Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lodge - Page 2

  • L'odeur du café

    Y a-t-il sujet plus mystérieux que la conscience ? Pensées secrètes m’a poussée à rouvrir A la réflexion de David Lodge pour relire une interview sur ce roman, en particulier, et le tout dernier article du recueil, La conscience et le roman. Les dialogues entre le professeur Ralph Messenger et la romancière Helen Reed m’ont incitée à le relire avec plus d’attention. 

    lodge,littérature anglaise,pensées secrètes,a la réflexion,conscience,science,littérature,qualia,culture
    Turner, Soleil couchant sur un lac, 1840-1845

    Il est assez piquant, dans l’entretien avec Craig Raine (rédacteur en chef de la revue Areté) publié en 2001, de comparer la manière dont Lodge et lui parlent des personnages de Pensées secrètes. C.R. juge qu’Helen Reed « est une femme délicieuse et intelligente, mais que comme écrivain, elle oscille entre le médiocre et le passable » et qu’elle n’est pas « aussi intéressante que Ralph Messenger ». Il ajoute que dans le roman, le plus brillant vient de Lodge lui-même, « en la personne du narrateur omniscient à la troisième personne. »

    L’insistance de l’interviewer à dévaloriser son personnage féminin rencontre pas mal de résistance du côté de Lodge qui répond finement : « Je ne suis assurément pas parti avec l’idée de faire d’Helen un écrivain de second ordre (…), je voulais qu’elle soit une bonne romancière. » – « Je pense donc que rien de ce que vous avez dit n’est incompatible avec le livre – mais ce n’est pas la seule façon de le comprendre. » David Lodge a incarné dans le duo de Pensées secrètes deux approches différentes de la conscience, sans les hiérarchiser.

    C.R. aborde un autre passage où Messenger et son épouse réagissent différemment à un suicide, il demande à Lodge de quel côté il se situe. Dans le roman, l’écrivain a voulu montrer deux points de vue opposés, sans prendre parti, mais dans la vie réelle, il dit ne pas pencher du côté de Ralph, mais de sa femme. Et ainsi de suite. Un dernier passage résume bien sa position d’ouverture : « C’est un livre sur la conscience vue sous tous ses angles et dans toutes ses implications. La façon dont vous interprétez mon livre, en critique littéraire professionnel, m’intéresse, me séduit, et me surprend légèrement. C’est évidemment celle qui vous correspond. (…) Je ne dis pas que votre lecture soit erronée, mais ce n’est pas comme ça que j’ai créé le livre. » («Une conversation à propos de Pensées secrètes ») 

    lodge,littérature anglaise,pensées secrètes,a la réflexion,conscience,science,littérature,qualia,culture

    Ralph raconte à Helen « une vieille blague que ressortent presque tous les livres sur la conscience, l’histoire de deux psychologues behavioristes qui font l’amour, et après l’un dit à l’autre : « Pour toi, c’était bien, comment c’était pour moi ? » » Avant de passer à l’article sur la conscience et le roman, voici un autre extrait du roman (le spécialiste des sciences cognitives parle de son travail sur l’intelligence artificielle).

    «« Le fait que vous soyez un être conscient n’a rien qui vous étonne ou vous intrigue ?
    – Pas vraiment. Le contenu de ma conscience, oui, bien sûr. Les sentiments, les sensations, les souvenirs. Ils posent tout un tas de questions. Est-ce de cela dont vous parlez ? 
    – Disons qu’ils en font partie. Dans notre langage, nous les nommons
    qualia.
    Qualia ?
    – Le caractère spécifique de nos perceptions subjectives du monde, telles l’odeur du café ou la saveur de l’ananas. Elles sont indubitables, mais très difficiles à décrire. Personne n’est encore parvenu à les expliquer. Il n’a même jamais été prouvé qu’elles existent réellement. » Sentant Helen sur le point de protester, il ajoute : « Certes, elles semblent bien réelles, mais elles ne sont peut-être que les produits annexes de quelque chose de plus fondamental et mécanique.
    – Les câblages dans le cerveau ? » dit-elle d’un ton qui souligne sa citation.
    Le visage de Ralph s’épanouit : « Vous avez suivi mes émissions à la télé ? » »

