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Littérature française - Page 102

  • 8 post-minimalistes

    L’art contemporain déroute souvent, volontairement. Tracer une voie nouvelle, quel défi ! Aussi ai-je lu avec curiosité Post-minimalisme et Anti-Form : dépassement de l’esthétique minimale de Claudine Humblet, un beau livre reçu des éditions Skira.

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    Dans une brève introduction, la critique d’art situe son ouvrage par rapport à ses essais précédents, du Bauhaus (1980) à L’art minimal (2009), un courant auquel succède le post-minimalisme « en explorant pour leurs qualités propres les nouveaux matériaux ». Quels sont-ils ? Le latex (Eva Hesse, Lynda Benglis), la fibre de verre (Eva Hesse, Gary Kuehn), les ampoules et néons (Keith Sonnier), le fil de fer (Alan Saret), le plomb (Richard Serra) et bien d’autres matériaux divers (Bill Bollinger, Alice Adams). Quant au terme « Anti-Form », plus facile à comprendre, il vient de Robert Morris, un des fondateurs du minimalisme.

    Ces noms ne vous disent rien ? C’est que, comme moi, vous restez à distance d’un certain art des années 1960 à aujourd’hui, faute de guide ou d’intérêt. Claudine Humblet présente ces huit post-minimalistes américains de façon chronologique et factuelle. Pas de propos hermétiques ici : elle décrit leur travail, raconte leur parcours, et de nombreuses illustrations en rendent compte. Des présentations claires, suivies de notes précises et d’une abondante bibliographie.

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    Eva Hesse, Contingent, 1969, Fibres de verre, résine de polyester, latex, tissu
    National Gallery of Australia, Canberra © Bridgeman Images

    Eva Hesse (1936-1970) « ou l’inspiration dans la rigueur naissant de l’incessant travail de la matière » : sa famille ayant fui aux Etats-Unis dès 1939, elle s’y est formée et a commencé par exposer des lavis à l’encre, des peintures de plus en plus abstraites, avant de se lancer dans des « peintures matérielles », « reliefs polychromes » à partir de papier mâché, cordes, bois, métal, etc. « De la richesse du « faire » naît la forme qui s’y greffe. » Œuvres en suspension, structures et formes souples, Repetition Nineteen (1967) en couverture du livre montre son travail sur le cercle et les matériaux, son chemin vers la sculpture. Fibre de verre et latex lui permettent de donner de nouvelles inflexions aux formes et de les doter de transparences inédites, « entre les grandes polarités de forme et d’antiforme ».

    J’ai pensé un moment intituler ce billet « l’art souple », en pensant aux mouvements fluides des danseurs contemporains, tant pour cette artiste que pour les suivants : Keith Sonnier, Gary Kuehn, Lynda Benglis, Bill Bollinger, Alice Adams, Alan Saret, Richard Serra. Claudine Humblet leur consacre les autres chapitres de cette étude. En regardant le travail de ces artistes, je me suis encore fait cette réflexion qui me vient parfois devant des œuvres contemporaines : j’imagine le plaisir du geste pour l’artiste, tout à la confrontation avec la matière, explorant, essayant, transformant, jusqu’à ce stade que lui ou elle seule connaît, celui de l’achèvement.

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    Keith Sonnier, Chaldea, 1969, Néon, verre, Ileana Sonnabend Collection
    Courtesy Keith Sonnier Studio, New York. Photo Steven Tucker

    Cet art très concret ne cherche ni à représenter ni à décorer (quoique certaines œuvres puissent remplir cette fonction), il relève d’un corps à corps avec la matière au service d’une obsession : forme ou antiforme, lumière ou couleur, aspect brut ou fini… Les arabesques au néon de Keith Sonnier (1941-) dessinent souvent des formes improbables, parfois d’élégants graphismes colorés. On n’est pas étonné de le voir sollicité pour des installations, mises en lumière d’un couloir d’aéroport ou d’architectures contemporaines.

    Gary Kuehn (1939 -) allie des matériaux opposés, une forme géométrique et une matière molle solidifiée, c’est surprenant. Je suis plus attirée par ses dessins, notamment des mines de plomb sur papier, une part de son œuvre très esthétique. Ce qui intéressant dans l’essai de Claudine Humblet, c’est qu’on peut y découvrir toutes les étapes de ces cheminements créatifs, comme les retrouvailles ultérieures de Gary Kuehn avec des formes simples, ses trouvailles et variations sur le cercle, le triangle, le carré.

