« Peinture. Le musée Albertina de Vienne s’ouvre à la réalité augmentée. » Les nouvelles technologies se glissent partout aujourd’hui et il n’est pas le premier musée qui recoure à l’une ou l’autre application pour offrir quelque chose de plus ou de différent à ses visiteurs. Je lis dans La Libre : « les toiles les plus connues du musée Albertina de Vienne prennent vie et offrent une immersion pédagogique aux visiteurs. » (Quand les toiles de Monet et Picasso s’animent, La Libre Belgique, 27/11/2017, à lire en ligne - une information AFP reprise par différents médias).
Devant un Miró de l'Albertina (Source et vidéo : CLIC)
De quoi s’agit-il ? Le directeur du musée parle d’une manière originale « de montrer des classiques d’une manière non classique et ludique ». Si l’on dispose du téléphone portable approprié, on peut le pointer sur une des treize toiles de maîtres (pour commencer) et déclencher une animation de 45 secondes « qui remet l’œuvre dans son contexte ». Le jardin de Giverny apparaît en passant devant des Nymphéas, une photo du modèle devant un portrait signé Picasso. Cette nouvelle technologie pourrait, à terme, remplacer l’audioguide.
Pour ma part, j’ai souvent du mal à bien regarder un tableau pendant qu’on me parle à l’oreille. Le discours d’une guide ou d’un audioguide est souvent instructif, il peut informer et guider le regard à bon escient. Reste que devant une peinture, pour m’ouvrir complètement à l’œuvre, j’ai besoin de temps et de silence.
Aussi ai-je sursauté en découvrant cette application. Bien sûr, personne n’oblige les visiteurs à y recourir. Faudra-t-il un jour, en plus de supporter ceux qui photographient à tout va, supporter les écrans portables maintenus devant les tableaux ? Ne risque-t-on pas, à la limite, de dénaturer la rencontre avec une œuvre ? Ce qui importe le plus, en découvrant une peinture, est d’ordre physique et esthétique, voire spirituel : le face à face.
Peut-être ai-je tort de m’inquiéter. On disait au début que les DVD, les visites virtuelles allaient éloigner le public des musées. Il ne semble pas que ce soit le cas, au contraire même. Internet rend accessibles tant de musées, de galeries, de collections : cela donne envie de les voir pour de vrai. Mais je n’aimerais pas que, justement là où opère – où peut opérer – la magie du contact direct avec l’œuvre, les outils mis à disposition en viennent à faire oublier, simplement, de la regarder par soi-même, de s’en imprégner. J’aime jouer, je n’ai pas le goût du ludique.
Commentaires
Tu as bien raison.Cette information me semble pertinente avant ou après la visite.
je vois déjà, comme tu le suggère aussi, les troupeaux agglutinés devant les œuvres "à appli ludique", smartphone à bout de bras, empêchant de voir "vraiment" le tableau, ce pourquoi on est venu au musée, en fait...
De même qu'on ne peut pas rire de tout contrairement à certaines allégations, on ne peut pas s'amuser là où on doit s’imprégner d'une spiritualité à l’œuvre. Déjà que visiter un musée gavé de monde est pénible, que voir tout le monde photographier tout le temps finit pas dégouter de regarder, ce nouveau gadget (car c'en est un) risque de décourager la visite. Quelle époque !
Vous ai-je dit que je suis revenue au MIM que vous m'aviez fait découvrir et que je me suis régalée à la contemplation de ces fabuleux objets que sont les instruments de musique à travers les âges.
je ne déteste pas les commentaires audio quand ils ne gênent personne mais pour moi c'est toujours lors d'une seconde visite, une fois que j'ai regardé, admiré, observé, rêvé
il y a fort à craindre avec ce système que un peu comme les gens avec appareil photo devant un paysage magnifique : on se soucie plus de la photos que de ce que l'on voit
Il semble que cela va avec la tendance de " l'interactif ". Je ne suis pas adepte d'audioguide non plus, j'aime voir d'abord, regarder à mon rythme et à ma façon, puis je me tourne vers les explications-contextualisation, en prenant souvent les hors séries des magazines d'art. J'aime mieux découvrir par moi-même, je crois que l'art, c'est d'abord une réaction de celui qui regarde hors " connaissances " ou compréhension.
Je n'utilise pas les audios guides et quand je visite un musée, je suis souvent agacée de voir les visiteurs se masser devant les mêmes tableaux. Je préfère lire avant ou après, sur le coup, c'est visuel, on est saisi par un tableau .. ou pas. Ce genre d'application fait craindre en effet, un filtre entre l'œuvre et celui qui est censé la regarder.
@ Maïté/Aliénor : Nous sommes sur la même longueur d'onde.
@ Adrienne : C'est ce que j'ai imaginé en lisant cet article ;-)
@ Zoë Lucider : Très heureuse que vous ayez visité le Musée des Instruments de Musique et apprécié ses espaces art nouveau, Zoë.
@ Dominique : Comme tu dis : "une fois que j'ai regardé, admiré, observé, rêvé" - cela me semble aussi prioritaire.
@ Marilyne : Je partage tout à fait ton point de vue, merci.
@ Aifelle : Bien sûr, la magie n'opère pas toujours, mais il faut lui laisser une chance et cela requiert une certaine disponibilité.
Pour compléter, j'ajouterais que les explications et commentaires sont très utiles aussi quand une oeuvre n'engendre que perplexité, et que les mots nous donnent l'une ou l'autre clé pour l'aborder.
Je partage ton avis Tania, totalement.J'ai beaucoup apprécié les audio-guides, tant qu'il n'y avait pas foule dans les expositions, mais à présent c'est le brouhaha garanti. Je me suis aperçu récemment que je les aimais de moins en moins. Quant à cette nouvelle application, elle ne sera pas pour moi. Si nous pouvions déjà embrasser la réalité ce serait un tel progrès, alors l'augmenter... Je m'y refuse.
Cela ne me tente pas du tout... Bonne semaine Tania!
Je n'aime pas les audio-guides qui me fatiguent et comme toi m'empêchent de "voir" l'oeuvre. Mais à Avignon, ils ont mis en place un système de "réalité augmentée" qui permet de voir le palais tel qui devait être jadis. Je pense que je tenterai l'expérience.
Je photographie dans les musées quand c'est possible et qu'il n'y a pas trop de monde mais cela ne m'empêche pas d'apprécier les oeuvres car je m'y attarde longuement avant de photographier et je ne photographie que mes coups de coeur.
@ Annie : Oui, nous avons toutes connu cela à l'une ou l'autre grande exposition, malheureusement.
@ Un petit Belge : Bonne semaine, merci pour ton passage.
@ Claudialucia : Pour les lieux historiques, c'est tout autre chose, je suis d'accord. Et pour ce qui est de photographier, je le fais aussi quand c'est permis et que je compte écrire un billet sur une expo, comme toi, en m'efforçant de ne gêner personne.
Je pense au contraire que tu as tout à fait raison de t'inquiéter. Où qu'on aille, les téléphones sont au bout des mains, prêts à l'action.... comme si maintenant, regarder n'était plus possible que par un écran interposé.
Bonne journée.
Dans le tram ou le bus, je m'inquiète aussi de tous ces yeux rivés sur les petits écrans, sans regard pour les endroits traversés, arbres, jardins, maisons, ni pour les passants, les autres voyageurs. Belle journée, chère Marie.
Quand le ludique devient un "tic" ...
Cliquons sans tiquer ?