« Si les romanciers observaient consciencieusement la vie réelle, les peintures qu’ils nous donnent offriraient moins de ces effets de lumière et d’ombre qui produisent dans leurs tableaux des contrastes saisissants. Les personnages qu’ils nous présentent n’atteindraient presque jamais les hauteurs de l’extase et tomberaient moins souvent encore dans l’abîme sans fond du désespoir, car il est rare de goûter la joie dans toute sa plénitude, plus rare peut-être de goûter l’âcre amertume d’une angoisse complètement désespérée ; à moins que l’homme ne se soit plongé, comme la bête, dans les excès d’une sensualité brutale, qu’il n’y ait usé ses forces et détruit les facultés qu’il avait reçues pour être heureux. »
Charlotte Brontë, Le professeur
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Commentaires
Mais si les écrivains "collaient" plus à la vie réelle, nous captiveraient-ils toujours autant ? Je réalise que les romans qui sont très crus justement sur la vie comme elle est ne m'emballent pas tellement.
Passage intéressant que je "détourne" et fais pencher non pas du côté du roman mais qui renvoie à la vie, pas si tranchée, rarement unicolore, et qui interroge finalement la condition d'humain heureux,à la fois sensible et doué de raison...
@ Aifelle : Bonne question. Les romans ont besoin de style pour rendre au réel ses couleurs, comme un paysage se ranime sous le soleil.
@ K : Ni dans un roman ni dans la vie, nous n'aimons les jours ternes - dont la définition varie sans doute d'une personne à l'autre. Mais les mots ont l'incroyable pouvoir d'éveiller, de réveiller, voire d'illuminer.
Le bonheur est un sentiment qu'on crée en magnifiant les événements de la "vie réelle" avec la complicité de l'imaginaire. ---
Pourquoi voudrait-on que le roman, qui est fiction, ressemble à la vie réelle? Même s'il puise généralement ses sujets chez les humains, dans les couleurs et la nature.
Moi aussi je me pose des questions quant à cette "faculté à être heureux" qui semble ici innée mais me semble plus littéraire que réelle; tout comme l'amour parfait etc...
Nous en revenons à la fiction.
Vaste question... et belle écriture ;-)
Pourtant, je vois beaucoup de ces "contrastes saisissants" dans la vie réelle des gens que je côtoie (et pas seulement dans la vie-rollercoaster des adolescents ;-))
@ Doulidelle : Merci pour cette définition personnelle.
@ Colo : Bonne remarque, Colo. Introduire de la fiction dans la vie réelle et vice-versa, pourquoi s'en priver ?
@ Margotte : N'est-ce pas ? Bonsoir, Margotte.
@ Adrienne : L'adolescence y serait plus propice ?
Les romans gris, qui palpent l'ordinaire, ont un charme qui tient dans la manière de le donner à voir .
Vous l'exprimez si bien qu'il n'y a rien à ajouter.