Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

avignon

  • Portraits de femmes

    Portraitiste estimé, Jacques-Emile Blanche était un peintre autodidacte. Pour compléter l’aperçu de l’exposition en cours au musée Angladon, voici trois portraits de femmes qui m’ont frappée par leur qualité et la manière différente avec laquelle ils sont peints. En cliquant sur les titres, vous pourrez lire dans le Catalogue raisonné les explications données à leur sujet.

    Un portrait à distance, à l’anglaise :

    Musée Angladon (112) Louise Baignières (détail).jpg
    Jacques-Emile Blanche, Louise Baignères, 1887, collection particulière

    Un portrait plus intime de sa femme avec son chien :

    Musée Angladon (82) Rose Blanche allongée.jpg
    Jacques-Emile Blanche, Rose Blanche allongée, huile sur toile, 1896

    Un portrait tout en séduction d’une comédienne de théâtre : 

    Musée Angladon (127) Gilda Darthy.jpg
    Jacques-Emile Blanche, Gilda Darthy, huile sur toile, vers 1920

    Jacques-Émile Blanche. Peindre le temps perdu,
    musée Angladon, Avignon >
    dimanche 12 octobre 2025
  • Au musée Angladon

    La blouse rose de Modigliani, parmi les illustrations de l’album Rose de Michel Pastoureau, a éveillé ma curiosité pour un musée d’Avignon que je ne connaissais pas, le musée Angladon. Celui-ci abrite la collection d’œuvres d’art du grand couturier Jacques Doucet (1853-1929), collectionneur et mécène. A quelques minutes à pied de la place de l’Horloge, ce musée occupe un bel hôtel particulier du XVIIIe siècle.

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Jean Angladon, Portrait de Paulettte Martin, musée Angladon
    (son épouse Paulette Angladon-Dubrujeaud)

    Dès le premier niveau, la littérature aussi y est présente avec ce portrait d’une lectrice par Jean Angladon (petit-neveu de Jacques Doucet) et André Gide et ses amis au Café maure de l’Exposition universelle de 1900 par Jacques-Emile Blanche. D’autres portraits d’écrivains nous attendent au dernier étage, où une très belle exposition de ses peintures est présentée sous le titre « J.-E. Blanche. Peindre le temps perdu » (jusqu’au 12 octobre).

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Thomas Lawrence, Portrait de jeune fille, 1799, huile sur toile

    Près de nombreux tableaux sont affichés d’intéressants extraits de critiques d’art écrites par J.-E. Blanche, d’abord pour un Portrait de jeune fille signé Thomas Lawrence, puis près de grands noms de la peinture du XIXe siècle : Sisley, Daumier, Cézanne, Van Gogh, un autoportrait d’Odilon Redon… Des œuvres remarquables montrées sur le portail du musée.

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Paul Cézanne, Nature morte au pot de grès, 1874, Huile sur toile, musée Angladon

    Le Modigliani est accroché près d’une grande vitrine où l’on expose des objets africains et de petites peintures du XXe siècle, notamment de Picasso. Sur un mur, une Rose dans un verre de Derain, près d’un amusant Hibou en bronze du même artiste. Sur un autre, côte à côte, deux œuvres de Foujita irrésistibles : son Autoportrait et Le portrait de Mme Foujita (1917, gouache et feuille d’or sur papier) – quelle finesse !

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    André Derain, Hibou, vers 1925, bronze

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Tsuguharu Leonard Foujita, Mon portrait et Portrait de Mme Foujita, 1917,
    gouache et feuille d'or sur papier, musée Angladon

    A l’étage d’où j’ai admiré la vue depuis les fenêtres sont présentées des œuvres plus anciennes : une Vierge et un St Jean-Baptiste en bois du Moyen Age, deux volets d’un retable du Maître de la Légende de la Madeleine représentant Sainte Barbe et Sainte Catherine d’Alexandrie (XVe-XVIe), un Portrait de femme de 1566 par Nicolas Neufchâtel, un Portrait de gentilhomme attribué à Corneille de Lyon…

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Maître de la Légende de la Madeleine, Sainte Barbe et Sainte Catherine d’Alexandrie,
    huiles sur bois, entre 1483 et 1527, volets d'un retable, musée Angladon

    Ce musée montre de belles choses ! Avant de monter à l’étage de l’exposition temporaire, nous traversons la bibliothèque aux reliures anciennes de Jacques Doucet, puis un élégant salon meublé dans l’esprit du lieu avec des bergères couvertes du même tissu que les murs, ainsi qu’un autre salon présentant ses porcelaines chinoises.

