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balade - Page 12

  • Balade à Saint-Amand

    Verhaeren y est né et célébré, il est partout chez lui à Saint-Amand (Sint-Amands), jolie localité sur l’Escaut propice aux balades, où il repose pour l’éternité. Quelques instantanés d’une balade estivale – oui, c’était vraiment l’été en Belgique à la fin du mois de juillet, depuis le ciel est plutôt changeant, mais nous ne sommes qu’à la mi-saison, n’est-ce pas ?

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    En face du Musée provincial consacré au poète, on peut encore voir le grand « Christ au carrefour » évoqué dans « Mon village » (« Mijn dorp », dont des extraits sont affichés un peu partout à Saint-Amand, notamment près de l’ancien pilori – « schandpaal »). Enfant, Emile Verhaeren voyait ce Christ de la maison familiale. Du même côté, plus loin, un Musée des moulins annonce clairement son sujet sur sa façade aux fenêtres décorées : « Vlaams Centrum voor Molinologie ». En pousser la porte un jour pour compléter la visite du Moulin d’Evere ?

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    Des maisons des XVIIe et XVIIIe siècles sont classées dans la rue de l’Eglise (Kerkstraat), mais c’est d’abord un imposant monument funéraire qui attire le regard au pied du clocher, surmonté d’un calvaire, avec une inscription en médaillon : « Onder de schaduwe der Kruises rust ik en wacht de verrezen » (A l’ombre des Croix je repose et attends la résurrection).

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    Avant de s’installer dans la Bibliothèque communale en 1997, le musée Verhaeren occupait depuis 1955 une jolie maison ancienne, Het Veerhuis (maison du passeur), sur le quai devant l’Escaut. Du temps de Verhaeren, elle était occupée par une auberge où le poète buvait régulièrement un petit verre. C’est aujourd’hui un Office du tourisme où l’on est accueilli très aimablement, qu’il s’agisse de trouver des itinéraires à vélo ou un restaurant. On n’a pas manqué de nous y signaler que le bac permet de passer d’une rive à l’autre, gratuitement.

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    Du quai, la vue sur l’Escaut est superbe. Avant d’arriver au sarcophage du poète et de son épouse, entièrement reconstruit en 2008-2009, on aperçoit déjà une statue de Verhaeren (par Léopold Van Esbroeck) debout, en train de déclamer, sa jaquette soulevée par le vent, ses vers à la main. J’ai été davantage touchée par une sculpture très originale de Jan Mees dans le jardin communal Marthe Massin tout proche : « Liefdegetijden » (Heures d’amour), tendre évocation de la poésie amoureuse de Verhaeren et de ce beau couple.

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    Si les cyclistes sont nombreux les jours de beau temps à longer les rives, quatre « promenades avec Verhaeren à Saint-Amand » sont proposées aux promeneurs à vitesse réduite. En suivant la berge en direction des « Steenovens » (fours à briques), on rencontre une autre sculpture intéressante, celle du Veerman (Le Passeur) par Marc Macken, d’après « Le passeur d’eau » de Verhaeren.

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    A pied, il faut prendre garde aux vélos qui arrivent d’en face ou de l’arrière. Beaucoup de cyclistes du plat pays se donnent rendez-vous à la taverne Den Amandus dont la terrasse avec vue sur le fleuve affichait complet ce jour de grand soleil. Une fois cette « fietsroute » quittée, peu après la vieille ferme des Steenovens, c’est le grand calme de la campagne sur la drève des Moulins où les peupliers bruissent.

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    On revient vers le centre de Saint-Amand par le Dam, « misérable et lépreux », écrivait Verhaeren (Mon village) à propos de ce quartier nommé d’après l’ancienne digue qui protégeait le village des eaux de l’Escaut. De petites maisons de pêcheurs bordent la rue, chacune avec son bateau en façade.

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    Ici, un vieux filet pend au-dessus des pots qui ornent une maison toute blanche sous son toit de briques orange ; celle-ci arbore de jolis décors sculptés, y compris pour le numéro de la maison, on y voit une vieille barque entre les arbres. Là, un voilier flotte sur une boîte aux lettres. Au n° 78, voile, musique et poésie font bon ménage, sans oublier les fleurs offertes aux passants.

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    Encore aujourd’hui, ce quartier pittoresque garde une atmosphère singulière. Une bicyclette peut aussi faire de la figuration, sous de belles fenêtres. Mais après les deux bateaux du sympathique n° 144, aux encadrements de fenêtre d’un bleu soutenu, et la façade pleine d’allure du n° 112 avec son bateau sculpté dans la pierre, voilà la maison la plus bizarre du Dam, sur un angle. Un adepte de Gaudi, ennemi de la ligne droite, y a réinventé le mur de briques pour y faire apparaître des figures, des motifs, dans un joyeux désordre.

