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Littérature française - Page 183

  • Une plage, un été

    L’été retrouvé, c’était le cadeau du Midi en ce mois de septembre, avec ses plages moins encombrées mais encore bien occupées, avec ses villes qu’on arpente en tenues d’été et lunettes de soleil, alors que les collections d’automne s’exposent en vitrine, avec ses repas en terrasse, à l’ombre, pour se protéger de la chaleur. Demain commence une nouvelle saison. 

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    Pourquoi mettre un point derrière un titre ? C’est sur ce détail de la couverture, charmante, avec ce portrait de femme (Jo) assise à dessiner sur le sable, par Hopper, que s’ouvre Plage. de Marie Sizun, un roman sur l’attente. C’est le milieu de l’été en Bretagne (dans cette lumière changeante qu’aimait aussi Bonnard, dont je vous parlerai bientôt, si différente du soleil écrasant de la Côte d’Azur). 
     

    Anne s’est installée à l’hôtel en annonçant que son « mari » – « c’était plus simple » – arriverait à la fin de la semaine. Sur sa serviette de bains aux poissons blancs, elle comprend tout de suite que « Les plages de Bretagne, ce n’est pas pour les femmes seules ». Mais la perspective d’y passer bientôt une semaine avec François suffit à occuper ses pensées. Et puis, elle aime lire (Anne est bibliothécaire, c’est à la bibliothèque qu’ils ont fait connaissance). Elle aime aussi observer les choses, les gens, comme ce tableau qui la fascine, près de l’escalier où on l’a mise à une petite table pour personne seule : « une jeune femme en noir, tenue de ville – façon Jean Béraud, tu vois ? – qui traverse une cour de ferme assez misérable ».

    C’est à son amant que son récit s’adresse. Anne lui confie ses humeurs, décrit les personnes qu’elle rencontre en promenade, les couleurs de la mer. « Une plage, c’est un théâtre ouvert à tous les regards, un théâtre où cent histoires se déroulent simultanément. Quelle tentation de papillonner de l’une à l’autre, pour moi qui, en attendant que tu sois là, n’en ai pas, d’histoire, moi qui suis libre comme l’air ! » La sonnerie de son téléphone portable, un « petit air irlandais », fait sa joie, elle espère entendre sa voix à lui, et non celle de sa mère, Elle se sent heureuse de l’aimer, de l’attendre. 

    Les histoires des autres renvoient souvent aux nôtres. Une jeune femme solitaire, plus loin, lit Henry James près de deux petits enfants très sages. La mère et la fille qui viennent s’installer près d’Anne, en froid, lui rappellent sa propre mère, qu’elle déteste, qui se montrait toujours jalouse de sa complicité avec son père et la considère comme une pauvre fille. La tension entre ces deux-là fait ressortir davantage la tendresse qui lie la jeune mère et ses enfants. « Je ne sais pourquoi j’ai éprouvé alors cette morsure de tristesse. Cette petite douleur. Il faut vite que tu viennes me retrouver, mon amour. Je me croyais moins fragile. »

    L’observation des gens et l’évocation de son passé d’enfant unique ne détournent cependant pas la vacancière de son leitmotiv, l’attente amoureuse, avec ses deux versants : le souvenir de leurs débuts qu’elle ravive, leurs premiers mots, leurs premiers gestes, et l’anticipation de cette semaine qu’ils vont vivre à deux, François et elle, pour la première fois. Professeur de philosophie, presque cinquante ans, François est marié, il a deux enfants. Il a promis de l’appeler de Tours, où il passe quelques jours avec sa famille chez les parents de sa femme, avant de la rejoindre. Mais il le fait trop rarement, et trop rapidement à son goût, depuis une cabine. Pourquoi refuse-t-il d’avoir un téléphone portable ? François ne porte jamais de montre, est toujours en retard – « Cette horreur du temps, des lisières, des contraintes, des liens, c’est toi, je sais. »

    Anne ne cesse de penser à lui, sur cette plage « où le passé affleure dans un présent incertain ». Elle décompte les jours, nage, suit les allées et venues, écoute les conversations, lit, rêve devant les formes des nuages. Une fillette tenant la main de son père réveille le souvenir du sien, un couple maussade lui rappelle les disputes de ses parents. Très tôt, elle a compris que son père était un homme infidèle ; sans l’aimer moins pour autant, elle lui enviait sa façon de s’en aller prendre l’air, imaginait ses maîtresses – « A présent, c’est moi la maîtresse. La tienne. »  

    Le temps passe et la mélancolie s’insinue, le temps change. La patronne de l’hôtel, attentionnée, l’inscrit malgré elle à une excursion vers la Pointe du Raz. La jeune femme et ses enfants y participent aussi, mais la journée est gâchée par la pluie. Ce sera l’occasion de se rapprocher pour Anne et Claire, la jeune femme qui doit avoir dix ans de moins qu’elle, et avec qui le courant passe aussitôt. A Claire, elle ose confier son inquiétude, à propos de cet homme qu’elle attend, dont les appels la déçoivent, cet homme qui n’est pas son mari, mais le mari d’une autre. En quelques jours, Anne passe de l’impatience à l’anxiété. 
     

