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bruxelles - Page 16

  • Messager

    Eurantica (6).JPGNuntius est le titre de cette sculpture contemporaine remarquée à Eurantica. La galerie Cafmeyer exposait plusieurs œuvres de l’artiste espagnol Jesús Curiá (né en 1969).

    Ce sculpteur a une prédilection pour la représentation du corps humain. Ici il s’agit, littéralement et visuellement, d’un homme de lettres dont le torse jaillit d’un alphabet de métal.

    Nuntius : un messager.

     

    © Jesús Curiá, Nuntius, bronze et fer (170 x 40 x 30cm)

  • Eurantica 2019

    A Jo V., qui saura pourquoi.

    Après la Brafa, la plus somptueuse des foires bruxelloises d’antiquités et d’art, le printemps en ramène d’autres, comme Eurantica au Heysel à la fin du mois de mars et bientôt Art Brussels, pour l’art contemporain. Il y avait du monde à l’ouverture d’Eurantica, qui propose une grande variété de belles choses à des prix plus accessibles, du mobilier, des objets d’art, de l’argenterie, des pendules, de la belle vaisselle, des bijoux, en plus des tableaux et des sculptures.

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    Certains stands ressemblent à des cavernes d’Ali Baba, d’autres mettent quelques pièces en valeur, comme celui de cet exposant (je n’ai pas noté son nom, malheureusement) qui avait rassemblé de superbes boites asiatiques anciennes sur une table, sous un grand paysage. Un ensemble très harmonieux, un bel accord entre les couleurs.

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    Marcel Sandoz, Chat, bronze

    Voici dans une vitrine une petite variante en bronze du grand chat de Marcel Sandoz vu au Cinquantenaire à l’exposition Horta & Wolfers. L’étiquette est illisible sur ma photo, j’aurais dû me renseigner davantage. C’est une pose caractéristique, celle du chat veillant assis, les yeux clos, les oreilles pointées vers le moindre son qui vaudrait la peine de se réveiller.

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    © Paula Swinnen, Table aux oiseaux

    Plus loin, j’ai retrouvé la patte, je veux dire la main, de Paula Swinnen dans une table basse aux oiseaux. Sur son site, l’artiste bruxelloise définit ainsi son travail : « dessiner en bronze ». Plus baroques que le mobilier de Diego Giacometti, ses tables, paravents, miroirs servent comme chez lui de perchoir à toutes sortes d’animaux, ici un escargot, une libellule en compagnie de divers oiseaux. Elle façonne aussi de petites tables aux nénuphars qu’elle rassemble en « lagon » (photos).

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    Quelques objets présentés par Arthus Gallery

    Au stand de la Galerie Arthus, on a envie de toucher les belles céramiques et sculptures en bois, des œuvres de différents artistes que vous pouvez retrouver en ligne. Mais le regard est attiré d’abord par un ensemble de céramiques Ardmore sur des étagères : originaires d’Afrique du Sud, ces pots, vases, plats et objets divers aux couleurs vives s’inspirent de la faune et de la flore africaines – un univers exubérant. Des animaux sauvages à retrouver dans de grandes et superbes photographies par David Yarrow à la Leonhard’s Gallery, la plupart en noir et blanc.

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    Juliette Cambier, Les anémones

    Quel bonheur de découvrir chez Jean Nélis ce merveilleux bouquet de Juliette Cambier ! Cette peintre bruxelloise (1879-1963), connue surtout pour ses fleurs, a peint aussi des paysages et des portraits. Amie de Renoir, Signac, Vuillard, Sérusier (dixit le Dictionnaire des peintres belges), on la rapproche parfois d’Odilon Redon. Les anémones illustrent la délicatesse de ses couleurs quasi nacrées qui font penser au pastel, mais c’est bien de l’huile qu’elle a utilisée dans cette composition lumineuse.

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    Jacques Madyol, Saint-Cyr, 1912

    Encore de la lumière en peinture, celle du Nord, dans un grand paysage de Pieter Gorus (1881-1941), peintre de Dendermonde (Termonde, en Flandre Orientale), présenté par la galerie anversoise Raf Van Severen. Celle du Sud éclaire une grande toile signée Jacques Madyol, Saint-Cyr (1912), une scène charmante où je reconnais le bord de mer varois que j’aime tant.

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    Vue partielle du stand du Musée Horta

    Le Musée Horta était l’invité d’Eurantica : la maison-musée du célèbre architecte belge de l’art nouveau fête cette année ses cent ans d’existence, les cinquante ans de l’ouverture du musée et les trente ans de sa restauration. Un endroit à revisiter cette année. Trois expositions « Collections de collectionneurs » viennent de s’y ouvrir et seront visibles jusqu’au 30 juin.

