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culture - Page 377

  • Japonaises à marier

    Julie Otsuka a gagné bien des lecteurs avec Certaines n’avaient jamais vu la mer (The Buddha in the Attic, 2011, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Carine Chichereau). C’est son deuxième roman, « une œuvre de fiction » émouvante où, précise un avertissement, toute ressemblance avec des faits réels « ne serait que pure coïncidence ». 

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    “Clifford Harper illustration of woman working in a field” © Clifford Harper/agraphia.co.uk (The Guardian)

    Dès qu’on entre dans l’histoire de ces jeunes Japonaises sur un bateau, juste après la première guerre mondiale, en train d’imaginer leur vie d’épouse auprès d’Américains choisis sur la foi d’une simple photographie et d’une promesse de vie meilleure aux Etats-Unis, on se demande quelle réalité historique l’a inspirée – et si Julie Otsuka, née en 1962, évoque là un passé familial. Réponses dans cette vidéo : ce sont les témoignages reçus à la publication de son premier roman, Quand l’empereur était un dieu, qui lui ont donné l’idée de raconter cette histoire connue de toutes les familles américano-japonaises mais souvent ignorée, même des Américains.

    Julie Otsuka énumère, juxtapose, raconte la première nuit : «  Cette nuit-là, nos nouveaux maris nous ont prises à la hâte. Ils nous ont prises dans le calme. Avec douceur et fermeté, sans dire un mot. Persuadés que nous étions vierges, comme l’avait promis la marieuse, ils nous ont traitées avec les plus grands égards. Dis-moi si ça fait mal. Ils nous ont prises par terre, sur le sol nu du Minute Hotel. En ville, dans les chambres de second ordre du Kumamoto Inn. Dans les meilleurs hôtels de San Francisco où un homme jaune était autorisé à pénétrer à l’époque. » Et cætera.

    Les unes ont plus de chance que les autres, mais toutes se retrouvent mariées à des hommes qui ont surtout besoin d’une bonne travailleuse à leur côté, dans les champs, les vergers. Le premier mot qu’ils apprennent à leur épouse, c’est « water », un mot pour tenir le coup, qui peut sauver la vie. Les conditions de vie sont misérables, et les maris admirent leurs dos robustes, leurs mains agiles, leur endurance, leur discipline, leurs dispositions dociles. 

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    D’un chapitre à l’autre, le temps passe. Certaines vont travailler à la ville, dans les lavoirs, les blanchisseries, les hôtels. Ou comme domestiques chez des femmes riches qui leur enseignent plein de choses utiles pour tenir une maison – ou un homme – « Nous les aimions. Nous les haïssions. Nous voulions être elles. Si grandes, si belles, si blanches. Leurs longs membres gracieux. Leurs dents éclatantes. »

    Certaines déçoivent ou ne tiennent pas le coup. A nouveau, un jour, elles rêvent de partir ailleurs. « Mais en attendant nous resterions en Amérique un peu plus longtemps à travailler pour eux, car sans nous que feraient-ils ? Qui ramasserait les fraises dans leurs champs ? Qui laverait leurs carottes ? Qui récurerait leurs toilettes ? Qui raccommoderait leurs vêtements ? » Puis ce sont les premières naissances, les enfants à élever.

    Comme si tout cela comptait pour rien, un jour, des rumeurs enflent, qui font de tous les Japonais en Amérique des « traîtres ». Les épouses écoutent les nouvelles de la guerre à la radio et s’inquiètent. On parle de listes de noms en circulation, d’hommes envoyés au loin, d’expulsions. Continuer à vivre comme avant ? C’est de plus en plus difficile. Quelque chose va leur arriver, qui risque d’anéantir tout ce qu’elles ont réussi à construire. 

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    « Préquelle » de son premier roman, comme disent les Canadiens francophones, Certaines n’avaient jamais vu la mer se termine là où l’autre commençait. Rythmé grâce à « la voix du nous », ce récit fait entendre le chœur de femmes pauvres et courageuses. Il a remporté les prix Pen Faulkner Award et Femina étranger en 2012. A une époque où l’immigration suscite tant de commentaires, Julie Otsuka rend hommage avec respect et empathie à ces jeunes femmes venues offrir sur une terre étrangère leur force de travail et d’abnégation.

  • Enigme

    Faces Then Van Cleve Autoportrait.jpg 

    « L’Autre reste une énigme. Son visage est à la fois comment il se présente à nos sens, mais c’est aussi un masque cachant un être à jamais inaccessible et irréductible à son portrait. »

    Guy Duplat et Jean-Marc Bodson, « L’Autre ou l’énigme du portrait » (La Libre Belgique, 9/2/2015)

    Faces then, Bozar, Bruxelles, jusqu'au 17/5/2015

    Joos van Cleve, Autoportrait, c.1519, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Portraits du XVIe

    Faces then, Faces now : ces deux expositions sont présentées en parallèle au Palais des Beaux-Arts (Bozar) jusqu’en mai prochain. Seul point commun, le genre : d’un côté des portraits de la Renaissance aux Pays-Bas, une cinquantaine d’œuvres, de l’autre des portraits photographiques européens depuis 1990 (que j’irai voir plus tard).  

