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Littérature - Page 502

  • Compagnie des Indes

    « Compagnie des Indes »… Ces mots familiers aux amateurs de porcelaines orientales (famille rose, famille verte…), on les retrouve au cœur du dernier roman de Hella S. Haasse, L’anneau de la clé (2002). La grande dame des lettres néerlandaises s’est vu offrir pour ses nonante ans, cette année, un beau musée virtuel (en néerlandais) qui permet de mieux la connaître (« leven en werk »).

     

    Ce roman s’ouvre sur une lettre : « Sans elle, je n’aurais jamais commencé. (…) Depuis longtemps, j’ai conscience que le monde englouti de ma jeunesse a été, pour une large part, une illusion. J’en ai fait mon deuil, en passant par toutes les étapes du détachement. Toutes les émotions et les sensations que j’ai vécues dans mon pays natal sont ancrées au fond de ma conscience ; elles ont fait ce que je suis, mais je n’y ai plus accès. J’ai accepté comme étant mon état naturel le fait de n’être tout à fait chez moi nulle part. » Un journaliste en quête d’informations sur « une certaine Mila Wychinska » écrit à madame Warner, chercheuse en histoire de l’art : connaîtrait-elle cette femme née comme elle en 1920
    à Batavia (actuelle Jakarta), qui aurait joué un rôle politique secret aux Indes néerlandaises ?
     

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    Hella S. Haasse,  née à Batavia en 1918, a dû puiser largement dans ses souvenirs pour décrire avec une si forte présence l’atmosphère, les lieux, les arbres, les objets. Sa narratrice confie : « Je suis un pur produit de cette dernière période des Indes néerlandaises, si difficile à définir, celle des deux décennies de l’entre-deux-guerres. » Poussée par le journaliste, Herma Warner laisse revenir son passé à la surface et aussi les mots de là-bas, javanais ou indonésiens.

     

    Mila Wychinska n’est autre que son amie Dée, descendante d’une grande famille qui s’est enrichie au service de la Compagnie des Indes, les Lamornie de Pourthié Meyers. Dée (Adèle Meyers) est née de la courte idylle entre son père et une danseuse polonaise. Alors qu’Herma et elle étaient des enfants inséparables, leurs familles très proches, les années de lycée les ont séparées peu à peu, et ensuite le mariage d’Herma avec Tjeerd, leur ami commun.

     

    Pour retrouver des renseignements précis, Herma devrait regarder dans son coffre d’ébène, seul objet qui lui reste de ses parents,  où sont rangés tous les papiers importants. Mais depuis la mort de Tjeerd, elle ne l’a plus ouvert, et n’en trouve plus la clé. Il lui faut donc soulever des strates de souvenirs enfouis, de sentiments parfois douloureux, pour reconstituer par fragments leur histoire à tous les trois et l’histoire de leurs familles, forcément liées à celle de l’Indonésie au XXe siècle, un pays où elle est retournée à plusieurs reprises après l’indépendance.

     

    La tante de Dée, Noni, et Herma avaient en commun l’amour des fleurs, des orchidées, et une sensibilité particulière. La nuit, elles seules ont vu dans le jardin
    « une silhouette vêtue de blanc qui soudain s’évanouit en fumée », le fantôme d’un hadji. Noni était beaucoup plus accessible que Mme Meyers, la grand-mère de Dée,  grande dame qui veillait à la bonne éducation de ses petits-enfants et les initiait aux belles choses. Comme elle, Herma se passionne pour le décor végétal raffiné des boiseries dans les maisons anciennes de l’île ou encore des broderies et des belles étoffes de batik.

     

    A creuser dans ce passé, Herma évoque aussi ses proches à qui Dée reprochait de ne pas voir les souffrances du peuple indonésien. Belle métisse, « Indo », Dée a pris le parti des méprisés contre les dirigeants hollandais. En rupture avec son milieu, elle a fini par reprendre le nom de sa mère et s’est fait appeler Mila Wychinska. Contrairement à Herma, elle a eu très tôt conscience de leur position sociale et n’a pas craint de prendre des risques.

     

    Ces deux personnages ont des silences parfois plus troublants que leurs paroles : Noni reste jusqu’au bout pour Herma une personne de confiance ; Dée, l’amie perdue, une personnalité hors du commun, une énigme. Grâce aux informations de son correspondant, Herma comprend peu à peu certaines scènes dont le sens lui a échappé à l’époque. Dans la recherche de la vérité, qu’elle n’approche qu’à tâtons, elle se brûle, inévitablement. Mais elle s’apprête à déménager au « Grand Bois » et c’est le moment de faire place nette aussi dans sa mémoire. Il y a comme une allégresse dans ce détachement, qui fait rimer vieillesse avec sagesse.