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    Ensemble de céramiques d'Aldo Londi pour Bitossi

    En passant, j’ai l’œil attiré par un ensemble de vases et plats aux bleus intenses, des céramiques dont je reconnais les couleurs et les motifs pour une raison bien simple : ce sont ceux d’un petit vase reçu il y a fort longtemps et dont je ne connaissais que la provenance italienne, il ne porte ni marque ni signature. J’ai donc appris que ces « Rimini Blu » sont du céramiste Aldo Londi (1911-2003) qui a travaillé longtemps pour la marque Bitossi, elle les réédite même.

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    Maurice Langaskens, L'obsession des fils barbelés, Göttingen 1917

    Juste au-dessus, une toile de Maurice Langaskens (mort à Schaerbeek en 1946) déjà vendue, un témoignage de la première guerre mondiale : L’obsession des fils barbelés (Göttingen, 1917). On peut supposer que le peintre s’est représenté de dos en captivité, les dates en haut – 1914-1915-1916-1917 – correspondent aux années qu’il a passées dans ce camp. A travers le grillage et les barbelés, le personnage regarde des prisonniers en cercle et un champ labouré, une ferme au loin, et différents symboles, comme la couronne mortuaire belge dans l’arbre, que l’exposant – qu’il me pardonne de n’avoir pas noté son nom – a détaillés dans un texte explicatif. Emouvant.

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    Floris Jespers, Nature morte aux poissons et pipe, 1924

    Enfin, une petite Nature morte aux poissons et pipe de Floris Jespers (1889-1965) m’a ravie à la galerie de Beukelaere-Nordin. C’est un églomisé (peinture sous verre), une technique qu’il maîtrisait parfaitement. Si vous voulez en savoir plus sur cet artiste anversois, vous trouverez dans Septentrion un bon article de Ludo Bekkers à l’occasion d’une rétrospective en 1990.

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    Juliette Cambier, Cinq fleurs, 1917

    Terminons cette flânerie à Eurantica chez le même galeriste, avec un autre bouquet de Juliette Cambier qui m’a réjouie, intitulé Cinq fleurs sur le cartel. Cette peinture aux couleurs plus vives que la précédente et de composition plus géométrique relève davantage de l’esprit Art Déco. A ce genre de foire, l’échange est en général facile et agréable avec les exposants et c’est presque toujours l’occasion d’apprendre quelque chose, en plus du plaisir d’admirer.

  • Humaniste

    Van Orley (53).JPGA côté des portraits de cour peints par Bernard van Orley, celui de Georges de Zelle est une superbe évocation de ce jeune intellectuel, futur médecin, qui habitait comme le peintre la paroisse de Saint-Géry à Bruxelles.
    Le portrait d’un humaniste. Le peintre et son modèle étaient probablement amis.

    Bernard van Orley. Bruxelles et la Renaissance,
    Bozar, Bruxelles, jusqu’au 26 mai 2019 

     

    Bernard van Orley, Portrait de Georges de Zelle, 1519, MRBAB, Bruxelles

  • Bernard van Orley

    Bernard van Orley. Bruxelles et la Renaissance est sans conteste une des expositions à voir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (Bozar), dans le cadre de l’année Bruegel. C’est la « toute première exposition monographique consacrée à Bernard van Orley, figure-clé de la Renaissance durant laquelle Bruegel a grandi et a été formé. » Ses œuvres venues des quatre coins du monde ont été créées à Bruxelles où ce peintre de la cour était à la tête d’un grand atelier surchargé de commandes : tableaux religieux et portraits, tapisseries et vitraux.

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    Bernard van Orley & atelier bruxellois inconnu, La légende de Notre-Dame du Sablon :
    la statue de la Vierge accueillie en grande pompe à Bruxelles
    , détail, MRBAB, Bruxelles

    Dès le début de l’exposition, une magnifique tapisserie en laine et soie, La légende de Notre-Dame du Sablon : la statue de la Vierge accueillie en grande pompe à Bruxelles (1516-1518), illustre la qualité renommée des tapisseries de Bruxelles. Très coûteuses, ce sont des œuvres de prestige. « Seuls les maîtres-peintres sont autorisés à les concevoir. » (Guide du visiteur)

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    Bernard van Orley & atelier Pannemaker, Passion carrée : La Crucifixion,
    1518-1520, détail, Patrimonio nacional, Madrid 

    Des églises, des confréries de tout le pays commandent des sujets religieux à Bernard van Orley (1487/88-1541). On voit dès ses premières huiles l’influence italienne par l’importance donnée au cadre architectural et aux ornements. En 1518, Marguerite d’Autriche, gouvernante des Pays-Bas méridionaux, l’engage et lui commande, en plus des peintures, des tapisseries « d’un raffinement extrême ». En laine et soie, fils d’or et d’argent.

