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exposition - Page 52

  • Bon ouvrier

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    « Je ne veux retenir et revendiquer au déclin de ma vie qu’une carrière bien remplie de bon ouvrier et de probité artistique, - en y mettant aussi beaucoup de mon cœur. »

    Constantin Meunier, 12 janvier 1904

     

     

    Catalogue Constantin Meunier, sous la direction de Francisca Vandepitte, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique / Lannoo, Bruxelles, 2014.

     

     

    Constantin Meunier, Hiercheuse à la lampe, vers 1886 © MRBAB, Bruxelles..

     

     

     

     

     

  • Meunier peintre et sculpteur

    La rétrospective Constantin Meunier (1831-1905) au Musée des Beaux-arts de Bruxelles (Musée fin-de-siècle) offre une très belle occasion de découvrir dans son ensemble l’œuvre d’un artiste belge qui a fait entrer le travailleur, l’ouvrier dans les arts plastiques, comme Zola en littérature. Rodin considérait Meunier comme « l’un des plus grands artistes » de son siècle, Van Gogh l’admirait. 

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    Constantin Meunier, Le faucheur,1892 © MRBAB, Bruxelles.

    Si c’est à ses sculptures qu’on pense d’abord, l’exposition permet d’approcher plus globalement son oeuvre, où la peinture occupe une large part, plus diversifiée qu’on ne le croit. « Empoigné » par une toile de Courbet, Les casseurs de pierres, Meunier trouve dans la peinture réaliste une voie pour rompre avec l’académisme. Allégorie de la mort de Lincoln (1865), prêt d’une université américaine, montre d’emblée son choix de sujets historiques et sociaux, son attention aux humbles : des noirs affranchis et des gens modestes viennent rendre hommage au président défunt à l’avant-plan, la bonne société en habits de deuil se tient derrière le catafalque. 

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    Constantin Meunier, Lamentation, vers 1870, Collection privée © Galerie Patrick Derom, Bruxelles.

    Influencé par Charles De Groux, Constantin Meunier commence par peindre des scènes religieuses, avec réalisme. Dans Lamentation (collection privée, vers 1870), une femme vêtue de sombre se penche sur le cadavre du Christ à terre, émacié, lumineux. Le clair-obscur, le cadrage, le ciel tourmenté, le rapprochement inévitable avec un chef-d’œuvre de Meunier qu’on verra plus loin – Le grisou – rendent cette petite toile poignante. Il peint sans relâche la solitude, la douleur, la souffrance, comme dans les deux versions sans concession de la mort de Saint Etienne, martyr.

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    Constantin Meunier, Jeune femme dans un intérieur - Portrait de Jeanne Meunier,vers 1885, Musée d’Ixelles.

    A côté de ces toiles très sombres, des tableaux historiques, des sujets plus gais, comme Jeune fille tricotant – installée dans l’herbe, les jambes allongées – ou La vieille commode et l’enfant : une fillette blonde, sa robe claire déployée au sol autour d’elle, observe une aquarelle sortie d’un tiroir – une jolie scène intime, comme celle des enfants voleurs de pommes. Pour vivre, Meunier a aussi peint d’élégantes bourgeoises, à la manière d’Alfred Stevens. Jeune femme dans un intérieur est un beau portrait de sa fille Jeanne. 

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    Constantin Meunier - Alfred Verwée, Moines laboureurs (détail), 1863, Collection de la Communauté flamande.

    C’est auprès des moines trappistes (il séjourne à plusieurs reprises à l’abbaye de Westmalle) que le peintre a côtoyé en premier la réalité du travail manuel : Moines laboureurs, une grande toile qu’il signe avec Alfred Verwée, peintre animalier, m’a rappelé certaines peintures russes par l’ampleur du paysage. 

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    Constantin Meunier, Le faucheur, Parc du Cinquantenaire, Bruxelles.

    Meunier recommence à sculpter en 1884, à près de cinquante ans ; c’était sa première formation à l’académie de Bruxelles. Les sculptures exposées restituent les gestes des paysans : Le semeur, Le faucheur, Le moissonneur… Meunier a l’impression que la sculpture magnifie davantage l’homme au travail que la peinture. Ce sont des hommes et des femmes réels qu’il représente, et non plus des figures mythologiques ou allégoriques. 

