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bruxelles - Page 37

  • Tous les verts

    Au printemps, ils sont plus frais, plus acides, mais les verts de l’été, en août, ont aussi bien du charme. Au Rouge-Cloître, une après-midi : tous les verts, toutes leurs nuances, se mêlent. Où qu’il se pose, l’œil prend un bain de couleurs et de formes, de lumière et d’ombre.

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    A la surface glauque des bassins, le long de l’abbaye, des grenouilles en grand nombre, immobiles.

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    Nous sommes à l’entrée de la Forêt de Soignes ; se promener au Rouge-Cloître, c’est, autour des étangs, regarder le soleil jouer dans les feuillages. Le grand nid des cygnes est encore visible, près du chemin, mais ils se sont réfugiés de l’autre côté du petit étang des Clabots.

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    La prêle des bois s’étend par endroits comme une rivière moussue au pied des troncs, légère, aérienne, élégante.

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    A contre-jour, un arbrisseau se dessine, vert vif contre vert sombre. J’aurais voulu vous montrer le superbe martin-pêcheur au bord de l’eau, mais il s’est envolé trop vite.

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    On plante çà et là de jeunes pins sur les talus, leurs aiguilles vert bleu contrastent avec le feuillage des arbres voisins. Le bois mort laissé sur place nourrit la biodiversité.

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    Sous la surface verdie des étangs, des formes sombres en mouvement, parfois plus claires : les étangs du Rouge-Cloître abritent « la brème, la tanche, la carpe, le gardon, le rotengle, l’épinoche, la perche, le brochet ou la rare bouvière » (Bruxelles Environnement).

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    Du chemin, on suit le fil de l’eau, entre les branches basses et les haies.

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    Puis on revient vers la Maison du Meunier, où le lierre grimpe sur le toit – une maison souvent peinte, certains l’appellent la maison de Bastien.

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    Près de la ferme, un dindon parade, on ramène les ânes. Dans les espaces de loisirs aménagés à l’arrière, les enfants montent à l’assaut d’un beau trois-mâts.

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    Le site est aujourd’hui soigneusement préservé. Plusieurs zones non accessibles constituent l’une des réserves naturelles de la forêt de Soignes.

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    Une promenade au Rouge-Cloître est toujours bienfaisante et en particulier, sous un ciel d’azur. Au sud de Bruxelles, c’est un endroit très cher aux amateurs de verdure.

  • Représentation

    « La plupart du temps, l’artiste utilise des images qu’il a réalisées lui-même. Il exécute des mises en scène photographiques en mettant à contribution ses amis, sa famille, ou des anonymes qui acceptent de poser pour lui. Le peintre est donc également photographe et metteur en scène, gérant accessoires, éclairage, position des acteurs. Il sait évidemment, au moment de la prise de vue, que les images ne resteront pas des photographies, qu’il les utilisera comme points de départ pour sa peinture. Son regard de peintre se mêle à son regard de photographe, afin de former des photographies-futures-peintures. Franz Gertsch transfère ensuite l’image photographique en peinture, comme un traducteur ferait basculer un texte d’une langue à l’autre.

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    Franz Gertsch, Irene VIII, 1981- Private Collection
    Franz Gertsch Courtesy by Institute for Cultural Exchange, Tübingen, Germany, 2016

    Une fois les images choisies, Gertsch en tire des diapositives qu’il projette en très grand format sur une immense toile blanche. Traitant la surface zone après zone, l’artiste s’affaire à en peindre consciencieusement chaque centimètre carré. Il reste au plus près de la toile, les yeux accrochés aux minuscules détails qu’il réalise. Ce travail titanesque est qualifié de « chorégraphie » par la femme de l’artiste, qui a réalisé une vidéo permettant de saisir l’ascèse à laquelle il se soumet pour exécuter cette re-représentation, cette représentation puissance 2. (…) Franz Gertsch a mis au point ce mode opératoire au fil des années. Chaque geste est maîtrisé, la peinture est posée mécaniquement sur la toile : aucune variation n’intervient, aucun repentir n’est possible. Le geste de l’artiste est sûr, entraîné. La soumission à l’image est complète. »

    Hélène Carbonell, Franz Gertsch. Le peintre du présent (Document pédagogique, Toulouse, Les abattoirs, 2014)

    PHOTOREALISM. 50 years of Hyperrealistic Painting, Musée d'Ixelles, 30.06 > 25.09.2016

  • Les expos d'Ixelles

    « PHOTOREALISM. 50 Years of Hyperrealistic Painting » : la grande exposition d’été au musée d’Ixelles présente trois générations de peintres américains pour la plupart, des années 1960 à 2010. Leur défi ? Peindre de façon aussi réaliste qu’une photographie la société de consommation pour la célébrer – ou en dénoncer les excès ? Je vous parlerai ensuite de l’exposition bis, « Rien ne va plus ! Tableaux d’une exposition », une installation très originale de Juan d’Oultremont.