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    Bernard van Orley & atelier Pannemaker, Passion carrée : Le Portement de Croix
    et Le Christ au jardin des oliviers, détail, 1522, Patrimonio nacional, Madrid 

    La Passion carrée désigne une série de quatre, La Crucifixion et La Déposition en 1518, Le Portement de Croix et Le Christ au jardin des oliviers en 1522. Le style de van Orley évolue, en quelques années, vers une composition simplifiée, des figures plus monumentales, plus dynamiques. J’ai été éblouie par la qualité de ces tapisseries, les couleurs et les nuances, l’expression des visages. C’est très beau. Des gravures de Dürer témoignent des contacts entre les deux peintres qui s’influencent l’un l’autre.

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    Atelier de Bernard van Orley, Sainte Famille, détail, après 1520, MRBAB, Bruxelles

    De grands retables sur des sujets religieux voire historiques – L’adoubement de saint Martin par l’Empereur Constantin ou Charlemagne déposant les reliques de la Passion à Aix-la-Chapelle – voisinent avec des tableaux de petit format, des « œuvres de dévotion ». Avant d’admirer une Sainte Famille du Louvre, où l’enfant Jésus dévoile un sein maternel, j’ai aimé celle attribuée à l’atelier de van Orley, avec ce Jésus joufflu tirant la barbe de Joseph.

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    Bernard van Orley, Polyptique de Job et Lazare, 1521, MRBAB, Bruxelles

    Le Guide du visiteur présente le grand Polyptique de Job et Lazare comme un remarquable mélange de tradition flamande, pour le paysage et la division en plusieurs épisodes, et de Renaissance italienne pour l’architecture et le sens dramatique. Un chef-d’œuvre de la maturité. Il faut tourner autour des retables pour admirer aussi les peintures à l’arrière des volets.

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    Bernard van Orley & atelier Dermoyen, Bruxelles, Les Chasses de Charles-Quint,
    Mars 
    (détail) et Septembre, Le Louvre, Paris

    Et puis voici les superbes tapisseries conçues pour Charles-Quint : douze scènes de chasse, une par mois – Les Chasses de Charles-Quint font 73 mètres de longueur au total ! Le Louvre, qui possède la série complète (sous le titre de « Chasses de Maximilien ») a prêté celle du mois de Mars et celle du mois de Septembre. La première montre Charles-Quint en rouge sur son cheval devant un magnifique panorama de Bruxelles où on reconnaît entre autres la flèche de l’Hôtel de ville.

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    Bernard van Orley & atelier Dermoyen, Bruxelles, La bataille de Pavie.
    Le camp français et la fuite des civils
    , 1525-1531, (détail),
    Museo et Real Bosco di Capodimonte, Napoli

    Une évocation très réaliste de La bataille de Pavie (série de sept tapisseries, Naples) leur fait face. Le grand format de ces tapisseries permet d’y intégrer un luxe de détails sur lesquels l’œil s’attarde : personnages et animaux, arbres et plantes, montures, armes, bâtiments, costumes, visages… La composition, les couleurs, la finesse, quel art ! Les peintures préparatoires sont exposées sous verre dans la salle.

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    D'après Bernard van Orley, Portrait de Marguerite d’Autriche, après 1518,
    Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles
    Lire "un bref aperçu de sa vie agitée, entre pouvoir et tragédie" sur le site de Bozar

    Deux versions du portrait de Marguerite d’Autriche, celui de son neveu Charles-Quint à quinze ans, les commanditaires de Bernard van Orley, sont présentés avec quelques autres dans la salle suivante. Ces portraits officiels ont été diffusés et copiés à grande échelle et dans divers médias. De quoi attirer vers le peintre de cour et vers son atelier les commandes de notables de l’entourage des souverains.

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    Bernard van Orley, Portrait de Charles-Quint, après 1516,
    Musée du monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse

    Dans les années 1530, le peintre participe encore à la création d’une série de tapisseries sur un thème biblique, la vie de Jacob, avec l’atelier de Guillaume De Kempeneer à Bruxelles. Dans La répartition du bétail entre Jacob et Laban, à nouveau, on admire aussi les scènes annexes dans le bas, dans le haut, sur les côtés : les moutons, les enfants, une paysanne assise près de son panier, les bordures fleuries…

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    Bernard van Orley & atelier Kempeneere, Bruxelles, Histoire de Jacob :
    La répartition du bétail entre Jacob et Laban
    , 1530-1534 (détails)

    Œuvres tardives, œuvres d’atelier, vitraux brièvement évoqués (notamment avec une saisissante tête d’assassin de la cathédrale de Bruxelles), l’univers de Bernard van Orley est lié à sa ville devenue à cette époque « siège de la cour et capitale par excellence des Habsbourg » (Guide du visiteur). Les services du patrimoine bruxellois proposent pour la circonstance un guide et un itinéraire pédestre pour suivre les traces de l’artiste dans Bruxelles au XVIe siècle.