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Vrille

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Complètement affolé, j’arrache la poignée de largage du « hood » – qui me reste dans la main – j’essaye de me dresser sur mon siège pour sauter en parachute en oubliant de me détacher – je ne parviens qu’à me cogner atrocement la tête...
Je sors du nuage en vrille – la terre est là, à moins de mille mètres. Je pousse à fond sur le manche tout en ouvrant plein gaz. Le moteur tousse et reprend d’un seul coup, à en arracher le bâti du fuselage. La vrille se transforme en spirale ; je tâte doucement ma profondeur qui accroche – les champs arrivent cependant vite dans mon pare-brise...
Je rétablis à moins de cinquante mètres.
J’ai eu chaud. Je relève mon casque, et je sens mes cheveux trempés de sueur. »

Pierre Clostermann, Le Grand Cirque

*Abat(t)ée : Chute en piqué à la suite d’une perte de vitesse qui rompt l’équilibre horizontal de l’avion (TLF)
 Couverture de la réédition en 2008

Commentaires

  • le frère aîné d'une amie de ma mère était pilote de guerre à la RAF, malheureusement il est mort en mission

  • C'est ce qui est terrifiant dans ce récit : chaque mission est une question de vie ou de mort - quels nerfs il faut. L'amie de ta mère a peut-être lu Clostermann ou évité de le lire, je ne sais.

  • Je pense que toute ancienne fiancée d'un pilote de chasse aura dû avoir des frayeurs rétrospectives.

    Cela va peut-être paraître étrange comme référence, mais mon fils m'a un jour fait regardeer un dessin animé de hayao Miyazaki, Porco Rosso, qui se passe chez les pilotes d'hydravion.

    Il y a dedans une séquence à couper le souffle - quand Marco, alias Porco Rosso, raconte à sa jeune coéquipière un souvenir de la guerre 14-18. Et une autre séquence, elle, très romantique. En définitive, et contre toute attente, j'ai beaucoup aimé ce dessin animé-là.

  • J'ai aussi été amenée à regarder la véritabe histoire du Memphis Belle, ce qui m'a instruite dans la question des B17... Dont il y avait un morceau au musée de l'air (et un Spitfire aussi je pense), mais régionalisation oblige, je crois que des pièces sont déjà parties à Koksijde................

  • @ Claudialucia : N'est-ce pas ?

    @ Pivoine : J'en parlais aujourd'hui avec maman à qui j'ai fait lire ce billet et qui m'a raconté tout ce que cela lui rappelait, notamment le premier accident dont elle a été témoin lors d'exercices à Coxyde et qui a coûté la vie à un camarade de mon père.
    Je ne connais pas ce dessin animé, je vais me renseigner. Les séquences à couper le souffle sont nombreuses dans "Le grand cirque" ! Il y a longtemps que j'ai visité le musée de l'air au Cinquantenaire, il me semblait qu'il y était maintenu finalement, mais je n'ai pas suivi cette affaire de très près.

    @ Alezandro : Un récit qui vaut la peine si tu t'intéresses à cette époque et à l'aviation militaire.

  • Je crois que les régionalisations et les musées, cela ne fait pas beaucoup de bruit (même quand il s'agit d'avions). Je devrais quand même vérifier. Je ne sais plus quand a eu lieu un terrible accident lors d'un meeting, si c'est à Ostende... Je crois. Nous étions allés à un meeting en Flandre, et à celui de Coxyde... Dans les années 90.

  • J'ajoute le site du Musée de l'air pour info, en découvrant qu'il n'est disponible qu'en anglais pour l'instant ! http://airmuseum.be/en/index.php

  • Quel récit en effet, qui fait écho au goût pour l'adrénaline évoquée par de jeunes soldats allemands, dans le livre dont je t'ai parlé précédemment. Bonne soirée, Tania.

  • Pierre Clostermann rend hommage, dans son livre, à un as de la Luftwaffe, Walter Nowotny - "curieuse solidarité entre les chasseurs, au-dessus de toutes les tragédies et de tous les préjugés".

  • C'était quand même autre chose que le pilotage «informatique» d'un F16...
    Les passionnés d'hélices appelle les avions – avec mépris – à réaction "lampes à souder".

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