    A Stuart Sutherland, auteur d’un Dictionnaire international de psychologie, selon qui « rien n’avait été écrit sur la conscience qui vaille la peine d’être lu », David Lodge répond, comme Helen à Ralph, par une superbe défense de la littérature. Au moyen de métaphores et de comparaisons, les écrivains décrivent les qualia, font voir, entendre, sentir. « La conscience et le roman » propose une riche confrontation entre les théories scientifiques à propos de la conscience et l’art de raconter des histoires propre aux êtres humains, « comme les araignées tissent leurs toiles et les castors construisent des barrages ».

    Lodge cite à l’appui des écrivains qui ont exploré en profondeur l’âme humaine. Comme ce paradoxe de Henry James : « Il me semble que je reste le même au fil du temps, et pourtant mon flux de conscience me présente un Soi continuellement changeant. » Kundera, Jane Austen, « le premier auteur anglais à avoir utilisé toutes les potentialités du style indirect libre », Proust, Virginia Woolf – « La vie est comme un halo de lumière, une enveloppe translucide qui nous entoure du début à la fin de la conscience. » – Joyce…

    David Lodge aborde aussi l’impact du choix, pour la narration, entre la première ou la troisième personne. La réticence de plus en plus forte chez les romanciers à recourir aujourd’hui à un narrateur omniscient explique selon lui « la popularité croissante des récits à la première personne au cours de la période postmoderne » : « Dans un monde où rien n’est certain, où les croyances transcendantales ont été sapées par le matérialisme scientifique, et où même l’objectivité de la science est teintée de relativité et d’incertitude, la voix humaine racontant seule sa propre histoire peut apparaître comme l’unique façon authentique de rendre la conscience. »

  • Jacuzzi

    « – Oh, ne partez pas ! proteste Ralph. Vous avez l’air contente d’être là.
    – C’est divin, dit-elle en penchant la tête en arrière pour regarder le ciel. Se prélasser dans un bain chaud en contemplant les étoiles au-dessus de soi ! Ma mère piquerait une crise si elle me voyait. Elle s’écrierait : « Tu vas attraper la mort avec le froid qu’il fait. »
    – Mais non, lui assure Ralph.
    – On trouve des jacuzzis comme ça en Angleterre ?
    – Non, pas en séquoia, autant que je sache. Nous l’avons fait venir de Californie à prix d’or, et c’est l’entrepreneur du coin qui s’est chargé de l’installer.
    – C’est une merveilleuse invention, dit Helen en allongeant les jambes et en les laissant affleurer à la surface de l’eau. Je suppose qu’il a un thermostat. Est-ce que ça signifie qu’un jacuzzi est conscient ?
    – Pas de soi, en tout cas. Il ne sait pas qu’il passe un bon moment, ainsi que nous en avons conscience tous les deux.
    – Je croyais qu’il n’existait pas une telle chose que le soi.
    – Une telle chose, non, si vous parlez d’une entité fixe et définie. Mais il y a le moi que nous élaborons sans cesse. Comme vous élaborez vos histoires.
    – Voulez-vous dire que notre vie est purement fictive ?
    – En un sens. C’est l’un des produits de nos réserves de capacité cérébrale. Nous brodons sur le thème de notre moi. »

    David Lodge, Pensées secrètes 

    lodge,pensées secrètes,roman,littérature anglaise,pensée,conscience,sexualité,université,culture


  • Pensées secrètes h/f

    Il étudie le fonctionnement de la pensée, elle enseigne l’écriture, sur le même campus : ils sont faits pour se rencontrer. Bienvenue dans la vie universitaire (imaginaire) à Gloucester, version David Lodge : Pensées secrètes (Thinks…, 2001, traduit de l’anglais par Suzanne V. Mayoux). 

