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Littérature - Page 410

  • Miss Ellen

    Pause-thé / 5    

     

     

    « Miss Ellen, versez-moi le Thé

    Dans la belle tasse chinoise

    Où des poissons d’or cherchent noise

    Au monstre rose épouvanté.

     

    J’aime la folle cruauté

    Des chimères qu’on apprivoise :

    Miss Ellen, versez-moi le Thé

    Dans la belle tasse chinoise.

     

    Là, sous un ciel rouge irrité

    Une dame fière et sournoise

    Montre en ses longs yeux de turquoise

    L’extase et la naïveté :

     

    Miss Ellen, versez-moi du Thé. »

     

    Théodore de Banville, Le Thé

  • Douce tranquillité

    Pause-thé / 4    

     

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    « On peut goûter, on peut sentir ; mais on ne saurait exprimer cette douce tranquillité, dont on est redevable à une boisson ainsi préparée. »

     

    Empereur Qianlong, Eloge de la ville de Mukden

     

    (Sabine Yi, Jacques Jumeau-Lafond, Michel Walsh, Le livre de l’amateur de thé, Robert Laffont, 1985)

  • Tous les matins

    Pause-thé / 3 

     

    Théière Chine 1800.jpg 

     

    « J’ai vu la princesse, qui parle de vous, qui comprend ma douleur, qui vous aime, qui m’aime, et qui prend tous les jours douze tasses de thé. Elle le fait infuser comme nous, et remet encore dans la tasse plus de la moitié d’eau bouillante ; elle pensa me faire vomir. Cela, dit-elle, la guérit de tous ses maux. Elle m’assura que Monsieur le Landgrave en prenait quarante tasses tous les matins. « Mais, madame, ce n’est peut-être que trente – Non, c’est quarante.  Il était mourant. Cela le ressuscita à vue d’œil. » Enfin, il faut avaler tout cela. »

     

    Madame de Sévigné, Lettre (4 octobre 1684)

  • La première tasse

    Pause-thé / 2    

     

     tasse-chinoise.jpg

     

    « La première tasse humecte mes lèvres et mon gosier.

    La seconde rompt ma solitude.

    La troisième pénètre mes entrailles et y remue des milliers d’idéographes étranges.

    La quatrième me procure une légère transpiration et tout ce qui est mauvais dans ma vie s’en va à travers les pores de ma peau. »

     

    Lu Tong

     

    (Sabine Yi, Jacques Jumeau-Lafond, Michel Walsh, Le livre de l’amateur de thé, Robert Laffont, 1985)

  • Le thé de la veuve

    Pause-thé / 1    

       

    Théière Ming et bol.jpg

     

     

    « La veuve de Shen Wu vivait avec ses deux fils dans la ville de Yanxian. Elle était une adepte du thé. La cour de la maison abritait la tombe d’un inconnu et, toutes les fois qu’elle préparait du thé, elle ne manquait pas d’en offrir au défunt avant d’en boire elle-même. Ce qui déplaisait à ses fils. « Que peut bien en savoir la tombe, disaient-ils. Vous vous donnez vraiment du mal pour rien. » Ils se décidèrent à supprimer la tombe, mais, devant les raisonnements de leur mère, différèrent plusieurs fois leur geste. Or, une nuit, la veuve fit un rêve : un homme l’accostait qui lui disait : « Il ne reste rien de moi excepté cette tombe qui existe depuis trois cents ans. A plusieurs reprises vos fils ont décidé de la détruire, mais votre protection les en a empêchés. De plus vous m’offrez toujours du thé qui sent bon. Quoique je ne sois plus que quelques os desséchés, que puis-je faire pour répondre à votre gentillesse ? » Lorsqu’elle se leva le matin, la veuve trouva dans sa cour cent mille pièces d’or qui semblaient avoir été enterrées depuis longtemps alors que la ficelle qui les enserrait paraissait neuve. Elle appela ses fils et leur fit honte en montrant ce que la vieille tombe avait fait. »

     

    Lu Yu (Sabine Yi, Jacques Jumeau-Lafond, Michel Walsh, Le livre de l’amateur de thé, Robert Laffont, 1985)