Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Art - Page 191

  • L'art dans tout

    N’attendez pas la fin du mois d’août pour pousser la porte du musée d’Ixelles !  Après le musée d’Orsay, il propose une belle exposition sur Alexandre Charpentier (1856-1909). Moins connu que les grands noms de l’art nouveau, c’est un artiste à découvrir ou à redécouvrir en cent cinquante œuvres, dont beaucoup proviennent de collections particulières. En complément, L’Eté Belle-Epoque d’Ixelles rassemble à l’étage sa fameuse collection d’affiches de Toulouse-Lautrec, et dans les salles permanentes, un nouvel agencement des peintures et sculptures léguées par Octave Maus, le fondateur des XX, qui invita Charpentier à exposer à Bruxelles. Une jolie série d’affiches de Gisbert Combaz évoque les salons de La Libre Esthétique.

    Sculptures et bas-reliefs de Charpentier (il a fréquenté la « Petite Ecole », comme Rodin, qui l’engagea brièvement comme praticien) côtoient des objets dits d' « arts décoratifs » : pendules, fontaines, cendriers, vases, meubles étonnants. Ils sont exposés par thème. Les « maternités » reprennent dans différents matériaux et formats une Jeune mère allaitant son enfant, de profil. En bronze, elle orne la porte de droite d’un petit meuble à layette ravissant, dont un tiroir affiche les têtes rondes de deux enfants. Déclinée en étain, en argent, le sujet est aussi repris en grand dans un grès de belle lumière.

    82a38f3ccea0affa6795f059585ca78b.jpg

    Je ne m’attendais pas à retrouver ici la formidable aventure du Théâtre Libre fondé par André Antoine en 1888, qui porte encore son nom aujourd’hui : le Théâtre Antoine. Vrai théâtre littéraire, il a révélé au grand public parisien les dramaturges étrangers comme Ibsen, Tolstoï, Strindberg, et permis à ses contemporains - Goncourt, Zola, Claudel, entre autres - d’y montrer des œuvres inédites. Charpentier a représenté en médaillons les têtes des différents membres du Théâtre Libre, qui couvrent tout un panneau de l’exposition.

    Mais la musique est sans conteste ici le thème majeur. Charpentier jouait du violoncelle, sa femme du piano. Femme jouant de l’alto, femme à la contrebasse, ronde de danseuses… On les retrouve sculptées dans l’ébène pour un couvercle de piano, en plâtre à patine de marbre, en bronze doré sur un incroyable meuble destiné à contenir les instruments d’un quatuor à cordes, superbement présenté, précédé de deux pupitres dont les courbes se délient sur l’affiche et le catalogue de l’exposition (une lecture qui promet d’être passionnante et qui donnera sans nul doute envie d’y retourner). Chant et musique décorent aussi des plaques de serrure, des boutons de porte. Comme chez Horta, l’art touche à tout - « L’art dans tout » est le nom donné par Charpentier au groupe d’artistes qu'il fonde en 1896. Sur la couverture de Sonatines sentimentales sur des poèmes de Maeterlinck et Mauclair, Charpentier a dessiné le visage d’une jeune femme aux yeux de billes et à la longue chevelure rousse en diagonale. Charpentier était l’ami de Debussy, qui a composé pour lui Cloche à travers les feuilles.

    On a envie de tout évoquer, mais à chacun de se promener dans ce bel ensemble de la fin du XIXe siècle. Il y a de jolies baigneuses sous un arbre au feuillage léger, une pendule tragique - La fuite de l’heure, une fontaine en étain baptisée Le poème de l’eau, un petit Penseur sur un encrier. Dans la collection d’Octave Maus, j’ai remarqué cette fois la belle tête d’une Herscheuse, forte sanguine de Rassenfosse ; un Jour de pluie d’Anna de Weert m’a consolée du gris été bruxellois.

    Charpentier était en correspondance avec Meunier, Van Rysselberghe, Signac, qui ont fait son portrait. Il a représenté Zola, Eugène Isaÿe et bien d’autres. Toute l’effervescence des arts est là et m’a rappelé la grande exposition Paris-Bruxelles, Bruxelles-Paris visitée à Gand il y a dix ans. Ici, la démarche est plus modeste, mais je vous garantis que vous ne vous ennuierez pas.

