Je vous ai déjà parlé du Moeraske, cette bande de nature sauvage qui borde les voies du chemin de fer dans le bas de Schaerbeek (le parc Walckiers) et surtout d’Evere, deux communes bruxelloises limitrophes. S’y promener après le quinze août, c’est se sentir entre été et automne. Tout est encore très vert, d’un vert parfois fané, mais il suffit d’une éclaircie pour y mettre des contrastes, du relief, de la vie.
Un héron cendré semble de pierre au bord de l’étang. Les canards, eux, viennent à la rencontre des promeneurs, peut-être habitués à recevoir du pain, et tracent leurs jolis « v » à la surface de l’eau. De part et d’autre du chemin de terre parallèle aux voies ferrées, les orties et les ronces disputent la place aux autres plantes. Le jaune domine dans les massifs encore en fleurs, de la tanaisie, des solidages, entre autres.
Les roseaux prospèrent et tout autour du marais (« moeraske » désigne un petit marais en néerlandais), c’est un fouillis végétal d’arbres, d’arbustes et de plantes sauvages. Cà et là, des feuillages prennent déjà des couleurs d’automne. Et dire que toute cette biodiversité est née d’un projet abandonné d’autoroute, le long du chemin de fer, et du remblaiement des pentes. Une histoire étonnante à lire sur le site de la Commission de l’Environnement (CEBE-MOB).
Au bout du chemin, en remontant, voici des haies, une nature domestiquée. Une partie du bosquet de bouleaux survit jusqu’à présent aux nouvelles habitations qui poussent en bordure du Moeraske. Un autre chantier, des logements « basse énergie », près de la vieille église Saint-Vincent, semble grignoter ce refuge de vie sauvage qui pourrait pâtir des projets de la Région pour la Promenade Verte autour de Bruxelles.
On craint surtout pour le parc Walckiers, dont l’accès n’est possible qu’en visite guidée, et pour sa population de lérots, espèce phare du lieu. Espérons que les aménagements prévus, actuellement bloqués vu la contestation, n’appauvrissent pas la faune et la flore préservées du Moeraske et respectent ses divers biotopes.
Nous longeons le parc du Bon pasteur avec ses terrains de jeu et de sport pour revenir à notre point de départ (rue Walckiers) en admirant les potagers bien tenus à l’arrière des entreprises voisines. (On entre au Moeraske par différentes rues du côté d’Evere.) Une chatte rousse sortie des taillis accepte volontiers les caresses avant de rejoindre ses congénères noirs ou tigrés, familiers des lieux – tous stérilisés et en bonne santé, nous assure un employé communal qui arrive en poussant une brouette de jardinier. On veille sur le Moeraske, « Zone Verte de Haute Valeur Biologique ».
Commentaires
superbe qu'il y ait tant d'endroits comme ça à Bruxelles!
j'ai découvert récemment le parc Sobieski, le jardin colonial et le jardin du fleuriste, magnifiques :-)
et oui, dans la nature ça sent déjà un peu l'automne, je le vois bien dans ma Flandre profonde aussi, malgré le soleil et le ciel bleu ;-)
bonne journée!
Une balade qui sent bon l'automne et sa lumière !
en te lisant je me dis qu'il faut que je commande le livre de Marie Gevers sur son étang ton billet vient tout à point me le rappeler
@ Adrienne : Je suis tes balades bruxelloises avec intérêt. Bonne journée, Adrienne.
@ Dominique : Ce matin, la lumière est revenue sur Bruxelles, après un jour de pluie. Marie Gevers, Paul Willems et Missembourg, tu peux les retrouver dans ce petit article sur une exposition passée : http://www.lalibre.be/culture/livres/article/94803/marie-gevers-et-paul-willems-reunis-sous-le-signe-de-missembourg.html
Quel bonheur de venir se promener avec toi!
Il faudra que je découvre cette promenade en vrai...
Merci Tania!
Tes billets qui chantent la nature sont toujours merveilleux ! Tu as une vraie fibre de "poète-biologiste"... acquise avec le temps ou toujours été ?
Ici aussi, la contrainte était: petit coin de nature.
Les espaces naturels sont toujours à défendre, tant les appétits sont grands autour. A proximité d'une grande ville c'est une vraie chance. J'habite une ville où hélas les espaces verts sont quasi-inexistants.
Que cette promenade fait du bien! On sent la douce tiédeur de la fin de l'été. Il se pourrait bien qu'à l'ombre de ces arbres il fasse même un peu frais déjà. J'aime tout particulièrement la première et la dernière photos et un grand bravo pour la gestion de l'exposition qui est toujours délicate avec le vert!
C'est mignon, il y a une toute petite écluse (sur la première photo).
Je suppose que c'est plein de libellules comme endroit.
Très joli reportage. Et quel beau temps !
La fin août est toute douce cette année.
Une Promenade Verte autour de Bruxelles...à faire à vélo un jour, du moins en partie?
Tous ces verts me fascinent...et j'adore les canards.
Très joli, merci madame Tania.
A propos du lérot. Le 4 septembre 1749, Voltaire écrit au comte d'Argental :
- "Madame du Châtelet était sur le point d'accoucher ; la femme de chambre n'a eu que le temps de tendre son tablier et de recevoir une petite fille, qu'on a portée dans son berceau, et mère et fille, tout cela dort comme un liron à l'heure que je vous parle."
(Liron = lérot).
Oh, que c'est intéresant JEA: en español on dit "dormir como un lirón" = à poings fermés. (ou, Tania, "a pierna suelta", tu te souviens?)
Belle journée à tous.
@ Coumarine : Le tram 7 arrive près de chez moi. Je referais volontiers cette promenade avec toi, Coumarine.
@ MH : Merci, MH. L'émerveillement devant la nature m'a été transmis avec mon héritage génétique, je crois.
@ La bacchante : J'irai voir, la bacchante. (L'une se soucie pour sa fille, l'autre pour sa mère, et cela fait moins de temps pour la blogosphère.)
@ Aifelle : Je comprends que cela te pousse à mille escapades, avec ton appareil photo pour faire des réserves de vert.
@ Jeanne : C'est très gentil, Jeanne, mais tout le mérite en revient à l'appareil photo en mode automatique. Je ne revendique que le cadrage.
@ Euterpe : Sans doute, je n'en ai pas vu en marchant. Une prochaine fois, je m'y arrêterai plus longuement. Oui, cette fin du mois d'août est très agréable, ici aussi.
@ Colo : Je préfère la marche au vélo, tu sais. Pour ce qui est des canards, au colvert et au canard domestique se mêlent à l'occasion le canard des Bahamas et le canard de barbarie (voir le site CEBE-MOB). Bonne journée, Colo.
@ JEA : Dormir comme un liron-lérot, voilà qui fait du bien. Si on pouvait en offrir la potion magique à ceux qui ne dorment jamais a pierna suelta, n'est-ce pas, Colo?
Bravo pour ce blog, que je découvre. Bel hommage à la biodiversité en zone urbanisée, avec les menaces qui planent.
Bravo pour ce blog, que je découvre. Bel hommage à la biodiversité en zone urbanisée, avec les menaces qui planent.
@ Georges : Merci, Georges, bienvenue. Je viens de découvrir votre projet personnel sur "mon cotyle". Vous connaissez peut-être les "Petites paroles de Coumarine", elle qui se bat aussi contre un coup du sort ? Bonne continuation. Courage.
Je ne connaissais pas du tout ce coin... en ayant vécu à Schaerbeek. Et j'allais même faire mes courses à Evere, donc je devais passer pas loin!