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Roman - Page 225

  • Dits et non-dits

    Des courtisans de Molière aux personnages d’Alice Ferney dans son roman Les autres (2006), tout change et pourtant je suis tentée de les rapprocher. La conversation en occupe le cœur, et la deuxième partie intitulée « Choses dites », entre « Choses pensées » et « Choses rapportées », prend la forme de dialogues que j’imaginerais bien sur une scène.

    Pour fêter les vingt ans de Théo, fiancée et amis se retrouvent dans la maison de famille et bon gré mal gré, se lancent dans un jeu, le cadeau de Niels, le frère aîné, à son cadet qui n’aime pourtant pas les jeux. Mais il accepte la proposition, curieux de découvrir ce que l’autre a en tête. Avec un plaisir visible, Niels réussit à les entraîner dans une espèce de jeu de la vérité, Caractère, qui propose toutes sortes de questions personnelles, voire intimes, à poser à ses partenaires. A jouer entre gens qui se connaissent, susceptibles s’abstenir.

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    La première partie présente les dix protagonistes tour à tour, dans de courts monologues où ils réagissent intérieurement à ce qui se passe ce soir-là, pendant la partie. Moussia, la mère, est la moins disposée à s’y prêter. Sa propre mère, Nina, passe sa dernière nuit dans leur maison avant d’entrer dans un service de soins palliatifs, et de plus, Moussia connaît ses fils, redoute leurs chamailleries. « Je n’aime pas être au milieu des autres quand je souffre. Etre au milieu des autres, quelle illusion. On n’imagine jamais assez loin à quel point on est seul à vivre sa vie. »

    C’est Théo, en se plaignant de la tyrannie des regards sur soi - « Les autres, ils prétendraient pour peu nous dire qui nous sommes… », - qui fait clairement le lien avec Huis clos. Alice Ferney a choisi pour son roman le titre initial prévu par Sartre pour sa fameuse pièce (« L’enfer, c’est les autres »). Ella a aussi donné à la fiancée du jeune homme le prénom d’Estelle, une Estelle à l'opposé de celle de Sartre et dont le prénom renvoie à une question de circonstance : « est-elle ? »

    Le lecteur entre donc dans le jeu, bien forcé, lui aussi. Il y a des embarras, des pudeurs, des rosseries et des vexations, inévitablement. « Est-ce la gêne d’être ce qu’ils sont qui mène les hommes au magasin des masques ? » s’interroge Fleur. « L’identité est changeante, soumise aux situations et aux protagonistes. » se dit Estelle. Quant à Niels, le maître du jeu, convaincu d’être intouchable, il ne manquera pas non plus de tester sa vulnérabilité.

    Derrière tout ce qui est dit, autour de la table de jeu, les non-dits provoquent des tensions. Entre les deux frères, un vieux contentieux. Entre Fleur et son fiancé, des malentendus. Quant à Marina, la jeune mère célibataire, elle pousse Niels dans ses retranchements, affronte carrément son égocentrisme. Les secrets bien gardés jusque-là affleurent, avec leur cortège de souffrances. Plusieurs se décident à les livrer, pas tous.

    Comme le dit Nina à sa fille, « Nous sommes dans le désert de la méconnaissance […] et c’est pure folie d’attendre des autres qu’ils nous comprennent ou, pire encore, qu’ils nous connaissent. » Dans une construction romanesque très originale, dont on pourrait croire un moment qu’elle mène à la répétition – trois versions d’une soirée, trois genres textuels -, Alice Ferney donne la parole à des personnages attachants, varie les points de vue, et nous propose une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît sur les rapports humains, dans le croisement des voix.

  • Deux conteuses

    Pour l’amie qui me les a fait connaître

    En refermant La fille du Cannibale de Rosa Montero (La hija del caníbal, 1997), on se rappelle la réponse de Lucía Romero,  son héroïne anagrammatique, au vieux voisin qui lui vient en aide après l’enlèvement de son mari. Elle l’interroge sur sa vie et remplit leurs tasses de café en disant : « Ce que j’aime le plus au monde, c’est une bonne histoire. »

    a837348037be4c71533d46367b4f3574.jpgEn écoutant récemment la journaliste et romancière madrilène sur France Inter, à propos de son dernier roman, on l’avait déjà compris : c’est avant tout une conteuse. Pleine de verve et d’ironie,  Montero s’adonne allègrement au plaisir des mots et des formules. Il n’en manque pas dans ce récit rocambolesque où une femme dans la quarantaine (ce qu’elle commente à loisir) et sans enfant - « fille sans filles » - se voit réclamer une énorme rançon par une organisation inconnue. La police ne lui est pas d’un grand secours ; en revanche, le vieux Felix et le jeune Adrián qui font irruption dans sa vie vont l’assurer de leur présence, de leurs conseils, de leur affection même. Quant au mari kidnappé, son sort et ses activités secrètes révéleront bien des surprises.

