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  • Schjerfbeck, peintre

    J’avais prévu d’aller à une exposition ce vendredi après-midi, mais le gel, le verglas, le grésil – et enfin la neige – m’ont retenue au chaud. La lettre d’Europeana dans ma boîte de réception ne pouvait tomber plus à point, avec ses « Trésors de la Galerie nationale finlandaise » en ligne, où un autoportrait retient mon regard, celui d’Helene Schjerfbeck (1862-1946) dont le nom m’était inconnu, une peintre finlandaise réputée.

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    Helene Schjerfbeck, Autoportrait, 1915, Galerie nationale de Finlande

    Dans un article pour Connaissance des Arts, Frank Claustrat a présenté « Helene Schjerfbeck, franc-tireur de la peinture moderne » à l’occasion de la rétrospective organisée à Helsinki en 2012 pour le 150e anniversaire de sa naissance. Il la cite : « « Je ne veux suivre aucun isme ; vivre seule c’est toujours ce à quoi j’ai aspiré, parler d’art de temps en temps avec toi, regarder ensemble des reproductions ». Cette déclaration de Schjerfbeck à son ami peintre Einar Reuter, en 1931, résume à la fois la femme et l’artiste singulières qu’elle fut : rebelle et à la marge, secrète et passionnée. »

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    Helene Schjerfbeck, portrait d'Helena Westermarck, 1884, Art museum Gösta 

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    Helene Schjerfbeck, La porte (chapelle Notre-Dame de Trémalo à Pont-Aven), 1884 

    Enfant douée, elle arrive à Paris en 1880 grâce à une bourse, elle y étudie entre autres à l’académie Colarossi avec une amie, Helena Westermarck, une artiste suédo-finlandaise également écrivaine. Wikipedia.fr montre des toiles peintes à la fin du XIXe siècle, des scènes avec des enfants surtout, réalistes, comme cette fillette en blanc et noir nouant les lacets de ses chaussures de danse – une de ses œuvres les plus populaires. Des femmes en chemin vers l’église, les plus âgées en châle noir, missel à la main.

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    Helene Schjerfbeck, Fillette enfilant ses chaussures de danse, 1882

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    Helene Schjerfbeck, Le convalescent, 1888

    Expositions à Paris, voyages en Europe, Helene Schjerfbeck connaît le succès. Rentrée en Finlande, elle enseigne régulièrement à l’école de dessin de l’association des arts à Helsinki, jusqu’à ce que sa santé fragile et les soins apportés à sa mère l’en éloignent. Elle s’installe alors à une cinquantaine de kilomètres, à Hyvinkää, et y développe un art plus personnel – « postmoderniste » selon le Wiki anglais – en choisissant des sujets autour d’elle, des personnages de son entourage, des ouvrières ; elle peint aussi des paysages et des natures mortes.

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    Helene Schjerfbeck, La couturière, 1905

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    Helene Schjerfbeck, Fillette sur le sable, 1912, Galerie nationale de Finlande

    Auriez-vous vu l’exposition qui lui a été consacrée au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 2007-2008 ? Les archives du musée en ligne ne remontent pas jusque-là. Heureusement Wikimedia Commons propose de nombreuses œuvres d’Helene Schjerfbeck, ce qui permet d’observer l’évolution de son style, du réalisme voire du naturalisme de ses débuts vers une peinture qui va à de plus en plus à l’essentiel : des traits, des silhouettes épurées, des halos qui donnent à certaines toiles du mystère à la Spilliaert.

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    Helene Schjerfbeck, Fille lisant (Fille assise), 1904, Galerie nationale de Finlande 

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    Helene Schjerfbeck, portrait de l'acteur Matti Kiianlinna, 1926-1927

    Elle n’hésitait pas à reprendre des anciens sujets dans une nouvelle technique, comme le thème du Convalescent – une Convalescente ? –, une toile primée à Paris en 1889, qu’elle redessine pour une lithographie en 1938-1939, à l’âge de 76 ans. « Maintenant que j’ai si rarement la force de peindre, j’ai commencé un autoportrait », écrivait-elle à un ami en 1921. « De cette façon, le modèle est toujours disponible, même si ça n’a vraiment rien d’agréable de se voir. » (Wif Stenger, Le touchant univers d’Helene Schjerfbeck)

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    Helene Schjerfbeck, Autoportrait, 1884-1885

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    Helene Schjerfbeck, Autoportrait, 1942

    Helene Schjerfbeck est entre autres célèbre pour ses autoportraits. Quel chemin parcouru entre celui de sa jeunesse, à vingt-deux, vingt-trois ans et celui qu’elle peint en 1942, quelques années avant sa mort dans un sanatorium. Je ne parle pas de la différence d’âge, vous l’avez compris, mais du témoignage ainsi donné par une grande artiste : sans cesse réinventer sa façon de peindre, au plus juste de sa sensibilité.