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    Des voitures et des motos, des carrosseries, des chromes, des jouets, des bars, des restaurants, des maisons, des intérieurs, des portraits, des nus… Dans le sillage du Pop-Art, les hyperréalistes dépeignent et critiquent l’« american way of life ». Je vous renvoie au site du musée pour la description de ce courant pictural qui opte pour une vision « documentaliste » du monde. A distance aussi bien de l’abstraction que de la subjectivité, ces peintres partent de photographies qu’ils transposent sur la toile en grand format.

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     Tjalf Sparnaay, Fried Egg, 2015 © Private Collection of Tjalf Sparnaay

    La froideur des images qui en résultent est plutôt déconcertante, mais au fur et à mesure qu’on les découvre – certaines sont époustouflantes comme cet œuf sur le plat du Hollandais Tjalf Sparnaay –, on regarde, on s’étonne et on se pose plein de questions sur la démarche de ces peintres. En plus de l’aspect technique, au résultat forcément spectaculaire, le choix des sujets, le cadrage, la disposition des objets révèlent des orientations diverses et on finit par deviner parfois, d’une toile à l’autre, qu’il s’agit de la même signature.

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    Ben Schonzeit, Poivrons (Source)

    Remington#5 de Robert Cottingham montre une prédilection pour la typographie qui se confirme quand on google son nom à la recherche d’images. Ici la machine à écrire est coupée par le bord de la toile, manière de casser l’illusion. On trouve des natures mortes tout au long du parcours, comme ces Poivrons jaunes et rouges de Ben Schonzeit qui a souvent peint des légumes et des aliments. Audrey Flack rassemble des objets pour créer des « vanités » contemporaines.

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    Tom Blackwell, Sequined Mannequin, 1985, Collection of Susan P. and Louis K. Meisel, New York
    © Tom Blackwell, Courtesy by Institute for Cultural Exchange, Tübingen, Germany, 2016

    Il s’agit donc bien de peinture et je l’ai perçu davantage devant un arrière-plan flou, des jeux de reflets dans une vitrine de magasin, des ombres, un visage sans contour… Les vues urbaines et les paysages sont particulièrement troublants de réalisme, mais quand nous regardons autour de nous en nous promenant, et même à l’intérieur, voyons-nous aussi net que sur ces peintures ? Ou le regard sélectionne-t-il toujours un point d’appui, laissant le reste dans le vague ?

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    Anthony Brunelli, Main Street, 1994, Courtesy of Louis K. Meisel Gallery, N.Y., image
    © Anthony Brunelli photo, Institut für Kulturaustausch, Tübingen, Germany, 2016.

    La lumière se joue des choses, elle est bien sûr à l’œuvre sur ces toiles, particulièrement dans les représentations d’objets en verre (qui m’ont fait penser à Ken Orton, bien qu’il ne soit pas exposé ici). Les peintures de Richard Estes montrent les métamorphoses dues à la réflexion.

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    © Richard Estes, Car Reflections, 1969 (Private Collection)

    Bref, le photoréalisme, tout compte fait, donne beaucoup plus à voir que les choses mêmes ! « I’m not duplicating life, I’m making a statement about human values » déclarait le sculpteur hyperréaliste Duane Hanson, exposé ici en 2014.