    Lodge Thinks.jpg

    Ralph Messenger, la cinquantaine, a décidé de confier à un dictaphone ses pensées fortuites, pour ses études sur la structure de la pensée. Ce gadget lui a déjà servi lors d’un colloque : à l’insu d’une partenaire épisodique, il avait enregistré leurs ébats « pour tester la portée du micro » – une microcassette rangée Dieu sait où, il ne faudrait pas que Carrie, sa femme, tombe dessus. Mais s’il veut dévoiler une pensée « essentiellement intime, secrète », impensable de confier à quelqu’un la tâche de dactylographier ses paroles, problème…

    Les enregistrements à bâtons rompus du professeur Messenger alternent avec le journal d’Helen Reed qui vient de s’installer dans une des maisonnettes du campus. Romancière, 40 ans, elle est chargée pour un semestre du cours de création littéraire, un remplacement pour lequel elle a accepté de quitter sa maison de Londres après la mort de son mari, Martin. Depuis elle n’arrive plus à écrire de la fiction, c’est pourquoi elle a décidé de tenir un journal, pour ne pas perdre la main.

    Pensees-Secretes affiche Montparnasse.jpg
    http://www.francetv.fr/culturebox/isabelle-carre-dans-pensees-secretes-de-lodge-redoutable-et-si-romantique-79308

    Le passage de l’un à l’autre permet de comparer les points de vue, souvent les deux versions de moments partagés, comme ce premier dîner mondain chez Richmond, le doyen de la faculté des lettres, où Helen rencontre pour la première fois Ralph et Caroline Messenger, « les convives les plus éminents » : lui est un « chouchou des médias », il dirige l’Institut Holt Belling des sciences cognitives ; sa femme américaine le nomme par son patronyme, « Messenger ». Helen surprend le mari embrassant la maîtresse de maison dans la cuisine, sans qu’ils s’en rendent compte.

    Parfois, un narrateur prend le relais, nous raconte un déjeuner au cours duquel Ralph s’étonne qu’Helen soit entrée dimanche dans la chapelle du campus pour suivre la messe. Elle y retourne de temps à autre depuis la mort brutale de Martin, d’un anévrisme. « C’était dur pour vous, mais pour lui une façon rêvée de s’en aller », dit Messenger, ce qui manque de fâcher Helen, mais les amène à discuter de l’âme et de l’esprit – le dada de Ralph qui travaille sur l’intelligence artificielle et une préoccupation forte pour Helen en deuil.

    C’est la première, mais pas la dernière de leurs discussions sur la conscience, son contenu, son fonctionnement, un sujet qu’il aborde exclusivement sous l’angle scientifique alors qu’Helen y voit la matière même des romanciers depuis plus de deux siècles – elle l’épate en récitant de mémoire les premières lignes des Ailes de la Colombe d’Henry James, bel exemple d’un « flux de conscience ». Côté littérature, Lodge intègre également quelques exercices décriture et damusants pastiches décrivains connus.

    La visite de l’Institut des sciences cognitives, un bâtiment étrange dont l’escalier en colimaçon s’enroule dans le même sens que la double hélice de l’ADN, permet à la romancière de découvrir à quel genre de travail on s’y livre et surtout, au deuxième étage, d’admirer une fresque impressionnante sur différentes expériences et théories. Une énorme chauve-souris noire illustre un célèbre article philosophique, « Comment c’est d’être une chauve-souris ? ». Plus loin, la Mary de Frank Jackson, spécialiste des couleurs : enfermée dans un environnement monochrome, elle apprend tout sur la couleur en termes scientifiques mais n’en fait l’expérience que le jour où on la laisse enfin voir une rose rouge. Très intéressée, Helen s’en inspirera pour exercer ses étudiants à rédiger des textes d’imagination.

    Dans les pensées intimes de Ralph Messenger, qui s’est procuré un logiciel de reconnaissance vocale satisfaisant, le sexe revient régulièrement, et toutes sortes de pensées sur ses proches, sur l’argent, la mort, son travail, l’Institut… Helen Reed note dans son journal les faits marquants de ses cours, ses impressions sur les étudiants, sur ses collègues. Pour échapper au campus et à la solitude, elle fait un peu de shopping à Cheltenham, la ville la plus proche, et est ravie d’y croiser Carrie qui l’invite à prendre le thé.

