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amitié - Page 21

  • Votre Virginia W.

    Primesautière, acerbe, découragée, enthousiaste, moqueuse, tendre, potinière, angoissée, curieuse, drôle, inventive, la plume de Virginia Woolf (1882-1941) me ravit. Ce que je suis en réalité demeure inconnu, tel est le titre emprunté par Claude Demanuelli au Journal de la romancière anglaise pour présenter les lettres qu’il a choisies et traduites parmi les quatre mille inventoriées. Ces Lettres (1901-1941) signées « Ta chèvre », « Virginia », « Ta VS » (Virginia Stephen) et plus tard « Votre Virginia Woolf », entre autres, racontent ses humeurs, ses amours, ses amitiés, ses voyages et, bien sûr, ses lectures et son travail en cours.

     

    Virginia Woolf à Monks House (Virginia Woolf Society of Great Britain).jpg

    V. W. at Monks House © Virginia Woolf Society of Great Britain

     

    Elle écrit à sa famille, surtout à sa sœur Vanessa ; à ses amies intimes, Violet Dickinson, Vita Sackville-West, Ethel Smyth ; à ses amis de Bloomsbury. Répond
    aux critiques, aux écrivains. La diversité des destinataires et les variations de ton assurent l’intérêt de bout en bout – pour autant que puisse en juger une inconditionnelle de Virginia Woolf qui aurait certes aimé correspondre avec elle.
    « Alors je lis, et la beauté gonfle comme un fruit mûr sur la paume de ma main, j’entends une musique tissée dans l’écheveau de l’air azuré ; et, plongeant les yeux dans des lacs profonds effleurés par le voile italien, je vois la jeunesse et la mélancolie marcher main dans la main. Et pourtant, pourquoi vouloir tout dissocier, séparer, quand tout se presse à la fois vers vos lèvres ardentes en une seule gorgée d’eau claire ? » (A Clive Bell, 1907) Les autres aussi demeurent inconnus : « Je suis rongée par l’idée que je ne saurai jamais ce que ressentent les autres, mais je suppose qu’à mon âge, c’est inévitable. C’est un peu comme si je cherchais à sauter par-dessus mon ombre. » (A Vanessa Bell, 1909)

     

    Première lettre à Leonard Woolf (« Cher Mr Wolf » !) en juillet 1911. En mai, une longue mise au point : « tantôt je suis presque amoureuse de toi, et j’ai envie que tu sois toujours avec moi, que tu saches tout de moi, tantôt je deviens sauvage
    et distante au possible. »
    Elle lui avoue ne ressentir aucune attirance physique envers lui – « et pourtant ton attachement pour moi me submerge. » Elle l’épouse en août 1912. Dans leur correspondance, il sera « sa mangouste chérie », elle son « mandrill ».

     

    Avec Lytton Strachey, ami d’études de ses frères et de son mari, à qui elle avait été brièvement fiancée, elle parle de Thomas Hardy ou de Donne puis ajoute : « Mais comme j’ai eu souvent l’occasion de te le dire, ce ne sont pas ces esprits distingués qui méritent le plus d’être observés, ce sont les humbles, les détraqués, les excentriques. » Celle qui publiera Une chambre à soi et Trois guinées envoie au New Statesman, en octobre 1920, une réplique formidable – un chef-d’œuvre d’ironie – à un article signé « Faucon Aimable » sur l’infériorité intellectuelle des femmes. Ce qui l’a choquée en particulier, c’est d’y voir affirmer que « l’éducation et la liberté n’ont pas d’incidence particulière sur l’esprit de la femme ».

     

    Parmi les écrivains contemporains qu’admire Virginia W., Proust lui fait dire : « Si seulement je pouvais écrire comme ça ! » Joyce l’ennuie. Katherine Mansfield l’intéresse. A ceux qui ne croient plus au roman, elle répond que tel est pourtant son destin : « Il faut que cette génération se casse le cou pour que la prochaine trouve les choses plus faciles. » Percevoir l’âme humaine dans sa totalité est une gageure – « Les meilleurs d’entre nous entrevoient un nez, une épaule, quelque chose qui se détourne, s’échappe, parce que toujours en mouvement. » (A Gerald Brenan, 1922) Au même, de Monk’s House : « Nous menons une vie dans l’ensemble heureuse, quoique entre mon besoin d’écrire, mon désir de lire, celui de parler, mais aussi d’être seule, de partir explorer le Sussex pour y trouver la maison de mes rêves, et d’arriver à une appréhension du monde qui se tienne debout, je donne des signes d’agitation. »

     

    Au début, elle rédigeait d’abord un brouillon – « Mais écrire une lettre revient désormais pour moi à retourner une omelette dans la poêle : si elle se brise et s’écrase, tant pis. » Aux amis malades, Virginia Woolf envoie des lettres enjouées, affectueuses. Elle écrit durant ses voyages en Espagne, en Italie, en France.
    Les Woolf se plaisent près de Cassis. Silence, chant des grenouilles, vin, tulipes sauvages – « Vita, Vita, pourquoi ne vivons-nous pas comme ça ? Sans jamais retourner à Bloomsbury ? » (1927) Mais on revient toujours : « et il m’arrive souvent d’aller me ressourcer dans Londres, entre le thé et le dîner, et de marcher des heures dans la ville pour réveiller mes ardeurs. » (A Ethel Smyth, 1930).