    Marie Sizun, avec sensibilité, mais moins d’intensité que dans La femme de l’Allemand, peint à petites touches un portrait de femme amoureuse. Plage. est le roman des petits riens qui font ou défont la vie. Sans doute trop prévisible, ce récit vaut surtout par le rendu des mille et une nuances du jour, des états d’âme, de la solitude.

     

  • A d'autres que soi

    Un roman russe m’avait déplu. Mais avec D’autres vies que la mienne (2009), Emmanuel Carrère m’a bouleversée, et par les sujets qu’il aborde, et par la leçon de vie qui s’en dégage. Son titre révèle une attitude délibérée : écrire, décrire, comme on peint un portrait. Une des autres vies qu’il raconte, à son instigation, est celle d’Etienne : « Il aime parler de lui. C’est ma façon, dit-il, de parler des autres et aux autres, et il a relevé avec perspicacité que c’était la mienne aussi. » 

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    Juliette est la sœur d’Hélène, la femme de sa vie. « La nuit d’avant la vague », ils avaient parlé de se séparer, elle et son fils, lui et le sien. L’évocation de leurs vacances banales au Sri Lanka dans un hôtel « construit sur la falaise surplombant l’océan » prend une tout autre tournure après le tsunami qui s’est produit sans qu’ils s’en rendent compte. Carrère ne prend la mesure de la catastrophe qu’au moment où son fils vient lui apprendre la mort de la petite fille des Français dont ils ont fait la connaissance deux jours plus tôt. Ce matin-là, Delphine et Jérôme sont allés au marché en laissant leur fille à la maison, en compagnie de la fille du patron de leur guesthouse sur la plage. Le père de Delphine, qui les gardait, a soudain pris conscience « que les corneilles avaient disparu, qu’on n’entendait plus de chants d’oiseaux. C’est alors que la vague est arrivée. » Lui a pu s’accrocher à un cocotier, mais les fillettes ont été emportées. 

    Hélène, journaliste, est tout de suite à leurs côtés. Ils veulent repartir avec le corps de leur fille. « Il y a quelque chose à faire, Jérôme le fait, Hélène l’y aide, c’est aussi simple que cela. (…) Je lui en veux presque d’être si engagée dans l’action et de ne plus se soucier de moi : c’est comme si je n’existais plus. » Tout se complique : le corps de Juliette n’est plus à l’hôpital, il a été transféré ailleurs. Devant leur drame, puis devant celui de Ruth, qui cherche son mari avec qui elle était là en voyage de noces, Hélène et lui sont conscients de ce à quoi ils ont échappé : « La veille encore, ils étaient comme nous, nous étions comme eux, mais il leur est arrivé quelque chose qui ne nous est pas arrivé à nous et nous faisons maintenant partie de deux humanités séparées. » 

    Premier portrait, celui de Philippe, qui savourait là un bonheur conquis après un divorce et un virage professionnel, persuadé d’avoir trouvé « le paradis sur terre » dans une maison de Medaketiya qu’il aimait partager. L’auteur l’envie, lui le perpétuel insatisfait qui pense toujours trouver mieux « ailleurs, un jour, plus tard. » Venir en aide aux parents orphelins de leur fille, soutenir Ruth pour qui Tom ne peut être mort, et qui le cherche inlassablement, Hélène et lui vivent tout cela dans la plus grande compassion, et décident alors de ne plus jamais se quitter. Quand Philippe dit à l’écrivain qu’il devrait écrire sur ces événements, il se sent pris au dépourvu – « J’ai dit qu’a priori, non. » 

    De retour à Paris, ils trouvent un appartement, l’aménagent. Hélène reçoit alors un appel de son père : sa sœur, qui s’appelle aussi Juliette, souffre d’une récidive d’un cancer. Juge à Vienne, dans l’Isère, celle-ci mène une vie très différente de la leur, les deux sœurs se voient peu. Ils vont lui rendre visite, au début de sa chimiothérapie. Dans leur bibliothèque, en ouvrant Plus loin, mais où de Béatrix Beck, Carrère lit tout haut une phrase qui le fait rire et qu’il retient : « Ca fait toujours plaisir, une visite, si ce n’est pas à l’arrivée c’est au départ. »  

    La maladie de sa sœur mine Hélène, lui en est affecté mais de loin, il le reconnaît, jusqu’à ce qu’ils apprennent, quelques mois plus tard, que Juliette est en réanimation, mourante. La mère d’Amélie, Clara et Diane, cherche à tenir encore un peu, le temps que ses deux aînées participent à l’école au spectacle qu’elles ont préparé avec tant d’enthousiasme. Patrice, son mari, se comporte de façon exemplaire, comme époux, comme père. Il porte les siens, littéralement – Juliette était restée boiteuse d’un premier cancer à la jambe. 

