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Roman - Page 156

  • D'une Alma à l'autre

    Dédié en premier à ses grands-parents « qui (lui) ont appris le contraire de la disparition », en second à son époux, le premier roman traduit en français de Nicole Krauss (par Bernard Hoepffner) s’intitule L’histoire de l’amour (2005). Comme dans La grande maison, le récit déploie plusieurs intrigues, mais ses personnages que tout semble séparer vont peu à peu se rejoindre dans leur quête de vérité et de bonheur. 

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    © Jean Lambert-Rucki (Cracovie, 1888 - Paris, 1967) 

    Il y a d’abord le vieux Léopold Gursky qui fait chaque jour « un effort pour être vu » par quelqu’un : demander quelque chose dans un magasin, hésiter, sortir sans rien acheter, par exemple. Ou même, expérience périlleuse, en réponse à une petite annonce, poser nu devant une classe de dessin pour quinze dollars. Léo a travaillé cinquante ans comme serrurier chez un cousin. Son ami d’enfance, Bruno, s’est installé dans le même immeuble que lui, il passe régulièrement et multiplie les attentions.

    Enfant, Léo aimait écrire. Son premier livre parlait de Slonim, l’endroit où il vivait en Pologne, puis il a écrit une fiction « pour la seule personne de Slonim dont l’opinion (lui) importait » : son amie Alma. Son troisième livre, sa lectrice bien-aimée n’a pu le lire, partie en Amérique dès 1937 – « Aucun Juif n’était plus en sécurité. » Sa mère a sauvé Léo en l’envoyant se cacher dans la forêt, il y est resté trois ans et demi, avant de rencontrer des Russes et d’échouer pour six mois dans un camp de réfugiés. Les autres membres de sa famille n’ont pas survécu à la Shoah.

    En 1941, il est parti chez un cousin à New York. Quand il a retrouvé Alma, elle lui a appris qu’elle était enceinte de lui quand elle avait quitté la Pologne. Isaac, son garçon, est le frère d’un autre enfant né deux ans plus tard, Alma a épousé le fils de son patron. « Tu as cessé d’écrire. Je te croyais mort. » Elle refuse de le suivre à présent.

    Une nuit, quelqu’un appelle Léo pour une porte à ouvrir à l’autre bout de la ville. Il ne travaille plus, mais l’homme insiste, et Léo va le dépanner. Dans la bibliothèque de cette belle maison, il y a un recueil de nouvelles d’Isaac Moritz, Maisons de verre. Léo étonne le propriétaire en se déclarant le père de l’écrivain – il suit la vie de son fils, année après année, il s’est même rendu à une de ses lectures publiques, sans jamais avoir trouvé la force de lui dire qui il était. Mais un jour, il met dans une enveloppe kraft toutes les pages qu’il a écrites et les lui envoie.

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    Alors commence le récit d’une autre Alma, Alma Singer, qui va avoir quinze ans. Elle écrit sur sa famille, sur son frère Bird, sur leur mère inconsolable de la mort de leur père. Celle-ci est traductrice. Un certain Jacob Marcus lui écrit pour lui demander de traduire en espagnol, contre une bonne rémunération, « L’Histoire de l’amour » de Zvi Lirvinoff, un Polonais exilé au Chili en 1941, un livre publié par une petite maison d’édition et devenu quasi introuvable. Or l’héroïne de ce roman porte le même prénom qu’Alma. Coïncidence qui ne va cesser de lintriguer.

    Et puis Léo Gursky apprend par le journal la mort de son fils romancier à l’âge de soixante ans. Il décide d’aller à ses funérailles, s’achète avec peine un costume convenable et arrive en retard, à la fin de la cérémonie. Bernard, le demi-frère d’Isaac, n’accorde de l’attention au vieillard que lorsqu’il lui parle de Slonim. Chez Bernard, Léo reconnaît une photo d’Alma enfant avec lui, que ses fils ont trouvée à la mort de leur mère quelques années plus tôt. Il la subtilise avant qu’on le reconduise chez lui.

    L’histoire de l’amour, par tours et détours, révèle peu à peu les dessous de textes écrits par quelqu’un, confiés à quelqu’un d’autre, et leurs voyages dans l’espace et dans le temps. A Slonim, Alma avait plus d’un admirateur : « Elle était douée pour garder les secrets. » A New York, la jeune Alma Singer espère un improbable rendez-vous avec une autre Alma. Il faut parfois se perdre pour trouver.