  • Ada et le joueur

    « Et si les arrière-petits-enfants des nihilistes avaient déménagé depuis belle lurette, quittant la boutique de bondieuseries empoussiérées qui nous tient lieu de conception du monde ? » Lycée Ernst-Bloch, Bonn, été 2002. Ada, quatorze ans, renvoyée de sa précédente école, y entre en seconde. Dès le préambule de La fille sans qualités (2004), Juli Zeh, romancière allemande, annonce la couleur : noire.

     

    « Surdouée à l’éducation difficile », Ada n’est pas comme les autres. Très vite, elle passe pour la plus intelligente des filles du lycée et non une de ces « princesses » qui collectionnent les succès. Les professeurs la remarquent. Höfi, l’historien qui mène une guerre permanente à la bêtise, fait même les frais de ses reparties. Les élèves n’osent pas trop approcher Ada au début, d’ailleurs elle préfère se tenir à l’écart.  

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    Encre de Gao Xingjian (Prix Nobel de littérature en 2000)
    http://www.homabooks.com/general/books/east_asia/china/1007.php

     

    Vivant avec sa mère dans un malentendu permanent – pour lire à l’aise, Ada s’enferme dans la salle de bain, seule pièce qu’elle puisse fermer à clé pour faire barrage aux questions maternelles –, elle se construit une nouvelle existence au lycée. Son premier copain, Olaf, l’entraîne dans un groupe de musiciens, les Oreilles. « Les autres élèves se tenaient à distance, un peu comme si Ada et les Oreilles étaient un bosquet de bouleaux plantés au centre d’un parc boueux. » Smutek, le professeur d’allemand, grand admirateur de L’homme sans qualités de Musil, projette de le faire lire à ses élèves, au moins des extraits. Depuis qu’il l’a vue courir, il cherche aussi à intégrer Ada au groupe de sport qu’il entraîne pendant son temps libre.

     

    L’année suivante, dans la classe supérieure arrive Alev El Qamar, mi-égyptien, un quart français, et qui fascine tout le monde quand il parle. « La quête du sens est un narcissisme », « Le temps est la seule chose qui manque vraiment aux hommes », « Ne rien faire et ne rien vouloir est la seule façon d’honorer dignement le dieu du temps » : Alev a le sens de la formule. Enfin quelqu’un d’intéressant, se dit Ada.

     

    Les professeurs aussi ont des problèmes et des états d’âme, à l’école, chez eux, comme Smutek et sa femme en désaccord à propos de leur Pologne natale. Il rêvait d’emmener son groupe d’élèves à Vienne, mais se heurte au directeur, déjà furieux qu’il ait obtenu sans lui la rénovation de la piste de sport. Ils se contentent donc de Dahlem, où la belle Mme Smutek est du voyage, Höfi aussi. A table, après une randonnée, les conversations tournent autour de la perte des valeurs, de la religion. Provocateur, Alev se situe carrément du côté du diable. Ada, elle, voit sa vie comme une course : « Je me mets parfois sur la bande blanche qui sépare les couloirs de la piste (…), j’ imagine que cette bande est une arête étroite, la crête allongée d’un massif montagneux, et qu’à ma gauche et à ma droite il y a un précipice profond de mille mètres.  (…) La vie n’est rien d’autre qu’un déplacement permanent  sur cette bande. »

     

    Un soir, Ada sort courir dans la nuit. Près d’un étang gelé, elle surprend « une fée des glaces prenant son bain de minuit. » La glace a craqué sous les pas de Mme Smutek, qui n’arrive pas à s’extraire de l’eau. Ada la sauve et la ramène à l’auberge de jeunesse. C’est après ce premier événement dramatique qu’Alev, pour qui le diable est « No-thing », ni le bien ni le mal mais leur absence, lance à sa camarade une prophétie en trois points. Si elle se réalise, acceptera-t-elle de travailler avec lui ? « Quelque chose en elle avait décidé depuis longtemps de devenir ce qu’Alev souhaitait. Même si ce n’était rien. » 

     

    De retour au lycée, les deux complices dictent désormais leurs règles au cours de Smutek. Celui-ci, satisfait de leurs travaux brillants sur Musil, ressent néanmoins un malaise ; il sent que ces deux-là ont une idée derrière la tête. Alev convainc Ada de jouer avec lui, car « le jeu était l’unique domaine où l’homme pouvait trouver une vraie liberté ». Smutek, qui apprécie Ada sans doute plus qu’il ne faudrait, sera la victime de leur jeu pervers. Son collègue Höfi l’avait pourtant mis en garde contre cette « bande de nihilistes ». Professeurs et élèves entrent dans la tourmente.

