'est difficile à cerner, mais je me souviens assez bien de certaines pertes ou séparations qui m'ont marquée quand j'étais enfant.

  • Très très dangereux sujet ! Je me souviens comme si c'était hier d'une dissertation "L'amour d'une mère". La professeure nous a annoncé qu'elle avait renoncé à les noter parce que c'était trop mauvais. Qu'avait-elle donc lu ?

  • Mystère... Elle les avait tout de même annotées ? rendues ?

  • Merci pour le lien d'Adrienne. Je suis allée lire son billet et les commentaires., tous intéressants et propices à la réflexion. Bon dimanche, ensoleillé chez moi.

  • Oui, ce billet avait suscité une belle discussion. Bon dimanche, Aifelle. Ciel d'azur ici aussi.

  • Cet extrait dit bien le travail de questionnement sincère auquel se livre Sarraute, en conversation avec soi. Une intelligence.
    Merci pour la référence à Marque-pages dans l'article précédent, je suis heureux d'avoir pu contribuer à cette relecture.

  • Enchantée de l'avoir redécouvert, merci à vous.

  • Je rejoins les précédents commentaires.
    Un sujet "implosif".
    Ecrire ? En parler ?
    Vertige du questionnement.

  • Il suffit d'en parler avec une sœur ou un frère pour percevoir la part de rêve ou de réinterprétation dans nos souvenirs d'enfance. Vertigineux, en effet.

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