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médias

  • Jour 15

    mercy,mary,patty,lola lafon,roman,littérature française,patricia hearst,enquête,recherches,médias,défense,analyse,féminisme,société,rébellion,etats-unis,culture« Etes-vous lassée d’une expérience qui tourne à votre désavantage, ces débats où Violaine ne cesse d’égratigner vos tentatives de prouver le lavage de cerveau de Patricia Hearst. Etes-vous épuisée, vos cours un jour sur deux et l’écriture du rapport, êtes-vous préoccupée par la peine de prison qui attend Patricia si la défense se révèle impuissante à la disculper ou anxieuse de voir votre réputation écornée, vous qui jusque-là avez eu un parcours de rêve, le procès promet d’être extrêmement médiatique, votre échec sera public, Neveva Gene n’a pas été foutue d’écrire trois lignes pour sauver Hearst. Ce matin-là, vous accueillez Violaine et lui ouvrez grande la porte de votre chambre en désignant, soigneusement étalées sur le tapis, une mosaïque de Patricias. Dix tableaux, ces couvertures de magazine de Newsweek et de Time. Dix tentatives pour former un portrait cohérent. L’une après l’autre, l’une, brouillon de l’autre, l’autre effaçant l’une. »

    Lola Lafon, Mercy, Mary, Patty

  • Kidnappées rebelles

    Dans Mercy, Mary, Patty, Lola Lafon a choisi, comme elle excelle à le faire d’un livre à l’autre, un point de vue original pour revenir sur l’histoire de Patricia Hearst, la petite-fille d’un magnat de la presse américaine enlevée en 1974 et passée du côté des révolutionnaires qui l’avaient enlevée. Son titre est calqué sur Mercy Mary Patty, celui de l’essai de Gene Geneva, une prof américaine engagée par l’avocat de la défense au procès de Patricia Hearst ; elle y reliait le cas de « Patty » à ceux de deux autres jeunes filles disparues : Mercy Short en 1690 et Mary Jemison en 1755, qui comme elle s’étaient rebellées contre leur propre camp.

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    Patricia Hearst (Photos de presse)

    Gene Neveva (personnage fictif malgré les apparences) est le « vous » auquel s’adresse la narratrice dès la première phrase : « Vous écrivez les jeunes filles qui disparaissent. » Professeure d’université, Neveva a enseigné deux ans en France dans les Landes (« Modes de vie et culture américaine » au Collège des Dunes). En octobre 1975, elle avait mis une annonce dans deux boulangeries : elle cherchait une « étudiante très bon niveau d’anglais oral et écrit, job temps plein d’une durée de quinze jours. Adultes s’abstenir. »

    Un carton plein de coupures de presse à lire, de minicassettes à écouter, dans l’ordre chronologique, pour en faire une synthèse, voilà la tâche de la candidate sélectionnée, bien qu’elle ne sache rien de l’affaire Hearst. « Quinze jours pour trancher, qui est la vraie Patricia, une marxiste terroriste, une étudiante paumée, une authentique révolutionnaire, une pauvre petite fille riche, héritière à la dérive, … » Violette, dix-huit ans, ira travailler tous les jours chez Gene Neveva, accueillie par son chien Lenny, ou plutôt Violaine, prénom improvisé par Violette après une remarque sur son prénom qui ne lui va pas tellement.

    Chaque jour, Violaine découvre l’histoire de Patricia, enlevée à dix-neuf ans, de sa famille, de ses ravisseurs de la SLA (« Armée symbionaise de libération »). Elle prend des notes sur son travail et aussi, pour elle-même, sur Gene Neveva, sur ces journées peu ordinaires à parler anglais avec une Américaine excentrique qui ne cesse de remettre en question les réponses et réactions de son assistante, pour l’inciter à réfléchir. Auprès de Gene Neveva, Violaine qu’au lycée on surnomme « la Vierge » respire un autre air. Quand elle rentre chez ses parents, leur conformisme la frappe davantage. Eux trouvent leur fille sérieuse, peut-être pas assez décontractée, ils l’enverront dans une école de secrétariat bilingue.

