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A la Brafa (suite)

Pourquoi pas un second billet sur la Brafa 2023 ? Vos commentaires enthousiastes m’y ont encouragée. De plus, Voyage d’un Européen dans le XXe siècle est une lecture au long cours, passionnante et éprouvante dans les pages terribles de notre histoire – ce sera une bonne manière de m’en extraire un peu.

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Jean-Baptiste Monnoyer (1636-1699), Bouquet de fleurs sur un entablement,
huile sur toile, 74 x 21 cm (Franck Anelli Fine Art)

Commençons par le XVIIe siècle. Ce Bouquet de fleurs de Jean-Baptiste Monnoyer, dans son vase à l’antique, illustre bien l’art de la peinture de fleurs alors à son apogée. La description de la galerie incite à apprécier « le grand satiné du bouton de pavot à gauche, la trame hachurée et mouillée de lumière de la feuille d’acanthe » et « l’impalpable légèreté des rose pâle au centre ».

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Quant à ce bénitier précieux en vermeil, dont le contour aux motifs végétaux pourrait évoquer (de loin) l’art nouveau, il date aussi du Grand siècle (Flandres, XVIIe). La scène sculptée représente « La purification de Naaman » dont le Livre des Rois dans la Bible raconte qu’il fut « guéri de la lèpre après s’être baigné sept fois dans le Jourdain sur le conseil du prophète Élisée » (Wikipedia). Un des trésors d’orfèvrerie présentés par Bernard de Leye.

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Armand Guillaumin (1841–1927), Marguerite (fille de l’artiste), 1894,
pastel sur papier, 35 x 27 cm (Galerie DR. NÖTH)

Sans transition, comme à la Brafa, voici la bonne bouille de la petite Marguerite, un pastel sur papier signé « G. 94 » pour Armand Guillaumin, 1894. Troisième des quatre enfants de l’artiste, Marguerite est née en 1893, après Madeleine en 1888, Armand en 1891, et avant André en 1896. Le Portrait de petite fille du musée d’Orsay serait-il celui de sa sœur Madeleine, l’aînée ? J’imagine que dans ce cas la notice du musée l’indiquerait.

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Edouard Vuillard, Madeline Descorps et son fils Bernard au jardin (détail), 1919-1920,
peinture à la colle sur papier marouflé sur toile, 99 x 65 cm (galerie Taménaga)

Madeline Descorps et son fils Bernard au jardin est une charmante étude d’Edouard Vuillard, datée de 1919-1920. En cherchant cette illustration complète (lien précédent), meilleure que ma photo en partie rognée, j’ai trouvé la première étude de cette scène, moins aboutie que celle-ci. Le nabi zouave (surnom de Vuillard dans le groupe) était un grand ami de Bonnard, le nabi japonard : « « Si je vous écrivais à chaque fois que je pense à vous, à notre passé, à la peinture, etc., vous auriez une bibliothèque à compulser. » (Vuillard à Bonnard, le 4 mai 1940)

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Certains stands de la Brafa présentent des curiosités, comme ce lustre spectaculaire. Intriguée par des peintures sur des panneaux blancs, je suis allée les regarder de plus près. Des aquarelles italiennes, du XIXe, si j’ai bien retenu ce que m’a répondu le galeriste (je n’ai pas noté son nom). Cette trentaine de scènes de la vie quotidienne – des paysages, des bâtiments, des personnages à l’extérieur ou dans un intérieur – forment un ensemble très vivant et dans des couleurs harmonieuses. J’imagine le plaisir du collectionneur qui les a réunies de cette façon pour les observer tour à tour, selon l’inspiration du moment.

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A droite : Edgar Degas, Danseuse, arabesque ouverte sur la jambe droite, bras gauche en avant,
bronze réalisé à partir du modèle original en cire (1882-1895) par la fonderie Hébrard (1919-1973), 20,5 x 25 x 10,7 cm

Quelques sculptures, pour terminer. Trois petites danseuses de Degas chez Hélène Bailly. La notice qui accompagne Danseuse, arabesque ouverte sur la jambe droite indique que ce bronze est une épreuve réalisée par le fondeur Hébrard à partir du modèle original en cire. Pour Degas, les modelages en cire étaient des exercices, il ne les destinait pas à la vente. L’occasion de s’interroger sur ce qui distingue l’œuvre originale des versions ou tirages ultérieurs.

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George Minne, L'extase maternelle, 1923, marbre

Autre exemple, la galerie Oscar de Vos présente sur son stand trois versions de L’extase maternelle ou Maternité (Moeder in extase) de George Minne : une version en marbre plus grande que celle en bronze et une autre (un plâtre ?) posée sur une table. D’un point de vue esthétique, on mesure l’écart entre la recherche de la justesse dans le rendu de la posture chez Degas et la manière épurée d’un Minne pour exprimer un état d’âme.