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    Quentin Metsys, Portrait d'un Homme avec un rosaire, c. 1515-1520 Huile sur bois Collection particulière

    Au XVe siècle,  le portrait se développe en tant que genre autonome en Europe, mais c’est au XVIe qu’il devient vraiment populaire aux Pays-Bas, où de nombreux bourgeois commandent le leur. L’exposition montre comment, sur un siècle, ce genre s’est diversifié. Les deux premiers portraits présentent un même type de cadrage, un cadre dans le cadre, comme pour cet homme avec un rosaire dans les mains de Quentin Metsys, entre deux colonnettes sous un fronton. Un air austère, un regard perdu au loin, des mains blanches égrenant un rosaire corail.

    Le buste, les mains, le regard, la ressemblance, voilà ce que les peintres privilégient. Le Portrait d’un homme vu de profil, au centre de la première salle, tranche avec les autres : sur fond clair, un visage âgé au nez tombant, la lippe en avant, esquisse un sourire ironique. Quentin Metsys rend avec finesse les détails de la peau et aussi le vison du grand col d’où émerge cette figure originale. 

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    Catharina van Hemessen, Portrait de dame

    Les peintres des Pays-Bas cherchent alors une synthèse entre réalisme et idéalisation, ils soignent les détails du costume, des accessoires, des bijoux – presque tous les hommes portent des bagues, et les femmes des coiffes blanches. Joos van Cleve, dont on expose plus loin un bel autoportrait, a peint un couple séparément, avec une grande précision, l’homme et la femme dans leurs plus beaux atours.

    Très vivant, un Portrait de dame par Catharina van Hemessen (ci-dessus) rend hommage à son élégance. Ici, ce ne sont plus des mains tenant un chapelet ou un livre de prières, mais une main droite poussant une bague sur la main gauche. Le mouvement des bras, le regard révèlent davantage la personnalité. 

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    Double affiche Faces Then / Faces Now

    Beaucoup de portraits anonymes, on n’en connaît ni le peintre ni le modèle, c’est le cas pour ce jeune homme à la fraise choisi pour l’affiche. Le noir est la couleur la plus fréquente pour les vêtements, presque toujours éclairés par du linge blanc. Un homme à l’air affable, peint par Jan Sanders van Hemessen (père de Catharina), porte sous sa veste noire un haut de couleur rouge du plus bel effet.

    D’Ambrosius Benson, le portrait d’Anne Stafford révèle un caractère très marqué, des habits luxueux : manches de fourrure, manchettes rouges se terminant par un bord blanc plissé ; celui d’un homme tenant une bague entre les doigts, qui en portent déjà plusieurs, avec de jolis boutons fleuris à sa veste. Anonyme, un autre beau portrait d’homme tenant un œillet, sur un rare fond doré. 

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    Ambrosius Benson, Portrait d'un homme, c.1530, huile sur panneau, Collection particulière

    Le magnifique Portrait d’un homme barbu au béret noir du même Benson, un Brugeois, laisse voir un décor à l’arrière-plan : derrière lui, une armoire, un volet en bois, et par la fenêtre sur le côté, des fleurs, des arbres, une colline, une église. De la main gauche, il touche son béret, la droite tient des gants ; il porte un rubis au petit doigt.

    J’ai aimé la simplicité du Portrait d’une vieille femme par Maarten van Heemskerck, en noir sous une coiffe blanche : son visage est très expressif et ce portrait a quelque chose de très naturel, par l’attitude sans doute, et l’ombre sur le mur. Plus loin, on verra son très intéressant portrait du savant Gemma Frisius 

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    Marteen van Heemskerck, Portrait d'une femme âgée, c.1530, Huile sur bois, Collection particulière

    Vers le milieu du siècle se manifeste davantage le désir des commanditaires de montrer non seulement leur visage mais aussi leur condition sociale. Après deux autoportraits de peintres à leur chevalet (Anthonis Mor, Isaac Claesz van Swanenburg), on découvre deux impressionnants portraits à l’huile signés Pieter Pourbus : Jan van Eyewerve et Jaquemyne Buuck posent dans un intérieur cossu, les deux œuvres sont symétriques. Le peintre a écrit leur âge, 29 et 19 ans, en haut du tableau, où figurent aussi leur blason, des angelots (qui, quoique censés ne pas avoir de sexe, me fait remarquer un sympathique gardien, ont l’un, un visage de garçon, l’autre de fille) – toute une mise en scène.