  • Pas de nom

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    « Les femmes n’ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d’autres repères. Leur affirmation au monde, leur « être là », leur création, leur signature, en sont déterminés. Elles s’inventent dans un monde d’hommes, par effraction. »

    Marie Darrieussecq, Etre ici est une splendeur. Vie de Paula M. Becker

    Paula Modersohn-Becker, Autoportrait au sixième jour de mariage, 1906,
    Musée Paula Modersohn-Becker, Brême

  • De Marie à Paula

    C’est une lettre d’amour de cent cinquante pages que Marie Darrieussecq envoie à une peintre méconnue hors d’Allemagne, dont une toile l’a bouleversée : Etre ici est une splendeur. Vie de Paula M. Becker. Le titre est emprunté à Rilke, qui fut son ami. Cette biographie de Paula Modersohn-Becker (1876-1907) a été écrite pendant la préparation de la rétrospective au Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2016 : « un printemps et un été pour Paula, cent dix ans après son dernier séjour parisien ».

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    Paula Modersohn-Becker, Autoportrait avec iris, 1907 (Folkwang Museum, Essen)

    Une biographie et le récit d’une rencontre. Des lieux de sa vie, Darrieussecq décrit d’abord la maison de Worpswede où vivaient Paula et son mari Otto, « les Modersohn-Becker ». On y montre trois pièces et sur un chevalet, « une reproduction de son dernier tableau, un bouquet de tournesols et de roses trémières » - « Elle ne peignait pas que des fleurs. »

    « L’horreur est là avec la splendeur, n’éludons pas, l’horreur de cette histoire, si une vie est une histoire : mourir à trente et un ans avec une œuvre devant soi et un bébé de dix-huit jours. » On peut voir sa tombe dans ce village, « horrible », écrit-elle, où un ami a sculpté une femme à demi nue, un bébé assis sur son ventre.

    Plutôt qu’un récit linéaire, Marie Darrieussecq a opté pour des séquences de quelques lignes, une vingtaine au maximum ; les blancs sont comme des silences, des respirations, parfois des arrêts sur images. Elle cite de nombreux extraits du journal de Paula et de sa correspondance avec Clara Westhoff, sa meilleure amie, avec sa mère, ses amis.

    A seize ans, la troisième des six enfants Becker (le septième est mort petit) est envoyée en Angleterre « pour apprendre à tenir un ménage » ; elle rentre plus tôt que prévu. « Un oncle lui a laissé un petit pécule, elle s’installe à Worpswede, et investit dans Mackensen dont les cours sont réputés. » Sa peinture ne va « pas tellement » plaire aux « aux délicats paysagistes » de cette communauté de peintres et encore moins à la critique lors de sa première exposition à Brême en 1899.

    Paula voit à Brême les premiers tableaux d’Otto Modersohn, qui a onze ans et dix-sept centimètres de plus qu’elle et l’attire beaucoup. Il est marié à « une petite femme intuitive et sensible ». En 1900, elle va à Paris, s’inscrit à l’Académie Colarossi et suit des cours d’anatomie à l’Ecole des Beaux-Arts qui vient de s’ouvrir aux filles. A l’époque, cela suffit pour être considérée comme une fille « perdue ». De plus, on attend d’elles « de jolis tableaux séduisants, quand les hommes ont le droit de faire voyou », raconte une étudiante anglaise de l’époque.

    Une petite chambre boulevard Raspail. Clara Westhoff, qui étudie chez Rodin, est sa voisine. Paula va au Louvre, dans les galeries, découvre « une simplicité nouvelle : Cézanne », se promène « beaucoup et partout ». « Mlle Becker » gagne le concours de l’Académie, écrit longuement à Modersohn. Ils devraient venir à Paris, voir l’Exposition universelle qui l’enchante, « vite, avant qu’il ne fasse trop chaud ». Otto arrive le 11 juin, rentre chez lui le 14, sa femme vient de mourir. Paula rentre aussi.

    En septembre 1900, Rilke rend visite à son ami Vogeler, un événement pour la colonie de Worpswede, une douzaine d’artistes. La plupart sont de la région, ils aiment ce paysage plat et les paysans pauvres et pieux – « c’est authentique ». Dans la monographie qu’il leur consacrera, Rilke ne mentionne pas Paula, rencontrée là quand ils ont vingt-quatre ans tous les deux, en même temps que Clara qu’il a prise pour sa sœur. Entre les deux, son cœur va balancer. Il aime la compagnie des femmes.

