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Passions - Page 330

  • Jardins d'Annevoie

    Au bord de la route qui longe la Meuse après Namur vers Dinant, la direction des Jardins d’Annevoie est indiquée en grand, et nous avons laissé la voiture au parking juste en face pour revisiter ce « domaine classé Patrimoine majeur de Wallonie ». Des jardins du XVIIIe siècle où l’eau est reine, depuis 250 ans. Un réseau de canaux y distribue les eaux du Grand Canal par vases communicants, sans machinerie : ce sont des « jardins d’eau ».

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    Mes souvenirs d’enfance étaient vagues et un peu sombres, sans doute les avions-nous visités par un jour sans soleil. Peut-être espérais-je y voir davantage de fleurs, alors que le goût du XVIIIe allait davantage aux perspectives et aux massifs taillés ? Cette fois, de belles éclaircies ont accompagné une bonne partie de la promenade.

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    Le plan des Jardins donne de brèves explications sur le parcours discrètement numéroté, qui se découvre au regard peu à peu. De part et d’autre du chemin, la verdure à la surface d’eaux stagnantes attirait de nombreuses libellules en pleine saison des amours semble-t-il, et même sur le dos d’un visiteur.

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    La salive du « Grand Cracheur » monte jusqu’à sept mètres de haut, précédant des cascades. Conçus d’abord dans le style français (perspectives et symétrie), les jardins offrent aussi des surprises, des contrastes, dans le style italien, et çà et là des imitations de la nature, à l’anglaise. Et de grands arbres remarquables.

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    Ce qui est très gai, aux Jardins d’Annevoie, c’est leur variété. Il suffit de se retourner pour voir apparaître une vue différente ou inattendue de l’endroit qu’on vient de traverser. Le domaine est vaste : son histoire est racontée dans une série de billets du site de Bob intitulé Les lignes de l’Entre-Sambre-et-Meuse.

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    Quand on approche du château, côté jardin, on voit bien qu’il a été construit en plusieurs étapes dans cette belle pierre grise de la région namuroise : à la jonction entre façades, aux fenêtres différentes, aux briques sous certaines corniches… La gentilhommière sur la droite est la partie la plus ancienne.

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    On le découvre d’abord « côté eau » puisque la façade sud du château se mire dans l’eau, juste en face d’un rare « buffet d’eau », un des seuls en Europe « à avoir subsisté en parfait état de fonctionnement sans l’intervention d’aucune machine depuis sa construction en 1760 ». Au-dessus, à contre-jour, les silhouettes de Neptune et d’Amphitrite. Contourner le château est un régal pour la vue, au jeu des reflets.

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    Non loin d’un autre miroir d’eau, la « fontaine Triton » montre un enfant aux cheveux bouclés tenant les rênes du grand poisson qu’il chevauche, le visage de la fillette qu’on découvre de l’autre côté est ravissant. A travers les ouvertures aménagées dans les haies, le regard s’échappe, devine ce qui l’attend.

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    Que de belles perspectives ensuite, avec des arbres taillés en cônes, des murets, des plates-bandes fleuries ! On se contente de jeter un coup d’œil vers la cour intérieure du château (défense d’y entrer), en face de la « grande Allée » dont les parterres sont plantés d’impatiences de Nouvelle-Guinée rouges et oranges, comme des tapis au pied de statues des quatre saisons (en trompe-l’œil).

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    Orangerie, potager, bassins et fontaines, passages de verdure couverts, il reste bien des choses à découvrir ensuite. Et même des groseilles rouges à cueillir, trois enfants ne s’en privaient pas. Des bancs bien placés permettent de contempler les jardins à l’aise, on a le temps – du moins, si le ciel le permet.

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    Quand on monte vers le Grand Canal, après être passés devant la crypte où reposent Charles-Alexis de Montpellier et ses descendants (à l’arrière de l’église d’Annevoie), on jouit de nouvelles vues superbes sur le château et les jardins. Mais de gros nuages noirs nous ont fait presser le pas pour terminer le parcours avant la pluie – j’aurais bien passé plus de temps au « Jardin des fleurs » et continué la promenade au-delà.

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    Chaque saison donne une atmosphère différente aux Jardins d’Annevoie, comme on peut s’en rendre compte sur les photos du site. En été, ils sont peut-être moins fleuris qu’au printemps, mais on y goûte particulièrement la fraîcheur des eaux dans cette belle nature civilisée, héritage du siècle des Lumières.

  • Idéalement

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    « Idéalement, marcher est un état où l’esprit, le corps et le monde se répondent, un peu comme trois personnes qui se mettraient enfin à converser ensemble, trois notes qui soudain composeraient un accord. Marcher nous permet d’habiter notre corps et le monde sans nous laisser accaparer par eux. Nous sommes libres, alors, de penser sans pour autant nous perdre entièrement dans nos pensées. »

    Rebecca Solnit, L’art de marcher, Actes Sud, 2002.