    Avez-vous bien regardé les chiens ? me demande-t-il (après m’avoir signalé gentiment que c’est moi qui déclenche une alarme quand je m’approche trop de l’étiquette près du tableau pour la lire). Le plus craquant, c’est celui de la corpulente Vieille femme avec son chien de Frans Floris de Vriendt. 

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    Frans Floris de Vriendt, Portrait d'une vieille dame, 1558, huile sur bois, Musée des Beaux-Arts de Caen

    Ne manquez pas, dans une alcôve tout au bout du parcours (il faudra rebrousser chemin, bien que des portes vitrées donnent là sur l’autre exposition), le tout petit portrait (anonyme) d’une enfant de trois ans tenant un oiseau sur son poing, c’est charmant.

  • Márai le bourgeois

    Les confessions d’un bourgeois (Egy polgár vallomásai, 1934, traduit du hongrois par Georges Kassai et Zéno Bianu, 1993) permettent, en près de six cents pages, de découvrir le parcours personnel, jusque dans la trentaine, d’un écrivain qui ressemble fort à Sándor Márai, le grand romancier hongrois (Les braises, Métamorphoses d’un mariage, Le premier amour, La sœur).

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    C’est un roman qui paraît très autobiographique, le récit d’une éducation, d’un apprentissage, d’une quête. Un aller-retour Hongrie-Europe-Hongrie. Sándor Márai (né en 1900), ou son héros, raconte les lieux, les modes de vie, les expériences qui l’ont marqué, les choix qu’il a faits par rapport à son milieu familial – les ruptures qui l’ont mené à devenir écrivain.

    Il décrit sa ville natale sans la nommer (Kassa/Košice) et l’immeuble où il a grandi, dans un appartement donnant sur la grand-rue, où vivent aussi des Juifs – il parle souvent d’eux, distinguant les familles pauvres, pieuses, chaleureuses, des parvenus, ou notant les attitudes antisémites. Ils partagent le premier étage avec « la banque » dirigée par un oncle, tandis qu’au rez-de-chaussée, on tolère plus qu’on n’apprécie un café qui s’anime le soir, foyer d’alcooliques et de prostituées.

    Sa famille, très attachée à la patrie et au catholicisme, des Saxons d’origine, au service des Habsbourg, a des ancêtres qui ont pris parti pour l’indépendance de la Hongrie dès 1848 et « magyarisé » leur patronyme allemand. Si leur appartement offre des réceptions très soignées, les chambres des enfants « tenaient souvent du cagibi ».

    Son père, fier d’appartenir à la bourgeoisie, tenait à ce que le moindre de ses gestes soit empreint de dignité – un modèle d’élégance et de distinction. Les bibliothèques du séjour s’enrichissaient régulièrement des dernières parutions, de périodiques, qu’un « petit homme voûté » proposait à domicile : « nous l’attendions le cœur battant, puisqu’il apportait au fin fond de notre province la Littérature et la Culture. »

    Observant la vie dans l’immeuble et dans la rue, l’enfant apprend à voir le dessous des choses, les différences de classe, les sentiments réels derrière les convenances. Très vite, il se sent différent, et lorsqu’il se tourne le journalisme, il sait qu’il est « un homme perdu » pour la société bourgeoise, quelqu’un qu’on salue mais qu’on n’invite jamais.  

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    L’été, on le passe dans les villas construites près des forêts de Bankó et du Hradova, en famille. C’est l’occasion de constats sévères : « La plupart des mariages sont des mésalliances. »– « La famille apparaît toujours comme l’un des théâtres de la lutte des classes. » Les siens avaient honte des métiers manuels exercés par le grand-père de sa mère, meunier, et par son père menuisier, même si celui-ci avait terminé sa carrière en « industriel ».

    Le portrait de ce grand-père, mort avant sa naissance, était accroché dans la chambre du narrateur, il constate entre eux « une étonnante ressemblance ». S’il parle surtout de sa famille dans le premier tome, évoquant la réussite des uns, l’échec des autres, l’écrivain raconte ensuite ses études et ses loisirs, ses efforts pour être un enfant sage, puis sa dérive après la naissance de sa sœur qui va occuper la première place.

    En raison de « quelque vague disposition à l’anarchie », il se laisse embarquer dans une bande menée par un jeune vagabond fascinant jouant au roi avec ses esclaves, au mépris de toute pudeur ou morale. Il rêve de devenir l’ami du bel Elemér qui le dédaigne. Il se sent mal à l’aise entre son monde et « la masse informe des pauvres » à traiter « avec bienveillance ». Sa famille craint qu’il finisse mal, et c’est ce qui arrive : à quatorze ans, il fugue et la sanction tombe, on le met en pension à Budapest.

