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Exposition - Page 48

  • Chagall issime

    Très attendue, la grande exposition Chagall des Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles tient ses promesses : une superbe rétrospective, de nombreuses toiles de musées étrangers et de collections particulières, de quoi découvrir, même si on se souvient d’autres expositions. 

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    Marc Chagall L'anniversaire 1915 Huile sur carton © Museum of Modern Art, New York

    Je ne me rappelle pas avoir admiré ce Nu avec des fleurs, par exemple, aquarelle et gouache ; cette Tentation, belle comme un vitrail, avec de petits animaux autour d’Adam et Eve ; ce Portrait du poète Mazin, son voisin russe à La Ruche ; un splendide Nu rouge... Bientôt c’est Vitebsk, sa ville natale, et les éléments qui reviendront si souvent dans sa peinture, sans que l’artiste donne pourtant l’impression de se répéter : une fenêtre, un bouquet, un cheval…  

    L’anniversaire, toile prêtée par le Moma (ci-dessus), est une merveille : dans une atmosphère chaude (sol rouge, tissus à ramages) qui contraste avec leurs vêtements sombres, Bella, épousée en 1915, tient un bouquet de fleurs et semble décoller du sol pour recevoir le baiser de Chagall en flottaison dans l’air, la tête renversée pour l’embrasser. C’est la première peinture où il représente un personnage « en lévitation ».  

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    Marc Chagall La naissance 1911 Huile sur toile originale collée sur bois contreplaqué Collection privée

    Une petite salle rassemble des tableaux familiaux : David jouant de la mandoline (deux beaux portraits très différents de son frère mort jeune à la guerre), sa mère, son père et sa grand-mère (avec un chat), ses sœurs, des amoureux... La naissance (ci-dessus) montre une jeune mère allongée, un bébé nu dans les bras de son père ; plein de détails comme la lampe en haut, un chat bleu en bas, animent cette scène structurée franchement par des lignes et une grande diagonale, ce qui est assez rare chez Chagall (1887-1985).   

    Chacune de ses peintures raconte une histoire. On expose aussi dans cette salle de beaux intérieurs, animés par un bouquet, éclairés par une baie vitrée – on aperçoit la petite Ida, sa fille née en 1916, en robe rouge dans un fauteuil, et la tête de Bella, dehors, à la fenêtre. Une toile m’a fait penser à Bonnard : Les fraises ou Bella et Ida à table, avec le joyeux contraste des fruits rouges sur la nappe blanche. 

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    Marc Chagall La promenade 1917-1918 Huile sur toile © Musée russe, Saint-Pétersbourg

    La promenade, grande toile choisie pour l’affiche, vous la connaissez certainement : le couple se tient par la main, lui les pieds à terre, elle en robe mauve volant dans un ciel blanc à la Malévitch au-dessus de la ville tout en vert, à l’exception de la cathédrale. Dans l’angle inférieur gauche, leur pique-nique en rouge, sous un peu de feuillage bleu – Chagall associe les couleurs comme personne. 

    La religion tient une place constante dans son œuvre : on peut voir côte à côte une esquisse sur papier et l’huile sur toile du Rabbin au citron vert (ci-dessous) – un cédrat dans une main, une branche de palmier dans l’autre, deux des quatre végétaux associés à la fête de Souccot. Pourquoi ce petit rabbin inversé sur sa tête ? D’après l’audioguide (compris dans le prix d’entrée), ce serait une manière d’évoquer la succession, la chaîne des rabbins. Plus loin, on verra Chagall traiter des thèmes bibliques et peindre de nombreuses crucifixions pour symboliser la tristesse, la souffrance, le malheur – le peintre ira jusqu’à se peindre lui- même en croix. 

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    Marc Chagall Le Rabbin au citron 1924 Huile sur Toile © Collection Particulière

    La figure du juif errant, avec son baluchon sur le dos et sa canne, est un autre motif récurrent, même si la toile intitulée En route ou le juif errant, à la pâte épaisse, s’appelait au départ « Chemin faisant », allusion au voyage du peintre vers Paris. Ce n’est que des années plus tard que Chagall ajoutera le second titre. 

    Rentré en Russie, Chagall a beaucoup travaillé pour le Théâtre juif de Moscou. On présente ici des maquettes de costumes, de décors, et en projections, les grandes fresques réalisées pour ce théâtre (montrées à la Fondation Gianadda en 2007). En revanche, je ne connaissais pas toutes ces illustrations pour les fables de La Fontaine, une idée de Vollard : Le renard et les raisins, La grenouille voulant se faire aussi grosse que le bœuf (collection des MRBAB), Deux pigeons, entre autres. 