    Pourquoi Lucía se dit-elle fille d’un cannibale ? On l’apprend dans une des innombrables histoires qui jonchent le roman. Chaque personnage a la sienne, du moins celle qu’il croit sienne, puisque « nous sommes tous subjectifs, il n’y a pas d’autre réalité que celle que nous complétons, traduisons, modifions avec notre regard. » Et à leurs aventures extravagantes se mêle, souvent par l’anecdote, l’histoire de l’Espagne au vingtième siècle.

    81d86077abf11793360ef71b006af3bb.jpgMontero déroule l’intrigue dans une espèce de jubilation à écrire, maniant l’humour, la dérision, voire le sarcasme : « Dans l’hallucination de l’amour, nous sommes tous stupides et éternellement jeunes. » « Grandir, c’est se perdre et se trahir. » « La vie est un trajet long et fatigant. » Pour décrire l’humeur poétique d’un jour de printemps, elle n’hésite pas à forcer la note : « J’ai l’impression, dit son héroïne, que des feuilles pourraient pousser au bout de mes doigts. » En lisant La fille du Cannibale, on ne s’ennuie pas.

    Cette Lucía porte le même prénom qu’une autre journaliste et romancière espagnole contemporaine, Lucía Etxebarría. Aime-moi, por favor ! (Una historia de amor como otra cualquiera, 2003) rassemble une quinzaine de nouvelles dédiées entre autres « à toutes les femmes qui se sont confiées à moi pour raconter leurs histoires ». A la première personne le plus souvent, chacune raconte ses malheurs ou ses trop rares bonheurs amoureux. Basées sur des faits réels, ce sont des variations sur les difficiles relations entre les femmes et les hommes, entre les amants. Ces histoires abordent sans ambages les réalités les plus crues, abus sexuels, milieux interlopes, drogues et dépendances, jusqu’aux troubles de la personnalité dits « borderline ». Un univers qu’on pourrait trouver excessif, mais Etxebarría se défend de noircir le trait dans une postface intitulée « La réalité dépasse la fiction (quelques mises au point de l’auteure) ».

    Pourquoi rapprocher ces romancières ? Dans des registres différents, ces deux conteuses espagnoles d’une volubilité époustouflante, remportent un grand succès populaire, la preuve que la fiction romanesque a de beaux jours devant elle. « Mais moi, affirmait la fille du cannibale, je suis persuadée que l’art primordial est celui du récit, parce que pour pouvoir exister, nous les humains, nous devons d’abord raconter. L’identité n’est pas autre chose que le récit que nous faisons de nous-mêmes. »

  • Le premier roman "écologique"

    Les racines du ciel, 1956-1980. Romain Gary commence ainsi sa préface à l’édition définitive du roman : « On a bien voulu écrire, depuis la parution de ce livre il y a vingt-quatre ans, qu’il était le premier roman « écologique », le premier appel au secours de notre biosphère menacée. Je ne mesurais cependant pas moi-même, à l’époque, l’étendue des destructions qui se perpétraient ni toute l’ampleur du péril. »

    Au milieu du vingtième siècle, trente mille éléphants étaient abattus chaque année en Afrique. Un Français, Morel, au nom de l’amitié entre les hommes et les animaux, se lance dans le combat contre cette chasse en vogue à l’époque. « Tous ceux qui ont vu ces bêtes magnifiques en marche à travers les derniers grands espaces libres du monde savent qu’il y a là une dimension de vie à sauver. » Il comprend que, pour les Africains, l’éléphant soit de la viande avant tout, mais compte sur des conditions de vie meilleures qui leur permettent de se nourrir d’une autre manière. Aux chasseurs blancs avides de sensations, d’ivoire à collectionner ou à vendre, à ceux qui capturent des éléphanteaux pour les parcs zoologiques (la plupart mourant avant d’arriver à bon port), il déclare la guerre. « L’espèce humaine était entrée en conflit avec l’espace, la terre, l’air même qu’il lui faut pour vivre. »

    a0cbe681703a68da396fdef003da6a7c.jpgPour les responsables de l’Afrique-Equatoriale Française de l’époque, Morel, en lançant sa pétition pour la protection des éléphants, est au mieux un doux rêveur, un idéaliste, un misanthrope ; au pire, un fou, un « amok », un bandit d’honneur, un malfaiteur qui s’en prend aux propriétés des grands chasseurs, puis aux chasseurs eux-mêmes, et qu’il faut arrêter avant que cela n’aille trop loin. On veut voir dans sa généreuse défense des pachydermes une preuve de sa naïveté, un écran de fumée qui masque une alliance avec la rébellion africaine contre les colons, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. N’Dolo, un de ces rebelles, met lui aussi en cause « l’alibi écologique », dans lequel il voit une espèce de bonne conscience complice du colonialisme et du capitalisme : « nous ne voulons plus être le jardin zoologique du monde, nous voulons des usines et des tracteurs à la place des lions et des éléphants », réclame-t-il. Mais pour Morel, l’étudiant doit encore faire son « éducation humaine », apprendre à respecter cette marge de liberté qu’exige la protection de la nature : si les hommes  « s’obstinaient à considérer cette marge comme un luxe, eh bien ! l’homme lui-même allait finir par devenir un luxe inutile. »