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Ossip Zadkine, Homo sapiens, 1933-1935,
Plâtre original patiné exécuté en 1936, 210 x 141 x 110 cm (A&R Fleury)

Enfin (bien qu’en réalité, ce soit la première sculpture devant laquelle je me suis arrêtée à la Brafa), une grande œuvre de Zadkine intitulée Homo sapiens, un plâtre original patiné de 1936. Le Centre Pompidou possède cette sculpture en bois d’orme, « deux figures assises dont les corps s’imbriquent dans un ensemble monumental », de plus de deux mètres de haut. 

L’homme pose sa main gauche sur l’épaule de la femme qui penche la tête vers lui. De la main droite, il tient un parchemin déroulé. Sur ses genoux, on distingue différents instruments de mesure. Je lis sur le site du musée parisien que « Bernard Dorival appréciait cette œuvre, considérant que Zadkine « a donné à la fameuse Mélancolie d’Albrecht Dürer comme une sœur moderne » ».

Il me reste une œuvre contemporaine à vous montrer. A bientôt.

Commentaires

  • Merciiiii!
    ne te fais pas prier pour un troisième, tu auras sûrement encore besoin d'une pause ;-)
    (hier j'ai lu le chapitre sur 14-18)

  • Ah, chouette, tu t'es plongée dedans aussi. Bonne continuation.

  • Les vitres qui protégeaient ces aquarelles étaient pleines de reflets des spots, sinon j'en aurais photographié davantage.

  • Je ne peux que te féliciter et te remercier de tout ce travail fourni pour monter cette publication. C 'est super , à défaut d'aller sur place, de découvrir toutes ces oevres : celles que j'aime bien , et même celles sur lesquelles je ne me serais pas arrêtées comme par exemple le bénitier en vermeil.
    Bonne soirée

  • Ravie que ce nouveau billet sur la Brafa t'ait plu, Chinou. C'est bien aussi de sortir de ses goûts habituels : l'amateur de belle argenterie qui partageait son invitation avec moi m'a entraînée vers ce stand et ce fut l'occasion de voir des choses rares et précieuses. Qui donc pouvait s'offrir un bénitier si luxueux ? me suis-je aussi demandé.
    Le site de la Brafa est chaque fois une mine à explorer.

  • Merci pour les deux visites. Je dois dire que je suis toujours ébahie lorsque je consulte la liste des auteurs de la pléthore de billets dont vous nous avez régalé;e.s au fil du temps. Merci Tania

  • Merci, Zoë. Cela fera bientôt quinze ans d'activité sur ce blog, forcément, les listes s'allongent ;-).

  • Que l'on aime t'emboiter le pas Tania de musées en expos ! Tout à fait d'accord pour un billet 3 !
    La sculpture de Zadkine ne m'était pas inconnue, j'ai mieux compris en te lisant.
    Car si je saisis bien, toutes ces œuvres sont propriétés de galeries, de particuliers et ne sont pas visibles dans les musées. Je viens de lire que c'est une des plus grandes foires d'Art au monde qui date déjà de 1956.
    C'est vraiment un événement à ne pas manquer, je te comprends !

  • La prochaine fois, ce sera une expo (il y en a plusieurs qui s'ouvrent en ce moment, c'est extra).
    Certaines œuvres exposées par les galeries à la Brafa méritent d'entrer au musée, il y a aussi du plus commercial, suivant les tendances du moment, et toujours une exigence de qualité.

  • J'ai vu une exposition d'Armand Guillemin, il me semble que c'était à Giverny ; je ne le connaissais pas. Tes billets sont toujours une mine de découvertes. J'attends le troisième billet avec plaisir.

  • Le musée d'Orsay possède de nombreuses oeuvres de ce peintre, mais beaucoup ne sont pas exposées ni même visibles en ligne actuellement.
    (Je ne prévois pas de 3e billet, je préfère partager de récentes visites d'exposition.)

  • J'ai bien aimé aussi les œuvres présentées ici .
    J'apprécie tout particulièrement les détails du bouquet et les aquarelles d'une grande finesse mais aussi l'œuvre de Zadkine.
    C'est bien vrai: les reflets des vitrines et tableaux sous verre sont les ennemis des photographes pavés de bonnes intentions, comme toi qui rédiges des billets de grand intérêt . L'affluence dans les musées ne permet pas toujours non plus de profiter au mieux des œuvres... Mais il faut bien les protéger!
    Merci pour ce partage qui me ravit.

  • Heureuse de te retrouver ici, Aliénor, merci.

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