  • Marchand de tableaux

    Le Portrait d’Ambroise Vollard par Renoir (1908) orne la couverture des Souvenirs d’un marchand de tableaux (1937), une somme d’anecdotes qui permet de revivre une époque où l’art était plus qu’aujourd’hui à la portée des amateurs. Si Cézanne et Renoir sont les peintres qu’il a le mieux connus, il en passe beaucoup d’autres dans ces mémoires, que termine un volumineux index.

    Vollard commence par son enfance à l’Ile de la Réunion. Surpris de voir sa tante s’inspirer de fleurs artificielles pour ses aquarelles, alors que celles du jardin sont bien plus belles, il s’en souviendra en apprenant que « les plus somptueux bouquets de Cézanne avaient été peints d’après des fleurs en papier. » Collectionneur précoce, il ramasse des galets, puis des fragments de porcelaine bleue, amoureux déjà des couleurs et de la lumière : « C’est, au coucher du soleil, un brouillard bleu tombant des hauteurs, ouate impalpable qui, en quelques instants, répand l’ombre, une ombre comme faite de ces gris argentés qui enchantent dans les toiles de Whistler. »

    3277b7b9cdc9d6494179ea0adfeded17.jpg
     

    Etudiant en droit, Vollard préfère à l’étude les flâneries sur les quais, à observer dessins et gravures dans les vitrines parisiennes. Premiers achats. « 1890 ! Quelle époque bénie pour les collectionneurs ! Partout des chefs-d’œuvre et autant dire pour rien. » Attentif aux prix, il les voit grimper en passant d’une main à l’autre et comprend très vite comment faire pour enrichir ses collections et commercer, tandis que le sympathique Père Tanguy, marchand de couleurs, fait crédit aux jeunes peintres.

    Dans la galerie où il s’initie au métier de marchand de tableaux, Vollard constate la défiance du patron envers les peintures nouvelles qu’il lui conseille d’acquérir et se décide à le quitter. « Ecoutez, mon cher Vollard, nous nous quittons bons amis, n’est-ce pas ? Quand vous parlerez d’impressionnisme, je compte sur votre loyauté pour dire que je déteste ça. – Non seulement je prends l’engagement de le dire, mais, si l’occasion se présente, je l’écrirai. Je tiens ma parole. »

    A Montmartre en ces années-là, Vollard fréquente Bonnard, Lautrec, Degas et Renoir si dissemblables. En affaires, il apprend vite ce qu’il convient de dire ou de taire, comment faire monter les prix pour susciter l’intérêt de l’acheteur, comment recueillir l’information qui permet de s’emparer le premier d’œuvres possédées par des gens qui n’ont aucune idée de leur valeur. Ce qui rend ses souvenirs très vivants, ce sont toutes les conversations que le marchand rapporte : bêtises des uns, astuces des autres, propos d’artistes surtout. Renoir : « Avec toutes leurs sacrées histoires de peinture nouvelle, j’aurai mis quarante ans à découvrir que la reine des couleurs, c’est le noir ! » Manet : « Un peintre peut tout dire avec des fruits ou des fleurs, ou des nuages seulement. » - « Je voudrais être comme le saint François de la nature morte ! »

    Vollard rend un bel hommage à Mary Cassatt, la plus discrète des impressionnistes, qui se dépensait sans compter pour le succès de ses camarades sans se soucier de sa propre peinture. Il nous décrit le convoi funèbre de cette artiste généreuse, suivi par le village entier de Mesnil-Beaufrêne, dans l’Oise, en 1926. On jeta des œillets et des roses sur sa tombe – qu’en aurait pensé Degas qui se montrait intransigeant à propos des fleurs qu’il ne supportait qu’au jardin, capable de quitter une table où on l’avait invité s’il s’y trouvait un bouquet ? Odilon Redon, au contraire, avait toujours des fleurs dans son atelier, malgré le dénuement. Il raconte à Vollard une visite chez un ami peintre à la Ruche : « Sur une table, il y avait des tulipes et un livre dont la reliure fatiguée témoignait qu’on le lisait souvent. Je me suis dit : « Voilà qui sonne bien ! » »