    Les compagnons d’aventure de Morel ont chacun leur objectif : pour le naturaliste danois Peer Qvist, qui a dénoncé la disparition des forêts finlandaises transformées en pâte à papier, celle des baleines ensuite, le sort des éléphants illustre le même gâchis monstrueux de la civilisation lorsqu’elle détruit irrémédiablement la nature ; pour Waïtari, le brillant étudiant africain formé en France, il s’agit avant tout de donner le pouvoir de décision aux Africains eux-mêmes ; pour Minna, l’Allemande violée par les soldats russes à Berlin pendant la guerre, suivre Morel s’impose pour donner un sens à sa vie. « L’Islam appelle cela « les racines du ciel », pour les Indiens du Mexique, c’est « l’arbre de vie » […] leur besoin de justice, de liberté, d’amour – ces racines du ciel si profondément enfoncées dans leur poitrine. »

    Dans ce roman centré sur la  traque de Morel, à abattre pour certains, à arrêter vivant pour les autres, Romain Gary use abondamment du récit rapporté. Chaque personnage lié de près ou de loin au héros égrène ses confidences. La parole est donnée à l’un, à l’autre, ils racontent leurs souvenirs de cette affaire, leurs rencontres avec Morel, leur version des choses. Et cela donne au roman un ton et un rythme très particuliers, envoûtants.

    Il y a parfois du Zola chez Gary. Les racines du ciel, troisième partie : « Car il fallait que l’opinion publique sût qu’en ce siècle de défaitisme et d’acceptation, des hommes continuaient à lutter pour l’honneur du nom d’homme et pour donner à leurs espoirs confus un élan nouveau. […] Du Baïkal à Grenade et de Pittsburgh au Tchad, le printemps souterrain qui vivait sa vie cachée dans la profondeur des racines allait surgir à la surface de la terre de toute la puissance irrésistible de ses milliards de pousses faibles et tâtonnantes. » -- fin de Germinal : « Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre. »

    Où en sont aujourd’hui l’Afrique, les éléphants, les hommes ? Romain Gary,  il y a plus d’un demi-siècle, posait les bonnes questions.

  • Le rêve de Doris Lessing

    Pourquoi ce titre, The sweetest Dream ? Le plus doux des rêves, serait-ce le monde plus juste qu’imaginent dans les années soixante Frances et Johnny Lennox? Il croit au communisme, elle assure le quotidien. Heureusement la grande maison des Lennox, dans les beaux quartiers de Londres, offre assez de place pour accueillir non seulement leur famille – deux garçons, Andrew et Colin, - mais aussi leurs amis, les amis des amis, toute une bande d’adolescents qui adorent se retrouver autour de la grande table où Frances les nourrit généreusement.

    0c02dccf2dbe6284ebbff48834b78a47.jpgLe roman de Doris Lessing (Prix Nobel de Littérature 2007) fait la part belle à trois figures féminines remarquables, sur trois générations. Julia, la vieille Mrs Lennox aux manières parfaites, aux voilettes surannées, descend de son appartement en haut de la maison comme d’une autre planète. Frances, à l’étage en dessous, rêve de théâtre et n’en peut plus des discours du camarade Johnny. L’ennemi déclaré du capitalisme et le propagandiste de toutes les révolutions discourt, voyage, est reçu partout, mais n’a jamais d’argent et ne s’occupe pas des siens, qu’il abandonne bientôt. Divorce, puis remariage. Frances se retrouve avec tout son petit monde sur les bras. Adieu la vie de comédienne, ses articles bien payés constitueront leur principale ressource. Enfin, Sylvia, la fille de la nouvelle épouse de Johnny, arrivée sous le toit des Lennox dans un piteux état, y reprendra goût à la vie grâce à la tendresse de Julia.

    Une cohorte d’adolescents déboussolés accompagnent la jeunesse difficile des fils de Frances, déçus par leur père et souvent jaloux des attentions de leur mère pour autrui. La première partie du récit est centrée sur les allées et venues des uns et des autres, tout y passe: la drogue, les vols, les discussions politiques, le rejet de l’école, les amitiés, les amours, les repas agités, les soirées interminables, les dépressions, les disputes… Chacun se cherche cahin-caha.

