Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pieds nus

Erdrich Celui qui veille.jpg« Elle était presque arrivée quand les nuages s’épaissirent jusqu’à former une dalle sombre. Elle se mit à courir. Puis s’arrêta. Ses chaussures. Elle ne pouvait pas se permettre de les abîmer. Elle les retira, les glissa sous son manteau et continua à marcher sous la pluie, prenant l’embranchement qui coupait à travers bois. Aller pieds nus ne la gênait pas : elle avait fait ça toute sa vie, ses pieds étaient endurcis. Froids et presque engourdis à présent, mais endurcis. Elle avait les cheveux, les épaules et le dos de plus en plus trempés, mais marcher la réchauffait. Elle ralentit et traversa précautionneusement les tapis d’herbes gorgés d’eau. On n’entendait que le tambourin de la pluie sur les feuilles luisantes. Elle s’immobilisa. Il y avait là comme une présence, avec elle, autour d’elle, tourbillonnante et bouillonnante d’énergie. Les arbres étreignaient la terre avec tant d’intimité. Quel délice d’en faire ainsi partie intégrante. Elle ferma les yeux et se sentit appelée. Son esprit se déversa dans l’air comme un chant. Attends ! Elle ouvrit les yeux et ramena son poids dans ses pieds froids. C’était sans doute ce que vivait Gerald quand il survolait la terre. Parfois elle se faisait peur. »

Louise Erdrich, Celui qui veille

Commentaires

  • Grande envie de lire ce roman.” Son esprit se déversa dans l’air comme un chant” , que c’est beau!
    Et le sort atroce des indiens…

  • Merci d'avoir relevé cette phrase, si belle, oui !

  • Heureuse qu'il te plaise. Bonne journée, Aifelle.

  • Un bel extrait qui me donne encore plus envie de me plonger dans cette lecture. J'ai vu qu'il était à ma médiathèque c'est déjà ça et j'espère pouvoir enfin l'emprunter...

  • Les livres de bibliothèque finissent toujours par rentrer, en principe, et par nous faire la bonne surprise d'être à notre disposition.

  • Tout n'est pas aussi lyrique dans le tableau, tu t'en doutes, mais l'extrait m'a paru significatif. Bonne soirée, Maggie.

Écrire un commentaire

Optionnel