    Rilke aime son atelier aux murs outremer et turquoise avec une bande rouge – « Le soir est toujours grand quand je sors de cette maison. » « Femme assise », « vieille paysanne », « fillette debout » : Paula peint des modèles locaux et des nus d’enfants. Quand elle lui annonce ses fiançailles avec Otto Modersohn, le jeune poète lui écrit « sa magnifique Bénédiction de la mariée ».

    « 1901 est l’année des mariages. Paula et Otto, Clara et Reiner Maria, Heinrich Vogeler et Martha. » Leurs journaux respectifs contiennent des brèches. « Et par toutes ces brèches j’écris à mon tour cette histoire, qui n’est pas la vie vécue de Paula M. Becker, mais ce que j’en perçois, un siècle après, une trace », écrit Marie Darrieussecq à la page 50, au tiers de son récit.

    Il faut lire Etre ici est une splendeur pour la justesse du texte, concis, sensible : elle rend présente cette vie de femme et d’artiste, ses amours et ses amitiés, son regard de peintre, sa volonté de créer qui la poussera un jour à quitter son mari, à retourner à Paris, tant est forte sa passion – contrairement à Clara qui, une fois mariée à Rilke, est « interrompue ». Et tant pis pour les problèmes d’argent. Mais Paula et Otto continuent à s’écrire.

    Otto perçoit sa force artistique : « Les écailles me sont tombées des yeux […] : ce sera la course, entre elle et moi. » Il aime ses portraits : « Force et intimité. » Marie Darrieussecq montre les peintures de Paula, son admiration, avec une certaine brièveté : « Les tableaux existent. Ils se suffisent. » Natures mortes, portraits, nus, autoportraits.

    Lorsque la biographe visite le musée Folkwang à Essen, en 2014, elle s’indigne de trouver les œuvres de femmes au sous-sol, dont « le chef-d’œuvre de Paula, l’Autoportrait à la branche de camélia » condamné par les nazis. Darrieussecq apprécie les « vraies femmes » et les « vrais bébés » de Paula. A Wuppertal, le conservateur lui montre dix-neuf tableaux « tous à ce moment-là dans les réserves. » Son autoportrait le plus célèbre est à Brême, au musée Modersohn-Becker « la première fois qu’une femme se peint nue ».

    Paula est morte subitement d’une embolie après avoir accouché d’une petite fille, Mathilde Modersohn, quand elle s’est levée. Elle a eu le temps de dire « Schade » (dommage). Ce dernier mot a incité Marie Darrieussecq à écrire, pour lui rendre « plus que la justice » : « l’être-là, la splendeur ».

  • Sensible

    VdW Le peintre devant sa fenêtre 1920.jpg« Le dessin a pour moi une importance primordiale, il doit être aussi sensible que la couleur qu’il limite. Je modèle mes surfaces avec soin, chacune d’elles devient alors un volume possédant sa valeur propre mais chacun de ces volumes est solidaire des autres. Tous s’efforcent de donner à l’ensemble de la toile l’homogénéité indispensable, sinon c’est le chaos. »

    Gustave Van de Woestyne (entretien de 1929)

    Robert Hoozee et Cathérine Verleysen, Gustave Van de Woestyne, Fonds Mercator / MSK, Gand, 2010.

    Gustave Van de Woestyne, Le peintre devant sa fenêtre, lithographie, vers 1920, collection privée

  • G. Van de Woestyne

    Gustave Van de Woestyne, par Robert Hoozee et Cathérine Verleysen, est un bel ouvrage paru au Fonds Mercator en 2010, à l’occasion d’une rétrospective au Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK). Il me semble que c’est au musée Van Buuren, qui possède trente-deux toiles du peintre gantois, que j’ai découvert son nom en premier, notamment sous La table des enfants dont j’aime la clarté, l’angle de vue, la lumineuse simplicité – cinq enfants au regard sérieux.

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    Gustave Van de Woestyne, La table des enfants, 1919, Uccle, Musée Van Buuren © SABAM Belgium

    Né à Gand, il est le frère cadet d’un écrivain belge de langue néerlandaise, Karel Van de Woestijne, qui a choisi une graphie plus flamande pour son patronyme. Après cinq ans à l’Académie de Gand, Gustave Van de Woestyne (1881-1947) détruit presque tout ce qu’il y a fait avant de s’installer à Laethem-Saint-Martin chez son frère aîné. Celui-ci y fonde un cercle artistique, avant de se marier et de quitter Laethem. Une exposition sur les Primitifs Flamands à Bruges en 1902 les a beaucoup marqués, ainsi que le travail de George Minne, leur voisin.

