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Maman par Kafka

kafka,journal,littérature allemande,1910,1911,écriture,culture juive,yiddish,littérature,culture,extrait du journal de kafka,mère« Hier, il m’est venu à l’esprit que si je n’ai pas toujours aimé ma mère comme elle le méritait et comme j’en étais capable, c’est uniquement parce que la langue allemande m’en a empêché. La mère juive n’est pas une « Mutter », cette façon de l’appeler la rend un peu ridicule (le mot Mutter ne l’est pas en soi puisque nous sommes en Allemagne) ; nous donnons à une femme juive le nom de mère allemande, mais nous oublions qu’il y a là une contradiction, et la contradiction s’enfonce d’autant plus profondément dans le sentiment. Pour les Juifs, le mot Mutter est particulièrement allemand, il contient à leur insu autant de froideur que de splendeur chrétiennes, c’est pourquoi la femme juive appelée Mutter n’est pas seulement ridicule, elle nous est aussi étrangère. Maman serait préférable, s’il était possible de ne pas imaginer Mutter derrière. Je crois que seuls les souvenirs du ghetto maintiennent encore la famille juive, car le mot Vater ne désigne pas non plus le père juif, à beaucoup près. »

Kafka, Journal (1910, 24 octobre - suite)

Commentaires

  • J'aime bien le début de l'extrait; avec son humour…………..JE n'ai pas assez aimé a mère à cause du langage, ah ah!!
    Extra. Fin, intelligent!

  • je ne comprends pas comment la langue peut empêcher d'aimer comme il le faudrait, au cours de sa vie, j'ai appelé ma grand-mère périodiquement par des noms différents, en français et en néerlandais, mon amour pour elle a toujours été aussi fort :-)

  • C'est en effet une étrange explication, c'est intéressant en tout cas, comment un mot peut créer une distance, un peu comme le vouvoyement d'autrefois entre parents et enfants qui mettait une distance similaire...

  • La langue, une barrière à l'amour? Quelle étrange explication qui m'a fait sourire par sa légèreté.

  • Ah , la " jüdische Mamma " est un être à part dans l'imaginaire juif , la mère poule nourricière , toujours inquiète pour sa couvée , le mât de la tente familiale . Comme partout en Orient, elle est reine chez elle ...beaucoup moins à l'extérieur ...Il faut savoir que c'est à elle que revient la tâche d'allumer les deux bougies du Sabbat , chaque vendredi soir : à cause d'Eve, qui par sa faute a voilé la lumière du paradis. Il convient donc que ce soit la femme qui fasse à nouveau jaillir la lumière sur son foyer . Imaginer ce que reprèsente pour un enfant l'éloge de la femme que doit prononcer le père à la fin à la fin du rituel...

  • J'ai un avis semblable à celui d'Edmée à la lecture de cet extrait, qui en plus d el'humour a pour effet de faire réfléchir.

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