     

    Ce gros roman étonnant et cynique donne envie de relire le chef-d’œuvre de Musil, L’homme sans qualités (1930-1933). Les liens sont nombreux et pas uniquement formels, comme les longs titres donnés aux chapitres. Entrées en matière « météorologiques », mélange de réflexion et de narration, interrogation philosophique. Beaucoup de tension. Vous avez aimé le suspense du Maître des illusions de Donna Tartt ? Vous dévorerez La fille sans qualités avec la même fringale.

  • Le ciel de Paris

    Julien Green (1900-1998) n’a pas son pareil pour l'élégance des premières phrases. « J’ai bien des fois rêvé d’écrire sur Paris un livre qui fût comme une grande promenade sans but où l’on ne trouve rien de ce qu’on cherche, mais bien des choses qu’on ne cherchait pas. » C’est l’incipit de son Paris, publié en 1983.

     

    « C’est le secret des grandes villes d’offrir des promenades dont le charme est souvent inexplicable, et l’on aura beau me dire que mon contentement est fait de ce que les maisons sont belles et les cours profondes, et vieilles les pierres, il y a autre chose à quoi les mots ne peuvent que faire allusion : une certaine légèreté de cœur que donne la vue d’un arbre auprès d’un toit, ou dans une rue ensoleillée, la subite fraîcheur d’une voûte obscure sous les croisées dédaigneuses d’un hôtel d’autrefois. » « Croisée », joli mot ancien qu’il reprend volontiers, et qui s’accorde au passé présent de sa ville natale.

     

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    « Nous étions de Passy ». Julien Green se souvient des regards qu’il portait, enfant, en remontant vers les hauteurs de son quartier, « les joues prises contre les barreaux des grilles » aux « jardins merveilleux, dont les lointains bleuâtres, comme dans un tableau, allaient rejoindre les rives de la Seine. » Il a vu Paris changer, c’est le propre de tout ce qui vit, mais « demeure stupéfait de ce qu’un quart de siècle a
    pu faire pour priver de son charme cette partie de la ville. »
    Ses souvenirs évoquent avec émerveillement « une exquise venelle du XVIIIe siècle », « des rangées de villas d’une élégance surannée et des jardins conservant comme un trésor leur silence et leurs chants d’oiseaux ».

     

    Un plan de Paris fixé au mur l’aida souvent, écrit-il, « à passer des heures difficiles ». Mais c’est en marchant dans une ville qu’on la sent : « La ville, en effet, ne sourit qu’à ceux qui l’approchent et flânent dans ses rues. » Dans ses promenades, l’écrivain aimait se perdre. La ville alors se donnait. « A moins d’avoir perdu son temps dans une ville, personne ne saurait prétendre la bien connaître. » Il y a le Paris des escaliers, le Paris enchanté, et aussi « la ville sur la ville », le Paris des statues au fronton ou sur les toits des églises, des palais, des grands bâtiments du XIXe siècle. « Paris a de plus cette particularité de se montrer la nuit mieux qu’il ne le fait le jour. » Le ciel, la lumière, sont essentiels à cette magie. « Ce que sait faire le ciel de Paris avec un rien de brouillard et le degré d’obscurité nécessaire m’a toujours confondu de surprise. »

     

    La ville des impressionnistes, comme il l’appelle, est reconnaissable entre toutes. « Il y a dans un paysage parisien quelque chose d’aussi parfaitement indéfinissable que l’expression d’un visage humain. » « Ciel d’avril de Pissarro » ou « crépuscule rose de Lebourg », toile de Manet, Degas ou Monet, il est reconnaissant aux peintres de nous rendre « un Paris heureux, la ville de la lumière ». Parfois l’écrivain s’indigne. C’est « la seule ville où l’on traite ainsi nos frères les arbres ». Il s’émeut du sort de certains marronniers familiers ou du plus vieil arbre de Paris, le robinier de plusieurs siècles près de Saint-Julien-le-Pauvre, église qui « a gardé sa grâce robuste et sa mystérieuse jeunesse » malgré les transformations successives.