  • Marche du dimanche

    Chaque dimanche, des marches balisées sont organisées en Wallonie et en région bruxelloise par l’Adeps (Administration de l'Education Physique et des Sports), et parfois nous aimons nous joindre à ce rendez-vous dominical auquel certains sont très fidèles. Le Brabant wallon n’est pas loin de Bruxelles, et c’est l’occasion d’y découvrir des paysages qui ne se rencontrent qu’à pied.

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    Chacun choisit la longueur de son parcours – 5, 10, 15 ou 20 km – et son heure, puisque l’accueil aux « points verts » est assuré toute la journée, de 8 à 18 heures. La participation est libre et gratuite, il suffit de retirer sa carte de participation sur place, où l’on trouve aussi des commodités, des stands où se procurer une boisson ou un en-cas au retour.

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    Le 10 juillet dernier, un dimanche véritablement estival, il y avait du monde dès le matin pour prendre le départ à côté du hall des sports à Wavre, mais heureusement il y avait encore des places de parking à proximité (le stationnement n’est pas toujours aussi simple). J’avais pris l’appareil photo, aussi vous aurez un aperçu du parcours jaune (10 km) qui nous attendait à travers les champs et les bois, un parcours très varié, loin des habitations, avec quelques belles demeures en prime.

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    Sur le talus du chemin de fer, que nous avons longé jusqu’à la station de Basse-Wavre, les coquelicots étaient fringants et se mêlaient aux épis bleu mauve des vesces (ou des gesses ?). Une fois sur le chemin des champs, j’ai eu l’œil attiré par la barrière blanche d’une allée arborée qui descendait d’un bois, joli contrepoint aux courbes douces du paysage – les couleurs ne l’étaient pas moins.

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    On passe à côté de la Ferme de l’Hosté, « ancien château devenu manoir au XIVe siècle ». Cette grande ferme carrée typiquement brabançonne, en briques et pierre bleue, offre aujourd’hui des chambres d’hôtes et gîtes ruraux, vous trouverez d’autres photos sur son site. En tournant autour des bâtiments, on découvre un blason au-dessus d’une porte cochère, « aux armes des Looz-Corswarem » (1767).

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    Du chemin à travers champs, on aperçoit de beaux arbres à la lisière du bois qui ondule au-dessus des blés. Puis on y pénètre et c’est l’ombre bienfaisante, surtout en montée, et on suit du regard les marcheurs qui nous devancent et passent sous un pont, sous un tronc renversé. On se fait dépasser, peu importe  – à chacun sa mesure.

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    Au sortir du bois, revoici les coquelicots éclatants. Certains champs ont déjà été moissonnés, sur d’autres, on est au travail : peu à peu, on se rapproche des paysans en plein ramassage des ballots de paille, en admirant la lumière sur les chaumes merveilleusement dorés.

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    Plus on s’en approche, et plus un bel arbre solitaire grandit – magnifique gardien des lieux, au-dessus d’un champ de pommes de terre en fleurs. A son ombre, je boirai un peu d’eau.

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    Un salut au cheval Zarkan (son abri porte son nom) avant de cheminer dans un bois : il y fait plus frais et le chemin descend, de quoi retrouver un peu d’allant. Dans le vallon, voici une autre ferme ancienne. Une affichette avec une notice de présentation nous fait lever les yeux vers le château de Laurensart en haut de la colline, un domaine (plus de deux cents hectares) qui se visite uniquement lors des journées du patrimoine.

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    Le parcours enjambe la Dyle, toute calme d’un côté du pont, toute frémissante de l’autre. En remontant vers des habitations, nous verrons le château de Laurensart de plus haut et de plus loin (dernière photo prise de plus loin au zoom).

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    La fatigue et la chaleur aidant, je n’ai plus rien photographié ensuite, et pourtant nous avons encore trouvé d’autres points d’intérêt le long du chemin, comme l’ancienne gare de Gastuche transformée en centre de santé, ou les belles propriétés nichées dans les bois de l’avenue de Doiceau.

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    Après cela, par l’avenue Saint-Job, on retourne au point de départ, avenue de la Belle-Voie. « Créée en 1628 à l’initiative des moines de l’abbaye d’Affligem, la Belle-Voie devait alors permettre de relier Wavre au sanctuaire marial et à Bas-Wavre », peut-on lire sur le site de la ville. De jeunes tilleuls ont remplacé en 2014 les vieux marronniers affaiblis le long d’une belle allée piétonne qui mérite encore et toujours son appellation.

