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bruxelles - Page 24

  • Signe et mémoire

    Le rendez-vous avec un artiste, avec un écrivain, attend parfois son heure durant des années. L’exposition « Jephan de Villiers : le signe et la mémoire », à la Bibliotheca Wittockiana cet été, donne l’occasion de découvrir ses « écritures », mêlées à ses « reliquaires » : un monde de plumes, de bois, de papier et d’encre où le temps se dépose – jusqu’à l’âme.

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    © Jephan de Villiers 

    J’ai souvent lu des articles sur l’œuvre de Jephan de Villiers, croisé l’une ou l’autre sculpture sans m’y arrêter vraiment ; ses couleurs de terre, ses personnages de l’ombre, leurs visages me faisaient peut-être un peu peur. Encore une fois, j’en fais l’expérience : le contact direct avec l’œuvre d’art est essentiel, c’est dans la présence physique que l’échange peut avoir lieu.

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    De belles reliures occupent la salle d’exposition au rez-de-chaussée de la Wittockiana, avis aux amateurs : « APPAR dans tous ses états, dix ans d’édition de livres d’artistes ». Des couvertures, des matériaux, des styles très variés, difficiles à photographier avec les reflets des spots. Jephan de Villiers est présenté à l’étage, dans les grandes vitrines murales et dans les vitrines tables de la bibliothèque.

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    Il y a du chamane chez cet artiste qui glane ses matériaux dans la forêt de Soignes ou au bord de la Gironde. Ses « Notes sur une civilisation furtive » et autres écritures sont accompagnées de « reliquaires » : le geste de l’artiste donne aux objets glanés dans la nature, patinés par elle, une nouvelle vie par l’assemblage, la sculpture, le cadre.

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    Mémoire de terre © Jephan de Villiers

    Pages ou papiers en accordéon sont couverts de signes à l’encre de Chine. Ce ne sont pas des logogrammes comme chez Dotremont ni des courbes graphiques comme chez Alechinsky, c’est une écriture gestuelle, calligraphie sans alphabet. La mise en page, la grosseur du trait, les espaces, le rythme sont ceux du livre, du texte.

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    Notes sur une civilisation furtive © Jephan de Villiers

    Comme les plumes ou les fragments présentés sur panneau – les reliquaires –, les traces de l’encre sur le papier composent une collection de signes faits main, pour mémoire, au croisement du temps et de l’espace. Voyez cette boîte, « à l’infini du ciel » : l’écriture de Jephan de Villiers sur la feuille de garde encadre les traits rythmés qui répondent à ceux incisés dans le couvercle au-dessus d’une plume.

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    à l'infini du ciel © Jephan de Villiers

    Ailleurs un petit « bois-corps » est lié sur la feuille calligraphiée, un accordéon d’écriture s’échappe d’une boîte : ces choses et ces signes se répondent. « Envol rêvé de la nuit du 25 mai 1985 » illustre à merveille cette alliance.

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     Envol rêvé de la nuit du 25 mai 1985  © Jephan de Villiers

    La sculpture présentée sous globe fait l’inverse, on dirait cette fois que l’entrelacs des branches a rythmé les traits d’encre sur son support. Enfant malade, à la garde de sa grand-mère, de Villiers a trouvé refuge dans les arbres et dans la terre creusée, un marronnier qu’il voyait de sa chambre était son « compagnon de jour et de nuit ».

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    © Jephan de Villiers

    Tel un archéologue, l’artiste est le dépositaire du temps : « Les sculptures sont une reconstitution du temps éparpillé et, pourquoi pas, une reconstitution de notre histoire. Les « Fragments de mémoire » sont l’aube de ma croyance. Je n’ai rien inventé, je me suis souvenu. » (Jephan de Villiers, Quelques fragments de mémoire. Conversation avec Arnaud Matagne, Tandem, 2013)

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    A l’entrée de la bibliothèque, un grand bois fendu, « reliquaire » sculpté, est devenu un porteur de mémoire. Ici sont présentés des livres de différents écrivains illustrés par Jephan de Villiers : « Nous volerons du bleu au ciel » avec Joël Bastard, « L’œuf dans le paysage » avec Kishida, le « Cantique de Frère Soleil » de Saint François d’Assise, entre autres. Michel Butor, déjà retrouvé ici lors de la présentation des livres pauvres, a souvent fait appel à lui ; en témoignent « La Justice des runes » et « Les plumes de l’archange », aux confins de la poésie et de la musique, comme une partition.

