Vous vous souvenez de Bruxelles vue par les peintres, ce beau livre de « promenades au cœur de la ville » ? Fabien De Roose continue sa collection avec Namur vue par les peintres, cinq parcours dans la capitale de la Wallonie. Rappelons le principe : chaque promenade compte au moins dix « arrêts sur images » avec les explications du guide pour éclairer d’une part la peinture du lieu représenté et d’autre part son histoire, son évolution qu’on peut aussi observer sur la photographie actuelle, une vue du même endroit prise sous le même angle.
« Autour de la cathédrale », « Au cœur de la vieille ville », « Les rives de la Sambre », « Au fil de la Meuse », « La vallée mosane, de Namur à Profondeville », voilà le programme de cet ouvrage à lire tranquillement chez soi ou sur place. Comme pour Bruxelles, des indications pratiques et un plan très clair en font un véritable guide pour une approche historique et picturale de cette ville « ancrée à la confluence de la Meuse et de la Sambre ». Nouveauté : de petits encadrés en bas de page pour signaler une bonne maison, une fresque, un musée, un estaminet, une histoire locale…
Parmi la soixantaine de tableaux qui jalonnent ces promenades, ceux d’Albert Dandoy (1885-1977) sont les plus nombreux, et à ma première lecture de Namur vue par les peintres, c’est lui qui m’a intéressée d’abord. Fils du peintre Auguste Dandoy – il a été son élève et deviendra comme lui professeur à l’académie des beaux-arts de Namur – Albert Dandoy représentait surtout des sites urbains et les paysages de la proche banlieue qu’il aimait.
« Rue Chenil » (1950) est un véritable « instantané de la vie namuroise » : la façade d’angle de la maison Montjoie occupe la gauche du tableau, avec ses courbes et ses volets peints, tandis qu’à droite, en perspective, l’œil plonge vers l’actuelle rue Lelièvre, avec les arbres de la place du Palais de Justice et sa tour d’angle, puis au fond, l’ancien Lycée royal, aujourd’hui Haute Ecole (Albert Jacquard). Des passants animent la composition peinte avec une touche légère, impressionniste.
La présence de personnages – trois ecclésiastiques en soutane (« Namur, rue Bruno »), deux hommes poussant leur charrette (« Le carillon »), des silhouettes sous les parapluies (« L’église Saint-Loup ») – égaie les dessins et toiles d’Albert Dandoy. On reconnaît ses toiles à leur cadrage original, aux couleurs, elles ont quelque chose de joyeux qui l’a rendu très populaire dans sa région. Chrysanthèmes du marché de la Toussaint, combats d’échasseurs (échassiers), bouquets déposés un Vendredi Saint à la petite chapelle du « Bon Dieu de Pitié », joutes nautiques, il a peint des traditions chères aux Namurois.
Rops, Le rocher des grands malades, 1876 (Musée des Beaux-Arts de Liège)
Namur vue par les peintres offre une vision particulière du patrimoine – cathédrale, églises, chapelles, hôtel de ville, théâtre, écoles – et de ce qui fait le charme d’une cité traversée par l’eau, ici Sambre ou Meuse – quais, rives et ponts –, sans oublier la citadelle et le paysage environnant, comme le fait Félicien Rops (qui a son musée à Namur) en peignant Le rocher des grands malades.
En couverture, De Roose a repris une belle vue du pont de Jambes et de la Citadelle signée Mecislas de Rakowiski (1882-1947), un Polonais arrivé dans les années vingt en Belgique et qui s’est installé à Namur pendant la Seconde Guerre mondiale. Des toiles de Rakowiski circulent de temps à autre dans les salles de ventes bruxelloises et j’ai retrouvé avec plaisir les bleus gris délicats de sa peinture dans ce tableau et aussi dans « Namur, rue de Fer ».