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    Une galerie d’art et de décoration loge dans cette architecture improbable : si elle avait été ouverte, j’y serais entrée. Mais j’ai suivi un autre musicien, notre Toots Thielemans national, sur son Boulevard : une rue étroite de Saint-Amand située sur la « SIM-route » (route touristique musicale le long de l’Escaut) porte ce nom depuis 2003, le célèbre jazzman à l’harmonica est citoyen d’honneur de la commune.

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    De retour à l’église de Saint-Amand, dont le clocher est comme un phare pour se repérer de loin, on embrasse une dernière fois le paysage grandiose avec le fleuve, le bac, la tombe, la maison du passeur, en se promettant d’y revenir un jour. Alors on prendra le bac, on marchera sur l’autre rive, pour découvrir Saint-Amand de l’autre côté de l’Escaut, en songeant au Passeur de Verhaeren, « un roseau vert entre les dents ».

  • Eau vive

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    Cette main recevant l’eau et la refilant dans le même courant

    Suggère que l’eau n’est qu’empruntée,

    Qu’elle poursuit son cycle perpétuel et qu’il faut en prendre soin.

    Main bienveillante, ouverte et réceptive, sensible,

    Qui reçoit et laisse filer entre ses doigts écartés sans retenir.

    La main ne capte pas l’eau tout à fait, elle ne se l’approprie pas.

    Elle la saisit un instant puis la retourne au bisse

    Afin qu’elle poursuive sa course vivifiante.

    Principal constituant des êtres vivants,

    L’eau est une ressource commune, universelle, à préserver

    Et à passer, saine, au suivant.

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    Sculpture de M. Raphaël Pache. 1753 Matran (juillet 2010)

    & texte sur le Bisse Vieux de Nendaz


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  • L'eau des bisses

    « Bisse » : le mot m’était inconnu jusqu’à ce que je découvre, il y a quelques années, la région de Nendaz, près de Sion, dans le Valais, le « pays des bisses ». Si les Alpes offrent aux marcheurs des vues superbes, toutes ces fleurs sauvages que je me plais à nommer quand je les connais, à identifier quand j’ignore leur nom, c’est d’abord l’eau qui les fait vivre : neige et glaciers, torrents, cascades, lacs de haute montagne – et bisses.

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    Les paysans du Valais, pour échapper aux conséquences de la sécheresse, captent l’eau en altitude depuis des siècles, pour la dévier artificiellement sur les coteaux et arroser leurs cultures d’abricotiers, framboises ou vignes.  « Tous les bisses de Nendaz ont leur prise d’eau dans la rivière La Printse, qui prend sa source aux glaciers du Grand-Désert et de Tortin. Les promenades des bisses sont faciles et de faible déclivité, idéales pour les familles, les enfants et les personnes âgées. » (Brochure de Nendaz) 

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    C’est donc sur les chemins des bisses, le long de l’eau qui s’écoule doucement, silencieusement par endroits, court et cascade à d’autres, que les jambes des promeneurs se délient pour aller de Nendaz à Planchouet par le Bisse du Milieu, pour en revenir par le Bisse Vieux, ou bien, variante, de Planchouet à Veysonnaz par le Grand Bisse de Vex – il faut alors prendre le bus postal pour rentrer. Remis en eau pour les touristes après avoir été abandonné, ce Bisse de Vex est l’un des plus variés dans ses aménagements, la promenade y est très agréable, ouverte sur le paysage.

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    Un jour de beau temps, lorsque les muscles sont bien dégourdis – le chemin demande plus d’attention –, on accède à Siviez par télésiège au plus haut des canaux d’irrigation de Nendaz, le Bisse de Chervé : il n’est plus en activité, ce bisse « aérien et spectaculaire », mais il permet de splendides balades au-dessus des 2000 mètres, soit vers Thyon 2000, où l’on rencontre en chemin un restaurant apprécié des promeneurs, soit vers le lac de Cleuson (lac de barrage à 2186 m) puis, pour les plus sportifs, le lac du Grand-Désert (2642 m).

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    Six bisses de Nendaz sur huit – je vous les laisse découvrir sur le site de la commune – sont encore « en eau », grâce à un travail formidable et à une attention constante. Les promeneurs sont invités à ne rien y jeter et à ne pas abîmer leurs berges, les bisses sont fragiles. Ce qui me frappe, c’est l’ingéniosité et le travail nécessaires pour faire passer l’eau malgré les difficultés du relief, le plus souvent à ciel ouvert. L’eau circule par endroits protégée par un coffrage de bois ou de fer ; pour le promeneur, des passerelles permettent de contourner un rocher, traverser un torrent. Les gardiens des bisses n’ont pas oublié les bancs ni les tables de pique-nique.