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    Gustave Van de Woestyne, Autoportrait à Laethem-Saint-Martin, 1900, collection privée
    © SABAM Belgium (couleurs peu fidèles)

    Le jeune peintre est attiré très tôt par la spiritualité, et par deux fois, il se tourne vers la vie monastique, mais à l’abbaye bénédictine de Louvain, on lui conseille de « rentrer dans le monde » et c’est dans son atelier que Gustave VdW va mener sa vie de « créativité contemplative ». A la différence des autres peintres du premier groupe de Laethem-Saint-Martin, il ne peint pas le paysage, la nature, la beauté des saisons. Ce qu’il préfère, ce sont les figures, et en particulier peindre des paysans, des humbles, des déshérités. Dans ces portraits individuels, le visage occupe la toile en gros plan, le décor est présent, mais secondaire, plutôt symbolique.

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    Gustave Van de Woestyne, Le berger, 1910, Uccle, Musée Van Buuren © SABAM Belgium

    En 1908, il épouse Prudence De Schepper. Leur premier enfant meurt l’année suivante, à l’âge d’un mois. Ils quittent alors le village de Laethem pour Louvain, mais Gustave VdW continuera à s’en inspirer. Ils auront cinq autres enfants. Dans la couleur, il se distingue par une palette « plus proche du fresquiste du Quattrocento que des peintres médiévaux de son propre pays ». Ses portraits de femmes privilégient « le raffinement formel, la sérénité et la pudeur spiritualisée ».

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    Gustave Van de Woestyne, Dimanche après-midi, 1914, Bruxelles, MRBAB © SABAM Belgium (source) 

    Pendant la première guerre mondiale, il se réfugie en Grande-Bretagne, comme beaucoup d’artistes belges. Au Pays de Galles puis à Londres, il rencontre des exilés, comme Emile Claus qu’il admire, et un mécène et collectionneur d’art, Jacob de Graaff, avec qui il correspondra pendant vingt ans, « une des principales sources écrites pour l’étude de l’artiste ». Ce qu’il peint en Angleterre diffère du « réalisme de détail » d’avant-guerre, la texture de la toile y est traitée dans une manière plus proche de la fresque.

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    En couverture du catalogue : Gustave Van de Woestyne, Gaston et sa sœur, 1923, KMSK

    Au retour, il reste sous l’influence des primitifs flamands – réalisme, simplicité, clarté – alors que l’expressionnisme flamand bat son plein. Il déclare dans un entretien son goût pour « un classicisme en rapport avec les idées de notre temps », son horreur des grands gestes et des poses, de l’emphase : « La vie intérieure ne se révèle jamais aussi intensément que dans le silence. » (1929)

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    Gustave Van de Woestyne, Le Christ offrant son sang, 1925, Bruxelles, MRBAB
     © SABAM Belgium

    Pourtant il peint aussi des tableaux religieux pleins de souffrance et d’angoisse, qui sont critiqués. Quels sont alors ses tourments ? Il regrette d’avoir trop peu de temps pour peindre comme il veut, vu le temps qu’il consacre à enseigner à Malines, Anvers, Bruxelles. En tout cas, il cherche à créer un art religieux moderne qui ne soit ni mou, ni sucré – « des œuvres d’art sincères et authentiques ». Il se sent des affinités avec Maurice Denis.

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    Gustave Van de Woestyne, Paysanne, 1926, Bruxelles, Musée Van Buuren © SABAM Belgium

    Si Van Buuren lui commande des natures mortes pour décorer sa maison (aujourd’hui musée), Gustave VdW reste avant tout un portraitiste. Beaucoup lui demandent de peindre leur portrait, c’est une source de revenus constante, mais il se plaint du temps passé à ces « stupides portraits ». Lui peint de préférence un « type humain introverti », des aveugles, des visages impénétrables.

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    Gustave Van de Woestyne, Le Christ dans le désert, 1939, Gand, MSK
     © SABAM Belgium

    Impossible de résumer l’évolution de Gustave Van de Woestyne de façon linéaire, son œuvre est éclectique. Son frère Karel y distinguait trois groupes : « les paysans, les scènes religieuses et les expériences personnelles ». J’aurais aimé vous montrer beaucoup plus de peintures, il y en a tant de belles ! La Collection d’art flamande présente 40 œuvres, à agrandir sur son site.

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    Gustave Van de Woestyne, Fugue, 1925, Gand, MSK © SABAM Belgium 

    Si le nombre de sujets est limité, on peut y trouver des liens avec le symbolisme, l’art nouveau, le modernisme, l’expressionnisme, mais sa peinture est profondément originale – « Le mystère Gustave Van de Woestyne », titrait Guy Duplat en 2010. Parfois serein, parfois tendu, son monde est intériorisé et c’est sans doute pourquoi, encore aujourd’hui, il nous interpelle d’une manière singulière, et avec force.