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    Finalement, vous le voyez, un peu de culture s’est tout de même mêlé à ce parcours « nature et santé ». Chaque dimanche, différentes propositions vous sont faites sur le calendrier des marches Adeps en Wallonie : celles du Brabant wallon, à chaque fois que nous y avons participé, remportent un énorme succès. Même s’il y a du monde, chemin faisant, on ne se marche pas l’un sur l’autre, l’ambiance est bon enfant. On y voit des gens de tous âges, des familles, des couples, des solitaires, des coureurs, et même des chiens sportifs.

  • Représentation

    « La plupart du temps, l’artiste utilise des images qu’il a réalisées lui-même. Il exécute des mises en scène photographiques en mettant à contribution ses amis, sa famille, ou des anonymes qui acceptent de poser pour lui. Le peintre est donc également photographe et metteur en scène, gérant accessoires, éclairage, position des acteurs. Il sait évidemment, au moment de la prise de vue, que les images ne resteront pas des photographies, qu’il les utilisera comme points de départ pour sa peinture. Son regard de peintre se mêle à son regard de photographe, afin de former des photographies-futures-peintures. Franz Gertsch transfère ensuite l’image photographique en peinture, comme un traducteur ferait basculer un texte d’une langue à l’autre.

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    Franz Gertsch, Irene VIII, 1981- Private Collection
    Franz Gertsch Courtesy by Institute for Cultural Exchange, Tübingen, Germany, 2016

    Une fois les images choisies, Gertsch en tire des diapositives qu’il projette en très grand format sur une immense toile blanche. Traitant la surface zone après zone, l’artiste s’affaire à en peindre consciencieusement chaque centimètre carré. Il reste au plus près de la toile, les yeux accrochés aux minuscules détails qu’il réalise. Ce travail titanesque est qualifié de « chorégraphie » par la femme de l’artiste, qui a réalisé une vidéo permettant de saisir l’ascèse à laquelle il se soumet pour exécuter cette re-représentation, cette représentation puissance 2. (…) Franz Gertsch a mis au point ce mode opératoire au fil des années. Chaque geste est maîtrisé, la peinture est posée mécaniquement sur la toile : aucune variation n’intervient, aucun repentir n’est possible. Le geste de l’artiste est sûr, entraîné. La soumission à l’image est complète. »

    Hélène Carbonell, Franz Gertsch. Le peintre du présent (Document pédagogique, Toulouse, Les abattoirs, 2014)

    PHOTOREALISM. 50 years of Hyperrealistic Painting, Musée d'Ixelles, 30.06 > 25.09.2016

  • Les expos d'Ixelles

    « PHOTOREALISM. 50 Years of Hyperrealistic Painting » : la grande exposition d’été au musée d’Ixelles présente trois générations de peintres américains pour la plupart, des années 1960 à 2010. Leur défi ? Peindre de façon aussi réaliste qu’une photographie la société de consommation pour la célébrer – ou en dénoncer les excès ? Je vous parlerai ensuite de l’exposition bis, « Rien ne va plus ! Tableaux d’une exposition », une installation très originale de Juan d’Oultremont.

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    Des voitures et des motos, des carrosseries, des chromes, des jouets, des bars, des restaurants, des maisons, des intérieurs, des portraits, des nus… Dans le sillage du Pop-Art, les hyperréalistes dépeignent et critiquent l’« american way of life ». Je vous renvoie au site du musée pour la description de ce courant pictural qui opte pour une vision « documentaliste » du monde. A distance aussi bien de l’abstraction que de la subjectivité, ces peintres partent de photographies qu’ils transposent sur la toile en grand format.

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     Tjalf Sparnaay, Fried Egg, 2015 © Private Collection of Tjalf Sparnaay

    La froideur des images qui en résultent est plutôt déconcertante, mais au fur et à mesure qu’on les découvre – certaines sont époustouflantes comme cet œuf sur le plat du Hollandais Tjalf Sparnaay –, on regarde, on s’étonne et on se pose plein de questions sur la démarche de ces peintres. En plus de l’aspect technique, au résultat forcément spectaculaire, le choix des sujets, le cadrage, la disposition des objets révèlent des orientations diverses et on finit par deviner parfois, d’une toile à l’autre, qu’il s’agit de la même signature.

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    Ben Schonzeit, Poivrons (Source)

    Remington#5 de Robert Cottingham montre une prédilection pour la typographie qui se confirme quand on google son nom à la recherche d’images. Ici la machine à écrire est coupée par le bord de la toile, manière de casser l’illusion. On trouve des natures mortes tout au long du parcours, comme ces Poivrons jaunes et rouges de Ben Schonzeit qui a souvent peint des légumes et des aliments. Audrey Flack rassemble des objets pour créer des « vanités » contemporaines.