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    Juan d'Oultremont, Dresser le tableau, 2016
    © 
    Juan dOultremont photo Cissiste international

    « RIEN NE VA PLUS ! Pictures at an exhibition. Juan d’Oultremont » : il vous faut traverser les collections permanentes – leur nouvelle présentation est très belle – pour visiter la deuxième exposition d’été au musée d’Ixelles. J’ai eu la chance de la découvrir en compagnie de Juan d’Oultremont, un artiste bruxellois qui aime surprendre et qui le fait bien, fondateur du mouvement Cissiste International 

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    Palette de nettoyage 2013 atelier Francis Alys © photo Juan d'Oultremont - Cissiste International

    Au départ, une pochette 33 tours des Tableaux d’une exposition de Moussorgski décorée d’une palette. 63 artistes belges et étrangers à qui il en a envoyé un exemplaire ont accepté d’utiliser cette pochette comme leur propre palette et ces 63 palettes contemporaines forment une des pistes du grand jeu musical et pictural auquel nous sommes invités ici : les connaisseurs reconnaîtront peut-être tel ou tel peintre avant de chercher à quel nom correspond le numéro sur la liste (elle-même présentée sur une pochette à prendre à l’entrée du parcours). Michaël Borremans a couvert presque toute la surface de tons bruns, Annick Leizin y a formé des bulles de couleurs diverses, d’autres se sont limités aux contours de la palette initiale ou ont carrément tout recouvert.

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    Palette Annick Lizein ©  photo Juan d'Oultremont - Cissiste International

    A côté de ces variations sur un même thème, des toiles – surprenante Charlotte Beaudry –, quelques sculptures, et même une voiture peinte par un système de car-wash reconverti ! Sur des tables, Juan d’Oultremont a disposé par « familles » une collection de 250 pochettes, autant de versions discographiques différentes des Tableaux d’une exposition. (Lui-même a dessiné des pochettes pour certains chanteurs, comme vous pouvez vous en rendre compte sur le site de cet artiste pluridisciplinaire.)

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    Palette Stephan Balleux © photo Juan d'Oultremont - Cissiste International

    Les diverses façons dont le titre suggestif de Moussorgski a été illustré sur les pochettes de disques reflètent une évolution visuelle, des choix d’illustrateurs : déambulation dans une salle d’exposition, portraits d’interprètes, paysages, graphismes attendus ou inattendus. J’ai pensé d’abord à chercher Ekaterina Novistkaya qui avait gagné en 1968, le Reine Elisabeth de piano en jouant Moussorgski à seize ans – elle m’avait épatée – et je l’ai trouvée ! Une bande-son accompagne évidemment cette installation pleine de fantaisie. « L’art est-il un jeu ? » titrait déjà Juan d’Oultremont en 2002.

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    Catalogue Rien ne va plus Tableaux d'une exposition Juan d'Oultremont

    J’ai malheureusement oublié de me procurer le catalogue original de « Rien ne va plus ! » au format livre de poche, qui m’aurait permis de vous en dire davantage, mais au fond, c’est aussi bien : allez-y, le musée d’Ixelles vous invite à ces deux expositions jusqu’au 25 septembre. Et en prime, celle d’Oriol Vilanova, lauréat Art’Contest 2015 (dont je ne vous dis rien, ne l’ayant pas vue).

  • L'abeille d'or

    « Au centre de l’affiche, une femme de profil en kimono porte dans sa chevelure quelques fleurs de tournesol. La tête est entourée d’une double auréole où figure le nom de la marque L’Abeille d’Or, puis un motif d’abeilles, entre lesquelles s’insèrent de petites feuilles et fleurs de caféier.

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    A gauche, une cafetière, placée sur un support Art nouveau rappelant Paul Hankar, laisse échapper des volutes de vapeur qui évoquent des formes végétales.

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    A droite, un vase contient une haute plante de caféier (Coffea arabica L.). Ses petites fleurs blanches caractéristiques à 4 ou 5 lobes sont reprises sur l’écharpe et la ceinture du kimono, évoquant de manière métaphorique et subliminale la diffusion de l’arôme du café. »

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    Eric Hennaut, Caféier/Koffieplant in Catalogue Flora’s Feast. Le motif floral dans l’Art nouveau, Bruxelles, 2015.

  • Flora au Civa

    « Le « new Civa » évoque fleurs et Art nouveau » : l’article de Guy Duplat dans La Libre Belgique m’a conduite à la rue de l’Ermitage (Ixelles) admirer « Flora’s Feast, le motif floral dans l’Art nouveau », un titre anglais emprunté à Walter Crane, grand illustrateur du mouvement Arts and Crafts. La nouvelle Fondation Civa (qui réunit à présent les Archives d’Architecture Moderne, la Bibliothèque René Pechère, le Fonds pour l’architecture, le Centre Paul Duvigneaud) y offre une jolie exposition (entrée libre) à ne pas manquer pour les amoureux de l’art et du patrimoine bruxellois, ou des fleurs, tout simplement.