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    Marc Chagall Le renard et les raisins 1926-27 Aquarelle et gouache © Collection Particulière

    On retrouve des autoportraits et des portraits de couple tout au long du parcours, comme le magnifique Double portrait (Nagoya) datant de 1924 où le peintre vêtu de noir, debout à son chevalet, tient contre lui Bella en robe blanche, leurs deux profils tournés vers la toile. Ou encore Le gant noir (ci-dessous).  

    Des animaux, des anges, des amoureux, des fleurs, des violons... La peinture de Chagall célèbre la vie. Elle s’assombrit pendant la guerre, à la mort de Bella, retrouve des couleurs enchantées quand il se remarie avec Vava. Mais Bella reviendra encore souvent sous ses pinceaux. A Saint-Paul de Vence, il peint sur un énorme bouquet au milieu de son atelier, une grande toile verticale, très claire, aérée, qui tranche avec l’effervescence habituelle. 

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    Marc Chagall Le gant noir 1923-48 Huile sur toile © Collection Particulière

    La dernière salle montre des études pour le Metropolitan Opéra – Le triomphe de la musique – et pour l’Opéra Garnier, et aussi des costumes pour Stravinsky. Impossible de vous parler de tout, plus de deux cents œuvres, aussi je vous renvoie au site de l’exposition. Vous avez quatre mois pour vous y rendre, jusqu’au 28 juin. 

    Cette rétrospective bruxelloise, d’abord montrée à Milan, montre très bien que Chagall, tout en restant fidèle à son univers original, évolue constamment dans sa manière de peindre. J’ai aimé son Don Quichotte, peint à 86 ans, entouré de gens qui dansent, d’autres qui font la guerre, avec Chagall au chevalet entouré des siens, et dans le bas, de petits arbres. « On ne sait jamais avec Chagall, lorsqu’il peint, s’il dort ou s’il est réveillé. Quelque part, dans sa tête sans doute, il doit y avoir un ange. » (Picasso) Tantôt joyeux, tantôt inquiet, l’art de Chagall touche au cœur.

  • Avec de la lumière

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    « En laissant le soleil projeter son ombre sur un morceau d’histoire grecque, il nous dit quelque chose de sa propre histoire et du processus photographique. Photographier signifie en grec écrire avec de la lumière ; c’est ce qu’Ignatiadis réalise ici littéralement. »

    Faces Then / Faces Now, Guide du visiteur, Bozar, Bruxelles, 6/2 > 17/5/2015

    © Konstantinos Ignatiadis, Autoportrait à Nikopolis, août 1999

  • Visages en images

    Au bout du grand hall Horta, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (Bozar), on prend à gauche pour l’exposition Faces Now, « Portraits photographiques européens depuis 1990 » (31 artistes). Ces portraits sous verre, ces visages en images font un effet très différent des peintures de Faces Then, place ici à l’impression au sens photographique. 

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    Palais des Beaux-Arts (Bozar), hall Horta

    Une première série en noir et blanc porte un titre significatif : « L’autre » de Luc Delahaye. Le catalogue cite à propos Susan Sontag : « Il y a dans les visages des gens qui ne se savent pas observés quelque chose qui n’apparaît jamais quand ils en sont conscients. » Le photographe a pris ces clichés à l’insu de ces personnes qui ne sourient pas et ne regardent pas l’objectif.

    C’est le contraire pour les séries en couleurs « Exactitudes » (pour « exact » et « attitude ») d’Ari Versluis & Ellie Uyttenbroek, conçues à partir de codes vestimentaires, gestuels et sociaux : hommes mûrs en pardessus ; noirs bien sapés ; femmes en manteau beige ; « Rebels » en jean, pouces en poche ; Africaines enturbannées portant sur leur boubou un châle de grande marque. Conséquence : on retient des attitudes, pas des visages.

    Ces poses façon « gravure de mode » contrastent à l’extrême avec cinq grands formats de Boris Mikhaïlov, « Case history », portraits d’Ukrainiens que la fin de l’URSS a plongés dans la misère : couple avec hareng et vodka, homme en uniforme brandissant une hache, couple aux visages contusionnés, femme âgée contre un arbre dans la neige, homme à moitié nu sur les genoux d’une femme – impressions de désastre. 

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    Case history © Boris Mikhailov

    Cette première salle reflète la diversité des approches montrées dans Faces Now, diversité due aux choix des artistes dans leur travail et bien sûr à la sélection du commissaire de l’exposition, Frits Gierstberg (Nederlands Fotomuseum, Rotterdam), qui illustre la variété du genre et préserve les visiteurs de l’ennui que peut engendrer la succession du même. 

