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poésie - Page 30

  • Je ne veux pas

    Pause en poésie / 4      

     

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     Henri Horace Roland Delaporte (1724-1793)

     

    Je ne veux pas être philosophe

    Mais vivre, mais couper du pain…

    Tu peux entendre une parole

    Dans la peau rugueuse des mains.

     

    Mes semelles d’homme ont compris

    Le chant électrique et sourd,

    Le chant d’usure des pavés

    Dans la riche longueur du jour.

     

     

    Robert Vivier, Rien qu’aujourd’hui (Pour le sang et le murmure, 1954).

  • La joie

    Pause en poésie / 2      

    Vivier oiseau sur ciel bleu.jpg

    Connais-tu la joie ?

    C’est un vol d’images

    Que je n’ai jamais aperçues

    Et dont j’adore les couleurs.

     

    Peut-être bat-il en moi

    Ce bond inespéré

    D’oiseaux blancs et rouges,

    Mais j’ignore comment éclate

    La lucarne obscure.

     

    Rien ne pèse

    Sur la cloison du cœur

    Comme ces ailes du miracle

    Enfermé.

     

     

    Robert Vivier, Le miracle enfermé, 1939.

  • C'est peu de chose

    Pause en poésie / 1 
     
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    C’est peu de chose, la poésie :

     

    Un air plus tiède,
    L’arbre sans vent,
    Le soir qui cesse d’approcher,
    Les douces plantes qu’un remords
    Ramène au jardin des anciens jours.

     

    C’est peu de chose la poésie :
    Un cœur irrésolu,
    Tous les chemins qui recommencent…

     

    Et la vie peut-elle autre chose
    Que tendrement, avidement
    Recommencer ?

     

     

    Robert Vivier, Cahier d’un printemps (Pour le sang et le murmure, 1954)

    in Poésie 1924-1959, Editions universitaires, Paris, 1964.

  • Vieille femme

    « Ce que je sais depuis l’enfance : de toutes les femmes au monde, Pouchkine préférait sa nourrice, laquelle n’était pas une femme. Du poème de Pouchkine – et pour toute la vie – j’ai appris qu’on pouvait, parce qu’elle est la plus proche, aimer une vieille femme plus qu’une femme jeune – parce qu’elle est jeune, parce qu’elle est l’aimée. Pour nulle autre, Pouchkine n’a trouvé de mots plus tendres.

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    Compagne de mes longues veilles
    - O ma colombe aux cheveux blancs ! -,
    Dans tes forêts, toujours pareilles,
    De lustre en lustre tu m'attends.

    A ta fenêtre, pleuve ou vente,
    Tu guettes, guettes l'attardé,
    Et tes aiguilles se font lentes
    Et glissent de tes doigts ridés.

    Par le portail d'antiques âges
    Tu vois s'enfuir le grand chemin.
    Tourments, pressentiments, présages
    Oppressent ton fidèle sein...

    Tu vois venir...

     

    (A ma vieille bonne, 1827)

     

    On trouve chez un seul autre génie parole aussi tendre pour une vieille femme – un autre maître de nos vies, disparu voici peu – Marcel Proust. Proust. Pouchkine. Deux monuments d’amour – filial. »

    Marina Tsvetaïeva, Mon Pouchkine