« Dans ces moments, nous avons beaucoup parlé de chez nous, évoquant autant de souvenirs que nous le pouvions, rappelant les images les plus infimes et les plus spécifiques dans une sorte d’incantation douloureuse – les érables de l’avenue Miró en octobre, les horloges à chiffres romains dans les salles de classe des écoles publiques, l’éclairage en forme de dragon vert dans le restaurant chinois en face de l’université. Nous pouvions partager la saveur de ces choses, revivre la myriade de menus détails d’un monde que nous avions tous les deux connu depuis notre enfance, et cela nous aidait, me semble-t-il, à garder bon moral, à nous faire croire qu’un jour nous pourrions retrouver tout cela. »
Paul Auster, Le voyage d’Anna Blume (Au pays des choses dernières)
Commentaires
Il me semble que dans tous les Paul Auster clignote une enseigne de restaurant chinois...
Oui, un jour on pourra retrouver cela…….Tu m'as fait acheter ce livre. J'en ai beaucoup à emporter là où je pars, mais pas celui- là; il attendra. Tu as été le déclic!
En lisant cette note je découvre que tu as également chroniqué le 4321 que j'ai lu tout dernièrement. Un pavé mais quel foisonnement ! Je vais attendre un peu avant de revenir à Paul Auster. J'ai le dernier Jean Paul Dubois en route :-)
De la nostalgie partagée naît l'illusion d'un jour retrouver le passé. Beau passage, bien écrit et traduit.