Verger
Pour ce martyre,
Pour ce délire ;
À ma vieillesse
Donne un verger.
Pour ma vieillesse
Et ses détresses,
Pour mon labeur –
Années voûtées,
Chiennes d’années,
Années-brûlures :
Donne un verger...
Et la fraîcheur
De sa verdure
À l’évadé :
Sans – voisinage,
Sans – nul visage !
Sans – nul railleur !
Sans – nul rôdeur !
Sans – œil voleur !
Sans – œil violeur
Sur le qui-vive
Sans puanteur !
Sans bruit de cœur !
Sans âme vive !
Dis : assez souffert – tiens, voilà!
Prends ce verger – seul comme toi.
(Mais surtout, Toi, n’y reste pas!)
Prends ce verger – seul comme moi.
De ce verger, fais-moi cadeau...
– Ce verger ? Ou bien – I’Ici-haut ?
Fais-m’en cadeau en fin de route –
Pour que mon âme soit absoute.
(1er octobre 1934)
Marina Tsvetaïeva, Insomnie et autres poèmes
Commentaires
Promenade dans les vergers du ciel (l'ici Haut) ET ces mots me font souvenance d'un livre de Christian Charrière. Ombres. Qui, parfois nous accompagnent.
Un auteur que je ne connais pas. Bonne après-midi, Anne.
Quelle force ! J'ai l'impression de l'entendre.
C'est bien - merci, Marie.
Magnifique poème, merci Tania.
Bonne journée
A toi aussi, Denise, à bientôt.
Oui, superbe, Merci Tania !
Je le fais lire au jardinier de la maison si fier de son verger !
Un verger est un trésor. Bonne journée, Claudie.
Magnifique poème. "Un verger" à la fois comme comme "salaire" d'une existence difficile, et comme signe de pardon.
Merci Tania, une belle découverte !
Avec plaisir, Fifi, bonne fin de semaine.
Joli et sonore, le beau cadeau d'un verger ! Merci.
Fruits et verdure me ramènent à Goffette dont je lis "Pain perdu". Il y est plus amer que précédemment, je trouve.
Je ne l'ai pas lu. Dans Le Carnet et les Instants, un article présente ce recueil composé après avoir souffert d'un A.V.C. (je l'ignorais).