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  • Le nouvel agenda

    Une nouvelle année commence demain et une chose est sûre : 2016 sera une année bissextile. Pour le reste, nous formulons des vœux, des plus traditionnels aux plus personnels, pour le monde, pour les autres, pour nous-même. Espérons-nous qu’ils se réalisent ? Oui, même si l’avenir nous échappe. C’est une jolie façon de se faire signe : choisir une image, des mots, pour certains sur papier, pour d’autres sur écran, en envoyer, en recevoir. Disposer les cartes reçues bien en vue dans le séjour, où elles resteront jusqu’au 31 janvier.

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    Depuis l’enfance, mon rituel préféré pour passer d’une année à l’autre est affaire de papier et d’écriture. Mon grand-père maternel aimait distribuer des agendas à ses petits-enfants, cela me plaisait d’y inscrire mon nom, mon adresse. Le nouvel agenda, c’était et cela reste, année après année, un « nouveau début ».

    Depuis, il y en a eu de toutes sortes, souvent noirs ou bleu foncé. Certaines couvertures ont duré des années, d’autres une seule. Un jour, à ma grande surprise, j’ai entendu dire que « en » se prononce « ein » dans « agenda », comme dans « Stendhal », [aʒɛ̃da] et non [aʒɛnda], il n’est jamais trop tard pour apprendre. Notez que je viens à peine de lire d’où vient le nom de plume d’Henri Beyle, de quoi autoriser d’autres prononciations. Merci au site Armance (René Servoise, Préface de Stendhal et l'Europe, § 3) renseigné par Etudes littéraires.

    Ma préférence, pour le « petit livret destiné à noter les choses qu'on doit faire » (Littré), va depuis des années au modèle où, pliée en accordéon, l’année décline chacun de ses douze mois sur une double page, avec une ligne par jour. Pratique, visuel, peu encombrant. En début d’année, moi qui ne souffre pourtant pas de syllogomanie, hop, je glisse l’accordéon de l’année écoulée dans le tiroir de mon bureau – cela m’a déjà servi à retrouver un événement, une note.

    En 2016, pas d’accordéon, mais une double page par mois tout de même et douze onglets de janvier à décembre. C’est son joli rouge qui m’a fait mettre la main sur cet agenda différent, tout vierge encore, où je vais bientôt noter (même s’ils sont déjà dans mon téléphone) les rendez-vous pris, les expositions à voir, les « à ne pas oublier ». Et vous, avez-vous déjà votre agenda pour l’an neuf ?

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    Bonne & heureuse année 2016 !

  • En te traduisant

    « En te traduisant, j’ai appris à écrire, à trouver ma langue. Car la phrase lamposienne, c’était quelque chose ! Longue, sinueuse, chantournée, rythmée d’incidentes, parfois paresseuse et s’en excusant, prompte à se commenter elle-même et se prendre pour objet de raillerie. Une phrase de conteur qui, somme toute, te ressemblait, proprement impossible à traduire et difficile à transposer. Jamais je n’ai autant senti les limites du français qu’en essayant de donner à tes textes un écho à peine satisfaisant. Il m’en est resté cette modestie têtue des traducteurs, cette détestation de la prétention si commune aux gens de lettres, sans cesse tentés de jouer les démiurges. On sert toujours un imaginaire, fût-ce le sien propre. Cela demande humilité. Cette humilité, tu me l’as apprise. »

     

    Xavier Hanotte, Ce cher Hubert (Hubert Lampo) in Le Carnet et les Instants,
    n° 163, Bruxelles, octobre 2010.

     

     

     

  • Le Carnet des Lettres belges

    C’est un plaisir de le recevoir tous les deux mois dans sa boîte aux lettres, de retrouver son format presque carré, sa typographie soignée, son beau papier, son élégant noir et blanc y compris pour ses nombreuses illustrations – à ne pas manquer
    si l’on s’intéresse à l’actualité littéraire dans notre pays. Le Carnet et les Instants, sous-titré Lettres belges de langue française, revêt pour son numéro 163 (octobre 2010) une nouvelle maquette présentée par Michel Lambert, rédacteur en chef : « Tout change, tout demeure », le titre convient bien à cette formule rajeunie mais fidèle à son objectif. Edité par Jean-Luc Outers pour la Promotion des lettres (Ministère de la Communauté française), Le Carnet offre en une centaine de pages, sur abonnement (gratuit), un magazine consacré aux écrivains belges et l’agenda des rencontres et spectacles qui leur sont consacrés, tant à Bruxelles qu’en Wallonie, voire à Paris (Centre Wallonie-Bruxelles en face du Centre Pompidou).