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections

    De la peinture de J.-E. Blanche, je l’avoue, je ne savais pas grand-chose en dehors de son fameux Portrait de Proust vu au musée d’Orsay et de celui, merveilleux, de la mère du peintre, choisi pour l’affiche. Blanche (1861-1942) était à la fois peintre, critique d’art et écrivain, ce qui le faisait passer pour un dilettante aux yeux de ses contemporains. L’exposition s’appuie sur le fonds qu’il a donné de son vivant au musée des Beaux-Arts de Rouen. Elle débute avec de beaux portraits de ses parents.

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    J.-E. Blanche, Docteur Emile Blanche / Madame Emille Blanche, huiles sur toile, 1890 au musée Angladon

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Jacques-Emile Blanche, Lucie Esnault, le dessin, 1892, pastel, musée des Beaux-Arts de Rouen

    Un pastel délicat m’a beaucoup plu : Lucie Esnault, le dessin. Le commentaire précise que ce n’est pas un portrait mais une scène de genre. Son modèle était la fille du serrurier à Auteuil, que le peintre aimait costumer et mettre en scène comme une petite fille modèle – pour lui « un délassement et un exutoire, exempts des conventions du portrait de commande ». Jean Helleu à quatre ans, le fils du peintre Paul-César Helleu, est d’une présence remarquable. Manon aux poupées a un regard touchant dans sa robe formidablement rendue – quelle tristesse de lire que son dossier se trouve au mémorial de la Shoah (Madeleine Sussmann, 1905-1943).

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Jacques-Emile Blanche, Regent Street, 1912, huile sur toile

    Puis viennent des paysages, des vues de ville à Londres et à Venise (un extrait de Virginia Woolf, dont il a peint le portrait (non exposé), est cité près d’une vue de Regent Street), des courses de chevaux... On se rend compte que Jacques-Emile Blanche fréquentait le Tout-Paris, le Tout-Londres (il y a vécu enfant)… C’était « un personnage incontournable de la Belle Epoque et de l’après-guerre » (feuillet de présentation).

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Jacques-Emile Blanche, Le vestibule du manoir de Tot, Offranville, huile sur toile, vers 1910

    J.-E. Blanche a peint beaucoup de portraits (femmes, enfants, groupes, hommes). En consultant le catalogue raisonné établi par Jane Roberts et mis en ligne, on peut y chercher ses œuvres par genre ou par catégorie. Il a peint aussi des fleurs, des intérieurs, comme Le vestibule du manoir de Tot, Offranville (où on peut visiter un petit musée Blanche). Il recevait le beau monde artistique et politique de son époque. Il a peint un jeune Cocteau longiligne s’y promenant dans le jardin avec Hilda Trevelyan, une actrice anglaise.

    avignon,musée angladon,jacques-emile blanche,peindre le temps perdu,art,peinture,portrait,paysage,jacques doucet,collections
    Jacques-Emile Blanche, Portrait de Marcel Proust, 1892, huile sur toile

    En plus de son célèbre portrait de Marcel Proust, que celui-ci a conservé jusqu’à sa mort, Blanche a représenté de nombreux écrivains français comme Valéry, Max Jacob, Montherlant, Claudel… L’exposition et le musée valent le détour.

  • Choses vues

    Avignon,promenade,buplèvre buissonnant,cour,déco,photosSur la rive du Rhône à Avignon et aussi sur le Rocher des Doms, ces fleurs jaunes : connaissez-vous le buplèvre buissonnant (Bupleurum fruticosum) ?

    Cette plante du bassin méditerranéen qui fleurit tout l’été s’appelle aussi le buplèvre ligneux. Elle porte de jolies ombelles !

     

     

     

    Avignon,promenade,buplèvre buissonnant,cour,déco,photos

    Ce n’est pas seulement l’alliance des belles pierres blanches anciennes et du végétal qui m’a plu en découvrant cette vue d’une fenêtre.

    Quelle atmosphère paisible dans cette cour d’entrée d’une bibliothèque traversée d’un rayon de lumière !

    L’une en profitait au soleil, l’autre à l’ombre.

     

    Avignon,promenade,buplèvre buissonnant,cour,déco,photos

     

    Rue de la République, sur la terrasse d’un snack, une déco originale.

    Artificielle mais sympathique, cette orchidée plantée dans un café noir et une tasse bleue, non ?