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    Lynda Benglis, Contraband, 1969, Pigment Dayglo et latex moulé
    Courtesy Cheim & Read, New York

    Post-minimalisme et Anti-Form est un album richement illustré qui permet de se rendre compte de la manière dont ces artistes américains ont creusé leur sillon et évolué sans cesse, dans une tout autre voie que les hyperréalistes. Avec des matériaux destinés d’abord à d’autres usages – treillis métallique, câbles ou cordes (si présentes dans l’œuvre d’Alice Adams), caoutchouc, pour n’en citer que quelques-uns –, ces post-minimalistes nous font sortir du cadre connu et sollicitent notre attention, pour peu qu’on leur prête un regard sans préjugés.

  • L'attente

    djavadi,négar,désorientale,roman,littérature française,iran,france,culture« Nos sociétés organisent habilement l’attente. Des gens font la queue des nuits entières pour le dernier modèle d’un ordinateur, des tickets de concert, des jeux vidéo, des articles soldés. Nous attendons le premier du mois devant les guichets de la RATP. Nous attendons devant les universités, à la caisse du supermarché, au téléphone, dans n’importe quelle administration. Au sud de la Méditerranée, devant les ambassades occidentales, les queues s’allongent dès le matin pour un visa. Ailleurs, c’est la pénurie ou la guerre qui fait son travail. L’attente est un phénomène progressif et sournois, une activité en soi. Et pendant que nous attendons, par nécessité, besoin, désir ou mimétisme, nous ne nous révoltons pas. La ruse consiste à détruire chez les individus leur énergie, leur capacité à réfléchir, à s’opposer. Les réduire à des objectifs instantanés, aussi fugaces qu’une jouissance. Quand je dis ce genre de choses, mes sœurs poussent un soupir agacé. « Tu exagères ! » Elles appuient sur le « x » comme sur une pédale de frein censée couper court à mon délire. Elles préfèrent que nous parlions le moins possible de société et de politique, que nous nous en tenions aux histoires de famille, aux études et activités culturelles des enfants. Mes parents ont épuisé leurs quotas de tolérance quant à ces sujets. »

    Négar Djavadi, Désorientale

  • Désorientale

    C’est en écoutant Négar Djavadi parler de Désorientale sur France Inter, un dimanche de septembre, sur la route, que m’est venue l’envie de lire ce roman. Je l’ai reçu il y a peu (merci encore), et une fois ouvert, je ne l’ai plus lâché. L’histoire d’une Iranienne réfugiée en France et de sa famille – comme celle de la romancière, « une famille d’intellectuels opposants au Shah puis à Khomeiny » – traverse tout le XXe siècle, avec des allers et retours constants entre la vie au présent de Kimiâ, la narratrice, une jeune femme d’aujourd’hui, et des épisodes de leur passé.

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    http://www.lci.fr/livre/avec-desorientale-negar-djavadi-jette-un-regard-persan-sur-la-litterature-francaise-2001890.html

    Kimiâ se rappelle la réponse de son père, Darius Sadr, la première fois qu’elle est descendue avec lui dans le métro parisien, en 1981, et s’étonne de ne pas le voir prendre l’escalator : « L’escalator, c’est pour eux. » Elle avait dix ans et ne comprenait pas tout, mais elle se souvient de son regard « désarmé ». Darius Sadr est le héros de cette famille qu’elle nous décrit par « soubresauts organiques », s’appuyant sur une mémoire « imparfaite, mais sincère », et postposant toujours le récit de « l’événement ».

    A présent, elle attend à l’hôpital Cochin une insémination artificielle, seule, alors que les autres patients sont en couple. « On écoute mieux avec les yeux qu’avec les oreilles. (…) Si tu as quelque chose à dire, écris-le », disait son père. « J’ai changé de pays et de langues, je me suis inventé d’autres passés, d’autres identités. J’ai lutté, oh oui, j’ai lutté, contre ce vent impétueux qui s’est levé il y a très longtemps, dans une province reculée de la Perse nommée Mazandaran. »

    Et voici la première de ces histoires gigognes qui jalonnent le récit, « La Fameuse Histoire d’Oncle Numéro 2 », telle que la contait Saddeq Sadr. Elle se termine à la naissance de Nour, la grand-mère paternelle que Kimiâ n’a pas connue. Tandis que son oncle racontait et pleurait, de l’autre côté de la fenêtre, « la Révolution était en marche », les habitants de Téhéran criaient « Mort au Shah » et « Allah Akbar ».

    Saddeq Sadr vient de mourir. Sa sœur aînée, Leïli, « sensible et fragile comme de la vieille dentelle », vient de le lui annoncer, sans oser le dire à leur mère, Sara. L’épouse de Darius, si drôle et si active, « débordante d’amour et d’anxiété pour l’humanité entière », n’est plus la même depuis « l’événement ». C’était l’oncle dont Kimiâ se sentait le plus proche. Elle se souvient de leur premier séjour chez lui en août 1978, quand « le mouvement de protestation contre le régime du Shah s’était radicalisé » : la police était à la recherche de leur père, « le Sakharov d’Iran », caché quelque part dans Téhéran, et leur mère, à la suite d’une violente altercation avec un haut gradé de l’armée, avait été hospitalisée.