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    Tom Blackwell, Sequined Mannequin, 1985, Collection of Susan P. and Louis K. Meisel, New York
    © Tom Blackwell, Courtesy by Institute for Cultural Exchange, Tübingen, Germany, 2016

    Il s’agit donc bien de peinture et je l’ai perçu davantage devant un arrière-plan flou, des jeux de reflets dans une vitrine de magasin, des ombres, un visage sans contour… Les vues urbaines et les paysages sont particulièrement troublants de réalisme, mais quand nous regardons autour de nous en nous promenant, et même à l’intérieur, voyons-nous aussi net que sur ces peintures ? Ou le regard sélectionne-t-il toujours un point d’appui, laissant le reste dans le vague ?

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    Anthony Brunelli, Main Street, 1994, Courtesy of Louis K. Meisel Gallery, N.Y., image
    © Anthony Brunelli photo, Institut für Kulturaustausch, Tübingen, Germany, 2016.

    La lumière se joue des choses, elle est bien sûr à l’œuvre sur ces toiles, particulièrement dans les représentations d’objets en verre (qui m’ont fait penser à Ken Orton, bien qu’il ne soit pas exposé ici). Les peintures de Richard Estes montrent les métamorphoses dues à la réflexion.

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    © Richard Estes, Car Reflections, 1969 (Private Collection)

    Bref, le photoréalisme, tout compte fait, donne beaucoup plus à voir que les choses mêmes ! « I’m not duplicating life, I’m making a statement about human values » déclarait le sculpteur hyperréaliste Duane Hanson, exposé ici en 2014.

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    Juan d'Oultremont, Dresser le tableau, 2016
    © 
    Juan dOultremont photo Cissiste international

    « RIEN NE VA PLUS ! Pictures at an exhibition. Juan d’Oultremont » : il vous faut traverser les collections permanentes – leur nouvelle présentation est très belle – pour visiter la deuxième exposition d’été au musée d’Ixelles. J’ai eu la chance de la découvrir en compagnie de Juan d’Oultremont, un artiste bruxellois qui aime surprendre et qui le fait bien, fondateur du mouvement Cissiste International 

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    Palette de nettoyage 2013 atelier Francis Alys © photo Juan d'Oultremont - Cissiste International

    Au départ, une pochette 33 tours des Tableaux d’une exposition de Moussorgski décorée d’une palette. 63 artistes belges et étrangers à qui il en a envoyé un exemplaire ont accepté d’utiliser cette pochette comme leur propre palette et ces 63 palettes contemporaines forment une des pistes du grand jeu musical et pictural auquel nous sommes invités ici : les connaisseurs reconnaîtront peut-être tel ou tel peintre avant de chercher à quel nom correspond le numéro sur la liste (elle-même présentée sur une pochette à prendre à l’entrée du parcours). Michaël Borremans a couvert presque toute la surface de tons bruns, Annick Leizin y a formé des bulles de couleurs diverses, d’autres se sont limités aux contours de la palette initiale ou ont carrément tout recouvert.

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    Palette Annick Lizein ©  photo Juan d'Oultremont - Cissiste International

    A côté de ces variations sur un même thème, des toiles – surprenante Charlotte Beaudry –, quelques sculptures, et même une voiture peinte par un système de car-wash reconverti ! Sur des tables, Juan d’Oultremont a disposé par « familles » une collection de 250 pochettes, autant de versions discographiques différentes des Tableaux d’une exposition. (Lui-même a dessiné des pochettes pour certains chanteurs, comme vous pouvez vous en rendre compte sur le site de cet artiste pluridisciplinaire.)

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    Palette Stephan Balleux © photo Juan d'Oultremont - Cissiste International

    Les diverses façons dont le titre suggestif de Moussorgski a été illustré sur les pochettes de disques reflètent une évolution visuelle, des choix d’illustrateurs : déambulation dans une salle d’exposition, portraits d’interprètes, paysages, graphismes attendus ou inattendus. J’ai pensé d’abord à chercher Ekaterina Novistkaya qui avait gagné en 1968, le Reine Elisabeth de piano en jouant Moussorgski à seize ans – elle m’avait épatée – et je l’ai trouvée ! Une bande-son accompagne évidemment cette installation pleine de fantaisie. « L’art est-il un jeu ? » titrait déjà Juan d’Oultremont en 2002.

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    Catalogue Rien ne va plus Tableaux d'une exposition Juan d'Oultremont

    J’ai malheureusement oublié de me procurer le catalogue original de « Rien ne va plus ! » au format livre de poche, qui m’aurait permis de vous en dire davantage, mais au fond, c’est aussi bien : allez-y, le musée d’Ixelles vous invite à ces deux expositions jusqu’au 25 septembre. Et en prime, celle d’Oriol Vilanova, lauréat Art’Contest 2015 (dont je ne vous dis rien, ne l’ayant pas vue).