    468a64572a7126de0b74ab02c4a4413c.jpgC’est autour de Sylvia que s’organise la deuxième partie. Changement de décor. Devenue médecin, la jeune femme se propose pour un hôpital de brousse en Afrique. La Zimlie est dirigée par un ami d’antan, acquis aux idées révolutionnaires. Mais la réalité, si loin des promesses, la bouleverse : pas de médicaments, pas de locaux médicaux dignes de ce nom, pas de moyens. Sylvia pare au plus pressé, s’épuise, cherche à faire réagir les responsables du pays ou des organismes internationaux.  Mais la corruption et l’inertie offrent encore de beaux jours à l’injustice.

    De l’ironie sceptique, le ton passe à la révolte, et le contraste est saisissant entre les petites misères des uns et la misère tout court des autres. L’auteur, qui a vécu longtemps en Rhodésie du Sud (actuel Zimbabwe), retrouve ici la force de Vaincue par la brousse et des Enfants de la violence. Le style n’est pas sa priorité. Son indignation est intacte. A travers une galerie de personnages formidablement campés, Doris Lessing veut avant tout nous faire voir le monde, tel qu’elle l’a vu et tel qu’il est.

  • Cher William Boyd

    “ Nous avons tous des secrets. Aussi proche ou intime qu’on soit, personne ne sait la moitié de la vérité à propos de qui que ce soit d’autre. ”  Cher William Boyd, comment faites-vous pour nous intriguer si puissamment que nous lirons La vie aux aguets dans l’urgence d’avancer, de découvrir, de connaître la vérité – ou cette part de la vérité que le roman nous livre ?

    Angleterre, 1976. Ruth, une mère célibataire, se rend par une chaude journée de juin chez sa mère, à Middle Ahston, où celle-ci vit dans un vieux cottage au milieu d’une “ jungle contrôlée ” - elle taille sa pelouse au sécateur, c’est tout dire. A la surprise de sa fille, Mrs Sally Gilmartin se déplace en fauteuil roulant, à la suite d’une chute, et n’est pas disposée à recevoir son petit-fils comme elle le fait d’ordinaire le samedi après-midi. En revanche, elle remet à sa fille un gros dossier intitulé L’histoire d’Eva Delectorskaya. Qui est-ce ? C’est elle.

    8f3b06e8c8a8defaca0b34d43a544caf.jpgNous voilà embarqués dans un double récit : en alternance avec la vie de Ruth, une trentaine d’années avant, celle de sa mère, dont l’origine russe lui a toujours été cachée, et pour cause. Eva avait perdu son frère à Paris en 1939 et quelques jours après l’enterrement, un certain Lucas Romer l’avait approchée pour lui apprendre que celui-ci travaillait en secret pour le gouvernement britannique. Il lui avait proposé de s’y engager à son tour. Un bon salaire, la nationalité anglaise, c’était le rêve de son père émigré, mais pour Eva ce serait une manière de venger son frère assassiné.

    Ruth mettra un certain temps à superposer à l’image de sa mère celle de cette jeune femme plongée dans des activités secrètes, initiée à l’espionnage, voyageant sous diverses identités pendant la deuxième guerre mondiale. Elle-même, en attendant de terminer sa thèse de doctorat, enseigne l’anglais à des étrangers qui ont besoin d’une formation rapide. Ce travail à domicile lui permet de bien s’occuper de son fils. Un ingénieur iranien lui fait la cour, un jeune Allemand s’installe provisoirement chez elle, l’oncle de son enfant.

    L’univers mystérieux et risqué d’Eva Delectorskaya constitue le cœur de ce roman. Les questions que se pose Ruth – pourquoi sa mère lui révèle-t-elle son passé maintenant ? pourquoi est-elle constamment aux aguets et se comporte-t-elle de plus en plus étrangement ? qu’attend-elle de sa fille ? – instillent l’inquiétude et titillent l’imagination.

    Pour le bonheur des lecteurs, l’action, chez Boyd, abonde en détails concrets : vêtements choisis pour sortir, boissons commandées au restaurant, corps qui se rapprochent, chambres d’hôtel, intérieurs anglais, scènes urbaines… J’ai particulièrement goûté ses paysages. “ Des nuages filaient à toute allure dans le ciel, et un vent fraîchissant fouettait les arbres au-delà du pré. Je voyais les branches des chênes et les hêtres centenaires  du bois de la Sorcière se soulever et ployer, j’entendais, se répercutant jusqu’à nous à travers l’herbe blonde et haute, soupirs et chuchotements, les craquements des feuilles jaunies, cependant que, frappées par des courants invisibles, les très lourdes branches remuaient précipitamment – les grands arbres étaient ballottés, agités, animés d’une sorte de vie par la puissance naturelle du vent. ”

    L’épigraphe de Proust nous avait annoncé tout cela, y compris la mélancolie des êtres humains quand ils prennent conscience de leur fragilité.