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Rechercher : octobre

  • Ma mère par Kafka

    kafka,journal,littérature allemande,1910,1911,écriture,culture juive,yiddish,littérature,culture,extrait du journal de kafka,mère« Ma mère travaille toute la journée, elle est gaie ou triste, comme cela se trouve, sans revendiquer le moindre égard pour sa propre situation ; sa voix est claire, trop bruyante pour la conversation ordinaire, mais bienfaisante quand on est triste et qu’on l’entend tout à coup au bout d’un certain temps. Voilà déjà assez longtemps que je me plains d’être toujours malade, mais sans jamais avoir de maladie déterminée qui me contraigne à me mettre au lit. Ce désir tient sûrement en grande partie à ce que je sais combien la présence de ma mère peut être consolante quand, sortant par exemple du salon bien éclairé, elle entre dans la pénombre de votre chambre de malade, ou bien quand elle rentre du magasin, le soir, à l’heure où commence le passage imperceptible du jour à la nuit et que, pleine de tracas et d’ordres rapides à donner, elle fait recommencer la journée déjà bien avancée et encourage le malade à l’aider dans cette tâche. Je souhaiterais que cela pût m’arriver encore, parce que je serais faible, tout ce que ferait ma mère me paraîtrait donc convaincant, et je pourrais goûter des joies enfantines tout en gardant la faculté de jouissance plus distincte de l’adulte. »

    Kafka, Journal (1910, 24 octobre)

  • Maman par Kafka

    kafka,journal,littérature allemande,1910,1911,écriture,culture juive,yiddish,littérature,culture,extrait du journal de kafka,mère« Hier, il m’est venu à l’esprit que si je n’ai pas toujours aimé ma mère comme elle le méritait et comme j’en étais capable, c’est uniquement parce que la langue allemande m’en a empêché. La mère juive n’est pas une « Mutter », cette façon de l’appeler la rend un peu ridicule (le mot Mutter ne l’est pas en soi puisque nous sommes en Allemagne) ; nous donnons à une femme juive le nom de mère allemande, mais nous oublions qu’il y a là une contradiction, et la contradiction s’enfonce d’autant plus profondément dans le sentiment. Pour les Juifs, le mot Mutter est particulièrement allemand, il contient à leur insu autant de froideur que de splendeur chrétiennes, c’est pourquoi la femme juive appelée Mutter n’est pas seulement ridicule, elle nous est aussi étrangère. Maman serait préférable, s’il était possible de ne pas imaginer Mutter derrière. Je crois que seuls les souvenirs du ghetto maintiennent encore la famille juive, car le mot Vater ne désigne pas non plus le père juif, à beaucoup près. »

    Kafka, Journal (1910, 24 octobre - suite)

  • Un verger

    Verger

     

    tsvetaïeva,marina,insomnie et autres poèmes,poésie,littérature russe,culture,blok,akhmatovaPour ce martyre,
    Pour ce délire ;
    À ma vieillesse
    Donne un verger.

    Pour ma vieillesse
    Et ses détresses,
    Pour mon labeur –
    Années voûtées,

    Chiennes d’années,
    Années-brûlures :
    Donne un verger...
    Et la fraîcheur

    De sa verdure
    À l’évadé :
    Sans – voisinage,
    Sans – nul visage !

    Sans – nul railleur !
    Sans – nul rôdeur !
    Sans – œil voleur !
    Sans – œil violeur

    Sur le qui-vive
    Sans puanteur !
    Sans bruit de cœur !
    Sans âme vive !

    tsvetaïeva,marina,insomnie et autres poèmes,poésie,littérature russe,culture,blok,akhmatova

     

    Dis : assez souffert – tiens, voilà!
       Prends ce verger – seul comme toi.
     (Mais surtout, Toi, n’y reste pas!)
         Prends ce verger – seul comme moi.

    De ce verger, fais-moi cadeau...
    – Ce verger ? Ou bien –  I’Ici-haut ?
         Fais-m’en cadeau en fin de route –
    Pour que mon âme soit absoute.

    (1er octobre 1934)

    Marina Tsvetaïeva, Insomnie et autres poèmes

  • Un toast

    eugen ruge,le metropol,roman,littérature allemande,urss,purges staliniennes,services secrets,hôtel metropol,histoire,staline,cultureMutatis mutandis…

    « Nous avons unifié l’Etat de telle manière que toute partie qui se sépare de l’entité socialiste, non seulement inflige des dommages à celle-ci mais ne peut exister seule, livrée à elle-même sans tomber un jour ou l’autre sous le joug étranger. Celui qui tente de détruire cette unité de l’Etat socialiste est un ennemi, celui qui s’efforce d’en séparer une partie ou une nationalité est un ennemi juré de l’Etat et du peuple de l’URSS. Et cet ennemi, fût-il un ancien bolchevik, nous l’éliminerons ainsi que ses parents et sa famille. Celui qui, par ses actions ou en pensée, oui, même en pensée, agit contre l’unité de l’Etat socialiste sera impitoyablement éliminé. A la destruction de tous les ennemis, jusqu’au dernier, à la destruction des ennemis et de leur parenté ! »

    Toast de Staline le 7 novembre 1937, pour le vingtième anniversaire de la révolution d’Octobre, lors du repas chez Vorochilov.

    Cité par Eugen Ruge dans Le Metropol.

  • Erratum

    Cela fait longtemps que je dois cette correction à JEA, qui partage sa rigoureuse érudition dans Mo(t)saïques. A propos du monument à Philippe Baucq dans le parc Josaphat de Schaerbeek, il a eu l’amabilité de m’instruire – je le cite : « Philippe Baucq a été arrêté par l'occupant le 31 juillet 1915. Motif : organisation d'un réseau d'évasion pour soldats anglais. Ce réseau débuta par Mons pour s'étendre au Nord de la France et retenir Bruxelles comme plaque-tournante. Il est resté célèbre sous le nom d'Edith Cavell. De nationalité anglaise, celle-ci dirigeait l'Ecole d'infirmières créée par le Dr Depage. Elle fut fusillée tout comme l'architecte Baucq. » 

    Philippe Baucq - monument du parc Josaphat.JPG

     

    Et de m’interroger : « Une question, si vous le permettez : le peloton d'exécution les cribla de balles le 15 octobre 1915. Or vous mentionnez 1918 comme année de décès. Il y aurait là un point d'histoire à éclaircir. » Je m’étais trompée, comme vous pouvez le vérifier sur la photo. Je voulais rephotographier la pierre de plus près, mais hélas, des barbouilleurs l’ont récemment maculée d’orange et de vert, ainsi que plusieurs sculptures du parc.

     

    Sans rapport avec ce qui précède – Camille et Gribouille se portent bien. Soigneusement brossés et placides, les deux ânes communaux de Schaerbeek se promenaient dimanche sur la grande pelouse du tir à l’arc. Visiblement, l’herbe « sucrée » (dixit le gardien) leur était savoureuse.