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Au Museum44

Ce fut une journée très particulière que ce dimanche 6 octobre passé entre cousins & cousines à Meensel-Kiezegem, dans le Brabant flamand, pour visiter ensemble le Museum44. Wikipedia résume en ces termes le drame dont il est le lieu de mémoire : « Le 30 juillet 1944, le collaborateur Gaston Merckx fut abattu. À titre de représailles, l’occupant allemand aidé de collaborateurs flamands a emprisonné le 11 août tous les habitants masculins et en a envoyé 71 au camp de concentration de Neuengamme et 63 y laissèrent la vie. »

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L'entrée du Museum44 à Meensel-Kiezegem

Jusqu’aux derniers mois de la deuxième guerre mondiale, les habitants de Meensel-Kiezegem n’avaient pas été touchés par la guerre plus que d’autres. Comme en beaucoup d’endroits, certains étaient du côté de la collaboration, d’autres dans la Résistance, parfois dans la même famille. A la mort de son fils, la mère de Gaston Merckx (meneur des Brigades noires) cria vengeance, d’où le double forfait rappelé au Museum44 : une première razzia dans le village le premier août 1944, une seconde razzia le 11 août – assassinats, déportation, très peu de survivants. Ironie de l’histoire, ceux qui ont tué Gaston Merckx n’étaient pas du village.

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Notre guide Oktaaf Duerinckx et Linda Van der Meeren

Près de l’église de Meensel-Kiezegem, l’ancienne cure abrite le musée, ouvert du mercredi ou dimanche, et sur réservation. Oktaaf Duerinckx, fils de l’instituteur Ferdinand Duerinckx (arrêté lors de la première razzia et décédé au camp de Neuengamme en décembre 1944), nous y a accueillis devant deux panneaux présentant le village lors des deux guerres mondiales.

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Quelques exemplaires de "Vrij Volk", journal clandestin

Meensel-Kiezegem est le village natal du champion cycliste Eddy Merckx (une salle lui est consacrée à l’étage, avec la liste impressionnante de ses victoires). Parrain du musée, Merckx était présent à son inauguration cet été. (Ses parents étaient dans la Résistance ; leur lien de parenté avec la famille du collaborateur est très éloigné.)

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Coussin aux étoiles juives

On entre ensuite dans une pièce dont les vitrines montrent des vêtements rayés du camp de concentration, des exemplaires du journal clandestin Vrij Volk (Peuple Libre), des objets de l’époque – dont un étonnant coussin réalisé après la guerre avec des étoiles juives (avec le « J » de « Jude ») ! C’est surtout via les écrans qu’on découvre comment les faits de 1944 se sont déroulés et dans quel contexte. Sur une table-écran, on peut situer sur une carte les déplacements, les lieux cités dans le documentaire. On peut voir aussi d’émouvants petits mots de déportés, souvent pour rassurer les leurs.

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© Linda Van der Meeren (détail) au Museum44

Des toiles de Linda Van der Meeren sont accrochées dans le musée, dont ces deux groupes de prisonniers impressionnants, peints d’après des photos, à l’entrée de la salle consacrée au camp de concentration de Neuengamme, où ont été déportés les hommes du village. On reste stupéfait devant la grande carte de l’Europe où sont indiqués les camps de concentration nazis et autres camps satellites ou lieux de travail pour les prisonniers – plus nombreux qu’on ne l’imaginait. On en explique l’organisation, le système concentrationnaire, les catégories de prisonniers, leurs tâches.

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Salle sur le camp de concentration de Neuengamme

Tout au long du parcours au Museum44, les photos anciennes des habitants, des victimes, des familles, donnent son poids d’humanité à cette époque terrible. C’est une bonne idée de les faire côtoyer avec des peintures actuelles, inspirées de documents d’époque, et avec des photos de commémorations ou de groupes en visite sur les lieux de cette tragédie. Des classeurs sur les principaux camps nazis sont mis à la disposition du public.

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Les victimes des razzias à Meensel-Kiezegem, photo Museum44

Emotion aussi dans la salle consacrée aux « héros » du village : au mur, des photos portraits ; dans des meubles en bois clair, des tiroirs au nom de chacun, où l’on peut déposer des documents à leur mémoire. Enfin, une pièce a été aménagée avec des châlits en bois évoquant les couchettes superposées du camp de Neuengamme, où chacune était occupée par plusieurs prisonniers, tête-bêche ou successivement.

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Visite de groupe au camp de Neuengamme

Affiches diverses, liste des signes avant-coureurs du fascisme (qui n’est pas sans inquiéter à l’heure actuelle), rappel d’autres razzias perpétrées en Europe comme celles d’Oradour-sur-Glane et de Murat en France, détails des condamnations lors du jugement de la famille Merckx, le Museum44 rassemble toutes sortes de documents précieux pour le devoir de mémoire. J’ai aimé la façon dont ils sont présentés, avec des panneaux didactiques et beaucoup de respect pour les victimes de la guerre et leurs familles. Un lieu à visiter, pour l’histoire et pour le présent.

Commentaires

  • tant de victimes... tant de communes ont vécu de tels drames, que ce soit en 14-18 ou en 40-45... ça ne cesse de me bouleverser

  • J'ai aimé que ce musée à la mémoire du passé se veuille aussi lieu de réflexion sur le présent.

  • Il y a eu des évènements dramatiques un peu partout, certains dont on parle plus ou moins, mais à l'échelle d'un village, la mémoire reste vive.

  • Tous les hommes d'un village emmené, cela marque pour longtemps, oui.

  • Les lieux de mémoire me semblent importants, pour que l'on n'oublie jamais la barbarie et aussi pour rendre hommage à tous ceux qui ont vécu ces drames dans leur chair. Mais quand on voit se développer les extrémismes dans toute l'Europe, un certain découragement nous envahit... Restons fortes et forts face à ces réalités et restons vigilantes et vigilants ! Bises, doux week ned Tania. brigitte

  • Ce musée s'est ouvert récemment et c'est une bonne chose pour informer les générations qui voient cette guerre comme de l'histoire ancienne et ne prennent pas toujours la mesure de ces événements.
    Un lieu de vigilance pour tous, contre l'oubli ou la banalisation.
    Bon week-end, Brigitte, bises en retour.

  • Quelle visite, Tania. On ne sort jamais indemne d'un tel parcours. On garde en tête des images fortes que l'on n'oubliera pas et si de plus, le hasard s'en mêle, on a encore plus l'impression d'avoir vécu un moment d'exception. Pour moi, ce fût le troupeau de biches apparu entre les arbres, à la sortie d'un camp de concentration pour femmes, près de Berlin, comme si toutes les âmes de ces déportées, s'étaient brusquement réincarnées. Inoubliable !

  • Merci pour ce grand souvenir, Annie. Ma cousine a déjà visité plusieurs camps, je ne l'ai jamais fait, peut-être un jour. Les témoignages et récits que j'ai lus sont des lectures inoubliables.

  • Merci pour la découverte car je n'en avais jamais entendu parler. Le nouveau Musée de la Guerre à Mons est également très bien, je te le conseille. Avoir visité les camps de Birkenau et Auschwitz en Pologne reste un moment fort de mes études.

  • Ravie de te faire découvrir ce lieu de mémoire. Je ne connais pas le musée de Mons. Un courant passe quand on aborde cette époque, aussi quand j'écoutais cette semaine Jean-Luc Coatalem ("La part du fils") parler à La Grande Librairie de son grand-père déporté à Dora (où était mon grand-père) et mort à Bergen-Belsen (comme Teddy Blenkinsop).

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