    En plus de rendre compte de leurs travaux et discussions, la narratrice s’interroge aussi sur la relation entre les deux femmes : « L’avez-vous vraiment rencontrée, votre assistante, ou l’avez-vous parcourue et estimée en un clin d’œil tandis que vous dissertiez sur la liberté des femmes ? Bien sûr, en 1975, vous étiez l’adulte, sa supérieure à qui elle ne confiait pas grand-chose. J’ai pour moi l’avantage de ses notes qu’elle m’a confiées et le recul des années passées. »

    Curieuse de lire le rapport final, introuvable, de Gene Neveva, et de comprendre les tenants et aboutissants de l’affaire Hearst, la narratrice finit par reprendre des études au Smith College (Northampton, Massachussets), pour suivre les cours de celle qui défend les jeunes filles « chavirées » et la rencontrer. « Il fallait une forme polyphonique où aucune voix ne prendrait le dessus » dit Lola Lafon dans L’Obs. Elle l’a trouvée dans Mercy, Mary, Patty pour raconter, analyser les regards et les discours sur ces kidnappées rebelles et leur liberté.

  • Un tour sur la tour

    Tour RTBF verticale.jpg

     

     

    La tour Reyers, généralement interdite au public, accueille de temps à autre des visiteurs, chanceux ou malchanceux avec la météo (vidéo 2013).

    Stromae n’y a vu que dalle mais aimerait bien y avoir un appartement (vidéo 2013), certains y ont sauté à l’élastique (vidéo 1994). La nuit, la tour est joliment éclairée depuis décembre 2006.

  • La tour de la RTBF

    Un désistement m’a finalement permis de participer à la visite de la Tour de la RTBF organisée par PatriS, dans le cadre des Estivales 2015 à Schaerbeek. Le jeudi 13 août à midi trente, Cécile Dubois attendait à l’entrée du site au bout de l’avenue Colonel Bourg un premier groupe de quinze personnes (vu le succès des inscriptions et le nombre limité de visiteurs, le suivant était attendu une heure plus tard). 

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    A droite, les bâtiments actuels de la RTBF et de la VRT

    Qu’on sorte de l’autoroute E40 ou du tunnel Montgomery pour emprunter le boulevard Reyers vers la place Meiser, célèbre pour ses embouteillages, cette tour est une espèce de phare au-dessus d’un quartier qui a connu bien des transformations et va en connaître de nouvelles avec la démolition du viaduc Reyers et la construction de la nouvelle « cité des médias ». 

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    Il y a un siècle, ce site était occupé par le Tir national, qu’une grande plaine séparait du boulevard. La guide nous a montré des photographies de ce bâtiment en style néo-médiéval : sur l’une d’entre elles, on voit des moutons brouter paisiblement à l’avant. Les militaires venaient s’y entraîner au tir et s’exerçaient à l’arrière aussi, sur un terrain vallonné. Les civils y avaient accès. 

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    Source : http://www.delcampe.net/page/item/id,11386374,var,Guerre-40-45-fascicule-historique-31-pages-sur-le-TIR-NATIONAL-a-Schaerbeek,language,F.html

    Durant les deux guerres mondiales, le Tir national a été réquisitionné par l’armée allemande. Parmi les personnes exécutées ici pendant la grande guerre, on peut citer Philippe Baucq, architecte résistant à qui un monument est dédié au parc Josaphat, deux héroïnes infirmières, Gabrielle Petit et Edith Cavell (arrêtée il y a juste cent ans, en août 1915). Durant la seconde guerre, 261 personnes ont été exécutées sur le site – je vous en reparlerai sans doute un jour, quand je visiterai l’Enclos des fusillés tout près d’ici. 