    Rendre compte d’une correspondance est illusoire – pages amoureuses, éclairs de génie, soucis de santé, affres de la création, vie domestique… Jusqu’aux deux courtes lettres qui terminent ce recueil, écrites pour Vanessa et pour Leonard, en mars 1941, avant que Virginia Woolf se noie dans l’Ouse, des pierres plein les poches : « J’ai lutté autant que j’ai pu, mais je ne peux plus. »

  • En exil

    « Nous vivons en exil. Ce que nous étions et voulions rester et peut-être étions destinés à devenir, nous le perdons. En échange, nous trouvons autre chose. Même quand nous pensons trouver ce que nous cherchions, c’est en vérité quelque chose d’autre. » 

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    Nolde, Frère et soeur © Nolde Stiftung-Seebüll

    (…) « Voyez un peu cette Ilse ! Les autres étaient soufflés; ils ne la connaissaient pas ainsi. Elle avait retrouvé un éclat, non pas de jolie blonde, mais d’une personne sûre d’elle et assoiffée d’activité. Et c’était contagieux – les autres furent plus gais. L’un après l’autre, ils racontèrent ce qu’ils avaient rêvé jadis et dans quel exil ils s’étaient retrouvés et comment, avec cet exil, ils s’étaient réconciliés. »

    Bernhard Schlink, Le week-end


  • Week-end de liberté

    Plus proche du Liseur, qui l’a révélé, que du Retour, Le week-end de Bernhard Schlink raconte les trois jours de retrouvailles à la campagne des amis de Jörg, invités par Christiane, sa grande sœur, dans le vieux manoir qu’elle a acheté avec son amie Margarete : « mur en pierres, portail en fer forgé, grand chêne devant la maison et vaste parc au-delà ; la maison, une demeure vieille de plusieurs siècles. Tout était délabré. »

     

     

    Le vendredi, à sa sortie de prison où l’ancien terroriste de la Fraction Armée Rouge a purgé une peine de plus de vingt ans avant d’obtenir une grâce présidentielle, son frère lui paraît plus vieux que lors des visites. Il n’émet pas d’objection lorsqu’elle lui nomme les anciens amis qu’elle a invités, s’enquiert juste de son fils – mais celui-ci a raccroché quand elle lui a téléphoné – et de Marko Hahn qui lui a rendu visite régulièrement. « Ce fou qui, pour un peu, te coûtait ta mesure de grâce ? » : Christiane est furieuse contre Marko qui a obtenu de Jörg un message pour un « obscur congrès d’extrême gauche sur la violence », ce qui prouvait, avait-elle lu dans le journal, « qu’il était incapable de lucidité et de remords : quelqu’un comme ça ne devait pas être gracié. »

     

    L’un après l’autre, les hôtes du week-end arrivent dans l’imposante propriété : Ilse, professeur de langues et d’arts plastiques ; le journaliste Henner qui ne reconnaît pas leur « petite laitière » (son père était fermier) des années ’70 dans cette « souris grise » qui ne lâche pas son cahier d’écriture. Celle-ci a entrepris de raconter l’enterrement de Jan, suicidé dans des circonstances bizarres, à l’opposé de Jörg qui n’a jamais abandonné son engagement révolutionnaire. L’image de la chute des corps dans le vide, le 11 septembre 2001, obsède Ilse, et aussi l’idée que la mort de Jan serait un coup monté pour lui assurer une clandestinité parfaite, ce dont sa femme est elle-même convaincue.

     

    C’est Margarete qui se charge de la cuisine. Henner est d’abord agacé par l’aisance et la gaîté de cette amie de Christiane – « la gaîté des simples et l’aisance de ces heureux mortels qui se sentent chez eux en ce monde sans avoir à travailler pour cela », puis lui propose son aide. Ils sont bientôt rejoints par Ulrich, prothésiste dentaire, en compagnie de sa nouvelle femme et de sa fille, et par Karin, pasteur et évêque, avec son mari plus âgé, conservateur de musée. Andréas n’appartient pas au cercle des vieux amis, il est l’avocat de Jörg.

