« Pour ma part, je me souviens d’une expérience qui prouve que le silence d’un lieu permet de mieux se laisser pénétrer par celui des œuvres. Par je ne sais quel hasard, je me suis retrouvé seul, pendant une heure, dans une petite salle d’un musée de Harvard, à contempler une série de Cézanne bien connue, représentant des pommes. Je ne sais par quelle négligence on m’a laissé là sans être interrompu par quiconque, dans une solitude et un silence absolus, face aux tableaux. Alors que j’avais bien des fois contemplé des reproductions de ces mêmes œuvres, j’ai ressenti qu’une communication de silence s’était instaurée qui en modifiait et approfondissait l’appréciation. »
Alain Corbin, Histoire du silence
Commentaires
Je me souviens du grand bonheur, seule avec Nicolas de Stael, enfin ses toiles : la dernière salle de l'expo au Centre Pompidou à l'ouverture était vide. Il y avait le silence mais surtout être seule avec les toiles, seule avec le peintre. Cela n'a pas duré une heure mais ce quart d'heure là m'habite toujours.
J’ai eu la même expérience que vous Nicole ... seule face à un immense Rothko rouge et ce souvenir persiste toujours. Oui, un pur bonheur ! Une sorte d’extase si j’ose le mot ;-)
exactement! on a besoin de silence pour se concentrer sur l'oeuvre :-)
j'espère que l'été prochain je pourrai visiter le Pergamon Museum sans avoir une foule dense autour de moi :-)
@ Nicole 86 : Beau souvenir ! Ce passage m'a rappelé les visites du Louvre en nocturne, quand mes élèves de rhéto s'égaillaient vers les chefs-d'oeuvre de leur choix et que j'allais m'asseoir dans une salle pour une contemplation solitaire, en compagnie de Chardin par exemple.
@ Witchy : Oh, je t'envie. Je n'ai jamais eu l'occasion d'un tel tête à tête ou corps à corps avec Rothko, j'imagine...
@ Adrienne : Le musée de Berlin le plus visité, dit Wikipedia - j'espère que tôt le matin ou tard le soir, tu pourras y échapper à la foule.
Le silence si bénéfique. Un luxe parfois, une nécessité et ici une rencontre magique seul à seul avec les œuvres.
J'avais lu ce livre lorsque je m'interrogeais sur le silence et que je le ressentais souvent comme un cadeau dans ma lande.
Pouvoir rester seule dans le silence dans un musée, le grand luxe .. qui ne m'est jamais arrivé hélas.
Ce guide de haute-montagne qui distribuait des papiers avec la mention "Oui, c'est tout à fait fantastique", pour éviter que les randonneurs ne perturbent le ressenti à la vue du spectacle...
Seul le silence permet en effet cette communication, des moments privilégiés!
C'est ce que j'ai fait ce matin en admirant les natures mortes chez Adrienne...
Bon dimanche Tania, un beso.
Si un jour tu as la chance d’aller à New-York, va au Moma, il y a deux ou trois salles dédiées à Rothko... et tu te plantes devant le grand rouge qui prend une salle entière, si je me souviens bien il y a une banquette devant mais tu attends d’être seule.
Et puis quand tout est silence, tu fixes ton regard dans le tableau, tu t’y plonges et là je t’assure, la couleur bouge... c’est une expérience unique!! Et rien à voir avec les Rothko qu’on voit dans les livres, c’est du live :)
J'espère un jour visiter cette salle et pouvoir vivre cela, merci Witchy.
@ Maïté/Aliénor : Oui, le silence est bienfaisant - une ressource.
@ Aifelle : Ce sont des moments rares, j'espère que l'occasion te sera offerte un jour.
@ Christw : Incroyable, cette anecdote !
@ Colo : Le silence est indissociable de la contemplation. Merci pour l'info, j'y vais. Bon dimanche et un baiser, Colo.
Un bel extrait, c'est un moment émouvant... Bises. brigitte
Le genre de moment dont on garde précieusement le souvenir, en effet.