« La fille ouvrit la bouche plusieurs fois avant qu’il en sortît des paroles, des phrases hésitantes sur Tallinn et une voiture. Les mots s’entrechoquaient, comme précédemment, se recroquevillaient aux mauvais endroits, se rejoignaient à contretemps, commençaient à chatouiller bizarrement les oreilles d’Aliide. Cela ne venait pas tant des mots de la fille ni de son accent russe, l’estonien de la fille avait autre chose de bizarre. Alors que cette fille, avec sa jeune crasse, était ancrée dans le présent, ses phrases rigides sortaient d’un monde de papiers jaunis et d’albums mités remplis de photos. Aliide attrapa l’épingle à cheveux sur sa tête et se la fourra dans l’oreille, la fit tourner, la retira et la remit en place dans ses cheveux. La démangeaison persistait. Aliide eut une idée : la fille n’était pas des environs, peut-être même pas du pays. Mais qui donc, venu d’ailleurs, saurait parler la langue d’une telle province ? »
Commentaires
J'ai lu d'excellentes critiques de ce livre dans des magazines allemands et il y a longtemps que j'ai envie de le lire.
Mais ces magnifiques présentations le mettent encore plus en valeur que tout ce que j'ai lu précédemment. Dès que je le vois, je lui saute dessus ! :)
@ Euterpe : Merci, Euterpe. Les personnages de "Purge" sont vraiment interpellants, bonne lecture !