    Posant pour Cézanne, le collectionneur-marchand s’endort et s’écroule de la plate-forme préparée par le peintre : « Malheureux ! Vous avez dérangé la pose ! On doit poser comme une pomme. Est-ce que ça remue, une pomme ? » Dans l’atelier de Rodin, à qui Vollard apporte une statuette de Maillol, Bourdelle est là, poussant de réguliers « Rodein ! Le grand Rodein ! » Voyant Rodin donner forme à une boule de glaise, quelqu’un lui demande : « Illustre ami, où puisez-vous toute cette vie qui palpite dans les moindres fragments de votre œuvre ? – Dans la vie elle-même… Je fais de la vie avec la vie ! »

  • Des photos au musée

    L’extension récente du Musée de la Photographie à Charleroi était un bon prétexte pour enfin découvrir ses collections. Cela vaut le déplacement. Au carrefour d’une avenue fort passante, derrière un bosquet de bouleaux, seules les briques rouges de la façade ancienne apparaissent dans une pluie d’orage, et une grande photo sur un pignon latéral.

    2191d950e3b71e381f171f07c4768fd8.jpg

    Première exposition, « l’abécédaire » noir et blanc d’Hugues de Wurstemberger : « De marques en mesures, de voyages en absences est venu le désir d’en faire un recueil, sorte d’abécédaire : l’arbre, le chat, le soleil et la mouche », peut-on lire près d’une photo de Pauline et Brigitte. Des instantanés évoquent la vie tranquille : deux pieds qui vont se poser sur l’eau, une racine sur une dalle abandonnée dans l’herbe, des chiens au bout de leur chaîne, des enfants, leur grand-mère. Moins familières, ses images ramenées d’Afrique, notamment du Sahara occidental. Sur la photo de quatre pilotes marocains capturés (dixit la légende), on les voit en train d’écrire à leur famille. Fragments de têtes, bras, mains, cigarettes, briquets, et les feuilles de papier noircies d’écritures diverses. Nous sommes en vie, écrivent-ils peut-être (c’est ce à quoi j’ai pensé).

    Par la galerie du cloître, qui a perdu son carrelage mais gardé les boiseries de sa voûte et, près d’une fenêtre, de beaux éviers creusés dans la pierre noire, on arrive aux collections du XIXe siècle. Les vitrines conservent de vieux appareils et instruments, des albums, des portraits richement encadrés, un livre de Darwin, L’expression des émotions chez l’homme et les animaux (1877), illustré de visages aux mimiques variées. Plus loin, un magnifique visage de fillette au regard plein de défi : The Anniversary, de Julia Margaret Cameron ; des portraits de jeunes femmes silencieuses en longues robes, d’allure préraphaélite, qui font penser aussi aux toiles de Fernand Khnopff, comme les Etudes de jeunes filles de Gustave Marissiaux.

    c46eb54d3c2e270d8d49bb2eab55b28b.jpg

    Une porte ouvre sur la nouvelle aile du musée, où les baies vitrées révèlent l’architecture contemporaine. Cap sur les XXe et XXIe siècles. Après la palette de gris qu’on appelle le noir et blanc, le monde retrouve ses couleurs. Un ballet de nuages au-dessus d’une route dans l’Arizona, de Stephen Share. Au centre d’un magnifique halo obscur, Lisa Kereszi a saisi une danseuse en rouge sur une scène : elle bouge dans la lumière du projecteur, et son ombre immense sur le mur du fond. Une grande vue de Séoul par Stéphane Couturier est rythmée par les perpendiculaires de grandes poutres métalliques. Une Haie de Manfred Jade nous fait plonger dans le feuillage, un rectangle saturé de verdure. Passer d’un univers à l’autre, sans transition, désarçonne un peu.