     

    Le Carnet et les Instants n° 163.JPG

     

    Le numéro de ce mois propose un dossier sur l’humour signé Paul Aron. « Aucune histoire de la littérature belge ne comporte un chapitre sur le rire ou sur les humoristes, et cela surprend quand on se souvient du rôle fondateur joué par La légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs de Charles de Coster. » Et d'explorer l'humour de potache des revues étudiantes, les satires – quel Bruxellois ne s’est jamais esclaffé en assistant au Mariage de Mlle Beulemans (Wicheler et Fonson), un vaudeville bon enfant où l’on voit un Parisien s’adapter à la vie et au langage bruxellois – ou, plus proche, l’ironie d’un Jean-Philippe Toussaint dans La salle de bain.

     

    Autre portrait, celui du romancier Jean-Baptiste Baronian, bien connu aussi pour ses essais sur le fantastique belge. Francine Ghysen détaille le parcours de ce « fou de livres », bibliophile et mélomane. Rony Demaeseneer s’est rendu chez Pierre Mertens pour la rubrique « Bibliothèque d’écrivain », l’occasion d’un entretien à propos de ses lectures, parmi lesquelles celle de Kafka fut décisive.  « Les livres sont en mouvement » dans la maison de Mertens qui déborde de livres, documents, journaux, fiches, dossiers, dans toutes les pièces y compris à la cave. Sa bibliothèque comporte même des extensions « chez des amies » !

     

    On découvre aussi dans ce Carnet n° 163 le parcours littéraire et éditorial d’Armel Job, mais c’est sans nul doute le portrait d’Hubert Lampo par Xavier Hanotte qui m’a le plus touchée dans cette partie du magazine. L’auteur de Derrière la colline, entre autres, n’a pas accompagné au cimetière, en juin 2006, celui qui fut pour lui « un ami autant qu’un maître en littérature ». Il lui écrit ici une lettre, biographie, « exercice d’admiration », témoignage, remerciement, un très bel hommage à l’écrivain flamand du « réalisme magique ».

     

    Quant à Karel Logist, il a rencontré Pascale Fonteneau, Nadine Monfils, Barbara Abel, trois romancières « de génération, de style et de caractère différents » – « Le noir leur va si bien… » – pour leur demander comment elles voient le monde, comment elles se rencontrent, comment elles tuent, comment elles lisent, comment elles démarrent, gagnent leur vie, trouvent leurs sujets, comment elles se situent, comment elles jouent avec le cinéma, comment elles regardent la télé, comment elles voient la nature humaine – ouf ! Côté théâtre, un article de Geneviève Damas aborde la
    création collective « ou comment tordre le cou à la toute-puissance du texte théâtral », tout un programme, que le travail fameux du Groupov avec Jacques Delcuvellerie illustre à merveille.

     

    Passé l’agenda copieux, une vingtaine de pages, et la liste des publications,
    nouveautés et rééditions, une autre vingtaine de pages, viennent les critiques de parutions récentes, consacrées ce mois-ci à Vincent Engel, Geneviève Bergé, Xavier Deutsch, Ariane Le Fort, Hubert Nyssen, Anne Richter, pour n’en citer que quelques-uns.
    Le Carnet et les Instants n’est pas qu’une vitrine, c’est un magazine littéraire –  de promotion sans doute, c’est son rôle – qui alimente copieusement le buffet des lecteurs, spectateurs et autres amoureux de la littérature. De bon aloi, la revue des Lettres belges de langue française a sa place dans toutes les bibliothèques, où elle constitue une ressource de premier choix. J’apprécie sa façon de lire, faire découvrir et servir les écrivains belges d’hier et d’aujourd’hui, qu’elle en soit ici remerciée par une de ses fidèles lectrices.