    Dans un entretien, Krauss répond à la question « A quoi sert la littérature ? » :
    « Bellow disait que la littérature est une compensation pour la méchanceté du monde. J’aime ce mot : compensation. Je dirais aussi que la littérature est une longue conversation sur ce que c’est d'être humain. Les grands livres nous empêchent de nous recroqueviller face à la peur, ils réduisent la distance entre les individus, ils nous enseignent l’empathie. » (Libération)

  • Ravie de vous revoir

    « – Je suis Victoria, dit la jeune femme en face d’elle. Vous m’avez permis de passer une nuit ici, quand j’étais petite.
    Jessy avait vu des enfants défiler dans cette cuisine pendant des années, et certains étaient noirs, surtout vers les derniers temps, durant la période tiers-monde d’Edward. Qui était cette jeune Noire incroyablement chic ? Elle se sentait baignée d’une douce chaleur, remplie d’un souvenir presque nostalgique – elle avait aimé cette époque où des enfants allaient et venaient dans la maison.
    – Eh bien, dit-elle. Je suis ravie de vous revoir.
    Après avoir avalé le café en grimaçant, car il était brûlant, elle bondit sur ses pieds.
    – Il faut que j’y aille…
    Mais elle était déjà partie. »

    Doris Lessing, Victoria et les Staveney 

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  • Victoria était noire

    Etre les derniers dans la cour de récréation à attendre, alors que tous les autres sont déjà partis, ce n’est pas drôle. Victoria, neuf ans, essaie de consoler Thomas, plus grand qu’elle mais deux ans de moins. Celui-ci proteste quand arrive enfin son grand frère, un adolescent blond : « Tu m’as oublié, oui, tu m’as oublié ! » La fillette se retrouve toute seule. Sa tante chez qui elle vit a été emmenée d’urgence à l’hôpital le matin. Elle a froid, s’inquiète, et finit par essayer de passer entre les barreaux du portail, mais s’y retrouve coincée. 

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    Norman Rockwell, Notre problème à tous (1964), une Victoria américaine

    Heureusement M. Patel, du café en face de l’école, vient à son secours. A travers ses larmes, Victoria lui explique qu’on devait venir la chercher avec le petit Thomas Staveney. Son frère Edward réapparaît, affolé, et s’excuse, « désolé ». Pourquoi ne l’a-t-il pas vue ? « Il restait que le fond du problème, le fait incontournable, était qu’il n’avait pas vraiment vu Victoria parce qu’elle était noire. »

    Edward vient d’une famille blanche libérale et il se passionne pour le tiers-monde, les victimes du sida, les injustices – il est d’autant plus honteux de son « oubli ». Aussi est-il plein d’attentions pour Victoria qu’il ramène chez lui, dans une maison londonienne dont les vastes pièces laissent la fillette bouche bée. « L’appartement de sa tante aurait tenu tout entier » rien que dans la cuisine où le garçon lui prépare quelque chose à boire.

    Victoria a perdu sa mère depuis cinq ans, elle n’a pas eu de père. Ce matin-là, sa tante avait averti l’école et la secrétaire avait réussi à joindre Jessy Staveney pour lui demander un coup de main. Son mari, un « socialiste à l’ancienne », avait voulu que leurs fils passent quelques années dans cette école « de seconde zone » avant d’aller dans un meilleur établissement.

    Une gêne, voilà comment Victoria se considère : pour sa mère quand elle avait voulu aller travailler, pour sa gentille tante Marion et à présent pour l’amie de sa tante, Mrs Chadwick, chez qui Victoria restera après cette nuit passée chez les Staveney dans une maison où chacun a sa chambre, ce qui l’a fort impressionnée.

    Sa tante rentrée de l’hôpital, la fillette lui sert de garde-malade. Le souvenir du gentil Edward l’obsède, et le souvenir de cette brève incursion dans la richesse, l’abondance, l’espace. De temps à autre, elle va regarder la maison des Staveney, croise parfois un des membres de la famille, mais ils ne la remarquent pas.

    Seule Phyllis Chadwick se soucie d’elle. Et à la mort de Marion, Victoria, quatorze ans, qui s’imaginait avoir enfin un endroit à elle, ne comprend pas qu’elle ne puisse rester dans l’appartement de sa tante alors qu’elle a été seule à la soigner pendant des années.  Phyllis a une fille, Bessie, et deux garçons turbulents, sans compter leur grand-père, mais elle l’accueille chez elle. Malgré le peu de place, c’est mieux que l’assistance publique. 