    A-t-on suivi ou perdu le sens du parcours ? Voici la section des photographes les plus connus et des moments historiques : visages du Ché, Mort de Martin Luther King, Mai 68, Prague, la jeune fille à la fleur face aux fusils manifestant contre la guerre au Vietnam (Marc Riboud), des portraits saisissants de Diane Arbus. Somptueuse neige de pétales sur une jeune fille et sur le sol sous un cerisier japonais, par Edouard Boubat. Que donnerait cette scène en couleurs - au lieu de tout ce blanc, du rose ? Pourquoi la perception en noir et blanc diffère-t-elle à ce point de la vision en couleurs ? Pourquoi les photographes contemporains se passent-ils encore souvent de ces dernières ? Est-ce pour les effets de lumière, les contrastes, ou pour effectuer leurs propres tirages ?

    1e5c35ce7be11dccdebea5b37a316ed9.jpg

    Plein de questions passionnantes accompagnent cette première visite au Musée de la Photographie où l’on se promet de retourner, pour mieux voir. Avant la sortie, encore un coup d’œil à l’exposition de Dave Anderson, Rough beauty, avec un puissant portrait de Ray Wilson. Sur les murs, des maximes : « Rester ici et faire avec », « Le monde n’a pas été fait pour nous devoir quelque chose. Il a été fait pour qu’on y fasse quelque chose. » J’ai souri à la rencontre d’un chat noir et d’un chat blanc.

  • Un soir au Louvre

    L’ouverture du Louvre en nocturne le mercredi jusqu’à vingt-deux heures permet d’y terminer une journée parisienne en beauté, avant de reprendre le dernier Thalys pour Bruxelles. Les visiteurs sont moins nombreux le soir, on peut se retrouver seul, dans les salles moins courues, en tête à tête avec Corot, Chardin ou Fragonard, par exemple.

    Mercredi dernier, on était loin de cette ambiance feutrée. C’était la grande foule. Dans les salles consacrées aux Ecoles du Nord, la reine Paola était présente à l’inauguration de l’exposition exceptionnelle de Jan Fabre, L’ange de la métamorphose, que le public peut découvrir jusqu’au 7 juillet dans l’aile Richelieu. Le site de France Culture en offre une excellente visite guidée (images et sons). 

    a670c76acf82f5ceec8a65db7335ef0e.jpg

    J’ignore si cela se produit fréquemment, mais tandis que je visitais l’exposition consacrée à Van Dyck graveur, l’art du portrait, le son d’un instrument qui s’accordait m’attira vers une salle voisine. Un jeune homme à la clarinette basse proposait avec une jeune accordéoniste, duo inattendu, une transposition du Voyage d’hiver de Schubert. Les musiciens s’étaient installés juste en dessous d’un magnifique paysage de neige, Environs de Honfleur, signé Monet. Pour les visiteurs qui choisirent de rester là pour les écouter, ce furent des instants magiques.

    Imaginez-les, assis sur les banquettes ovales au milieu de la salle dédiée aux peintures de la donation Hélène et Victor Lyon, enveloppés par la voix chaude et caressante de la clarinette basse, accompagnée par l’accordéon. Sous les yeux, quelques belles toiles impressionnistes – il en reste au Louvre : d’autres paysages de Monet, dont les Glaçons sur la Seine à Bougival,  des arbres en fleurs sur un Pissarro, Paysage à Pontoise, un chemin dans les bois de Sisley, des fleurs de Fantin-Latour

    Trois Renoir dont la délicieuse Lecture : une fille aux longs cheveux blonds retenus par un nœud blanc, les mains croisées sur un livre ouvert, se tient les yeux baissés sur le texte ; sa compagne, brune en robe rouge, absorbée elle aussi par la lecture, le menton appuyé sur la main gauche, a posé l’autre bras sur le dossier de la chaise, dans le dos de son amie. « Il y a une telle émotion dans Renoir, un mouvement parfait, une douceur… On peut toucher le bonheur rien qu’en voyant les nœuds dans les cheveux des petites filles. » répond le peintre du roman Escalier C d’Elvire Murail à un critique d’art qui s’étonne de voir un artiste contemporain s’intéresser à ce peintre qu’il juge trop sucré (Renucci campe ce personnage de manière formidable dans l’adaptation cinématographique de Tacchella).