    La mort de Juliette conduit  toute la famille chez un juge unijambiste, son meilleur ami, Etienne Rigal.  Etienne a lui aussi combattu un cancer. Il a insisté pour les rencontrer tous, pour leur parler de Juliette, pour qu’ils sachent qui elle était. « Pendant les cinq ans où nous avons travaillé ensemble au tribunal de Vienne, elle et moi, nous avons été de grands juges. » Cette phrase, le ton, ses propos, tout révèle, pour Hélène, un homme sans doute amoureux de sa sœur, et pour Carrère, un homme avec qui il entre immédiatement en sympathie.

    Dans le portrait qu’il fait de Juliette, dans le portrait d’Etienne lui-même, avant et après l’amputation de sa jambe, avant et après l’arrivée de Juliette au tribunal d’instance, il y a souvent matière pour l’écrivain à revenir sur ses propres interrogations, ses rapports avec la souffrance, avec les autres, avec soi-même. Sexualité des handicapés, justice entre riches et pauvres, misère sociale du surendettement, les entretiens qu’il aura avec Etienne, qui le persuade d’écrire ce livre, abordent avec franchise tous ces sujets.  

    Ensuite viennent le portrait de Patrice, très différent, a priori pas le gendre idéal aux yeux de ses beaux-parents, et enfin celui de Juliette, frappée à dix-huit ans par la maladie qui l’a laissée boiteuse et fragile. Patrice et Etienne, chacun à leur manière, sont ses points d’appui, jusqu’à la fin. Elle dit ces mots magnifiques : « Je pense que, malgré la maladie, ça a été une bonne vie. Je la regarde, j’en suis contente. » A ses filles : « Je vous aime, je vous ai aimées, soyez heureuses. » 

    Emmanuel Carrère revient pour terminer ce livre consacré à d'autres que soi sur sa propre situation. D’Un roman russe, il déclare : « cela m’a sauvé la vie, mais je ne le ferais plus aujourd’hui. » Ce témoignage, a contrario, il l’a montré à tous les protagonistes, leur promettant de changer tout ce qui les contrarierait, ce qu’aucun ne lui a demandé. Il revient à sa famille, à Hélène, à leur petite Jeanne née entre-temps, « la petite fille la mieux habillée du monde » (« Comme d’autres les nourrissent, Hélène habille les gens qu’elle aime. ») D’autres vies que la mienne est un livre sur l’amour qui porte et qui rend, si j’ose dire, plus humain.

     

  • Famille

    « La famille n’est pas très grande et tout le monde a répondu présent, tout le monde voulait faire la fête, personne ne voulait manquer l’anniversaire de Gustave ! Sont présents également et chantent tout aussi fort que les autres, les deux grands amis de Gustave, ses amis de toujours : Arthur le boucher et Simon le fermier du champ voisin ainsi que leurs femmes respectives.
    Seule Annette est absente. »

    Nicole Versailles, Les amis de Gustave (Les dessous de tables)

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  • Tant d'histoires

    Nicole Versailles a ému bien des lecteurs avec L’enfant à l’endroit, l’enfant à l’envers (2008), un récit autobiographique où elle revient sur l’histoire d’un amour manqué, entre sa mère et elle. Animatrice d’ateliers d’écriture, elle sait monter une histoire comme on monte une sauce, doser les ingrédients, accentuer ici ou là une saveur, une couleur, ménager le suspense. Les dessous de tables, un recueil de nouvelles qu’elle a publié l’an dernier, propose une vingtaine de nouvelles. 

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    Quoi de plus révélateur qu’une cuisine, qu’une table dressée, qu’un repas de famille ou entre amis sur les relations que nous nouons avec les autres, sur ce que nous montrons ou cachons de nos sentiments ? En Grèce ou en Palestine, à Bruxelles ou ailleurs, les femmes et les hommes se débrouillent comme ils peuvent avec leurs attentes, leurs craintes, leurs limites.