    Elle devient une intime des Messenger, qui l’inviteront aussi dans leur maison de campagne le week-end. Carrie a un projet de roman, qu’elle voudrait lui montrer. Si elle et ses enfants sont un peu las d’entendre Raph parler du cerveau et de la pensée, Helen est bon public, le sujet l’intéresse et leurs manières différentes d’aborder la conscience humaine ouvrent de nouvelles perspectives.

    Si vous avez déjà lu David Lodge, vous attendez bien sûr le moment où quelque chose d’autre va se passer entre les deux protagonistes, le professeur séducteur et la veuve retenue par les doux souvenirs de son entente sexuelle avec Martin. Pensées secrètes, avec intelligence, subtilité, humour et franchise sur tous les sujets, montre jusqu’à quel point on peut connaître ou méconnaître l’autre. Quand Helen lui confie qu’elle écrit sur sa vie au campus, Ralph rêve d’un échange inédit qui leur permettrait d’entrer dans le psychisme d’autrui, enregistrements contre journal, et davantage encore : de découvrir les pensées intimes d’une personne du sexe opposé. Acceptera-t-elle ?

  • Lodge et l'écriture

    En 1989, Jeu de société est publié en français chez Rivages, et depuis lors « l’augmentation remarquable » du nombre de ses lecteurs français est « l’un des aspects les plus surprenants et les plus gratifiants » de sa vie d’écrivain, confie David Lodge (né en 1935). Dans A la réflexion (2004), le romancier anglais, qui a été professeur de littérature anglaise à l’université de Birmingham, a rassemblé des articles et des conférences sur ses propres romans, au risque de paraître égocentrique, pour les lecteurs intéressés par cette « entreprise de réflexion et de révélation » sur sa pratique d’écrivain. 

    lodge,a la réflexion,essai,littérature anglaise,écriture,roman,écrivain,style,création,lecture,culture
    David Lodge -
    Photo Sophia Evans (The Guardian)

    David Lodge écrit dans de nombreux registres : romans, nouvelles, critique universitaire, comptes rendus de lecture, journalisme… Ecrire – « la seule chose que je sache vraiment faire » – offre des résultats durables : « Les textes n’appartiennent pas seulement à la mémoire. Ils sont recréés chaque fois que quelqu’un les lit. » Issu de la « toute petite bourgeoisie » catholique, l’écrivain a grandi dans la banlieue de Londres, unique enfant d’un mariage mixte entre un père « non-catholique » et une mère « croyante, mais sans ostentation ». Vers seize ans, ses lectures le rendent de plus en plus critique « à l’égard de la culture « ghetto » catholique » hostile envers les arts et lorsqu’il lit Portrait de l’artiste en jeune homme, il s’identifie immédiatement à Stephen Dedalus.

    « J’appartiens à la dernière génération d’Anglais pour qui le mariage était la seule façon socialement autorisée d’avoir des relations sexuelles » affirme Lodge dans « L’amour et le mariage dans le roman ». Il constate que les deux plus grands romanciers modernes de langue anglaise ont défié la conception traditionnelle du mariage tout en s’y conformant : D. H. Lawrence s’enfuit avec Frieda Weekley, la femme d’un professeur de lettres françaises, avec qui il aura trois enfants – une union chaotique mais il lui reste fidèle ; Joyce s’enfuit avec Nora Barnacle, une femme de chambre, et proteste quand on l’accuse d’immoralité : « de toute ma vie, je n’ai aimé qu’une seule femme. »

    lodge,a la réflexion,essai,littérature anglaise,écriture,roman,écrivain,style,création,lecture,culture

    Joyce est pour Lodge la référence majeure. En 1979, il assiste au Symposium international James Joyce à Zurich, ville où l’Irlandais a passé la première guerre mondiale et où il est mort pendant la seconde. On y trouve un authentique bar de Dublin (démonté et rebâti), le James Joyce Pub. Bien sûr les spécialistes s’y retrouvaient le soir – les congrès internationaux sont pour Lodge « un matériau de fiction » d’une grande richesse. « Mon Joyce » revient sur ce compagnonnage avec un écrivain lu et relu, commenté et enseigné. « Je lisais Joyce mais (…) en un certain sens, je fus aussi « écrit » par lui ».