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    Constantin Meunier, Manufacture de tabac à Séville, 1883 © MRBAB, Bruxelles. 

    Pour un parcours à la fois chronologique et thématique, on a rapproché les œuvres par genre ou par univers, comme dans cette salle « espagnole » consacrée au séjour de Meunier à Séville en 1882-1883. Ici une scène de cabaret, une tête de Sévillan, là des ouvrières au travail dans une manufacture de tabac, une grande toile qui nous plonge dans leur réalité quotidienne. Le peintre avait été envoyé à Séville pour y copier une Descente de croix du XVIe siècle. Cette mission alimentaire ne l’emballait pas, mais elle a permis à son art d’évoluer, entre autres vers la clarté et la couleur. 

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    En Belgique, Meunier témoigne des grandes industries de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Il observe sur place les ouvriers de l’acier au Pays Noir, les dockers d’Ostende, les mineurs et les hercheuses, les verriers du Val-Saint-Lambert… (Aurait-il apprécié les couleurs électriques de l’affiche sur son Mineur à la hache ? J’en doute.) Peintre ou sculpteur, l’artiste reste fidèle au réalisme : ses personnages ne posent pas, ils sont en plein effort ou au repos, comme ce magnifique bronze d’un Puddleur épuisé, placé près d’une toile monumentale, La coulée de l’acier à Seraing.  

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    Constantin Meunier, Le puddleur, 1884 / 1887-1888 © MRBAB, Bruxelles.

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    Constantin Meunier, La coulée à Seraing, 1880. Musée des Beaux-Arts de la ville de Liège © Ville de Liège – BAL

    Le billet d’entrée comporte d’office l’accès à un audioguide peu encombrant et pratique, il suffit de le rapprocher d’un logo pour déclencher le commentaire. Le parcours, dont les étapes sont évoquées sur le site de l’exposition, comprend aussi des études, de beaux dessins (crayon, fusain, aquarelle, pastel, gouache – les indications techniques manquent sur les étiquettes). On peut le compléter par la visite du musée Meunier à Ixelles (sa maison-atelier). 

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    Constantin Meunier, Hercheuse, s.d. © MRBAB, Bruxelles. Aquarelle sur papier.

    L’exposition se termine en apothéose avec des chefs-d’œuvre comme Le grisou, inspiré par la catastrophe de 1887 dans la mine de La Boule (Quaregnon) ; cet ensemble bouleversant, posé à même le sol dans l’ancien musée, perd un peu de son impact sur un socle. Le Vieux cheval de mine est très émouvant aussi. « Beauté tragique », la dernière salle, montre entre autres Femme du peuple, L’enfant prodigue, Maternité, et présente le projet du Monument au Travail. 

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    Constantin Meunier, Le Grisou. Femme retrouvant son fils parmi les morts, 1889 © MRBAB, Bruxelles. 

    Emile Verhaeren, dans la revue L’art moderne qui a soutenu Meunier, le décrit comme « le sculpteur et le peintre de la souffrance démocratique, plus encore qu’humaine, et certes plus que le peintre de la souffrance idéale. » Ne manquez pas cette rétrospective qui nous parle d’un monde pas si lointain, dont nous sommes les héritiers. On en sort rechargé d’un sentiment fort : la compassion.

     

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    Un autre regard sur l’exposition (10/11/2014) : http://sheherazade2000.canalblog.com/archives/2014/11/10/30931059.html

     

  • L'art de l'assiette

    A la Villa Noailles, la présentation des collections permanentes se renouvelle aussi, et j’y ai découvert avec plaisir ces dix-huit assiettes décorées par des artistes. La maison Christofle, durant la seconde guerre mondiale et peu après celle-ci, avait demandé à « des personnalités parisiennes du monde de l’art, de la musique et de la littérature » d’imaginer un décor pour des assiettes en porcelaine. 