    Et, dans le même temps, la musique de Schubert. Un cadeau du ciel.

    Ailleurs, des étudiants du Conservatoire jouaient sur divers instruments, seuls, en groupe. Plus loin, même, de jeunes danseurs aux pieds nus improvisaient sur une musique contemporaine interprétée par des cuivres. La plupart des visiteurs se détournaient des cimaises, ce type d’événement a aussi son revers.

    Cette soirée du 9 avril 2008 au Louvre représente pour moi bien des choses. Elle restera un moment très particulier, touché par la grâce. Je le dédie à une femme remarquable, un professeur de français exceptionnel, qui a révélé à des générations de rhétoriciennes les beautés de la littérature, de l’art, de la musique, et qui, lors de voyages à Paris, les a initiées aux charmes de la ville lumière et de ses musées.

  • De A à Y Alechinsky

    La belle rétrospective des Musées Royaux des Beaux-Arts fermera ses portes à Bruxelles à la fin de ce mois de mars 2008. Les comptes rendus élogieux n’ont pas manqué, aussi je m’en tiendrai aux impressions que j’en retiens, à la lisière de la littérature et de la peinture.

    Les liens d’Alechinsky avec le livre ne manquent pas. Illustrateur, graveur, calligraphe, tout ce qui touche à l’écriture touche à la peinture. En témoigne sur un mur, sa grande signature à l’endroit et à l’envers, coquetterie de gaucher contrarié qu’il n’hésita pas à démontrer à la reine Paola dans le livre d’or, lorsqu’il l’accueillit à l’exposition. 

    Parmi les premières œuvres présentées, une jamais vue Gymnastique matinale (1949) donne aux silhouettes en mouvement des allures d’hiéroglyphes. Autre découverte, de curieuses sculptures-livres, céramiques blanches pour la plupart, où son pinceau a tracé des titres espiègles (j’aurais dû les noter), des mots clins d’œil dont il a le secret. « En avant, y a pas d’avance ! » écrivait-il pour Daily-Bul en 1975.

    En bas du grand escalier qui mène à l’exposition, une toile formidable accueille le visiteur, La Mer Noire (1988-1990) : une nuit d’encre ponctuée du blanc des étoiles et de la lune, au-dessus de la mer. Autour de ce noir et blanc, du rouge, du bleu, du vert, c’est le jour et la nuit. Pour notre plus grand bonheur, le peintre joue à l’infini sur ce contraste entre les bordures – ses « remarques marginales » depuis le fameux Central Park - et ce qu’elles entourent. D’une œuvre à l’autre, j’ai vu tantôt des entrelacs de livres anciens, tantôt des tapis d’inspiration orientale, tantôt des annotations tracées en commentaire.

    Les bleus d’Alechinsky, superbes : c’est la mer, c’est l’encre, c’est le ciel, l’eau, la vie. Parfois le noir profond de l’encre de Chine évoque un paysage d’estampe japonaise, Ostende-Douvres : les vagues, la nuit étoilée, le panache d’un bateau à l’horizon. Vocabulaire I et Vocabulaire II, bleu et crème, conjuguent des motifs serpentins, plumes de gilles, éruptions, fumées, grilles rondes, escaliers, feuillages, en une joyeuse énumération. Si vous ne l’avez jamais vue, entrez un jour au Théâtre de la Place des Martyrs, une immense fresque d’Alechinsky l’habite merveilleusement.

    Variations sur le rectangle, variations sur le cercle, le peintre cadre et se rit du cadre, comme le montrent bien les anciennes affiches dans le couloir d’entrée, qu’on a plaisir à regarder et à lire et à revoir en sortant. La peinture d’Alechinsky, c’est une fête. De haut en bas (la fumée d’un volcan) et De bas en haut (la chute d’eau). Toutes les couleurs y dansent, l’humour aussi.