Parfait pour visiter la ville « autrement », Namur vue par les peintres donne envie de mettre ses pas dans ceux des artistes, une trentaine, nés presque tous au XIXe ou au XXe siècle, qui ont pris le temps de fixer sur la toile des vues anciennes ou modernes. Accompagné d’une invitation à la balade d’amis chers de cette belle région, c’est un livre qui prendra l’air en leur compagnie et qui promet bien du plaisir.
Commentaires
Magnifique! Je ne connais pas Namur mais vous m'avez donné envie d'aller la visiter. Ce livre est une très belle et instructive carte touristique . Accompagné de vos explications on s'y croirait presque. Merci beaucoup.
Merci, Gérard, heureuse de vous avoir donné envie de découvrir les charmes de Namur qu'on peut visiter aussi en empruntant la Namourette - http://www.ville.namur.be/page.asp?id=1184&langue=FR
Belle journée à vous, estivale à souhait.
Les "grands malades" : à la césure entre Namur et Beez. Là se retrouvaient exilées de la ville, les victimes de la peste, une maladie dont l'énoncé seul était réputé la transmettre d'où cette étiquette à la fois floue et stigmatisante de grands et de malades...
La rue "de fer" débutait par une tour recyclée en prison pour y mettre aux fers l'un ou l'autre personnage peu recommandable et/ou pas en odeur de sainteté (mais cette fortification ne fut pas fréquentée par un célèbre masque)...
NB : Namur et trois générations de Dandoy (le fils d'Albert passa de la peinture à la photographie) ne font qu'un
oui ces livres sont superbes... je les ai feuilletés ;-)
je vais enfin faire la connaissance de Namur, fin août, je me suis inscrite pour les deux journées "Intime festival"
Je connais cette collection ; elle est très bien. Bonne semaine Tania.
Ah oui ! Cette peinture de pont me plaît beaucoup ! Quelles couleurs lumineuses ! Dès qu'on te lit, Tania, on a envie de prendre le premier train pour la Belgique.
@ JEA : Je n'avais pas pris le temps de sonder cette appellation mystérieuse des rochers peints par Rops, merci d'éclairer notre lanterne, et aussi à propos du fer et des fers... Namur n'a pas de secrets pour vous ?
@ Adrienne : Une belle affiche, tu nous en diras des nouvelles, j'espère.
@ Un petit Belge : On y trouve Liège aussi. Bonne semaine, petit Belge, après cette fête nationale extraordinaire et réussie.
@ Euterpe : Bonsoir, Euterpe. Pourquoi pas ? Tu y trouveras le même temps estival qu'à Berlin, à peu de chose près. Bientôt en vacances ?
Je vais recommander ce livre à ma soeur, elle va adorer! Tu dis Liège aussi? Là c'est mon frère...tu vois, super idée de nous en parler, merci.
Quant à moi, nous, une balade dans Namur à ma prochaine visite?
En attendant toujours ma connexion, la curiosité a bien fait de me pousser chez toi ce matin. Un beso.
Bonjour, Colo, je retiens ta suggestion pour ton prochain séjour en Belgique.
Beaucoup trop longue, cette panne de connexion, à s'arracher les cheveux, patience et prions, ma soeur.
Votre présentation m'a conduit vers "Liège vu par les peintres" (à venir en mars 2014, semble-il). Je le pointe d'ores et déjà.
En couverture, la place du Marché n'était pas si différente de celle que je connais.
Oh, merci pour la précision, Christw, je m'étais contentée des couvertures sans ouvrir le lien de l'éditeur. Une ville à découvrir pour moi qui ne m'y suis rendue que pour l'une ou l'autre exposition.
C'est vrai que comme tu l'as décrite Namur est une belle ville. Mais, je ne la connais vraiment pas.
Comme les autres, je te demande un reportage sur Liège...
Bonjour, Mado. J'espère visiter Liège bientôt avec une amie liégeoise, en attendant cette publication. Et quand je flânerai dans Namur, je prendrai des photos, bien sûr.
J'aime beaucoup le principe de ce livre, qui me donne des envies de voyage dans votre pays, que je connais très peu.
Merci, Annie, voilà qui récompense ce billet.