« On passait notre temps à se disputer, avec les copains, mais y a pas à dire, on s’aimait comme des frères. Les après-midi, après le déjeuner, on filait tous les cinq vers notre quartier général, l’épave abandonnée d’un Combi Volkswagen au milieu du terrain vague. Dans la voiture on discutait, on rigolait, on fumait des Supermatch en cachette, on écoutait les histoires incroyables de Gino, les blagues des jumeaux, et Armand nous révélait les trucs invraisemblables qu’il était capable de faire, comme montrer l’intérieur de ses paupières en les retournant, toucher son nez avec la langue, tordre son pouce en arrière jusqu’à ce qu’il atteigne son bras, décapsuler des bouteilles avec les dents du devant ou croquer du pili-pili et l’avaler sans ciller. Dans le Combi Volkswagen, on décidait nos projets, nos escapades, nos grandes vadrouilles. On rêvait beaucoup, on s’imaginait, le cœur impatient, les joies et les aventures que nous réservait la vie. En résumé, on était tranquilles et heureux, dans notre planque du terrain vague de l’impasse. »
Gaël Faye, Petit pays
Commentaires
c'est exactement l'ambiance du "Petit Nicolas" de Sempé et Goscinny dans cet extrait-ci :-)
Un combi Volkswagen... ça inspire (c'est pour rire, parce que c'est mon rêve). Pauvres gosses, heureusement qu'ils savent rêver.
@ Adrienne : En effet ! Bon week-end, Adrienne.
@ Plumes d'Anges : Ah, ton rêve ? Pour explorer quelle contrée ?
Ces jours-là, "tranquilles et heureux", c'était "avant", bien sûr, pour le Gaby de Gaël Faye.
le beau temps de l'enfance où on croit que la vie ne nous fera que des cadeaux.
Et où on croit qu'on ne se séparera jamais. Bon week-end, Zoë.
Comme quoi les souvenirs d'enfance attirent toujours!
Une source d'inspiration qui ne se tarit pas.
Tu me donnes envie de me précipiter pour acheter ce livre.
Merci.
Tous les enfants devraient être tranquilles et heureux.
Je ne savais pas que Petit pays était en poche.
Bonne journée, Tania.
L'heureux temps où l'on croit que l'avenir nous appartient ..
@ Maïté/Aliénor : Ce titre viendra sans doute un jour à ta rencontre.
@ Bonheur du Jour : Oui, Marie. Et non dans la guerre, la violence ou l'abomination, comme on l'annonçait encore hier soir à propos des enfants kidnappés en Birmanie. Bonne journée à toi.
@ Aifelle : ... et qu'il sera formidable.