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    Signatures : Henri Sauguet / Marie-Laure de Noailles / André Masson / Jean Cocteau / Man Ray / Felix Labisse

    Georges Hugnet (7 à 12) / Paul Eluard / Jean Hugo / Lucien Coutaud / Georges Auric / M.-L. de Noailles / Jean Hugo

    Parmi les participants, beaucoup étaient des amis de Marie-Laure de Noailles, qui en a proposé elle-même une suite de douze, « des variations sur les possibilités de l’encre noire ». J’espère que vous apprécierez autant que moi le décor et la légende de celle-ci. 

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  • Design parade 9

    Le festival international de design dont la neuvième édition vient de se terminer à Hyères était un excellent prétexte pour revisiter la Villa Noailles. Le 19 octobre prochain s’y ouvre une nouvelle exposition : « Charles et Marie-Laure de Noailles, une vie de mécènes ».  

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    Sur le site officiel, on apprend que parmi les dix designers sélectionnés pour le concours, Laura Couto Rosado, qui fait chanter le quartz, a remporté le grand prix du jury et Thibaud Penven, inspiré par sa rencontre avec un pêcheur du lac Léman, le prix du public et de la ville. 

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    Se promener dans ce bel endroit, c’est aller à la rencontre des volumes, des formes, des couleurs. Dès l’entrée sur la grande terrasse, on est invité à s’asseoir pour contempler la vue, magnifique. Les structures variées des sièges posés ici ou là ne peuvent rivaliser avec celles des grands pins parasols, mais tout ici s’ordonne, se répond, enchante.  

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    Les jardins, les végétaux dialoguent avec le bâti ; à l’intérieur, pour protéger les collections, des stores blancs voilent à présent les baies vitrées pour protéger les collections de la lumière – je les préférerais plus translucides, ils ferment trop l’espace, à mon goût. 

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    Du côté des expositions temporaires, des chaises et, non des livres comme à la Villa Empain, mais beaucoup d’objets de table, autant de recherches sur la couleur, la fonction, la forme, la matière… Stefane Scholten & Carole Baijings, un duo néerlandais, surfent sur l’arc-en-ciel avec une infinie douceur.  

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    © Scholten & Baijings

    De la manufacture de Sèvres, des créations contemporaines sont exposées à côté de rebuts – des inscriptions sur la porcelaine blanche indiquent pourquoi ces vases et coupes ont été déclassés – « hommage à l’exigence de Sèvres ». Le fond de papier doré m’a paru assez encombrant. 

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    ©Carlo Clopath

    C’est très éloigné de « Palutta », un ensemble de couverts et d’ustensiles de cuisine du suisse Carlo Clopath, qui associe habitudes culinaires des Grisons et emprunts aux cultures étrangères, comme l’utilisation d’une laque naturelle japonaise pour protéger le bois. 

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    ©Tijmen Smeulders

    Si tous les vases sont censés accueillir fleurs et verdure, certains sont de véritables objets décoratifs en eux-mêmes, comme ceux de Tijmen Smeulders. Et de simples ampoules assemblées au plafond peuvent offrir un bouquet en guise de lustre. 

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    © Rody Graumans (Droog Design, 1993) (mise à jour 8/11/2014)

    Dans l’air du soir, avant de reprendre la route, un dernier regard à la façade épurée de la Villa Noailles, puis au parc Saint Bernard, où toute la gamme du vert dessine d’autres façons les lignes et les formes, j’étais heureuse d’y assister au mariage sans cesse renouvelé de la nature et de la culture. 

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  • Un rapport singulier

    entre deux chaises,un livre,exposition,villa empain,bruxelles,photographie,vidéo,sculpture,installation,livre,papier,sièges,art contemporain,culture« Objet de culture par excellence, le livre induit dans notre pensée et notre comportement un rapport singulier au temps, au corps, à la vérité et au monde qu’il contient et révèle. Il s’oppose ainsi à l’ordinateur qui diffuse sans commencement ni fin des vérités multiples, provisoires et constamment inachevées.

     

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    Son corps organique, fait de peau et de papier, de colle, d’encre et de fils, induit un rapport physique, intime, que nul objet électronique ne pourra jamais offrir. »

     

    Dossier de presse : « Entre deux chaises, un livre » , Villa Empain, Bruxelles.

    Isabelle Lenfant, Installation de livres, 2009, Galila’s' Collection. Photo : Nicolas Suk
    Hilal Sami Hilal, Livre, 2006. Galila's Collection.