     

    Lors du premier repas, Ulrich est le seul à interroger l’ancien prisonnier sur son expérience, ce qui gêne un peu les autres, mais Jörg lui répond, évoque le bruit terrible qui règne en prison, de jour comme de nuit, même si le pire est la coupure avec le monde extérieur. Contrairement aux autres, Ulrich ne pense pas que Jörg doive être ménagé, sa vie, « il l’a choisie, tout comme vous avez choisi la vôtre et moi la mienne ». Quand l’ex-détenu se retire, exténué par une journée « aussi longue et aussi remplie », il étonne Henner en lui disant : « Je trouve courageux que tu sois venu. »

     

    La tension monte d’un cran quand plus tard, un cri résonne dans le hall d’entrée, suivi d’une dispute : Jörg, en chemise de nuit, s’y fait insulter par la fille d’Ulrich, nue, après avoir repoussé ses avances. Son père la couvre de sa veste et l’emmène, indulgent – lui aussi, quand il était jeune, « collectionnait » les gens célèbres. Christiane, qui a élevé Jörg à la mort de leur mère, veut à tout prix l’empêcher de faire quoi que ce soit qui renoue avec son passé violent, mais se heurte à Marko qui attend de lui qu’il reprenne son rôle de leader révolutionnaire. Pour Margarete, les membres de l’ancienne Fraction Armée Rouge sont des « malades ». « Elle ne croyait pas que le système politique et le système économique fussent importants. La mélancolie était importante. C’était elle qui marquait le pays et les gens plus que toute autre chose. »

     

    Le lendemain, la discussion reprend. Jörg, convaincu d’avoir été trahi par Henner, le seul qui connaissait la cabane où il se cachait, ne se doute pas que sa propre sœur l’a livré à la police, résolue à l’empêcher de continuer à tuer et de risquer d’être tué à son tour. Margarete explique la situation à Henner, de plus en plus sensible à son charme simple. Ilse continue son récit, imagine Jan vivant, ses voyages, ses missions, sous de fausses identités. Karin rencontre en se promenant aux alentours un étudiant en histoire de l’art très désireux de visiter le manoir et l’y fait entrer. L’heure des règlements de comptes approche. Accusations, dénonciations, souvenirs, malentendus, rêves non réalisés… Jörg et les autres ont encore beaucoup de choses à se dire.

    S’il questionne la violence révolutionnaire, ce roman décrit aussi d’anciens amis qui se sont perdus de vue et qui profitent de ce rendez-vous très particulier pour se situer les uns vis-à-vis des autres et aussi par rapport à eux-mêmes. Liens fraternels, liens amoureux, solitudes choisies ou subies, Bernhard Schlink décrit les modes de vie et les choix, que la confrontation avec les autres éclaire presque toujours d’une lumière plus vive. 

  • Incroyable

    « Il est incroyable qu’aucun chemin ne se fraie d’un être à un autre. Un chemin ténu, une voie minuscule par où voyagerait vers l’autre une petite pincée d’inquiétude. Une infime miette d’inquiétude, qui suffirait pour troubler son sommeil. »

     

    Sándor Márai, Le premier amour 

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    Portrait de Sándor Márai par le peintre hongrois Lajos Tihanyi en 1924

     

     

    Chères lectrices, Chers lecteurs,  

        

    Pour vous tenir compagnie,  
    je vous ai préparé quelques billets  
    au croisement de la peinture et de la littérature.  

     

    A bientôt, au plaisir de lire vos commentaires.  

     

    Tania   

     

     

  • Penser à quelqu'un

    Métamorphoses d’un mariage, le premier roman que j’aie lu de Sándor Márai (1900-1989), date de 1980. Cette fois, j’ai découvert sa première œuvre, publiée à l’âge de vingt-huit ans, Le premier amour. C’est le journal intime d’un professeur de latin proche de la retraite, tenu du 4 août au 20 juin, le temps d’une année scolaire sous le signe du changement pour ce vieux solitaire. Même s’il a bien du mal, d’abord, à le reconnaître.

    István Csók, Orphelins (1891).jpg

    Ce cahier dans lequel il avait commencé à écrire vingt-huit ans auparavant (il n’avait alors que trente ans), il l’a emporté avec lui à Virágfüred, « au pied des Tátra », dans une station thermale sur le déclin, où il est revenu à la villa Tivoli, dans la même chambre qu’alors. Ecrire lui est difficile, mais lui fait du bien, et il n’a « rien d’autre à faire ». Il n’a pas emporté de livres : « Cela fait quatre ans que j’ai fermé mon compte chez le libraire. C’était après mon cinquantième anniversaire, alors que j’avais commencé à me laisser pousser la barbe, ayant congédié mon ancienne gouvernante et réorganisant ma vie à tous les niveaux. »

    En relisant ce qu’il pensait alors, le professeur commence une sorte de bilan, depuis cette erreur de jeunesse qu’il se reproche – un trop gros bouquet de fleurs envoyé à la fille d’un homme avec qui il jouait aux tarots, interprété par cette famille comme un premier signe d’engagement, alors qu’il n’avait aucune intention la concernant, ce qui lui a valu le repas le plus embarrassant de son existence, où il fut incapable de dire un mot – jusqu’à cette vie rythmée par de strictes habitudes soudain troublée par une affiche de voyage devant laquelle il s’est mis à pleurer, confirmation pour ses collègues de son état dépressif et de la nécessité pour lui de prendre des vacances.