    Les notices individuelles du catalogue (à disposition sur les banquettes) résument la démarche de chaque photographe – dommage qu’on ne les ait pas reprises près des cartels. Pour Anders Petersen, « l’essentiel, c’est la rencontre ». Ses portraits de femmes, parfois flous, n’ont pas un but esthétique, mais expressif, les attitudes sont très personnelles.

    La plupart des figures exposées sont anonymes, d’autres ont un nom mais aucune expression : Thomas Ruff affiche en grand format des visages impassibles (affiche). On peut voir aussi des célébrités : portraits d’artistes par Anton Corbijn, de personnalités politiques (Christian Courrèges), et plus loin un très émouvant portrait de Jan Hoet mort (il avait donné son accord à Stephan Vanfleteren) – j’en reparlerai. 

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    Café Lehmitz © Anders Petersen

    Certains, certaines photographes travaillent comme des documentalistes de notre époque : intérieurs, vêtements, objets… Une mise en scène et un cadrage peuvent donner  aux portraits de famille un effet de naturel très travaillé. Dérangeante, la série « Kids » de Sergey Bratkov : ce « réaliste radical » a photographié des enfants mannequins russes dans des poses et des tenues qui ne sont pas de leur âge.

    D’autres imposent une vision personnelle, comme pour ces jeunes en vêtements contemporains placés devant une toile paysagère à la manière du XIXe siècle (Clare Strand) ou pour ces paysans de la série « Karczeby » (Adam Panczuk a repris le nom d’un dialecte de l’Est de la Pologne) : des photos carrées en noir et blanc où les gens paraissent viscéralement liés à leur terre.

    Les lieux ont aussi de l’importance pour Jitka Hanzlová retournée dans sa ville natale fuie à l’âge de 24 ans (« Rokytnik »). Paola De Pietri, « Io Parto » : trois femmes enceintes posent dans des environnements urbains (Milan et environs) qui occupent beaucoup plus de place qu’elles sur le cliché – une façon pour la photographe de conjuguer paysage et portrait. 

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    © Alberto Garcia-Alix, Autorretrato. Mi lado femenino, 2002, Gelatin silver print, 110 cm x 110 cm, Courtesy the artista

    Bien sûr, il y a des autoportraits – Jorge Molder, le visage et les mains blanchis, s’expose comme un acteur de théâtre, sans cadre ni verre, ce qui crée un contact particulier. Des coups de cœur ? Le portrait de sa mère par Koos Breukel, d’une présence incroyable. L’autoportrait d’Alberto García-Alix, « Mi lado feminino » (mon côté féminin). De Jitka Hanzlová encore, la série « There is something I don’t know » à la manière des peintures anciennes.

    J’ai été surprise par l’art caméléon de Dita Pepe, « Self-portrets with Men », où elle pose en famille ou en couple comme si elle en faisait partie. Et impressionnée par les portraits de pêcheurs au visage buriné par Stephan Vanfleteren – il scrute le travail du temps sur la peau. Enfin je n’oublierai pas sa photographie en noir et blanc de Jan Hoet les yeux clos, vêtu d’une chemise blanche sous un gilet sombre, un superbe hommage à cet homme qui n’est plus mais dont le visage irradie encore : lumière, paix, sagesse.

  • Enigme

    Faces Then Van Cleve Autoportrait.jpg 

    « L’Autre reste une énigme. Son visage est à la fois comment il se présente à nos sens, mais c’est aussi un masque cachant un être à jamais inaccessible et irréductible à son portrait. »

    Guy Duplat et Jean-Marc Bodson, « L’Autre ou l’énigme du portrait » (La Libre Belgique, 9/2/2015)

    Faces then, Bozar, Bruxelles, jusqu'au 17/5/2015

    Joos van Cleve, Autoportrait, c.1519, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Portraits du XVIe

    Faces then, Faces now : ces deux expositions sont présentées en parallèle au Palais des Beaux-Arts (Bozar) jusqu’en mai prochain. Seul point commun, le genre : d’un côté des portraits de la Renaissance aux Pays-Bas, une cinquantaine d’œuvres, de l’autre des portraits photographiques européens depuis 1990 (que j’irai voir plus tard).  

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    Quentin Metsys, Portrait d'un Homme avec un rosaire, c. 1515-1520 Huile sur bois Collection particulière

    Au XVe siècle,  le portrait se développe en tant que genre autonome en Europe, mais c’est au XVIe qu’il devient vraiment populaire aux Pays-Bas, où de nombreux bourgeois commandent le leur. L’exposition montre comment, sur un siècle, ce genre s’est diversifié. Les deux premiers portraits présentent un même type de cadrage, un cadre dans le cadre, comme pour cet homme avec un rosaire dans les mains de Quentin Metsys, entre deux colonnettes sous un fronton. Un air austère, un regard perdu au loin, des mains blanches égrenant un rosaire corail.