    Vous trouverez dans A la réflexion de quoi éclairer les romans de David Lodge, de Un tout petit monde à Pensées secrètes, ainsi que de nombreux éléments autobiographiques, même si avec son humour habituel, l’écrivain prévient : « Il faut reconnaître que ce qui se donne ici pour une sorte de confession ou d’aveu est souvent une façon de dissimuler ou de se construire une image – mais n’est-ce pas là l’origine de la fascination qu’exercent les miroirs que se tend un auteur ? » (Préface)

    lodge,a la réflexion,essai,littérature anglaise,écriture,roman,écrivain,style,création,lecture,culture

    Lodge raconte comment ses sujets lui viennent, comment il griffonne dans un cahier « entièrement consacré au projet »,  comment il trouve les lignes directrices avant de composer. Il insiste sur l’importance de concevoir une « idée de structure », comme Joyce l’a fait dans Ulysse avec L’Odyssée, cest pour lui « le stade le plus important de la genèse d’une œuvre. » Par exemple, dans Thérapie, il voulait écrire sur la dépression et c’est quand il a pensé que son narrateur « devrait peut-être lire Kierkegaard » que son projet a pris forme.

    Les rapports entre réalité et fiction sont « ambivalents et contradictoires ». Dans son œuvre, Birmingham devient « Rummidge », un lieu fictif, ce qui permet à l’auteur d’exagérer ou de déformer la réalité : « Un roman est un jeu, un jeu qui nécessite la présence de deux joueurs, un lecteur aussi bien qu’un écrivain. » Il va sans dire que les lecteurs fidèles de David Lodge retrouvent avec plaisir dans cet essai ses personnages et leurs situations souvent comiques (mais pas « frivoles », selon sa distinction).

    lodge,a la réflexion,essai,littérature anglaise,écriture,roman,écrivain,style,création,lecture,culture

    A la réflexion s’attache à situer le roman actuel dans l’histoire du genre et dans la société contemporaine, « un statut ambigu entre l’œuvre d’art et le bien de consommation ». Lodge remarque qu’au moment où la critique universitaire poststructuraliste a décrété la « mort de l’auteur », les auteurs contemporains suscitent vers leur personne un intérêt public sans précédent. « Le succès commercial de la littérature dépend de la collaboration entre l’écrivain, l’éditeur et les médias. » Il évoque la dérive financière des grands groupes d’édition et la recherche « frénétique » du best-seller. Lodge revient en particulier sur l’à-valoir faramineux obtenu par Martin Amis pour L’information en 1995. Il aborde aussi la question des cours de création littéraire et le rôle de la critique.

    Moi qui aime partager mes lectures avec vous, j’ai lu avec une attention particulière « Le roman comme forme de communication ». David Lodge rappelle qu’« il est quasiment impossible de discuter d’un roman sans le résumer ou sans supposer que votre interlocuteur connaît l’histoire ; ce qui ne signifie pas que l’intrigue soit la seule ou même la principale raison de s’y intéresser, mais plutôt, que c’est le principe fondamental qui le structure. (…) Le récit s’intéresse au processus, c’est-à-dire au changement qui intervient dans un certain état de choses ; ou bien, il convertit les problèmes et les contradictions de l’expérience humaine en processus pour les comprendre ou les résoudre. »

    lodge,a la réflexion,essai,littérature anglaise,écriture,roman,écrivain,style,création,lecture,culture

    « La conscience et le roman », un texte plus ambitieux d’une centaine de pages, termine le recueil. J’ai apprécié la simplicité avec laquelle David Lodge explique sa conception de l’écriture et expose son « savoir-faire ». Et aussi qu’il se réfère, dans la littérature anglo-saxonne principalement, à des écrivains comme Graham Greene ou Henry James, mais aussi à Jane Austen, Virginia Woolf ou Jane Smiley, entre autres. S’il n’en parle pas, Lodge est sans doute très conscient de ce qu’aujourd’hui, la plupart de ses lecteurs sont des lectrices.