    Leïli, Mina et Kimiâ, les trois filles de Darius et Sara, ont fréquenté l’école française. C’était cher, mais leur mère francophile, enseignante dans un lycée public, rêvait pour ses filles d’études supérieures à l’étranger (un très beau personnage). « Contrairement à mes sœurs, je n’aimais pas le français, une langue que je trouvais alambiquée/ampoulée et avec laquelle je refusais de nouer le moindre contact en dehors de l’école. » Kimiâ ne jugeait pas le français supérieur au persan et n’aimait pas la suffisance des lycéennes par rapport aux Iraniens.

    Tout tournait autour de Darius, dans leur famille, mais lui ne s’intéressait qu’à la politique et à la philosophie. « Nous vivions à côté de lui, grandissions, mangions, réussissions des examens, ouvrions la porte d’entrée, tombions malades, obtenions des diplômes, fermions la porte d’entrée sans qu’il s’en aperçoive. »

    Le silence de la salle d’attente autour de Kimiâ est aux antipodes de ce que serait la même scène en Iran où on n’aime «  ni la solitude, ni le silence », où tout se passe dans des bavardages sans fin – un besoin de communiquer étranger aux Français qui restent fermés sur eux-mêmes et leur espace vital.

    Je ne vous raconte rien de la suite. Après ces 50 premières pages sur 350, vous aurez compris l’allure du roman : Négar Djavadi, telle Shéhérazade, passe d’une histoire, d’une situation, d’un événement à l’autre, bousculant la chronologie, attisant le mystère, égrenant peu à peu les joies et les douleurs d’une jeune femme plutôt en rupture avec le modèle familial – qui aurait cru qu’elle aussi, un jour, comme ses sœurs, voudrait être mère ? – mais qui se sent dépositaire de tous ces récits de famille entrelacés à l’histoire d’un pays, d’une époque.

    Vie en société, choix politiques et libertés personnelles, condition de la femme, multiples sont les thèmes de réflexion qui nourrissent ce premier roman. Diplômée de l’INSAS à Bruxelles et scénariste, réalisatrice de documentaires, Négar Djavali le divise en « face A », les histoires d’une famille en Iran et en France, et « face B », la quête personnelle d’une jeune femme homosexuelle et passionnée de rock alternatif. Kimiâ, la petite fille « désorientée » pendant la fuite hors d’Iran n’est à présent plus tout à fait une Orientale ni une Occidentale, d’où ce joli titre : « Désorientale ».

  • Désormais

    Spilliaert Le poète dans la forêt vu de dos.jpg« Désormais il veut voir. Il veut savoir. Il veut connaître. Il ne se tiendra plus à l’écart comme sa mère d’abord en avait décidé, pour des raisons connues d’elle seule, comme son propre instinct ensuite le lui dictait. Désormais il veut suivre d’autres voies que celles empruntées par des reptiles ou des quadrupèdes. Il veut se frotter à ses semblables. A compter de ce jour il ne refusera plus leur compagnie, et même il la recherchera, et cela ne changera pas jusqu’au crépuscule de sa vie où sans doute alors il aura fait le tour de ce qu’ils sont et de ce qu’il est et jugera bon de s’en détacher et où de nouveau il aspirera à la solitude qui est au final la seule certitude et l’unique vérité sur lesquelles l’homme peut se reposer. »

    Marcus Malte, Le garçon

    Spilliaert, Le poète dans la forêt, vu de dos (vers 1935)

  • Le garçon sans nom

    Sur la table des nouveautés à la bibliothèque, Le garçon de Marcus Malte. Récompensé par le prix Femina 2016, ce romancier est né en 1967 à La Seyne-sur-Mer – deux prétextes (s’il en fallait) pour emprunter ce gros roman de plus de cinq cents pages. De 1908 à 1938, on y suit la destinée d’un héros sans nom ni prénom, « le garçon ». En 1918 tout sera dit, ou presque. Sans nom, sauf ceux qu’on lui donnera, et sans parole, jamais.

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    L’enfant sauvage a quatorze ans quand il apparaît en silhouette sur la lande, portant une femme sur le dos, sa mère. Elle lui a dit « Mer » pour qu’il l’y emmène avant de mourir – mais quand ils y arrivent enfin, elle ne respire plus. Et ce n’est pas vraiment la mer, toute cette eau, c’est l’étang de Berre. Alors il rebrousse chemin vers la cabane où elle l’a élevé et prépare, comme elle le lui avait appris, un bûcher dans la cour. « Il n’a pas la moindre notion d’âme et pourtant quelque chose s’entrouvre au fond de lui, quelque chose qui l’interroge et le désarme. »

    Sa mère ne lui a pas dit quoi faire après. Quelques jours plus tard, il se met en route vers le nord, franchit les limites du domaine de son enfance, traverse l’été « aux trois quarts nu, la peau cuite et tannée ». Repos, nourriture, eau, telles sont ses préoccupations – trouver sa place dans la nature, vivant dans un monde vivant. Quand il arrive à proximité de villages, le garçon observe les hommes, les imite : « eux savent, pas lui ».