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    Si l’eau fait le bisse, et l’eau des bisses un billet de vacances à partager avec vous, le pays des bisses, ce sont bien sûr mille autres choses dont je pourrais vous parler : arbres et fleurs, promeneurs et riverains, oiseaux et insectes, stations et villages, framboises et abricots, vieux chalets et constructions nouvelles qui sortent de terre comme des champignons  chaque été…

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    Sur les nouvelles bornes qui indiquent ici ou là le tracé du bisse, quand il croise une route ou un autre chemin, une ligne ondulante figure avec simplicité l’eau serpentine. Ce serpent de lumière au sympathique glouglou laisse à ceux qui l’ont suivi un goût de revenez-y.

  • Oeil-de-boeuf

    Au bonheur des passants : la grille originale d’un œil-de-bœuf, aperçue en attendant le bus (en route pour le Mont des Arts).

     

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    « Quiconque a fait le premier pas peut apercevoir sur sa route des choses délicieuses, sans perdre une minute de son temps. Discerner ainsi ce qui nous entoure n’a rien de fatigant ; au contraire, cela revigore et rafraîchit le regard, mais aussi tout le reste. »

     

    Hermann Hesse, Propos sur les joies modestes de l’existence (L'art de l’oisiveté)

  • C'était dimanche

    Dimanche sans voiture, c’est une tradition à Bruxelles pendant les journées du patrimoine, avec la gratuité des transports en commun. Occupée samedi par le patrimoine familial, j’avais réservé le dimanche pour quelques découvertes, et puis l’imprévu : l’arrivée de deux charmants visiteurs, à vélo, et le plaisir de leur compagnie – cela passe avant tout. C’était l’occasion d’étrenner de jolis bols à thé japonais sur des feuilles en fonte cuivrée, couleur d’automne (nous y sommes). 

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    Pas de circulation ni dans la rue peu passante, ni aux alentours. Les bruits de la ville effacés dès neuf heures et le calme, souverain. De la terrasse, j’entendais soudain parfaitement les cris des mésanges tout près, dans les bouleaux qui perdent leurs feuilles depuis quelque temps déjà, et je les regardais voltiger d’une branche à l’autre. La ville rendue aux oiseaux. Et, bien sûr, aux promeneurs. Le temps radieux de ce dernier week-end de l’été a fait sortir tous les Bruxellois qui aiment et peuvent marcher, rouler à vélo, parcourir la ville débarrassée de la masse automobile. Seuls les avions ont oublié de mettre une sourdine à leurs élans célestes, réveillant le rêve d’une ville qu’ils ne survoleraient pas.

     

    Après le thé et la conversation joyeuse, une balade, tout de même. C’est le jour idéal pour flâner sur les boulevards, que les cyclistes s’amusent à occuper sur toute leur largeur. Beaucoup de couples, de familles, de visages souriants – plus qu’à l’ordinaire. Tiens, une avenue jamais empruntée, des maisons unifamiliales, comme on dit aussi au Québec. Allons-y. Sans le tumulte de la circulation sur les grands axes non loin de là, c’est un coin charmant. Et ce chemin, où mène-t-il ? En haut du talus de la voie ferrée, il circule dans un tunnel végétal à l’arrière de jardins particuliers, protégés par des cloisons en bois ou de hautes haies. Un paradis pour les oiseaux, que les pas des rares promeneurs alertent. Et puis on débouche près d’un pont familier, on prend le chemin du retour.

     

    J’aime tant ces dimanches allègres que je les verrais volontiers se multiplier, un dimanche sans voiture à la fin des quatre saisons par exemple. Sans doute, cela poserait problème à ceux qui doivent travailler le dimanche, se procurer une dérogation pour circuler. J’imagine que certaines personnes seules, ce jour-là, souffrent davantage de ne pas recevoir leurs visiteurs éloignés, mais ce pourrait être l’occasion d’une plus grande sollicitude entre voisins.

     

    Me revient un beau texte de Jean-François Duval, joliment intitulé « Un port à l’aube de chaque lundi » (revue Autrement, 1999) : « La semaine, je sais bien qui je suis : tout le monde me le dit ; ma place dans la société, dans le monde du
    travail me l'indique. Mais dimanche ? Dimanche nous débusque et nous révèle. Alors que la semaine, dans ses discontinuités, nous oblige à des rôles différents, nous divise et nous écartèle, dimanche, qui s'offre dans une durée et une continuité, permet d'effacer ces rôles et de se ressaisir dans son unité et son identité. »

     

    Si j’étais plus douée, je vous mettrais en contrepoint un enregistrement de « Je hais les dimanches », Piaf ou Greco, au choix – en voici les paroles. Certains s’y ennuient, d’autres les redoutent, cela dépend aussi des périodes de la vie. Je suis pour ma part sensible aux charmes du dimanche et de son temps différent. Contre ceux qui voudraient généraliser le travail tous les jours de la semaine et qui prennent hypocritement le parti des consommateurs, ces supposés clients qui deviendraient les travailleurs du dimanche, tôt ou tard, je plaide « la grâce du dimanche »,
    pas forcément chrétienne.