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    Victoria et les Staveney de Doris Lessing raconte le parcours difficile d’une petite fille noire tôt confrontée aux aléas de la vie. Elle réussit bien à l’école, mais se dépêche de trouver un emploi de vendeuse pour aider Phyllis. Celle-ci sait que Victoria peut prétendre à beaucoup mieux et l’encourage à se présenter dans les beaux quartiers, où elle finit par travailler dans un magasin de disques.

    Un jour, elle croit y voir entrer Edward, mais c’est Thomas Staveney, dix-sept ans, surpris de reconnaître cette ravissante jeune femme. Victoria devient sa petite amie de l’été, elle tombe enceinte. Elle nen dit rien à Thomas qui va bientôt reprendre ses études. Avec un bébé, elle peut enfin obtenir un logement indépendant.

    Doris Lessing a, j’espère, conquis de nouveaux lecteurs grâce au film tiré des Grands-mères, une des quatre nouvelles publiées en anglais sous le titre The Grandmothers (2003) avec Un enfant de l’amour, Victoria et les Staveney et The Reason For It. Mêmes qualités : intrigue simple, justesse dans l’observation des caractères et des situations sociales, des préjugés, des hypocrisies. Victoria, qui voulait d’abord sa fille rien qu’à elle, puis a donné naissance à un garçon, d’un autre père, devra faire des choix, au risque de la perdre : sa petite Mary à la peau « caramel » est aussi une Staveney.

    « Cette pauvre jeune femme qui chemine dans la poussière en rêvant d'une éducation pour ses enfants, croyons-nous être mieux qu'elle –  nous qui sommes gavés de nourriture, avec nos placards pleins de vêtements, et qui étouffons sous le superflu ? » questionnait Doris Lessing à la fin de son discours de réception (prix Nobel de littérature 2007). Il y est question de maisons et de livres, d’écoles et d’espace pour vivre, lire, écrire.

  • Comme le chat

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    « Des jours, des moments, comme le chat, il nous prend envie de nous frotter aux objets, au pied d’une table, aux basques d’un habit, aux troncs des arbres et même aux nuages, pour manifester aux yeux du monde notre joie de vivre et notre reconnaissance au Créateur. Le silence est notre voix, plus forte que mille voix réunies. »

    Franz Hellens, Mémoires d’Elseneur

  • Théophile ou démon

    Cousin d’Hamlet, le héros des Mémoires d’Elseneur (1954) de Franz Hellens (1881-1972) est un de ces personnages dont on cherche à mieux cerner le caractère, à chaque relecture, mais qui toujours surprend, questionne, déroute. « Je suis obligé d’être cruel, si je veux être bon ! » : l’épigraphe est extraite d’Hamlet. 

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    Portrait de Franz Hellens par Modigliani (1919)

    Théophile est le narrateur dans ce roman terriblement séduisant : « Je veux le dire en commençant : j’ai vécu plusieurs vies ; autant qu’il fut en moi de personnes. Et la dernière, pas plus que les autres, je ne l’achèverai. Je suis mort plusieurs fois, et ressuscité. Mourrai-je tout à fait après ma dernière aventure, cet hiver où je suis, saison de sable, de neige et de bois mort ? » (incipit)

    « Du lit de la mère au lit de la terre », le Livre premier conte sa naissance et son enfance bourgeoises. La grosse tête de Théophile effraie sa mère. Son père vétérinaire est déçu, il espérait une fille. Le Bouddha de bronze dans la chambre maternelle dira un jour à l’enfant : « Tu ne ressembleras jamais à un autre que toi-même, tu n’appartiendras jamais au troupeau. » Pour sa mère, qu’elle le caresse ou le gifle, il est « un monstre », parfois un « gros matou ».

    Théophile aime leur jardin sans bornes (comme celui où grandit Franz Hellens, dans la région gantoise) et aussi Séraphine, la fille du jardinier. Un jour où son père emmène son fils avec lui pour ses visites dans les fermes en cabriolet, il est surpris de voir son père fouetter la jument et pleurer, ce qui n’est jamais arrivé en sa présence. Trois jours plus tard, son père meurt dans son lit. L’enterrement à la cathédrale d’Anvers fait du fils unique le point de mire, fier de son costume noir, fier de sa mère qu’il considère comme une « grande poupée vivante, faite pour s’amuser et pour l’amusement des autres ». 

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    En général, Théophile est seul, livré à lui-même. Les amitiés qu’il noue tournent mal, d’abord à l’école du village, où Zéphirin devient son souffre-douleur. Après Pâques, la mère de Théophile épouse l’oncle Victor, le jeune frère du vétérinaire. L’enfant qui ne l’aime pas se jure de ne jamais lui obéir.

