« Un libraire vit un jour arriver une dame qui lui demanda un livre intitulé
« Lily va au lycée » ! (…) Mme de Romilly avait dit dans une conférence qu’il fallait absolument l’avoir lu. Le libraire fut de plus en plus troublé ; et ma réputation était directement engagée ! Je ne sais combien de temps il fallut pour que l’affaire fût tirée au clair ; mais enfin on comprit que le livre ne s’intitulait pas « Lily va au lycée », mais tout simplement L’Iliade et l’Odyssée ! Apparemment, je n’avais pas très bien, cette fois non plus, mesuré le niveau de connaissances de mon public ; et, si la dame n’avait pas lieu d’être trop fière de sa culture, il est clair que je n’avais pas très bien, moi non plus, rempli mon rôle. »
Jacqueline de Romilly, Le sourire innombrable
Commentaires
"Martine va à l'école" plus connu que...que...à qui la faute? L'admirable désir de culture de cette dame m'émeut fort.
Après guerre, SPIROU connut un joyeux succès et pas seulement à Marcinelle. L'hebdo proposait forcément des bandes dessinées (les premiers pas de Lucky L., Blondin et Cirage, Fantasio et Spip...) mais encore des rubriques avec la proposition de devenir officiellement un "Ami de Spirou" pour y lire sa propre signature au bas d'un commentaire impérissable...
Tout ceci pour arriver en classe de Français d'un chef-lieu de Province. Dictée par l'auteur d'une grammaire (oubliée depuis). De sa voix professorale : "Et ils arrivèrent au temple de la déesse..."
A la correction, plusieurs copies : "Et ils arrivèrent au temple de l'ADS..."
Le cruel décalage entre l'émetteur et le récepteur ...
Quand j’avais 12 ans, c’était la guerre, je lisais Tintin qu’un voisin gentil me découpait (et coloriait) dans le journal "Le Soir" paraissant sous le contrôle de l’occupant (Hergé a eu des problèmes pour cela). En cachette, je lisais Spirou qu’un copain me passait, ces lectures étant considérées comme néfastes à la culture … Chez moi, il y avait la « Semaine d’Averbode » et le « Petit Belge » (supplément du Vingtième Siècle, journal ultra-catholique) dans lequel il y avait plus de textes « édifiants » que de dessins … (Hergé en fut le rédacteur en chef et Tintin en était un reporter)
@ Doulidelle
Ceci expliquant cela. Ceux qui m'ont élevé ne supportaient pas "Le Soir emboché" avec aussi les BD d'Hergé. Par contre, SPIROU ne traînait pas de casserolles collabos derrière lui...
Dans son enfance, ma fille disait un "point dent tif" pour un "pendentif" . Comme le bijou en question avait plus ou moins la forme d'une "dent" et était près des cheveux ("les tifs", en argot), elle trouvait son appellation plus correcte que l'officieille !
Coucou Tania,
La dame a fait très fort quand même ! Une anecdote qui fait sourire... Bon dimanche !
Elise