     

    Quand il se promenait des grilles du Luxembourg au pont des Saints-Pères, Julien Green pensait de Paris ce que le vieux Samuel Johnson disait de Londres, « à savoir que lorsqu’on est las de ses rues, on est las de la vie ». Il appelle de ses vœux un architecte visionnaire « poète de l’espace » qui « nous donnera enfin la cité du futur, une belle ville capable de séduire ceux qui viendront, comme nous avons été ensorcelés par le Paris façonné peu à peu par les siècles. »

     

  • Pourveur / Jaoui

    O.T.N.I., objet théâtral non identifié, voilà la formule qui me trottait en tête en sortant de Shakespeare is dead, get over it !  de Paul Pourveur, mis en scène par Philippe Sireuil au Théâtre National (ou Shakespeare est mort, passons à autre chose). « Une machine postmoderne ».

    Pourveur, né à Anvers en 1952, écrit ses œuvres dans deux de nos langues nationales, c’est à souligner. Nietzsche a tué Dieu, lui tue Shakespeare, c’est-à-dire qu’il le dévore pour construire l’histoire contemporaine de William et Anna – ni le grand Will ni Anne Hathaway, son épouse – mais un antimondialiste de quarante ans employé chez GAP et une actrice shakespearienne qui ne dit pas son âge. Sujet : comment ces deux-là vont-ils s’aimer, ou pas, au temps des multinationales, de la pollution et des trains à grande vitesse ?

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    Dans la petite salle du National, on s’installe en face d’un portrait de Shakespeare sur le mur de scène. Dans le bas, quatre battants servent de portes aux quatre acteurs ; dans le haut, quatre ouvertures pour des écrans vidéos. Sireuil a monté une mécanique de précision bien carrée, parfaitement réglée. Images et musiques, voix off, comédiens, on ne sait pas trop où porter son attention au début.

    L’action prend forme avec l’arrivée du couple principal, incarné par Marie Lecomte et Vincent Minne (elle fut une inoubliable Célimène, lui un mémorable Tartuffe dans les derniers Molière proposés par Sireuil au National). A leurs côtés, Olivia Carrère et Yvain Juillard se prêtent à tous les rôles – annonceur, témoin, messager, infirmière, guide - et sont souvent drôles. Comment expliquer ce qui se passe sur la scène ? Ces quatre-là ne se parlent pas, ils nous parlent. Ils affrontent le public de près, souvent à l’avant-scène. Les amoureux qui s’interrogent sur leur destin ne dialoguent pas vraiment, ils racontent leurs rencontres : les « répondit-il » et « pensa-t-elle » qu’on ne supporte plus dans un roman abondent ici, créant un effet de distanciation tel qu’on ne s’émeut guère. Les grands thèmes ne manquent pas – amour et désir, travail et société, écologie, jalousie, mort – mais on se sent plutôt comme au cirque, on apprécie le numéro, on rit même.

    Pourveur ne croit plus au théâtre des sentiments, il veut dire les choses d’une manière qui corresponde mieux à notre époque. Pari tenu. Le spectacle montre des individus égarés dans le mouvement saccadé du monde. Shakespeare is dead, get over it !  assemble des fragments d’existence : « Le texte, plus qu’une pièce, c’est un puzzle qui s’offre au spectateur, pour qu’il le reconstitue, selon ses vérités et ses désirs », commente Philippe Sireuil. La pièce bouscule la chronologie, l’espace : manifestation à Prague, visite de la maison natale de Shakespeare, errance en voiture au bord d’un canal à Bruxelles, randonnée loufoque à Elseneur. Plutôt « gadget », l’affichage électronique, sur le côté de la scène, des intentions dramaturgiques (« mythologize », « demythologize », « construct », « deconstruct », etc.).

    Mais c’est bien du théâtre, des signes, des mots – les derniers qui s’impriment sur l’écran sont d’ailleurs percutants. Dans ce kaléidoscope audio-visuel, un refrain, « Vivez proprement. Pensez au suivant », ne fait pas rire à chaque coup. Les comédiens disent leur texte sans faillir, avec une belle énergie qui fait tenir le tout. Le spectacle est réussi. Et après ? Parti à l’assaut des conventions, comme le « nouveau roman » au siècle dernier, le théâtre ici vire au spectaculaire, mais perd son âme. On se sent loin, très loin d’un Shakespeare, en effet. «  A mon avis, n'importe quelle pièce écrite aujourd'hui raconte plus sur le monde que les œuvres complètes de Shakespeare. », Pourveur ne manque pas d’air.