    La première nouvelle raconte l’histoire de Myrto, « un nom de premier matin du monde » mais « une fille de tous les soirs ». Les femmes du village, les « régulières », fatiguées du ménage et des enfants, ont fini par accepter la présence d’une prostituée « comme un mal nécessaire », à condition qu’elle reste à l’écart et ne reçoive pas leurs hommes en plein jour. Seule la femme de Yanis interdit à son mari de la fréquenter, lui seul parle de Myrto méchamment. Un jour, celle-ci rencontre un inconnu, quelqu’un d’étrange avec un bandana rouge dans ses cheveux noirs et qui « la regarde vraiment » : il est à la recherche de Yanis, mais il plaît tellement à Myrto qu’elle l’invite à passer chez elle avant. Nikos accepte un verre de retsina, elle lui prépare un mezze, ils bavardent tranquillement et l’homme finit par s’assoupir contre le grand coussin doré. A l’aube, quand elle se réveille, il n’est plus là. On découvrira pourquoi le bel étranger avec qui Myrto s’inventait déjà une nouvelle vie ne reviendra plus jamais (Juste un petit verre de retsina). 

    Ce qui lie et sépare les couples est un des thèmes récurrents des Dessous de tables : ici des convives observent le manège d’un homme devenu roi d’un jour grâce à la fève flirtant effrontément sous les yeux de sa femme avec une autre qu’il a couronnée de carton doré, comme au spectacle (Le roi et la reine de la fève). Un vieil homme se prépare une soupe et se rappelle les bons potages frais que sa femme, dont il ne supportait plus les jérémiades, lui préparait quand elle vivait encore. Le silence dont il rêvait alors le plonge dans d’étranges interrogations (Une bonne soupe en sachet).  

    La mère allemande d’un petit garçon français en 1955, la mère anéantie d’une petite fille gravement malade, une épouse enfermée dans la dépression, une mère qui a fleuri sa table d’une rose rouge pour fêter son anniversaire avec son fils qui tarde à arriver… Nicole Versailles décrit la solitude ordinaire, le plus souvent au féminin. Ou dévoile les déchirures masquées sous les apparences lisses de la vie sociale. Tant d’histoires…

    Agressions, viols, meurtres, la face cachée de certaines histoires est très noire. Des familles se déchirent. Le désespoir rend fou. Des retrouvailles anodines autour d’un verre, autour d’une table, se muent en drames profonds. C’est parfois violent, parfois drôle. Ainsi quand Charles-Henri se montre plus brillant et séduisant que jamais en ce soir d’anniversaire : son discours retient l’attention de tous, mais il en est deux qui portent ailleurs le regard. Marie-Solange, son élégante épouse, qui s’ennuie terriblement, remarque l’effet du décolleté subtil de sa robe haute couture sur ses voisins de table et commence à s’amuser (Dilemme).

    Natacha prépare avec soin un osso bucco pour un dîner où Christian et elle ont une grande nouvelle à annoncer. Tout est fin prêt à l’arrivée des invités, mais au moment où elle lève son verre pour prendre la parole, lui se lance tout excité dans l’éloge du dernier bijou technologique annoncé dans la presse, emmène tout le monde dans son bureau pour faire admirer ses dernières photos numériques, repousse constamment l’heure de manger. Jusqu’au coup d’éclat de sa femme qui va tous les planter là (Le jardin de la colère).

    Les nouvelles de Nicole Versailles dépassent rarement une dizaine de pages. Le style y est le plus souvent parlé, contemporain, et elle recourt de temps à autre aux italiques pour intercaler dans le récit des pensées intimes. Certaines phrases sont d’une précision sans faille : « Elle claque la porte d’un coup sec et tranchant comme sa vie coupée en deux par l’annonce guillotine. » (Cuisine intérieure) Les dessous de tables : un titre parfait pour ces tranches de vie déshabillées.

    A Coumarine, fort éprouvée en ce moment, un salut amical et mes souhaits de prompt rétablissement.

     

  • Blanc ou noir

    « Dans les faits de langue, il n’existe pratiquement plus de place pour les variables, les subtilités, les restrictions, les exceptions ou les hésitations. Le doute n’est plus un outil de pensée ; le flair n’est plus un instrument de recherche (de fait, comment faire entrer le flair dans le sacro-saint ordinateur ?) Le relativisme culturel est devenu scientifiquement incorrect et politiquement suspect. C’est oui ou c’est non, jamais peut-être ; c’est blanc ou c’est noir, pas gris, et encore moins gris perle ou gris tourterelle. Mots de liaison, adverbes de nuance, propositions subordonnées concessives sont désormais des éléments grammaticaux obscurs ou inutiles. Des mots tels qu’éventuellement et probablement sont considérés comme synonymes, et les subtilités qui les accompagnent sont aujourd’hui indéchiffrables par bon nombre de nos contemporains. En revanche, l’emploi d’adverbes comme absolument ou totalement est devenu envahissant, de même que toutes les formes superlatives. Dans les langues occidentales, le mot très est de nos jours l’un des plus employés et des plus galvaudés. Il n’existe plus de place pour la nuance, le relatif, l’ambivalence. »

    Michel Pastoureau, Les couleurs de nos souvenirs 

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