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    On est accueilli par les superbes photos grand format du photographe liégeois Matthieu Litt (présentées en 2015 aux Halles Saint-Géry) : pivoine, anémone, pavot et autres vedettes des jardins posent sur un fond blanc, sous leur nom latin. Au mur, près d’une série de chromolithographies pour la Revue de l’Horticulture belge et étrangère (années 1880), un bel ensemble permet de comparer des dessins botaniques et la stylisation raffinée des mêmes fleurs dans les décors Art nouveau.

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    A travers les estampes, les éventails peints, les bibelots, la mode du japonisme a aussi contribué à renouveler les sources d’inspiration dans les arts décoratifs européens. La nature et les fleurs occupent une place privilégiée dans l’esthétique japonaise. Nature et culture s’y nourrissent l’une de l’autre, loin des conventions académiques, et les artistes de l’Art nouveau y trouvent « un champ d’exploration formel » (Guy Conde-Reis, La fleur au Japon, catalogue).

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    Une photographie d’une aiguière « Pivoines » en argent (de l’orfèvre Philippe Wolfers) voisine avec la présentation sur tréteaux de différents documents iconographiques : chaque table est consacrée à un seul type de fleur et à ses déclinaisons sur les façades de bâtiments bruxellois Art nouveau. Juste en face du Civa, à travers les baies vitrées, on aperçoit de très beaux sgraffites « magnolia » au-dessus des fenêtres d’une maison particulière, fraîchement restaurés.

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    Panneaux, cimaises, tréteaux, vitrines, rien d’uniforme dans cet espace d’exposition. Ça et là des objets : un fauteuil de Victor Horta, exposé à Turin en 1902, se trouvait dans sa véranda, tourné vers le jardin. Le plus célèbre des architectes belges de l’Art nouveau dessinait aussi des meubles, luminaires, vitraux, et tous les détails d’un intérieur. Ici, le fauteuil est présenté devant des croquis de fleurs dont les courbes et les formes déliées stimulaient sa créativité. Sur la photo de lui dans ce fauteuil, on retrouve les lignes végétales jusque sur le sol.

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    Le musée Horta a prêté aussi un grand vase en cristal monté sur bronze « à décor de feuilles de marronnier gravées ». J’ignorais que les premières graines de marronnier d’Inde ne sont arrivées en Europe qu’au XVIe siècle. Le roi Léopold II aimait particulièrement les marronniers et leurs fleurs pyramidales, il en a fait planter sur les grands axes de la capitale belge. Leurs feuilles palmées serviront souvent de motif dans la ferronnerie Art nouveau ou encore en arrière-plan dans les sgraffites de Privat-Livemont.

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    Soliflores du Val-Saint-Lambert, affiches publicitaires, couvertures de revues, dessins préparatoires (pour des façades, plafonds, balcons, mosaïques, tapis…), l’exposition montre à quel point le motif floral a inspiré toute une génération de créateurs : les architectes Paul Hankar, Henry van de Velde, Ernest Blérot, les décorateurs Adolphe Crespin et Privat-Livemont, entre autres.

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    Même les cinéastes de la Belle Epoque s’en inspiraient pour de petits films muets « délicieux », comme l’écrit Guy Duplat, prêtés par la Cinematek : de jeunes femmes y composent des tableaux vivants et fantaisistes où les fleurs surabondent, la danseuse Loïe Fuller dessine avec ses voiles d’éphémères corolles sur scène.

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    Une citation de Maeterlinck invite à monter l’escalier vers le « cabinet des orchidées » : on peut y admirer de beaux dessins d’Alphonse Goossens accrochés sous une citation empruntée à Proust (vous vous souvenez des catleyas dans Un amour de Swann) et des objets inspirés par ces fleurs précieuses, « manifestations les plus parfaites et les plus harmonieuses de l’intelligence végétale » (Maeterlinck, L’intelligence des fleurs, 1910).

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    Une fenêtre intérieure y donne une belle vue d’ensemble sur l’exposition, visible à la Fondation Civa jusqu’en octobre prochain. Un très beau catalogue, avec une orchidée blanche en couverture, permet de prolonger chez soi cette promenade chatoyante au royaume de Flora, « Flora’s Feast », de fleur en fleur.