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    Jephan de Villiers a décoré les parois de verre de la station de métro Albert à Bruxelles, on en montre quelques « études pour écritures et dessins » à l’exposition. On peut y admirer aussi de fabuleux assemblages – nid, plumes, bois-corps, feuilles, « bestioles » – qui donnent présence à un monde silencieux mais habité. Je me surprends, sur le chemin vers l’arrêt du tram, à regarder autrement les herbes sèches qui le bordent. 

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    Reliquaire du bord du monde © Jephan de Villiers

    Mort ou vivant ? La question se pose quand on entre dans l’univers de Jephan de Villiers. A Matagne, il dit aussi : « Mon apparition se fait dans le mouvement de la disparition, là où tout retombe. » Roger Pierre Turine, qui présente l’artiste dans un petit livre catalogue, « Le signe et la mémoire », écrit ceci en vibration avec l’œuvre : « Entrer en Villiers, c’est pénétrer un monde de la nuit aux semblances d’éternité, un monde mort qu’anime un esprit vivant. »

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    « Jephan de Villiers : le signe et la mémoire », jusqu’au 16 septembre 2018 à la Bibliotheca Wittockiana, Musée des Arts du livre et de la Reliure, Rue du Bemel 23, 1150 Bruxelles.

  • Deux

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    Ils étaient deux à nous suivre ou à nous précéder, curieux de l’animation, à un peu de distance. On appelle un chat ? Le plus souvent, sauf pour les familiers, il feint l’indifférence. Il vit sa vie. Pour celui-ci, tiens, c’était juste le moment de faire ses griffes. Pour l’autre, de surveiller ses arrières.

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  • Estivale au jardin

    Premier jour de l’été, première Estivale 2018 à Schaerbeek. La formule n’a pas changé : des promenades guidées sont proposées par l’asbl PatriS le jeudi à 12h30 et le dimanche à 17h, elles sont gratuites (sur inscription). Lorsqu’un lieu privé s’ouvre à la visite, c’est une aubaine, surtout quand on passe devant assez souvent.

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    La guide a donné rendez-vous à l’angle de l’avenue Demolder et du boulevard Lambermont ; à l’origine, en face, une brasserie occupait l’angle du côté impair, dotée d’une marquise au-dessus de sa terrasse – d’où le recul imposé à toutes les maisons construites dans le prolongement ; des jardinets, derrière des grilles, agrémentent les façades. Les travaux dans l’avenue Demolder sont loin d’être terminés, les barrières et le bruit du chantier seront un peu gênants (ensuite viendront la réfection des trottoirs et la plantation de tilleuls pour remplacer les platanes, pas tous, hélas, mais ce n’est pas le sujet du jour).

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    Notre guide signale, côté impair, une maison de briques rouges (ci-dessus à gauche) à l’allure plus modeste que ses voisines, qui a perdu des éléments de façade originaux ; c’est toujours intéressant de découvrir les photos ou dessins anciens conservés au patrimoine communal que la guide montre pour nous aider à comprendre comment une façade a évolué au cours du temps. Ces maisons ont été construites entre 1907 et 1913.

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    L’avenue Demolder est de style éclectique : des maisons « classiques », « beaux-arts », parfois « art déco » ou « pittoresques » s’y côtoient. Dans l’ensemble, beaucoup de riches détails architecturaux persistent un siècle plus tard, et c’est un enchantement quand les propriétaires les conservent et les font restaurer. Je vous renvoie à un ancien billet sur cette avenue, où sont évoqués les Teughels, Diongre ou Hemelsoet, entre autres architectes renommés de cette époque.

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    Quand des sgraffites retrouvent leur splendeur ou quand, les originaux perdus, des artisans d’aujourd’hui les renouvellent, quel bonheur pour les yeux ! Ainsi ces deux créations d’Elise Raimbault qui représentent, en haut d’une façade, la musique et la littérature. En face, nous admirons un sgraffite restauré : une jolie femme entourée d’enfants symbolise la douceur du foyer. Les deux maisons qui jouxtent cette façade présentent de beaux matériaux, mais la polychromie du sgraffite attire l’œil en premier. La guide montre sur une photo d’époque les grands sgraffites sur le même thème qui ornaient les maisons voisines, disparus.

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    Il est temps de nous diriger vers la large façade classique de l’hôtel de maître (1910) au jardin hors de l’ordinaire. La belle porte (vitre et fer forgé) ouvre sur un passage cocher qui mène à l’arrière. Le premier propriétaire, un entrepreneur, avait réservé tout le premier étage à une salle de billard. La guide résume l’histoire de cette demeure due à l’architecte Albert Dankelman, cite ses propriétaires successifs dont une danseuse tombée amoureuse d’un entrepreneur de jardins. Dans les années 1990, la maison a été remise à neuf, mais pas le jardin. La dernière propriétaire, qui a acquis cette propriété de 19 ares en 2010, lui a rendu sa beauté.