    A partir de là, l’adolescent ne peut plus compter que sur lui-même pour affronter la vie, les autres, les cruautés de la vie de « caserne ». Pas tout à fait : fils de « bourgeois », il sait que son père sera toujours prêt à le soutenir, à payer ses dettes, pour préserver l’honneur de la famille et sans doute aussi, il mettra du temps à le reconnaître, par amour pour son fils.

    Le tome II des Confessions d’un bourgeois raconte sa vie de jeune adulte en Occident : Allemagne, France, Angleterre, Suisse… Sans le sou, il vit plus ou moins de sa plume avec Lola, sa femme. Critique envers tous, et aussi envers lui-même, Sándor Márai retrace le sinueux parcours qui l’a conduit à mener une vie d’homme de lettres curieux de tout ce qui se présente à lui. Et quand il en aura assez de l’Europe, à reconnaître ses racines et à rentrer en Hongrie pour écrire.

  • Un peu de tout

    En attendant de vous parler de la dernière lecture en cours, des Confessions assez longues, un peu de tout pour ouvrir cette semaine. 

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    Tarier pâtre - Photo : René Dumoulin - http://www.natagora.be/

    Commençons par les oiseaux, même si les nouvelles ne sont pas bonnes de ce côté. Natagora a organisé pour la douzième fois à Bruxelles et en Wallonie le comptage annuel des oiseaux dans les jardins. Les résultats montrent que les dix espèces « les plus courantes » recensées sont de plus en plus présentes, par ordre décroissant : le merle noir, la mésange charbonnière, le rouge-gorge familier, la mésange bleue, la pie bavarde, le moineau domestique, le pinson des arbres, le pigeon ramier, la corneille noire, la tourterelle turque. Mais c’est au détriment des autres « qui régressent parfois de manière dramatique ». Cinq espèces « qui se raréfient » : l’étourneau,  le verdier, le moineau friquet, le bruant jaune, le bruant proyer.

    Au « Grand Charivari », samedi dernier, Philippe Van Parijs a défendu encore une fois son concept de l’allocation universelle, versée à chaque personne adulte, active ou non, à compléter d’un salaire ou d’une allocation selon les situations. A la fin de l’émission, Pascale Seys demande chaque fois à son invité s’il a une devise ou une maxime. Réponse de Van Parijs : « Optimist tot in de kist », optimiste jusque dans le cercueil ! Il faut du temps, au-delà d’une vie d’homme, pour que de bonnes idées deviennent réalité  – le philosophe rappelle la folle idée de John Stuart Mill d’étendre le suffrage universel aussi aux femmes. 

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    Philippe de Woot © Johanna de Tessieres (La Libre Belgique, 7/8/2/2015)

    La Libre de ce week-end donne la parole à Philippe de Woot, docteur en droit et en sciences économiques « pures ». En décalage avec les discours ambiants en Europe, cet économiste passionné (professeur émérite à l’UCL, membre de l’Académie royale de Belgique) pense que la recherche constante des « équilibres » n’est pas la panacée. Reprenant à Joseph Schumpeter le concept de « destruction créatrice » (comme quand Apple et Samsung ont mis au point des téléphones « intelligents » qui ont fait dégringoler Nokia), il explique qu’une entreprise progresse par « rupture » et « innovation ». Lui aussi se dit optimiste : « Je crois aussi en l’espérance qui, en termes économiques, consiste à transformer la créativité humaine en progrès. »

    En ce mois de février, le « mouvement citoyen Musée sans Musée/Museum zonder Museum » compte déjà quatre ans d’existence. « Il est né de l’indignation suscitée par la mise au placard arbitraire – en février 2011 – des collections d’art moderne et contemporain au sein des Musées royaux des Beaux-Arts à Bruxelles ». Effarant. Avec un optimisme qui me paraît cette fois déplacé, le promoteur de la haute tour résidentielle qui dépare à présent la vue de bien des Bruxellois cite dans sa publicité, entre autres avantages, « le futur musée MoMa » près du canal – ou comment gâcher l’espace public en se servant des projets publics.

    Un petit coup de pub, pour terminer gaiement : Ingrid De Houwer, une voisine, « vraie bruxelloise, parfaite bilingue »,  crée du « made in Belgium » fait main, dans des matières 100% naturelles, des collections à découvrir sur Ortensia.be : « Dans le monde actuel, où la mondialisation et la surconsommation sont rois, il faut redonner une place à l’intemporel, le naturel et le local. Dans un monde où tout le travail manuel est délocalisé vers des pays dont la main d’œuvre est moins chère, il est temps de privilégier à nouveau la main d’œuvre locale. »

    Bonne semaine & à bientôt.