    « Au cours de cette matinée, allongé dans mon lit, je me suis rendu compte que j’étais seul. Pas une âme, pas un seul être au monde que j’aimerais, avec qui je partagerais quelque chose. (…) Cela fait longtemps, peut-être quinze ans, que je vis totalement seul. Je n’ai d’intimité avec aucune de mes relations. » A la salle à manger, ils ne sont que trois sans compagnie à table. A l’heure de la messe dominicale, un homme d’âge moyen, seul dans la salle, lui adresse la parole, en ricanant sur la religion. Bien qu’il lui déplaise, quelque chose attire le professeur vers ce Tímar, secrétaire à Budapest, au point de lui rendre visite dans sa chambre lorsqu’il ne se montre plus.

    Tímar, à qui un problème au larynx donne une voix très désagréable, admet fuir la compagnie des hommes – « On ne gâche pas volontiers la fête, le bal des gens en bonne santé. » Mais il a reconnu chez le professeur la même solitude que la sienne, pas celle qu’on choisit, mais « celle qui est comme la gale, qui se lit dans le regard, se trahit dans la démarche et les mouvements, qui marque la peau. » Or, selon Tímar, « tous ceux qui sont loin des gens sont coupables », sans accès aux deux seuls remèdes, l’amour ou Dieu, parce qu’incapables de compassion. Cette conversation amène le professeur à lui raconter toute sa vie, enivré « du simple fait
    de parler et d’être écouté par quelqu’un. »

    A la rentrée scolaire, il décide de fréquenter davantage ses semblables et modifie son emploi du temps. Il continue à écrire dans son cahier, notamment ses impressions sur ses élèves – on lui a confié contre son gré une classe de terminale assez faible, et mixte, une expérience nouvelle. Il parle avec son collègue Mészáros de Mádar, un garçon doué mais une personnalité « trouble », pensent-ils. Le 10 octobre : « A ma grande surprise, je me rends compte que, depuis mon retour, j’écris dans ce journal à propos de tout, sauf ce qui me préoccupe véritablement. » Il pense souvent à Tímar, à qui il a prêté de l’argent, le seul être qui aurait pu devenir son ami. Il est triste d’être sans nouvelles de lui, note « Je suis triste » de plus en plus souvent.

    Conscient d’attendre que quelqu’un vienne à sa rencontre, le professeur s’intéresse au concierge de l’école, qui boit trop ; puis au jeune professeur d’histoire, un rebelle qui démissionne ; à Mészáros, qui lui confie son désarroi en apprenant que sa maîtresse est enceinte et lui emprunte une grosse somme. Enfin, il observe plus attentivement les « trente-quatre têtes penchées sur leurs cahiers », vingt-huit garçons et six filles – « Elles constituent pour moi un territoire inconnu. » Surnommé « le Morse » à cause de sa moustache, il ressent d’abord de la pitié pour Mádar quand celui-ci est absent à cause d’une pneumonie, lui rend visite pour l’encourager dans sa chambre d’étudiant pauvre et lui offre discrètement un manteau neuf, dont il a grand besoin.

    Bien que le garçon travaille très bien, il le prend ensuite en aversion, à cause de sa
    voix nasillarde, de son visage boutonneux, de son regard constamment sur lui. Quand
    il soupçonne que son meilleur élève est amoureux d’une condisciple, la petite Czerey, que lui-même aime tant regarder, le professeur se métamorphose, jusqu’à se raser la barbe et s’offrir un nouveau costume. Tout le monde s’étonne de sa nervosité nouvelle, de ses fréquentes promenades en ville, de son comportement de plus en plus étrange. Entre le professeur et Mádar, une terrible partie va se jouer.

    Profonde observation de la solitude qui éloigne irrémédiablement certains êtres des autres, et de leur souffrance, Le premier amour est une terrible plongée en eaux souterraines. Impossible pour moi de ne pas songer constamment, pendant cette lecture, à notre vieille voisine, trouvée morte il y a peu dans son appartement, qui coupait toujours court aux tentatives de conversation et refusait toute aide. Personne, quelques semaines plus tard, ne s’est encore manifesté chez elle. La réalité dépasse la fiction.