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jan hoet

  • Varia d'avant Noël

    21 décembre, solstice d’hiver. Comme presque tous les samedis matins, j’écoute sur Musiq3, la radio culturelle de la RTBF, « Le grand charivari » présenté par Pascale Seys, et l’invité du jour est passionnant : Jan Hoet, historien d’art et grand connaisseur de l’art contemporain. Ecoutez-le parler, avec son charmant accent de Flandre, et vous le suivrez jusqu’au bout. 

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    http://www.rtbf.be/radio/podcast/player?id=1879699&channel=musiq3

    A Gand, il a fondé le SMAK, musée d’art actuel de la ville, puis il a organisé « Chambres d’amis » en invitant des artistes à exposer dans des maisons privées, inspiré par la tradition de Geel où il a grandi (en Campine anversoise) dans une famille qui accueillait des patients psychiatriques chez elle. C’est là qu’il vient de présenter « Middle Gate Geel'13 » dans quatre lieux différents, « un magnifique parcours entre art et psychiatrie » écrit Guy Duplat dans La Libre, avec un beau portrait du « pape de l’art » qui considère le musée comme un lieu de débat – sur l’art.

    A l’époque où le père de Jan Hoet était psychiatre à Geel, 3 000 malades vivaient chez les gens et non à l’asile, « intégrés à la vie "normale", sans être sans cesse confrontés à leur image de malade comme dans un hôpital, 3 000 malades pour une ville qui ne comptait encore que 19 000 habitants » (Guy Duplat). Les enfants Hoet appelaient « zotjes » (petits fous) ceux qui logeaient chez eux, c’était gentil. Ailleurs en Belgique, on se moquait de quelqu’un en lui disant qu’il finirait à Geel (chez les fous), par ignorance. 

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    Le logo de Middle Gate Geel'13 (Photo du blog de Nadja Vilenne)
    commenté au cours de l'émission
    http://www.nadjavilenne.com/wordpress/?p=8479

    Un monde trop préoccupé d’économie et trop peu de culture, voilà une des réalités que Jan Hoet déplore – « Creative Europe » ne s’intéresse à l’art que quand il peut servir l’économie. Où se trouve l’art dans le manifeste européen ? demande-t-il. Souvent les subsides vont aux multinationales et non aux artistes, il en donne des exemples. Il applaudit à la présentation d’un petit livre, « L’utilité de l’inutile » de Nuccio Ordine, un essai que je me suis promis de lire.

    L’art, la recherche, son occupation quotidienne, sa nourriture : lire un livre sur l’art, visiter un atelier d’artiste, une exposition, c’est sa vie. « Ça (lui) donne de l’énergie », explique Jan Hoet, même quand ce qu’il a vu ne lui plaît pas ; cela nourrit la réflexion sur ce qu’est l’art, si difficile à définir. Aujourd’hui, « nous sommes tous éduqués à accepter tout » alors que l’artiste, lui, ne veut pas être comme tout le monde. Dans l’œuvre d’un artiste, il y a toujours quelque chose de local et aussi quelque chose d’universel. Jan Hoet parle entre autres de Sophie Langohr, de Jacques Charlier, de l’art, de la vie, avec une simplicité et une lucidité formidables.

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    Puis c’était la rubrique cinéma, et là aussi, je me suis régalée, avec les commentaires sur cette belle et terrible série télévisée, « Top of the Lake », filmée par Jane Campion, vue sur Arte, aujourd’hui disponible en DVD. Un grand film en six épisodes, des images, des situations inédites dont vous aurez un aperçu ici en « scrollant » vers le bas comme indiqué, et un extrait avec Elisabeth Moss dans le rôle de Robin Griffin, « agent de police spécialisé dans la protection de l'enfance ».

    J’étais en train de décorer le séjour pour Noël avec des babioles remontées de la cave – quelques boules, une couronne de Noël, et surtout la crèche toute simple de mon enfance et l’étoile lumineuse à la fenêtre –, quand le son de tambours puis le chant joyeux d’une clarinette se sont fait entendre, inattendus. 

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    Une image de Night of Silence de Reis Celik (Turquie)
     
    (Festival International du Film Indépendant)

    De l’appartement, je ne vois pas la rue, mais j’ai tout à coup pensé : un mariage ! Une fois en bas, chez mes voisins turcs, c’était le spectacle. Devant leur jolie maison ancienne unique en son genre dans le quartier (elle mériterait une restauration), une limousine extra longue (comme j’en ai vu en Russie pour les mariages) attendait devant l’entrée, suivie d’un cortège de voitures. Sur le trottoir, quelques parents et amis, et, mettant l’ambiance, les musiciens qui tournaient autour de la voiture de fête. La mariée a fini par apparaître sur le seuil, cachée sous le voile rouge traditionnel, très droite. Je ne connais pas ces traditions, mais il était clair que les choses se passaient dans les règles. 

    Une jeune femme s’est approchée de la voiture avec un miroir dans les bras ; il fait partie, avec le ruban, le voile, le trousseau, du rituel d’alliance, peut-on lire sur le site de l’Association Minkowski où Ilknur Deveci décrit exactement ce dont j’ai été témoin : « Lorsque la mariée entre dans la voiture, la personne tenant le miroir l’accompagne. Le hoca (maître de cérémonie ?) commence à lire des versets et des sourates ; tout le monde ouvre les deux mains vers le ciel ; à la fin de sa récitation, ils lisent tous la sourate El Fatiha, passent leurs mains sur leur visage et disent Amin (Amen). Cette sourate est connue pour être celle qui ouvre. Elle est une ouverture. C’est elle qui est lue pour commencer la prière. » C’était émouvant d’assister à ce grand départ.