    Puis il va en pension chez les Jésuites à Anvers. Le dimanche, le cousin Jean, chanoine à la cathédrale, l’accueille chaleureusement. « J’aime les gras et les francs, moi », déclare ce bon vivant, bien servi et nourri par Toinette, plutôt ravi d’initier le collégien aux plaisirs de la table.

    Quand Théophile rentre chez lui, c’est chez le jardinier et sa femme Cordélia, sa nourrice, qu’il trompe son ennui – Séraphine a un petit frère à présent. Devant elle, il accule un matou qui a mordu Belzé, leur chatte noire, et le tue sauvagement. Il en demande pardon à sa première communion, mais d’autres crimes le hantent en rêve, comme celui d’étrangler son oncle. Il guette un signe de Dieu ou du diable, mais rien : il se sent définitivement « seul ».

    « Travaille et cherche ton chemin », lui conseille le chanoine. A quinze ans, Théophile se juge « rien moins que pervers, violent, outrepassant, cruel, et d’une douceur inconcevable. » Une visite au zoo d’Anvers où le cousin Jean l’a envoyé avec Toinette, qui se laisse embrasser, lui donne le désir de posséder une vipère. Il va jusqu’à faire voler et à voler lui-même pour y arriver. Il sera renvoyé.

    Séraphine s’occupe de nourrir la vipère dans sa cage de verre quand Théophile retourne à Anvers, cette fois au collège épiscopal. Le chanoine lui donne de l’argent de poche pour se promener seul en ville. Le garçon de 17 ans rêve d’évasion devant le Slonsk amarré au port. Il prend congé du collège à l’aide d’une fausse lettre et en profite pour aller faire l’amour à Toinette, avant de rentrer à pied chez lui. Dans une auberge, il entend des rumeurs sur la mort mystérieuse de son père.

    Quand il fait irruption dans la chambre de sa mère, où se trouve aussi Victor, il les défie avant de se réfugier au grenier. Là, un éclat brillant attire son attention, il tend le bras : une grenade explose et lui arrache la main gauche. A la clinique, sa mère lui raconte pourquoi elle l’a mis en nourrice : il mordait le sein jusqu’au sang. « Je m’ennuyais ? – Dès ta naissance, je me suis aperçue que j’avais mis au monde un monstre. – Nous rîmes tous les deux. »

    Obnubilé par le souvenir de son père en larmes, Théophile pousse sa mère et son beau-père à bout, aussi froid que sa nouvelle main de fer. Pour lui, il y a désormais une vipère derrière chacun de nos désirs. Et celle qu’il a confiée à Séraphine va bientôt faire plusieurs victimes. Sa vengeance accomplie, le jeune homme embarque sur le Slonsk.

    Une autre vie s’ouvre pour lui sur ce cargo polonais qui fait la navette entre Anvers et Dantzig. Le capitaine prend Théophile en amitié et finit par l’engager : il tiendra le cahier de bord. Le Livre deuxième, « La tentation du monstre », est le récit de cette navigation. Il se passe d’étranges choses à bord de ce vaisseau fantôme, la nuit surtout, comme la disparition de Julia, la seule passagère, une veuve polonaise qui s’intéressait à Théophile. Le temps change de matière quand la vie devient « non pas sommeil, ni rêve éveillé, (…) mais un élément dans l’élément aérien et liquide, un météore sans limites dans les météores qui ne font que passer. » Le capitaine aussi a ses secrets et son pacte avec Théophile peut ouvrir le paradis ou l’enfer. « Mon cœur ? Pauvre rapace, est-ce quun aigle ou un vautour, même blessé, possède ce qu'on nomme un cœur ? »

    Retour au bercail dans le Livre troisième : « Le retour du fils magnanime ». A cinquante-trois ans, Théophile découvre l’existence de son demi-frère prénommé Victor comme son père, un nouveau rival. Leur mère, malade, ne quitte plus la chambre, elle redoute leurs disputes. Mais Théophile semble apaisé et raisonnable à présent, comme un Lazare ressuscité ; c’est l’autre fils qui endosse le mauvais rôle. Où cela va-t-il mener ?

    Mémoires d’Elseneur est un chef-d’œuvre du « réalisme fantastique » ; Hellens, poète et romancier, y déploie son imaginaire avec force et dans une très belle langue. Fasciné par le cercle, son Théophile, sensible et cruel, ignore les frontières entre le bien et le mal, le rêve et la réalité, la nature et le surnaturel. Les paysages et le climat de la Flandre, de l’Escaut, son terroir, ouvrent et ferment le récit d’une vie – de plusieurs – que hantent la solitude et la quête de soi.