  • Un jour à Avignon

    En arrivant à Avignon – « en Avignon » est archaïque, ai-je lu –, nous avons vu flotter des bannières au nom d’Othoniel. Son exposition « Cosmos ou les fantômes de l’amour » se déploie un peu partout dans la ville. Sur la place du Palais des Papes, nous avons vu en premier l’« Astrolabe » géant, argent et or, « en lieu et place de la statue de Jean Althen, botaniste arménien du XVIIIe siècle ayant importé la fleur de garance en France », « fleur solaire dont le mât en métal serait la tige et la sphère centrale le pistil. » (Panneau de présentation)

    avignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,culture

    Je ne me souvenais pas de la remarquable façade de l’Hôtel des Monnaies (ci-dessous), en face du Palais des Papes, avec ses deux étages richement sculptés : aigles, dragons, angelots, guirlandes de fruits... Elle porte la date de 1619 (MDCXIX). Assurément, une visite guidée vaudrait la peine pour en apprendre plus sur le patrimoine avignonnais.

    avignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,culture

    Par ce beau jour d’été, nous avons laissé derrière nous le magnifique Palais des Papes et sa queue de visiteurs encore très nombreux en septembre, avec l’intention de découvrir le Rocher des Doms et son jardin à l’anglaise. Nous ignorions qu’il était fermé pour travaux de réhabilitation. Il y avait heureusement moyen d’accéder à son belvédère par l’escalier du portail nord, donc nous sommes descendus vers le Rhône.

    avignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,culture

    De la rive, nous avons admiré le célèbre pont Saint Bénezet (où se dressait une autre œuvre d’Othoniel). Nous avons longé les remparts de la ville, encore plus imposants quand on est à leur pied. Monter le large escalier des Doms permet de prendre la mesure de ce site naturel, berceau d’Avignon. De l’esplanade en haut du rocher, la vue est splendide vers Villeneuve-lès-Avignon et les paysages de la plaine du Rhône jusqu’au mont Ventoux.

    avignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,cultureavignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,cultureavignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,culture

    Après le portail nord, une autre porte dans les remparts permet de rentrer dans la ville, la Porte de la Ligne. Elle donne accès au quartier de la rue Banasterie, où se trouve la chapelle des Pénitents noirs de la Miséricorde avec sa façade au grand décor baroque représentant « une nuée d’anges portant la tête de saint Jean-Baptiste sur un plat ». Cette confrérie avait pour but de secourir les prisonniers et d’assister les condamnés. Porte close, hélas.

    avignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,culture

    En remontant vers la place du Palais des Papes, j’aperçois pour la première fois l’entrée du théâtre des Doms, avec une affiche surréaliste pour présenter sa nouvelle saison. C’est agréable de flâner entre les hauts murs de pierre blanche, les arbres et la végétation en contraste, de découvrir le jardin public du Verger Urbain V. J’entends pour la première fois les sonorités douces d’un handpan réverbérées par les murs – un instrument d’origine suisse, me répond le musicien.

    avignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,culture

    Délicieux déjeuner sur la place de l’Horloge, à l’ombre des platanes. En y arrivant, nous avons vu Gérard Philipe sur une des fenêtres peintes aux alentours, qui rendent hommage à la capitale du théâtre et à son festival renommé. Installée en face de l’Hôtel de Ville (ci-dessous), j’admire la belle tour de l’Horloge, son ancien beffroi, et son horloge à jacquemart. Et aussi l’Opéra, avec les statues de Corneille et de Molière de part et d’autre de son escalier d’entrée.

    avignon,othoniel,rocher des doms,place du palais des papes,place de l'horloge,chapelle des pénitents noirs,balade,culture

    La suite de cette belle journée fut une belle surprise. Je vous la raconterai bientôt, pour le plaisir de prolonger ce parcours d’un jour à Avignon.

  • Willy

    « Isabelle ne comprend rien aux énigmes. Elle préfère les histoires, mais elle veut bien aller au restaurant avec eux.
    Elle recouvre ses ongles d’une couche de vernis rouge.
    – Willy aimait ça, les photos… Tu connais Willy ? Willy Ronis ?
    Marie ne connaît pas. Elle écoute glisser le pinceau sur le bombé des ongles.
    – Qui tu connais en photo ?
    Personne. Doisneau, un peu, à cause des calendriers des postes dans la caravane.
    – Willy était professeur à l’école d’art d’Avignon, dit Isabelle. Il était comme toi, toujours avec son appareil photo, à traîner dans les rues.
     

    willy-ronis-les-chats-de-willy-ronis-o-2081206870-0.jpg

    Elle referme le flacon de vernis. Maintenant, dans la pièce, ça sent l’acétone et le dissolvant.
    – J’ai trois photos de lui. Je ne les vendrai jamais pourtant ça vaut cher aujourd’hui le travail de Willy.
    Elle sort de la cuisine, revient avec un livre qu’elle pose devant Marie. Des scènes de bistrot, des gamins, le Paris de Belleville et Ménilmontant.
    – Si tu t’intéresses à la photo, il faut absolument que tu étudies Willy. Les autres aussi bien sûr, mais Willy… »

    Claudie Gallay, L’amour est une île