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    Dans les années 1960, le Tir National est démoli et le terrain cédé à la Télévision belge qui se sent à l’étroit à Flagey. Les nouveaux bâtiments de la RTBF et de la VRT (la scission linguistique a lieu en 1977) sont construits en plusieurs phases, de 1964 à 1981, sur un site de 21 hectares. De grands studios projetés plus près du boulevard n’ont jamais été réalisés et ces terrains ont été revendus, à présent occupés par des immeubles de bureaux. 

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    La construction de la tour Reyers, inaugurée en 1981, est une véritable prouesse technique. Cette tour de béton armé de 89 m de haut a été dessinée par l’architecte Roger Bastin. Elle ne pouvait monter plus haut vu la proximité de l’aéroport national. Sur le fût de 70 m édifié par coffrage grimpant sur un socle de 9 mètres de profondeur, on a soulevé en quatre jours par câbles une superstructure de 4000 tonnes ! La Sonuma diffuse un film d’archives sur cet événement. 

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    On peut monter dans la tour Reyers par un escalier de 460 marches, mais nous avons préféré l’ascenseur qui mène au vingt-quatrième étage, le dernier se monte à pied. Un responsable de la sécurité nous a rappelé les consignes : regarder où l’on met les pieds sur la plate-forme (34 m de diamètre) et ne pas rester planté devant une antenne. La tour ne propage pas d’ondes radio, elle sert uniquement d’émetteur par faisceaux hertziens vers les relais de Wavre et de Hannut. Le passage au numérique a changé la donne. 

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    http://www.adt-ato.brussels/fr/zones-strat%C3%A9giques/reyers

    Avant l’ascension, Cécile Dubois nous a présenté le schéma du futur pour cette « zone stratégique » en région bruxelloise : d’ici 2028-2030, le nouveau quartier comprendra du logement (55 %), des commerces (10 %), le nouveau « Media-park » (30 %, la VRT et la RTBF y auront de nouveaux bâtiments) et un parc qui pourrait porter le nom d’Edith Cavell. Le site sera beaucoup plus accessible au public qu’aujourd’hui et certains rêvent d’utiliser alors la tour pour une activité touristique ou même un restaurant. 

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    Derrière les bâtiments de la télévision, un espace vert de 8 ha - le futur parc

    De là-haut, le panorama est à couper le souffle : c’est très impressionnant. Il faut tout un temps pour s’habituer à regarder Bruxelles à cette échelle-là. On distingue beaucoup mieux la distribution des espaces verts dans la ville. L’œil va du plus proche – la place Meiser si paisible vue d’ici, le viaduc Reyers à moitié emmailloté pour les travaux de désamiantage – au plus lointain : Palais de Justice, Atomium, Cinquantenaire, Altitude 100, etc. 

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    En bas, la place Meiser ; en face, l'avenue Cambier vers le parc Josaphat au bout duquel émerge le Brusilia

    Nous avons eu de la chance pour profiter de cette vue à 360° : ni pluie ni vent, juste une brume de chaleur (ou de pollution ?). J’aurais volontiers passé plus d’une heure là-haut. Aussi suis-je déjà partante pour une nouvelle visite de la tour Reyers (elle-même divisée entre la RTBF et la VRT, l’imaginiez-vous ? A la sortie de l’ascenseur, deux portes se font face sur le palier, vers l’une et vers l’autre).

  • Une femme sur deux

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    « Le monde tel que le reflètent les médias
    est donc un monde où une femme sur deux
    est gommée. »

    http://www.ajp.be/gmmp-synthese2010/

     

    Illustration : un « index d’égalité des genres » (Conseil de l’Europe)http://www.coe.int/t/dghl/standardsetting/equality/default_FR.asp

    L’interface en ligne à consulter sur
    http://eige.europa.eu/gender-statistics/gender-equality-index

    P.-S. sur une question d'actualité
    http://www.lalibre.be/debats/opinions/les-prostituees-ne-sont-pas-libres-55ca17ba35708aa4377c20fd