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    Première surprise en découvrant le jardin à l’arrière de la maison : le mur qui le longe porte un beau relief, une fontaine végétale, et aussi les marques de la serre qui a été enlevée, probablement pas d’origine. Ensuite, on aperçoit de magnifiques écuries, dans le fond, restaurées il y a un an, une construction en briques avec une tourelle à flèche ! Nous y entrerons plus tard.

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    Au bout du chemin, le jardin se déploie aussi vers la droite en intérieur d’îlot, à l’arrière des jardins des maisons suivantes. Un robot est en train de tondre la pelouse, un lapin qui l’a visiblement adopté comme compagnon de promenade ne cesse de lui tourner autour. Deux lapins, deux chats, c’est un jardin vivant. Quel superbe terrain de jeux pour une famille de quatre enfants !

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    D’autres belles surprises dans ce jardin : un pavillon à coupole avec sa balustrade neuve où s’appuie un beau massif d’hortensias, et dans le fond, près d’une pièce d’eau, une serre ancienne elle aussi remise en état, de style rocaille, flanquée de jardinières dans le même matériau qui imite les formes organiques de la nature.

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    C’était une serre chauffée, comme en atteste un très vieux poêle, peut-être destinée à la culture d’orchidées en vogue au début du siècle dernier. C’est en 1928 qu’on a trouvé la formule du ciment de Portland, un matériau liquide auquel on pouvait donner forme avant qu’il se solidifie et devienne un tronc d’arbre, jardinière en faux bois, voire un écureuil.

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    Durant cette visite centrée sur le patrimoine, on a peu parlé des plantations, mais lorsque la guide a déploré la perte d’une grande boule de buis dévorée comme tant d’autres par la pyrale et fait admirer d’autres buis encore intacts, un des participants a expliqué la méthode la plus écologique pour s’en préserver : installer des oies à proximité. Les larves de ce papillon nocturne font leur régal ! (Mieux vaut prévenir que guérir, les premiers signes d’attaque une fois visibles, il n’y a plus grand-chose à faire.)

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    Cette première Estivale schaerbeekoise s’est terminée par la visite des élégantes écuries et de leur tourelle. L’intérieur a retrouvé ses voussettes originales au plafond, les murs sont en briques apparentes. Une grosse cuisinière anglaise en fonte et un établi de boucher font office de cuisine à proximité d’une grande table en bois, on sent que les propriétaires veulent respecter l’esprit du lieu. 

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    Au moment de saluer et de remercier la propriétaire, certains se sont enquis de l’intérieur de sa maison, également de style éclectique. Mais la visite organisée se limitait à ce beau grand jardin, si rare en ville, et je suis ravie d’en avoir fait le tour.

  • Rien d'autre

    Patrimoine 50aire (68).JPG« J’ai besoin de conduire mes pas dans la forêt pour voir les plus merveilleux chefs-d’œuvre jamais créés, et je ne demande rien d’autre. »

    Pekka Halonen

    De Tiepolo à Richter, l’Europe en dialogue, Guide du visiteur, Musée Art & Histoire, Bruxelles, 2018

     

    Pekka Halonen, Forêt en hiver, 1931,
    Kirpilä Art Collection / Finnish Cultural Foundation, Helsinki

     

    Avis aux amateurs de promenades guidées
    à la découverte du patrimoine :
    les inscriptions aux Estivales 2018
    sont ouvertes à Schaerbeek (cliquer sur le lien).

  • De Tiepolo à Richter

    De Tiepolo à Richter, L’Europe en dialogue : les musées du Cinquantenaire (MRAH) présentent une sélection d’œuvres importantes prêtées par quatorze fondations, à l’occasion de l’année européenne du patrimoine culturel. Eclectique plutôt que disparate, cette exposition en deux parties – du XIVe au XIXe siècle, de la fin du XIXe à aujourd’hui – offre de quoi satisfaire les curieux qui acceptent de circuler « à sauts et à gambades » dans l’histoire de l’art. 

