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Conversation

« Le genre de bien-être que fait éprouver une conversation animée ne consiste pas précisément dans le sujet de cette conversation ; les idées et les connaissances qu’on peut y développer n’en sont pas le principal intérêt ; c’est une certaine manière d’agir les uns sur les autres, de se faire plaisir réciproquement et avec rapidité, de parler aussitôt qu’on pense, de jouir à l’instant de soi-même, d’être applaudi dans son travail, de manifester son esprit dans toutes les nuances par l’accent, le geste, le regard, enfin de produire à volonté comme une sorte d’électricité qui fait jaillir des étincelles, soulage les uns de l’excès même de leur vivacité, et réveille les autres d’une apathie pénible. »

Mme de Staël, De l’esprit de conversation (De l’Allemagne)

Couverture L'esprit de conversation.jpg

Commentaires

  • Converser soulage et réveille... mais je suis d'accord avec Damien : le vrai sage "parle" peu.
    La couverture du livre m'intrique. L'oiseau chante-t-il dans le vide ?
    S'adresse-t-il à une foule, à un individu ? plus bas ? et les réponses ? La conversation me paraît bien seule. Mais bon, il s'agit de "l'esprit" de conversation, c'est sans doute ce que l'écrivain a voulu illustrer ;-))

  • @ MH : Je me suis aussi interrogée sur le choix de la couverture - l'oiseau sur la branche pour la vivacité de la parole ? les fleurs de l'esprit ? Et puis, quand je suis arrivée au chapitre de "La chambre bleue" de Mme de Rambouillet, au "bleu étonnant de ses tentures et tapisseries", aux corbeilles pleines de fleurs, au décor dépaysant, j'ai vu le lien avec Hokusaï. Je cite Chantal Thomas : "La marquise, mariée à l'âge de douze ans (son mari en avait vingt-sept) et mère de sept enfants, souhaite se dégager du poids de l'existence et que dans cette parenthèse toute bleue, en une succession de moments parfaits, un art de vivre se substitue au métier de vivre."

  • converser c'est le plaisir du contact où l'on découvre des différences et trouve des ressemblances, c'est caresser, mordiller, sourire, griffer, souffler sur les bobos, s'exclamer, chuchoter. C'est de la musique, de l'amour, finalement. Le plaisir d'être ensemble ?

  • @ Euterpe : Le plaisir d'être ensemble et que des choses soient dites, écoutées, des questions et des réponses échangées, des silences entendus, partagés. Comme de la musique, oui.

  • J'aime beaucoup le commentaire d'Euterpe ,mais s'en étonnera-telle ?
    Appeler cela "bavardage" est une certaine forme de mépris ou d'incompréhension . Pourquoi se priver de ce plaisir immense de partager ces grands moments d'émotion ?
    Mais à notre époque qu'appelle-t-on "le sage" ? Celui qui se tait ou celui qui "s'indigne" ? That's the question !

  • Merci pour l'explication du choix de la couverture et rien que pour le plaisir voici quelques reproductions des oeuvres magistrales de Hokusaï dont le Cérisier de la couverture de votre livre... le bleu de prusse me paraît plus juste:
    http://art-magique.blogspot.com/2011/06/hokusai.html
    Quant à la question du sage: celui qui se tait n'est pas toujours le mort, il le fait parfois pour mieux parler, mieux "être" et mieux s'indigner.

  • @ Gérard : Je laisse à Euterpe le plaisir de vous répondre et d'allier sagesse et indignation.

    @ MH : La reproduction de couverture a changé et éclairci ce bleu, c'est sûr. Merci pour le lien. Dans le catalogue "Hokusaï" du musée Guimet (2008), ce bleu de Prusse est même plus sombre encore. Votre définition du sage me plaît.

  • Nous avons perdu cet art de converser qui était l'esprit des salons des XVIIIe et XIXe siècles. Lisant la comtesse de Boigne et préparant une conférence où je parlerai d'elle, je me rends compte avec plus de force encore de cet art précieux dont nous ne savons plus user, tant nous massacrons notre belle langue française. Mme de Boigne était l'amie de Chateaubriand et de Mme de Stael, tous deux grands causeurs.
    Quant au silence, il n'est jamais plus profond que dans une abbaye cistercienne ou en pleine mer et haute montagne.
    Bonnes vacances et merci de vos visites qui me font toujours très grand plaisir.

  • @ Armelle B. : Sans y avoir jamais assisté, j'imagine, à lire votre blog, l'intérêt de vos exposés et l'art de la conférencière. Le silence des montagnes est pour bientôt, et aussi l'agrément de la conversation en bonne compagnie. Merci à vous.

  • Merci Gérard. Si, si, je m'en étonne mais c'est parce que je suis née désaimée donc je m'étonne toujours de voir le mot "aime" associé à ma personne (je ne dis pas cela pour vous faire pleurer, j'essaie juste de dire la vérité).
    Non moi je ne trouve pas que la sagesse demande de se taire. Je pense que la sagesse est de chercher à dire les mots justes et ne jamais chercher à blesser même si on blesse parfois sans le savoir parce que l'on touche sans le savoir un point sensible. Et pour dire les mots justes, il faut beaucoup rentrer en soi, être aussi pour soi un-e autre qui vous veut du bien sans quoi on ne peut pas partager ses moments de chorale improvisée dont parle Mme de Staël.
    Alors peut-être que la sagesse c'est de savoir alterner parler et se taire ?

  • @Euterpe , Pas de quoi , je suis doublement sincère car je suis également un fidèle visiteur de votre blog.
    Qu'est-ce que la sagesse ? Vaste sujet sur lequel il faudrait passer des heures à en "converser" car nous avons tous des clichés en tête!
    Ceux que l'on appelle les "sages" dans nos sociétés sont de vieux messieurs qui ont accepté avec le temps que les choses ne changent jamais , et qui passent le reste de leur vie à justifier leur silence coupable . Ici ,être sage c'est donc ne jamais faire de vagues !
    Mais pour moi la sagesse c'est aussi dire les choses comme on les ressent , même mal , même maladroitement . Qu'importe les mots ce qui compte c'est la sincérité et l'honnêteté sans qui la sagesse ne serait qu'artifice .
    Parler et se taire aussi d'ailleurs je suis d'accord , mais dans quel ordre ? Parler puis se taire pour essayer de comprendre ce qu'on a voulu exprimer ou réfléchir en silence pour s'exprimer ensuite le plus justement possible ? Les deux sont effectivement liés et nous passons notre vie à ce petit manège .
    Ne dit-on pas "de la discussion jaillit la lumière" ....également celle qui est en nous ?
    Il serait bien prétentieux de croire que nous serions les mieux placés pour nous découvrir nous-mêmes . Nous avons tous besoin de ces révélateurs que sont les mots que nos parents , nos professeurs ou nos proches nous ont appris. D'ailleurs expriment-ils vraiment fidèlement ce que nous ressentons ?
    Les gaffes verbales et les fautes de raisonnement nous sont aussi utiles que les discours même courts mais trop bien "léchés" .
    Car la sagesse c'est aussi savoir reconnaître qu'on n'est pas toujours très "sages" !
    Merci Tania de nous avoir permis de "converser" tranquillement !

  • @ Euterpe et Gérard : Que vous conversiez ici prolonge parfaitement l'esprit de ce passage, merci à vous.

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