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vivier

  • Il y a...

    Il y a toujours quelque chose :
    Les veines battent, le cœur
    Est nouveau,
    Et nous nous étonnons de nos naissances.

    vivier,robert,poésie,littérature française de belgique,il y a,cultureSais-tu quels peuples fabuleux
    Bougent en toi ? L’heure venue
    Tous écartent les brouillards,
    Les uns armés de trompettes,
    D’autres à pas de loup…
    De vieux soleils qui s’étouffaient dans la mémoire
    Approchent délivrés par le printemps
    Et les joies soudain t’environnent,
    Paysages de prairies.

    La merveille éparse du monde
    Sans fin cède et se recompose,
    Mais c’est toi qui, t’éveillant
    Toujours nouveau, multiplies
    Le visage éternel.

     

    Robert Vivier, Poésie 1924-1959, Editions universitaires, Paris, 1964

    © Geeraerts M.J., Soleil levant

    * * *

    Bonne & heureuse année 2020 !    

    Tania     

  • Vent de Pâques

    Pause en poésie / 8      

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    Les foules du bleu m’environnent,

    Leurs voix se détruisent sans trêve.

    Qui les interroge ? Personne.

    L’une commence et l’autre achève.

     

    Et le chœur solaire élabore

    Des villes sans murs et sans portes,

    Folles de fenêtres sonores

    Et de tours qu’un silence apporte.

     

     

    Robert Vivier, Pas des saisons (Tracé par l’oubli, 1951).

  • Maison du temps

    Pause en poésie / 7      

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    Où s’est-il caché, l’enfant siffleur

    Qu’un bleu soleil bombardait d’oranges

    Et qui dansait au bruit des couleurs

    Comme dansent l’herbe et la mésange ?

     

    Pour la maison qui touche à la nuit

    Une main défunte pianote

    Le début d’un songe, mais l’ennui

    Fane en plein vol le bouquet des notes…

     

    Tout s’est tu dans les chambres du Temps

    Où l’hier et le demain s’embrouillent,

    Où l’hôte brun s’arrête hésitant

    Devant soi-même, aux miroirs de rouille.

     

    Robert Vivier, Rites et fables (Tracé par l’oubli, 1951)

  • Rite du vent

    Pause en poésie / 6      

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    Toute la nuit le vent souple se coule

    De l’un à l’autre côté des choses

    Comme un homme nu, couleur de feuilles.

     

    Par les couloirs qu’il fore dans le sang

    Plusieurs tribus ténébreuses s’engouffrent

    Chaudes de souffles, de pas nombreux…

    Peuples danseurs, vêtus de mélopées,

    Vous m’entraînez aux rites somnambules

    Où le ciel tangue, où des buissons titubent,

    Où je déterre au hasard des paumes

    Sous les broussailles cousues par l’ombre

    Les étincelles du premier désir.

     

     

    Robert Vivier, Rites et fables (Tracé par l’oubli, 1951)

  • Il faudrait

    Pause en poésie / 5      

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    Il faudrait s’éveiller, et que ce soit la fête

    Pour les oiseaux muets qui vivent sur les murs.

    Depuis l’éternité les branches les arrêtent,

    Mais j’ai toujours rêvé d’entendre leur murmure.

     

    Les aras longs et bleus regardent à la vitre,

    Et des duvets précis me touchent par moments.

    – Je me souviens d’un singe au visage si triste,

    Qui tournait l’orgue vite et trop distraitement.

     

    La fête des oiseaux sera folle et timide.

    Aux branches du silence ils n’attendent que l’heure…

    Mais l’horloge invisible accapare le vide

    Et fige les oiseaux dans leurs nids de couleurs.

     

     

    Robert Vivier, Au bord du temps, 1936.