    Le buste, les mains, le regard, la ressemblance, voilà ce que les peintres privilégient. Le Portrait d’un homme vu de profil, au centre de la première salle, tranche avec les autres : sur fond clair, un visage âgé au nez tombant, la lippe en avant, esquisse un sourire ironique. Quentin Metsys rend avec finesse les détails de la peau et aussi le vison du grand col d’où émerge cette figure originale. 

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    Catharina van Hemessen, Portrait de dame

    Les peintres des Pays-Bas cherchent alors une synthèse entre réalisme et idéalisation, ils soignent les détails du costume, des accessoires, des bijoux – presque tous les hommes portent des bagues, et les femmes des coiffes blanches. Joos van Cleve, dont on expose plus loin un bel autoportrait, a peint un couple séparément, avec une grande précision, l’homme et la femme dans leurs plus beaux atours.

    Très vivant, un Portrait de dame par Catharina van Hemessen (ci-dessus) rend hommage à son élégance. Ici, ce ne sont plus des mains tenant un chapelet ou un livre de prières, mais une main droite poussant une bague sur la main gauche. Le mouvement des bras, le regard révèlent davantage la personnalité. 

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    Double affiche Faces Then / Faces Now

    Beaucoup de portraits anonymes, on n’en connaît ni le peintre ni le modèle, c’est le cas pour ce jeune homme à la fraise choisi pour l’affiche. Le noir est la couleur la plus fréquente pour les vêtements, presque toujours éclairés par du linge blanc. Un homme à l’air affable, peint par Jan Sanders van Hemessen (père de Catharina), porte sous sa veste noire un haut de couleur rouge du plus bel effet.

    D’Ambrosius Benson, le portrait d’Anne Stafford révèle un caractère très marqué, des habits luxueux : manches de fourrure, manchettes rouges se terminant par un bord blanc plissé ; celui d’un homme tenant une bague entre les doigts, qui en portent déjà plusieurs, avec de jolis boutons fleuris à sa veste. Anonyme, un autre beau portrait d’homme tenant un œillet, sur un rare fond doré. 

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    Ambrosius Benson, Portrait d'un homme, c.1530, huile sur panneau, Collection particulière

    Le magnifique Portrait d’un homme barbu au béret noir du même Benson, un Brugeois, laisse voir un décor à l’arrière-plan : derrière lui, une armoire, un volet en bois, et par la fenêtre sur le côté, des fleurs, des arbres, une colline, une église. De la main gauche, il touche son béret, la droite tient des gants ; il porte un rubis au petit doigt.

    J’ai aimé la simplicité du Portrait d’une vieille femme par Maarten van Heemskerck, en noir sous une coiffe blanche : son visage est très expressif et ce portrait a quelque chose de très naturel, par l’attitude sans doute, et l’ombre sur le mur. Plus loin, on verra son très intéressant portrait du savant Gemma Frisius 

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    Marteen van Heemskerck, Portrait d'une femme âgée, c.1530, Huile sur bois, Collection particulière

    Vers le milieu du siècle se manifeste davantage le désir des commanditaires de montrer non seulement leur visage mais aussi leur condition sociale. Après deux autoportraits de peintres à leur chevalet (Anthonis Mor, Isaac Claesz van Swanenburg), on découvre deux impressionnants portraits à l’huile signés Pieter Pourbus : Jan van Eyewerve et Jaquemyne Buuck posent dans un intérieur cossu, les deux œuvres sont symétriques. Le peintre a écrit leur âge, 29 et 19 ans, en haut du tableau, où figurent aussi leur blason, des angelots (qui, quoique censés ne pas avoir de sexe, me fait remarquer un sympathique gardien, ont l’un, un visage de garçon, l’autre de fille) – toute une mise en scène.

    Avez-vous bien regardé les chiens ? me demande-t-il (après m’avoir signalé gentiment que c’est moi qui déclenche une alarme quand je m’approche trop de l’étiquette près du tableau pour la lire). Le plus craquant, c’est celui de la corpulente Vieille femme avec son chien de Frans Floris de Vriendt. 

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    Frans Floris de Vriendt, Portrait d'une vieille dame, 1558, huile sur bois, Musée des Beaux-Arts de Caen

    Ne manquez pas, dans une alcôve tout au bout du parcours (il faudra rebrousser chemin, bien que des portes vitrées donnent là sur l’autre exposition), le tout petit portrait (anonyme) d’une enfant de trois ans tenant un oiseau sur son poing, c’est charmant.