    Les animaux sont les premiers à sentir sa présence et un jour, le sauvageon se retrouve mis en joue par un villageois, qu’il baptise à sa façon : « l’homme-renard ». Heureusement arrive Joseph, « l’homme-chêne », qui le prend sous sa protection, après que son fils « le Gazou » s’est précipité sur le garçon pour l’embrasser. Le voilà valet de ferme au service de tous et solide à la tâche : il veut tout apprendre.

    Joseph lui raconte son histoire et la mort de sa femme amérindienne en mettant leur fils au monde, un simple, comment il a distribué tous ses biens, affranchi ses employés, gardé uniquement la ferme et un hectare de terre. Habillé et logé chez Joseph, le garçon tombe très malade, en réchappe, veillé par le Gazou. Mais l’année suivante, la terre tremble, une gamine meurt, le village accuse le muet d’avoir attiré le malheur – il s’encourt. Nouvelle errance pour le garçon, qui a perdu son innocence : « Il n’y a pas une Terre, mais des terres. »

    L’été suivant, il rencontre Brabek, « l’ogre des Carpathes ». Le lutteur de foire le prend avec lui dans sa roulotte. De marché en marché, il offre son spectacle, défie les fiers à bras et, prenant soin de n’humilier personne, gagne tous les combats. Lui aussi raconte son histoire : emmené par un manager en Amérique pour y trouver « gloire et fortune », il y a pris des leçons « de guignol en chair et en os » et de réalité. Il enseigne son savoir-faire au garçon qui devient son préparateur, son assistant, puis son soigneur, s’occupe du hongre qui les tire sur la route, apprend l’hygiène et la lutte.

    Le garçon ne parle pas, mais il écoute. Après la mort de Brabek, c’est à nouveau sur la route qu’il croise son destin, dans une collision avec une automobile. Gustave Van Ecke avait laissé le volant à sa fille Emma, la route était étroite. Inconscient, le garçon est emmené et soigné dans leur maison de campagne. Le médecin de famille attribue son mutisme au choc. Van Ecke place une annonce pour le signaler, mais personne ne le réclame. Lui reprend conscience, apprécie les pommes du verger (passion de Van Ecke) et fait connaissance avec la musique (passion commune : Emma joue du piano, son père du hautbois).

    Emma le baptise Félix pour l’extase qu’il montre en écoutant « Romances sans paroles » de Mendelssohn. Emma, 26 ans, rêvait d’un frère, Gustave d’un fils, le garçon est adopté. C’est elle qui s’occupe de tout, cuisine, nettoie, ennemie du servage et de la domesticité. Imaginez la suite, fort romanesque, sans oublier le tic tac des années. Le garçon fait partie de la famille, suit les Van Ecke dans leur appartement parisien. Emma lui montre tout : « l’amour, l’art, Paris ». En 1912, Félix a 18 ans, ils ne se quittent plus. Puis 1914 chambardera tout.

    Deux femmes comptent pour le garçon : sa mère, puis Emma. Pour lui qui ne parle pas, celle-ci veut tout nommer des choses du sexe, compose des poèmes cryptés, devient collectionneuse d’érotiques. Elle mettra autant d’ardeur à crier sa haine des guerres, son antimilitarisme, envoyant au garçon engagé des lettres improbables. Marcus Malte décrit crûment la boucherie des combats, les corps déchiquetés. Passant des heures lumineuses aux jours noirs (la couleur de son univers, à lire quelques billets sur ses précédents romans et nouvelles), il n’épargne rien au lecteur, qui se retrouve piégé comme le garçon au milieu de cette frénésie.

    Le garçon est un roman écrit dans un style rare aujourd’hui : lyrique, musical, poétique – vocabulaire recherché, « bella maniera ». L’auteur a confié dans un entretien trouver son inspiration d’abord dans la phrase, le rythme, les sonorités, cela se ressent. Ce roman d’apprentissage montre la beauté des cœurs généreux, l’ivresse de la sensualité, il dit aussi la révolte contre l’injustice et la guerre. Tantôt conteur, tantôt peintre, parfois si emporté par sa fougue verbale qu’il en fait trop, Marcus Malte déroule son récit dans le battement de l’Histoire : tandis que des hommes se rencontrent et se racontent, font l’amour, font la guerre, un souffle si fort les traverse qu’ils risquent d’y fracasser leur âme.