    Quel contraste avec l’humanité qui crève le grand écran dans Parlez-moi de la pluie d’Agnès Jaoui ! La réalisatrice y campe une femme forte, Agathe Villanova, qui s’engage en politique. Elle accepte la proposition de deux complices (Bacri, plus présent que jamais, et un émouvant Jamel Debbouze, tout en retenue) qui vont réaliser son portrait, l’interroger, la filmer, à l’occasion d’un déplacement en Provence. Agathe retrouve sa sœur dans la maison familiale, bien qu’elle préfère s’installer à l’hôtel avec son compagnon. Les gros plans affleurent les visages, les conversations sonnent juste, les silences en disent long, le drôle et le grave se côtoient comme dans
    la vie. Acteurs connus ou rôles secondaires, ces gens se parlent et cela nous parle, beaucoup.

  • A vous

    A vous, visiteurs fidèles, à vous, les irréguliers, voire les occasionnels, salut !
    Sept mois après la création de Textes & Prétextes, les statistiques de fréquentation du blog / blogue / bloc-notes (choisissez) ont joliment bondi en sens inverse des cours de bourse. Chaque mois, blogs.lalibre m’indique le nombre de visiteurs différents, je peux ainsi suivre son évolution. Aujourd’hui, pause.
    « Qu’as-tu lu de beau ces temps-ci ? Tu connais  ce bouquin ? Qu’en penses-tu ? » Désireuse de partager mes impressions, j’ai voulu prolonger mes plaisirs de lecture sur la Toile. Après tant de notes et de fiches, prendre le temps d’écrire. Elargir le cercle des échanges.

    Quel amoureux des livres ne s’est jamais laissé à penser qu’il y a dans le tête-à-tête avec un auteur plus d’idées ou de vibrations échangées que dans une journée ordinaire ou une réunion quelconque ? La lecture est une conversation de choix. « Fenêtre par laquelle on s’évade » (Julien Green), « clé qui m’ouvrait le monde » (Beauvoir), le livre « sème à foison les questions » (Cocteau).

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    Lire ne fait pas que nous divertir, lire ouvre à autrui, bouscule, inquiète, émeut, nourrit. « Passé le temps de celles qui sont imposées par l’enseignement – de moins en moins imposées d’ailleurs -, la lecture ne peut plus être que la pratique que nous avons adoptée avec le dessein de nous meubler l’esprit, dans l’ambition d’enrichir nos connaissances et notre mémoire, dans le désir d’entretenir les jardins de l’affectif et de découvrir le théâtre de nos émotions. » résume Hubert Nyssen dans Lira bien qui lira le dernier (Lettre libertine sur la lecture).

    La fréquentation des écrivains – de leurs textes - permet d’entendre d’autres sensibilités que la sienne, de mieux approcher les autres et la réalité du monde. « Réservons le terme de littérature, écrit Maurice Nadeau, à ces œuvres dont André Gide disait qu’elles ne laissent pas le lecteur dans l’état où elles l’ont trouvé. » Loin de moi l’idée de jouer les critiques littéraires ou les critiques d’art.
    Sans attache éditoriale ni journalistique, l’espace de liberté du blogue me permet de traiter de sujets délicieusement inactuels ou d’écrire sur le passionnant aujourd’hui, à mon gré, au hasard des mes lectures et de mes promenades. Je n’écris que sur ce qui me plaît ou m’intéresse, c’est un parti pris.

    Cette note serait incomplète sans un chaleureux merci à ceux qui me font l’amitié d’un commentaire. Ils sont peu nombreux, mais toujours appréciés. Merci à mon amie et sorcière de haut vol, Colo, qui s’est lancée avant moi sur la Toile. Merci à Doulidelle, facétieux pseudo d’un supporter enthousiaste. Merci aux autres commentateurs d’exprimer de temps en temps leur intérêt. A vous qui hésitez à signaler votre passage, je précise que celui-ci peut rester anonyme – un pseudo, des initiales suffisent – et que l’@dresse demandée ne sera pas mise en ligne ni communiquée, c’est un simple outil de sécurisation. Une fois le commentaire rédigé, vous pouvez en demander un aperçu et le modifier.

    A ceux qui seraient tentés de bloguer à leur tour, blogs.lalibre permet de se lancer avec beaucoup de facilité : on complète un formulaire pour s’inscrire, puis on choisit parmi différents modèles. On personnalise par la suite. Nul besoin d’être initié à l’informatique, quoique cela puisse aider. Certains mystères continuent à m’échapper, comme les raisons techniques qui m’empêchent de justifier le texte. Vous aurez remarqué, sans doute, la souris malicieuse cachée dans la marge de droite qui adore grignoter le dernier caractère et m’oblige à certains ajustements.

    Je voulais faire court, j’ai encore fait long.
    A vous.