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    Giovanni Battista Tiepolo, Chasseur à cheval, 1718-1730, Fondazione Cariplo, Milan

    C’est toujours gai de découvrir une exposition dont on n’a pas encore entendu parler, sinon par un courriel de la Fondation Roi Baudouin qui y participe largement. Aussi je ne vous en dirai pas trop, promis. Le Guide du visiteur (source des citations) offert par les Musées royaux d’Art et d’Histoire commente l’histoire de chacune des 69 œuvres exposées en une dizaine de lignes. 

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    Hayez Francesco, La dernière rencontre entre Jacopo Foscari et sa famille avant d’être envoyé en exil, 1838-1840, Fondazione Cariplo, Milan

    L’entrée est impressionnante avec deux tableaux de 1840 commandés par Ferdinand Ier d’Autriche « lorsqu’il s’est rendu à Milan pour être couronné roi de Lombardie-Vénétie » : un chef-d’œuvre de Francesco Hayez et un magnifique Intérieur de la cathédrale de Milan par Luigi Bisi. Vous y verrez aussi L’enseigne du Saint-Sang, un rare bois polychrome de 1529.

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    Scènes de la vie et de la mort de la Vierge, vers 1280-1300, Fondation / Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne 

    Plus loin, un petit retable portable, fine sculpture gothique en ivoire, présente des Scènes de la vie et de la mort de la Vierge (XIIIe). Un panneau ogival accroché juste au-dessus montre Jésus debout sur les genoux de la Madone du Maître de San Davino (XVe), il enlace tendrement sa mère. Au siècle suivant, contraste total, La montée au Calvaire d’après Jérôme Bosch le montre écrasé sous la lourde croix, le regard baissé.

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    Jean-Baptiste Bonnecroy, Vue de Bruxelles, 1664-1665, huile sur toile 169 x 301,5 cm, Fondation Roi Baudouin, Bruxelles

    L’art ancien domine dans l’exposition, les peintres illustres n’y manquent pas : Dürer, Jordaens, Tiepolo, Guardi, Lombardi… Comment en parler rapidement ? Il faut aller les voir. Et aussi cette vue panoramique de Bruxelles par Jean-Baptiste Bonnecroy (1664-1665) où l’on reconnaît certains édifices. Je me suis attardée plus loin devant un pupitre indo-portugais en teck et bois de rose, orné de belles incrustations en ivoire (l’exposition comporte aussi quelques objets).

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    Auguste Rodin, Buste de Victor Hugo, modelé en 1883, reproduit en marbre en 1886-1888,
    Fondation / Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne 

    Un marbre admirable, le Buste de Victor Hugo par Rodin (1886-1888), fait la transition vers l’art moderne et contemporain où j’ai eu quelques coups de cœur pour des œuvres venues de Finlande. Par ordre chronologique, je commence par La fille du forgeron (1928) d’Helene Schjerfbeck, cette artiste fameuse dont je vous ai montré récemment un bel autoportrait. Les quatre enfants du forgeron étaient parmi ses modèles préférés à Hyvinkää, ils l’aidaient aussi dans ses tâches quotidiennes.

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    Helene Schjerbeck, La fille du forgeron, 1928, Kirpilä Art Collection / Finnish Cultural Foundation, Helsinki

    Deux beaux petits paysages d’hiver du début du XXe siècle ont de quoi séduire les amateurs. Plus récent, Automne (1968) de Ernst Mether-Borgström, « pionnier de l’art abstrait finlandais dans les années 1940 », illustre son évolution vers un art géométrique où les couleurs jouent le premier rôle. Enfin, j’ai aimé cette encre sur papier d’Elina Merenmies, Espace (2009) : l’artiste d’Helsinki a étudié à Bruxelles et à Prague.

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    © Elina Merenmies, Espace, 2009, encre sur papier, Saastamoinen Foundation Art Collection / EMMA

    Impossible de terminer ce billet sans signaler ces chefs-d’œuvre sélectionnés par la Fondation Roi Baudouin : un délicieux logogramme de Christian Dotremont au titre non moins ravissant, Brusquerie de soie, bruissement de suie ; le Squelette de James Ensor regardant des chinoiseries ; Charles au jersey rayé d’Evenepoel ; la terrible Buveuse d’absinthe de Spilliaert, entre autres.

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    © Gerhard Richter, Musa, 2009, tapisserie en polyester, coton, laine, soie et acrylique, Olbricht Collection / Foundation, Berlin

    De Tiepolo à Richter, l’Europe en dialogue, nous fait voyager dans le passé et le présent de notre continent si riche de ses échanges artistiques. Il me semble que chacun sera sensible à ces « belles histoires attestant de la parenté interculturelle entre citoyens européens ». A voir au Cinquantenaire jusqu’au 30 septembre.