« Un grand écrivain, c’est celui qui fait apparaître sur la page blanche des paysages oubliés, des villes entrevues, des cités intérieures que nous n’avions jamais visitées. Un kiosque à musique sur une place, les palmiers de Bastia, le vol noir des corbeaux dans le ciel clair de Malaucène un soir d’octobre, les greniers ouverts de Manosque claquants de pigeons, la flamme d’un renard qui traverse la route à minuit dans le col du Négron, la rouille d’un port, les raies rouges d’une vigne à la sortie de Mallemort. Plus le mot est juste, plus le voyage est grand. Le corps sombre et nu d’une femme dans un quartier torride de Marseille, juste sous les toits. Un figuier qui pousse dans les ruines de notre mémoire. »
René Frégni, Je me souviens de tous vos rêves